76è jour : Magnor - Dalen

3 juin 2011

34,9 km, 3602 km au total

Nuit très moyenne pour Hélène, on s'octroie donc un recouchage après le petit déjeuner, quand je vous parlais de vacances c'est exactement ça.
Du coup on ne décolle pas avant 10h15, il faut se rendre à l'évidence, le fait de savoir qu'on a énormément de temps devant nous et plus de rendez-vous planifié dans les semaines qui suivent nous donne une totale liberté dans le kilométrage et le planning, seul le temps nous dira si c'est une bonne chose, mais en attendant on est très relax. Le programme de la journée ? ravitailler à Charlottenberg pour les 3 jours à venir (VSD). Comme on s'y attend le supermarché (immense, c'est un plaisir) est pris d'assaut par une palanquée de norvégiens, mais également par des suédois qui préparent le week-end qui s'annonce estival. On trouve à peu-près ce qu'on veut, et on confirme bien là aussi la présence de compotes en pot au rayon bébé. Ca sera donc "6 mois et plus" pour nous :) Dans les ingrédients rien de particulièrement "bébé", c'est de la compote tout ce qu'il y a de normal, simplement enrichie en vitamine C. On retrouve également un petit plaisir trouvé en Allemagne, des pâtes de fruit, mais toujours pas l'ombre d'une barre de céréales. Marrant ces différences.
Du coup forcément il est plus de midi quand on ressort et la faim nous assaillit déjà. On reprend le vélo pour trouver un lieu de pique-nique plus adapté que le parking du supermarché. On a repéré un petit lac pas très loin, on s'y rend, prend un petit chemin entre les bouleaux et les pins pour arriver... à un marécage, rien à faire ça n'est pas adapté pour notre déjeuner. Un peu frustrés on reprend la route, le regard scrutant les bordure et les moindres percées dans la forêt. On prend une petite route parallèle à notre fil conducteur et trouve enfin la petite ouverture dans la forêt, l'éclaircissement entre les arbres pour étaler le paréo. Avant même qu'on ai eu cette possibilité les moustiques sont sur nous. Rien à faire, aucune contre-attaque possible, il faut céder notre place et rendre le royaume aux propriétaires. De retour sur le chemin, en plein soleil et avec un peu de vent on peut souffler. Hallucinant. L'estomac proteste mais nous n'avons pas d'autre choix que de poursuivre. Quelques centaines de mètres plus loin nous trouvons la bordure d'un jardin un peu ouvert, c'est bien tondu, calme et ombragé tout en étant suffisamment aéré pour que le vent balaye les moustiques. Parfait. On se pose pour dévorer nos sandwiches. Hélène récupère un peu de sa nuit pendant que je bouquine (haha, ça change hein), j'entame le second bouquin de Camilla Läckberg et retrouve avec plaisir les descriptions de Fjällbacka, c'est sympa, même le camping où nous avons dormi est présent dans les bouquins, c'est probablement idiot mais ça me fait penser à la série télé française Pigalle la nuit où nous retrouvions avec délectation les petites rues, troquets et boutiques du quartier où nous avons presque vécu 10 ans.
Du coup là encore on prend un grand coup en constatant qu'il est 16 heures et qu'on n'a quasiment pas roulé de la journée. On rpart tranquillement avec comme objectif "trouver un coin pour bivouaquer", sympa le programme.
Dans les faits c'est plus compliqué que prévu. La forêt est dense, il n'y a pas beaucoup d'accès, quand il y en a ce sont des allées privées qui mènent à des maisons, parfois un petit coin de gazon bien accueillant... quand on s'approche, oh surprise, c'est le jardin d'une maison. Kilomètre après kilomètre on rejette un à un les éventuels lieux. Trop ceci, pas assez cela, inaccessible. Je ne pense pas que nous soyons très exigeants, mais il faut quand même un minimum de points pour passer une nuit correcte : pas trop près de la route, terrain un minimum plat, un trou suffisamment large pour planter la tente, de quoi se faire des toilettes... On s'arrête, descend du vélo pour aller vérifier si ça le fait... non pas là, tant pis on repart... le rituel peut durer un certain temps et ce soir il dure...
Au bout d'un moment on trouve une petite route qui semble s'enfoncer dans la forêt, on tente notre chance. Cent mètres plus loin un espace de verdure, parfait !
Enfin seul inconvénient... les moustiques. Le montage de la tente est délicat et entrecoupé de nombreux geste parasites et de "rhaa non mais laisse-moi tranquille", de "vlan, un en moins"... une fois la tente montée on constate que le soleil est encore trop haut et chaud pour qu'on tienne à l'intérieur sans suffoquer. Comme ni l'un ni l'autre ne sommes fans de DEET (anti-moustiques le plus efficace mais pas super agréable sur la peau et déconseillé sur les vêtements car il les décolore), surtout quand on souhaite avant tout se laver après la journée à transpirer on emprunte la voie alternative : faire du feu. On nous a dit que la fumée avait pour effet de chasser les moustiques, testons et vérifions par nous-même. On rassemble quelques branches et feuilles sèches et c'est parti.
En effet nous pourrons profiter d'une toilette intégrale à l'air libre, avec savon et eau qui dégouline dans les chaussures sans être trop dérangés par les vils insectes.
On reste même après pour profiter de la fin d'après-midi (si ce terme a un sens en ce lieu et cette période de l'année) en continuant à alimenter le brasier en bois et en mousse pour la fumée. Notre premier feu en forêt (c'est autorisé), on aurait plutôt pensé le faire un jour de pluie ou de grand froid pour se réchauffer mais c'est en quelque sorte le jour le plus chaud depuis notre départ ! Etonnant.

77è jour : Dalen - Högboda

4 juin 2011

54,7 km, 3657 km au total

La reprise de la route vers Karlstad se fait sans trop de souci, le paysage est sympa, le relief plutôt clément, mais la route E61 est un peu trop nationale à notre goût sans pour autant être surchargée. C'est l'occasion de faire des statistiques un peu plus précises sur les voitures :
sur 100 voitures qui nous ont croisé ou doublé, 21 étaient des breaks Volvo V70 ou assimilés (modèle cross country ou plus ancien). Donc plus de une voiture sur cinq, c'est impressionnant quand même ! Un autre comptage de 100 voitures a également permis de constater que 50 étaient des breaks. On a un peu discuté de ce constat et à priori l'explication la plus plausible c'est tout simplement qu'ici il y a de la place. Dès qu'on sort des 4/5 grosses villes du pays il y a énormément d'espace, on peut donc faire des allées très larges, des parkings ou garages aussi grands qu'on le désire, donc quitte à avoir une voiture, autant pouvoir y caser toute la famille et ses bagages sans se prendre la tête. Le créneau est probablement un concept étranger à bon nombre des ces fameuses V70.
En ce super beau samedi il nous faut ravitailler en eau avant le déjeuner et c'est les abords d'un terrain de foot qui nous le permettra, c'est luxe : toilettes et même abri à l'ombre avec table et bancs. On en profite donc pour pique-niquer tout en observant la carte pour définir dans quel camping on va se poser ce soir. La dernière douche remonte à Oslo, la lessive aussi et avec les températures qu'il fait on commence à réellement avoir une envie de propre. 2 possibilités : 5 km (un peu court) ou 40 (trop long). On se décide donc pour le plus proche et en attendant on squatte notre petit coin privilégié pour bouquiner. Ce n'est donc que très tardivement que nous lèverons l'ancre pour faire en fait à peine 4 km. Le camping est vite sous nos yeux, et je sors pour aller à la réception. Fermée. Je fais le tour de la maison, personne, bon tant pis, direction les emplacements. On est les seuls, même pas une caravane, bon ben au moins ça sera tranquille. On vérifie quand mêmes les sanitaires avant de s'installer et soit c'est fermé, soit il n'y a pas de robinets, hum hum, ça sent le camping vraiment fermé. On ressort, fait 100 mètres pour rejoindre le petit lac à côté où sont garées pas mal de voitures. On aperçoit au fond des enfants qui se baignent, sympa. On demande des infos sur le camping, en effet il est bien fermé, il n'y a eu personne pour le reprendre et le gérer cette année. Nous voilà bien. Le monsieur nous propose un autre camping, pas sur la carte mais il faut revenir sur nos pas... et vous savez comme on a horreur de ça. On réfléchit, un peu dégoutés car ça signifie une nouvelle nuit de bivouac avec au passage une nouvelle recherche d'eau potable car ce midi on a ravitaillé le strict minimum. Il est trop tard pour faire les 40 km pour rejoindre l'autre camping sur la route, tant pis.
Première étape donc trouver de l'eau. Au bout de 15 km on rentre dans un petit bled où il doit y avoir une église quelque part (donc des tombes, donc un robinet...) mais c'est de nouveau un petit terrain de foot qui se présentera sous nos roues. On repart, un peu crevés et cette fois à la recherche du coin idéal. Ah des coins parfaits on en a passé des dizaines sur les 15 derniers kilomètres, mais forcément maintenant c'est moins adapté.
Après une première tentative loupée, on prend une petite route à droite, et quelques centaines de mètres plus loin une petite butte à peu près plate. Ca ira pour la nuit.
Le temps de monter la tente Hélène est attaquée de toute part par les moustiques. le DEET sur les jambes ne suffit pas à éviter les piqures dans le dos à travers le t-shirt. Les énormes réactions accompagnent parfaitement les autres boutons qu'elle a sur le torse et le ventre, une vraie fraise, sauf que la fraise elle ne se gratte pas.
A l'intérieur de la tente c'est l'étuve, mais ce soir le coin ne se prête pas à faire du feu. On reste donc cloitrés, on ouvre un tout petit peu pour pouvoir se laver dans l'abside en claquant régulièrement les intrus trop intéressés par notre chair.
On n'a décidément pas des vies faciles !
La nuit ne tombe pas et la chaleur reste étouffante, mais décidément impossible de mettre un orteil dehors. On modifie le diner, les spaghettis chauds ne nous tentent pas vraiment, on se contentera de charcuterie et de fromage sur des crackers. L'expédition lavage de dents est également très vite expédiée pour passer le moins de temps possible à l'extérieur. On a un peu la haine mais bon la Suède a une réputation à tenir : petits lacs, bois de bouleaux et moustiques, on est en plein dedans !

78è jour : Högboda - Karlstad

5 juin 2011

33,8 km, 3690 km au total

Etant donné le fiasco du camping et le bivouac moyen d'hier soir, le programme d'aujourd'hui c'est de rallier Karlstad et de poser la tente dans le camping le plus proche. 35 km à vue de nez, petite étape, on compte même y être pour déjeuner.
La route n'est pas passionnante, toujours cette E61 sans trop d'alternative possible. On expédie rapidement l'étape et on trouve sans difficulté le camping, un peu après Ikea. Ca fait bizarre de pique-niquer dans la tente, bien montée avec matelas et duvets mais c'est appréciable pour se protéger du vent qui souffle bien aujourd'hui, parfait pour éviter les moustiques. La sieste se fait dans un rare confort, de même qu'une bonne après-midi lecture.
L'iphone à plat, direction la douche tant convoitée ces derniers jours. La lessive sera également la bienvenue. Sans jouer les cracras, les traces de sel dans le dos du t-shirt c'est pas glamour, et même si la laine limite considérablement la prolifération des odeurs par rapport au synthétique (les cuissards sont en synthétique) un lavage a grande eau est plus que nécessaire !
Une fois ces formalités accomplies, nous nous posons dans la petite cuisine du bloc sanitaire. C'est sympa, il y a des tables dans une espèce de véranda, c'est très agréable de se poser pendant que les batteries en profitent pour se faire recharger.
Après le diner on se fait une petite balade à pied pour rejoindre la mer, heu pardon le lac, enfin l'énorme masse d'eau à côté de Karlstad, à priori le plus grand lac de Suède, ça ressemble un peu à la mer, en plus calme. Une nouvelle fois les impressions sont étranges, ambiance coucher de soleil mais ce dernier est toujours très haut dans le ciel, déroutant. Finalement l'ombre prend du terrain et avec le vent il vaut mieux poursuivre notre lecture dans la tente...

79è jour : Karlstad - Ö Fagelvik

6 juin 2011

33,1 km, 3723 km au total

Ce matin programme chargé avec notamment les courses... eh oui encore. C'est un immense Coop Forum qui nous permettra de découvrir encore de nouveaux produits et de nouveaux conditionnements, pour l'instant c'est vraiment la Suède qui nous a le plus étonné en emballages différents de ce qu'on trouve en France. On enchaîne avec Biltema. Hier dans la réception du camping j'avais repéré qu'ils avaient un présentoir avec les catalogues, j'y repasse ce matin pour trouver l'adresse exacte... ça sera là qu'on ira ravitailler en gaz. Merci encore à Thomas pour nous avoir filé l'info. En effet je retrouve ces petites bouteilles bleues, semblables à ce que fait Camping Gaz, mais avec la valve "à vis" internationale et la marque Biltema dessus. Pour info si vous cherchez des pièces de Volvo pour votre V70, c'est également le magasin parfait. C'est un genre de Norauto étendu au vélo, la moto, le camping... il y a même des casseroles et des poêles :-)
A la sortie je trouve Hélène en pleine discussion avec un vieux monsieur sur un tricycle inversé (2 roues à l'avant) qu'il a bricolé pour pouvoir en faire un genre de tandem ou de remorque pour balader sa femme. Il dragouille moitié Hélène et quand j'arrive il me dit que j'ai bien de la chance d'avoir une si jolie et gentille femme :) On papote un moment, il est fier de son bricolage et pose avec Hélène pour quelques photos.
On visite ensuite un peu le centre de Karlstad à la recherche d'une poste pour faire un petit colis pour la France. On pensait que c'était une spécificité à la petite ville de Fjällbacka mais en fait non, en Suède les bureaux de poste ont quasiment tous fermé et sont remplacé par les supermarchés ICA. à la caisse vous pouvez acheter des timbres, des emballages de colis... tremblez postiez français, votre métier est sur la sellette (mais bon ça vous le saviez) !
Forcément avec toutes ces recherches et tous ces arrêts tic tac l'horloge électronique et biologique nous indique qu'il est temps de trouver un lieu pour pique-niquer. Le petit parc à côté de ICA nous permet de mater tranquillement les gens qui viennent s'installer et bronzer en maillot de bain. Les quelques nuages ne leurs font pas peur, et du coup c'est pour moi l'occasion de commencer à mettre en pratique les conseils de Tim Ferris sur la MED, à savoir la dose minimale effective, bref la quantité minimale de quelque chose à faire pour en voir les effets. Pour ma part ça sera le bronzage sur le haut du corps... parce que bon à rouler en t-shirt, principalement manches longues et cuissard on commence à se faire un bronzage de cyclistes des plus caractéristiques. Ce midi je tente donc 15 minutes d'exposition torse nu, sans crème ni rien mais pas plus. L'idée de Tim c'est que 15 minutes régulièrement permettent d'optimiser l'apport du soleil, de photosynthétiser la vitamine D et de se hâler légèrement. Au delà ça n'a pas d'intérêt pour le bronzage et au contraire on risque le coup de soleil, le cancer de la peau... bref 15 minutes et on se rhabille :)
Nous repartons en milieu d'après-midi histoire de mettre quelques kilomètres au compteur et surtout sortir de Karlstad, cet imbroglio de rivières, lacs, bras de mer et je ne sais quoi. La ville est sur un genre de delta de rivière et du coup il y a des ponts partout mais il ne faut pas se planter. Certains ne sont que pour l'autoroute, d'autres sont du mauvais côté par rapport au train... bref le GPS est le bienvenu. Malgré tout, dans notre volonté de longer ce grand lac, nous nous retrouvons bloqués, 100 mètres de trou dans une route que nous n'avions pas repéré car pas assez zoomé dessus. Rien à faire ce sont des maisons, il nous faut rebrousser chemin, grrr, on n'aime pas ça.
Un peu déçus on repart pour quelques kilomètres, le temps de trouver une église, donc un cimetière, donc de l'eau, désormais vous avez l'habitude puis un coin bivouac que nous trouvons du premier coup. C'est parfait à un détail près... non pas les moustiques, mais une grosse guêpe, probablement plutôt un genre de taon ou frelon (outre les arbres, on est nuls en animaux même si on s'est fait la page wikipedia sur les moustiques hier matin). Dans ces cas là Hélène part totalement en vrille, c'est totalement irrationnel, elle a le comportement idéal pour se faire piquer à gesticuler dans tous les sens, je reste perplexe. Il va falloir creuser avec ses parents les histoires de piqûres d'insectes dans sa petite enfance parce que là j'avoue ne pas comprendre sa réaction. On lui arracherait un doigt elle ne réagirait pas aussi violemment. Les mouches sont aussi de la partie avec quelques rares moustiques mais du coup au moindre truc qui t'effleure tu n'as d'autre réaction que celle de penser que c'est un moustique... pas facile à gérer.
Nous n'avons d'autre choix que de nous réfugier dans la tente, bien chaude et moite et de profiter du sauna, tiens c'est pas suédois le sauna ?

80è jour : Ö Fagelvik - Degergors

7 juin 2011

57,9 km, 3781 km au total

Ce matin encore la préparation est difficile. Moustiques plutôt réactifs au réveil et qui nous poussent un peu à lever le camp rapidement. Hélène est sur les nerfs, hyper tendue et prête à exploser au moindre bruit suspect : moustique, abeille, ... la journée s'annonce mal. La météo est néanmoins plus clémente que prévue et on a l'impression de suivre le mauvais temps juste suffisamment à distance pour ne pas se faire tremper. La route est mouillée mais le soleil brille pour nous, plutôt cool.
Au bout d'un moment il faut croire qu'on va plus vite que le vent ou qu'il n'est en fait pas vraiment dans notre dos car on se retrouve sous la pluie et le climat devient tropical, on hésite même à sortir la veste de pluie car la chaleur est toujours assez écrasante. Avec ces nuits très courtes la température ne redescend que très peu la nuit. En ce moment on se couche en supportant difficilement le simple sac de soie. On rentre dans le duvet dans la nuit mais au réveil à 6h30 le soleil est déjà haut et a déjà réchauffé l'atmosphère quasiment comme la veille au soir, toujours aussi étrange ces effets inattendus des journées aussi longues.
A plusieurs reprises des abeilles/guêpes font la course avec nous, Hélène perd la raison et alors que nous nous posons un peu avant le déjeuner le long de la route pour boire un coup elle explose et repart dans un délire impressionnant. Je ne sais pas quoi faire, on dirait une hystérique. Impossible de rester, le tandem roule quasiment tout seul tellement elle pédale fort pour s'éloigner de la bestiole, je reste sans idée sur la réaction à adopter.
Je la force à s'arrêter quelques kilomètres plus loin a un endroit plutôt sympa pour pique-niquer. Comme vous pouvez imaginer elle n'a absolument pas faim, est en larmes sans fin, inconsolable. On discute (de nouveau) un bon moment à la recherche d'explication, de solutions, de choses rationnelles mais rien n'y fait, le moindre bzzzz la crispe instantanément.
On pense que le paroxysme intervient maintenant car ça fait un moment que nous sommes partis (80 jours = plus de 11 semaines = 2 mois et demie) et l'absence totale de "maison" commence à se faire sentir. SDF c'est bien mais c'est aussi synonyme d'être en permanence dans une situation de potentielle insécurité. Pas de porte, de serrure, de lieu où rentrer se "protéger". Nous sommes à la merci des éléments, de la météo notamment, mais aussi des bébêtes. On a déjà pas mal causé avec les tiques, nous n'avons pas rencontré ni serpents ni ours mais les moustiques commencent depuis quelques jours à nous rendre les bivouacs très difficiles. La peur phobique des abeilles d'Hélène est réelle mais aussi probablement un moyen d'exprimer cette absence de possibilité de se mettre dans une situation de sécurité à n'importe quel moment. On peut le dire, on doit apprendre à vivre avec la nature, pas d'autre choix.
De mon côté en tant que héros parfait je reste impassible devant les abeilles et autres guêpes, probablement trop raisonné : contrairement aux moustiques ces bestioles ne piquent que pour se défendre, donc pas d'attaque de notre part = pas de piqûre, donc restons calmes, zens et tout ira bien, oui, même quand elle te marche le long de la jambe... mais ça Hélène le comprend mais son corps ne l'intègre pas... l'esprit humain est vraiment complexe. Si vous avez des conseils, des trucs à nous envoyer par email (des copier/coller de sites web par ex) sur le sujet on est preneurs.
Je déjeune tout seul pendant qu'Hélène se calme doucement... une bonne sieste permettra également de reprendre un peu de force... et de confiance en soi.
Du coup en fin d'après-midi on s'oriente vers un camping car les espaces un peu plus ouverts sont souvent moins chargés en bestioles. La réception est fermée, le camping est à côté d'un lac et de l'autre côté on voit les gros nuages noirs et un éclair. Tant pis pour l'aspect légal de l'affaire dans l'immédiat. On trouve un emplacement, on monte la tente en catastrophe et on se réfugie à l'intérieur alors que la pluie nous rattrape.
Nous régularisons ensuite notre situation, notamment pour obtenir la clé, le sésame permettant d'ouvrir les sanitaires, oui c'est plus pratique quand même :-)
La soirée est orageuse mais malheureusement pas assez à mon goût, j'aime quand l'éclair est immédiatement suivi du son qui va avec. Là il ne s'approchera pas en dessous de 2,4 km, décevant... Ca aurait pu faire de chouettes photos les éclairs sur le lac...

81è jour : Degergors - Abytorp

8 juin 2011

57,3 km, 3839 km au total

Une météo des plus étranges nous attend au réveil, un peu tropical en plus frais mais brumeux, mais pas pluvieux, mais pas vraiment sec non plus, ni froid d'ailleurs. Ok, indescriptible. Là encore il y a probablement un lien avec les journées qui commencent tôt. Il fait déjà chaud même à 6h30 du matin.
Un ravitaillement chez Coop Extra et nous pouvons quitter Degergors, direction plein est... enfin autant que les routes autorisées au vélo nous le permettent, c'est à dire pas exceptionnel dans ce coin. On oscille donc au gré du relief pour contourner quelques massifs, sans pour autant avoir droit à une route plate. Les fesses sont douloureuses (encore un bouton mal placé) et le NOK récupéré à Oslo est bien agréable (merci maman pour les 2 tubes).
Nous inaugurons également ces derniers jours un encas un peu particulier : un rouleau de massepain, c'est à dire de la pâte d'amandes. Face à notre impossibilité de trouver des barres de céréales notre première approche a été de se diriger vers les barres chocolatées type mars, bounty... mais bon, hormis le snickers qui a un bon rapport poids/énergie, le reste c'est moyen et surtout ça n'est pas super pratique à manger régulièrement au cours de la journée. C'est vite écœurant, ça fond de partout... Alors la pâte d'amandes, en fait on était plutôt sceptiques mais dans les faits c'est pas mal. Le rouleau s'ouvre plutôt bien et on peu grignoter ça petit à petit. En plus d'un point de vue énergétique c'est top : pas mal de protéines, des glucides et des lipides en bonnes quantités pour un total de 450 kcal aux 100 grammes, un très bon ratio.
A midi Hélène trouve que nous devrions rouler encore un petit kilomètre car il y a une église à Edsberg, et outre nos cimetières préférés, il y a souvent un parc près des cimetières. En effet une super table avec 2 bancs (à dossier s'il vous plait !) nous attendent sur une pelouse fraîchement tondue.
Alors qu'on sort nos fringues humides de la lessive d'hier (oui la nuit pluvieuse n'a pas aidé à leur séchage) une dame sort d'une maison en bois rouge à côté de l'église et vient nous voir. On discute un bon moment de la Suède, de notre voyage, des différences, avant de comprendre qu'elle travaille ici... oui, elle est prêtre. Elle nous fait visiter l'église ainsi que la maison rouge en question qui est une ancienne école convertie en lieu de rencontre autour de la religion protestante. On apprend beaucoup justement sur les pratiques religieuses protestantes en Suède, et c'est avec beaucoup de simplicité, d'humour et d'ouverture qu'elle nous raconte un peu comment ça se passe. Face aux bancs qui se vident ils sont très ouverts à faire progresser la manière dont ils accueillent les gens. Une jolie phrase qu'elle dit "Nous aimons le Christ dans ses vêtements, mais dans des vêtements d'aujourd'hui". Par exemple un détail tout bête, ils ont des coussins sur les durs bancs en bois de l'église. Ils ont aussi adapté les rituels des baptêmes qui se faisaient traditionnellement à l'extérieur pour pouvoir les faire dans un endroit plus chaud l'hiver. -30°C cet hiver, c'est sûr ça laisse rêveur. Peut-être aussi un problème d'eau bénite gelée :)
Bon en grands incultes religieux, on apprécie de voir justement la prise en compte de la vie actuelle, de la société t'elle qu'elle évolue et non pas la froideur et l'immuabilité qu'on peut rencontrer dans d'autres religions (suivez mon regard). Autre exemple, les mamans prennent généralement un an (oui 1 année) sabbatique à la naissance d'un enfant. Le système est étudié pour et les parents peuvent continuer à percevoir un salaire décent (je crois que j'ai bien compris que c'était 80% de son salaire normal). OK c'est bien mais les mères se retrouvent un peu seules, cloitrées dans leurs maisons. Une des propositions de l'église à été d'organiser des regroupements autour du chant, un peu comme un prétexte, mais bon on imagine qu'on chante quand même des chansons religieuses, mais c'est surtout l'occasion pour les mamans (et les papas d'ailleurs aussi) de passer du temps avec d'autres personnes dans leur situation, de discuter, de faire jouer les enfants ensemble également, bref la "sociabilité" est prise en compte, ça c'est sympa.
Henriette (elle nous permet de l'appeler ainsi, les autres l'appellent "Prêtre") nous explique aussi l'organisation de son église, il y a beaucoup de monde pour une si petite ville. Tous sont employés et rémunérés. C'est leur manière de s'assurer de l'implication des gens dans leur travail (même si elle est moyennement convaincue). Rien que pour le cimetière il y a six personnes !!!
Nous profitons ensuite de la table pour enfin déjeuner et repartons sous un temps mi-figue mi-raisain mais qui tient toujours.
Nous croisons des ruches, une première en Suède, parfait pour relever un des défis qu'on nous a donné. Comme vous vous en doutez, Hélène reste en arrière sur le tandem alors que j'essaye de me rapprocher.
A Abytorp alors que nous cherchons un lieu de bivouac un peu plus "ouvert" que notre forêt moustiqueuse, nous tombons sur un stade. Il y a un petit coin tondu un peu à l'écart ça pourrait le faire mais on s'oriente plutôt vers 50 mètres plus loin derrière un bosquet d'arbres où certes l'herbe n'est pas tondue et le sol est moins plat, mais c'est plus discret. Au moment où nous allons repartir vers ce coin un employé termine son travail (il repeint les vestiaires) et repart sur son vélo. Il s'arrête à notre hauteur et nous discutons de nouveau un bon moment. On lui demande si on peut poser la tente là en désignant le coin pas discret mais bien tondu il nous dit qu'à priori pas de souci, il doit y avoir un entrainement de foot un peu plus tard mais sur le principe rien ne s'y oppose. Il nous explique donc la règle du "droit" au bivouac en Suède qui visiblement s'applique bien également en dehors des forêts et autres champs "publics". En gros dans un champ privé, vous pouvez poser votre tente, sans demander, tant que vous n'abimez rien, que vous n'êtes pas visibles de la ferme/maison associée et bien sûr que vous ne dégradez rien (arbres, cultures, ...) donc dans le cas d'un stade ça s'applique aussi, ça ne dérange personne, et donc pour nous c'est bien appréciable. air qui circule = moins de moustiques, Hélène est aux anges mais son sourire crève le plafond quand il nous évoque le fait qu'en discutant avec le groupe de l'entrainement à venir nous pourrions peut-être négocier un accès aux douches.
Finalement il revient 5 minutes après nous avoir quitté et nous ouvre les toilettes, c'est déjà ça et il ne prend pas grand risque à les laisser ouvertes jusqu'à demain, comme il dit, il n'y a que du papier toilette à piquer... on a vu plus intéressant. Comme l'entrainement n'est pas avant 1h30, c'est le lavabo des toilettes qui nous servira de lieu de décrassage. C'est toujours plus confortable qu'en plein air. Ah ben oui, on part un an avec la tente, mais on ne renie jamais un peu de confort.
En checkant nos emails on a la confirmation qu'on aura bien un toit à Fiskeboda demain soir. Détaillons un peu l'histoire. Thomas et Inger, les personnes qui nous ont accueillies le long de la côté ouest en Suède le jour des 30 ans d'Hélène ont des amis à Fiskeboda, le long d'un grand lac. Quand on avait discuté du trajet ils nous avaient dit : passez plutôt au sud du lac c'est plus sympa et arrêtez-vous chez nos amis. Prévenez-nous avant d'arriver et on vous arrange le coup. Bon ben voilà, c'est fait. On est super contents parce qu'une fois de plus on va pouvoir discuter et échanger sur la Suède (et la France forcément) et on est même déjà invités à rester dans "la petite cabane près du lac" autant qu'on veut. Si on peut aller faire du canoë, pêcher et pourquoi pas chasser ça serait les petite vacances de rêve. On vous racontera ça dans les jours à venir mais je sens qu'on va avoir une très grosse envie de rester quelques jours.

82è jour : Abytorp - Fiskeboda

9 juin 2011

57,3 km, 3896 km au total

Météo un peu galère aujourd'hui, la pluie alterne avec le temps très bof, mais il fait néanmoins bien chaud, du coup on a du mal à supporter le pantalon de pluie mais les camions sur la route nationale que nous sommes obligés de suivre ne nous laissent pas vraiment de répit et aiment par dessus tout faire voler l'eau qui stagne sur la route. Le vent est également de la partie et pas vraiment à notre avantage. L'abri bus de ce midi nous permet une pause sympa et abritée mais quand est venu le moment de repartir c'est tout de suite moins drôle. Néanmoins comme on a bien roulé le matin l'après-midi est courte d'un point de vue vélo. La pluie se calme et nous finissons par sécher un peu avant d'arriver à Fiskeboda.
Thomas nous a donné les coordonnées gps exacts de la maison, nous trouvons donc sans souci.
Annika nous accueille et c'est un peu une révélation pour nous. C'est un petit coin de paradis ici. Ils possèdent une grande maison dans un genre de ferme et au fond du jardin l'accès direct au lac avec des petits bateaux à moteur ou à rames et juste à côté un petit "cottage", la maison d'été, rien que pour nous. C'est simple et le plancher tombe un peu avec le temps et l'humidité du lac, mais c'est simplement un endroit magique. L'herbe bien verte coupée raz, les grandes baies vitrées (simple vitrage, c'est la maison d'été on a dit) qui donnent direct sur les oiseaux qui nichent dans les roseaux. Exceptionnel, on prend pleinement conscience de la chance que nous avons tout en ayant aussi à l'esprit cette idée que je garde toujours dans un coin de la tête : la chance sourit aux audacieux, on réfléchit rarement à cette expression mais c'est une vérité à creuser. Pour avoir une chance de vivre ça il faut aussi accepter ce qui va avec, accepter de se lancer dans des paris improbables, se mettre dans des situations que beaucoup n'accepteraient pas forcément. Finalement on aurait pu passer à côté de beaucoup de choses en refusant la proposition d'Inger il y a quelques semaines en trouvant un peu incongru qu'elles nous invite chez elle. Les paranos auraient pu y voir un plan foireux pour se faire découper en rondelles et finir au fond d'un congélateur, tu vois maman, les gens possèdent aussi des qualités impressionnantes et on a un énorme plaisir à voir qu'il y a beaucoup plus de gens avec le cœur sur la main que des prédateurs sexuels en liberté ou des fous meurtriers échappés de prison.
Enfin bref, après une bonne douche (dans la maison principale car il n'y a ni douche ni toilettes dans le cottage) on profite d'excellents moments avec Annika et son mari Berra. Comme d'habitude on ne pourra pas rentrer dans les détails (blabla il est tard, blabla c'est impossible à résumer...) mais on découvre encore de nouvelles facettes de la Suède et c'est avec grand plaisir également qu'on déguste un diner qui a un peu stressé notre hôte en sachant qu'Hélène était diététicienne.
Nous dégustons donc des écrevisses pêchées dans le lac (et congelées l'an dernier car normalement c'est une pêche d'août et qui donne lieu à une grande fiesta), bière, schnaps, tarte au fromage suédois/oignons, fromage, vin (italien même si on apprend que la Suède essaye d'en produire mais ça reste encore un peu confidentiel comme production pour l'instant) et même une tarte à la rhubarbe. Les petits plats dans les grands.
Notre anglais se rouille petit à petit avec la fatigue (et l'alcool) mais nous passons un moment des plus agréable, à tester au passage les différents anti-moustiques qui viennent un peu trop s'installer en fin de soirée avec la tombée du vent. On nous confirme que le DEET est la molécule la plus efficace mais nous testons un spray avec un dosage moins fort et moins (ou pas) d'alcool ce qui le rend plus facilement diffusable sur le corps et les vêtements que notre produit certes très concentré mais un peu difficile d'usage.
Nous retournons ensuite dans la petite maison en jetant un dernier coup d'œil au lac avec le soleil qui se couche (oui ça lui arrive, on n'a plus trop l'habitude de le voir mais c'est rassurant de voir que ça existe encore).

83è jour : Fiskeboda - Julita - Fiskeboda (jour off)

10 juin 2011

0 km, 3896 km au total

Après un solide petit déjeuner suédois, nous partons en direction de Julita, une petite ville à côté de Fiskeboda où il y a un musée. C'est un peu le même esprit que celui où nous avons été à Oslo : des petites maisons en plein air avec à l'intérieur des reconstitutions des scènes de vie de différentes époques. Il s'agit d'un manoir et de son parc qui ont eu une histoire mouvementée au cours des siècles et qui ont finit par devenir un lieu d'exposition de comment on vivait dans la région. C'est très sympa, la dame qui tient l'accueil nous raconte toute l'histoire en anglais c'est très intéressant. Comme c'est en plein air c'est aussi agréable à parcourir. Parc, jardins, petites maisons du même rouge "officiel" qu'en Norvège, ... On trouve également des ruches dont une est en fait spécialement conçue pour qu'on puisse l'ouvrir facilement sans déranger les abeilles tout en les regardant (en gros elle est très fine, en Plexiglas avec des portes opaques par dessus qu'on peut ouvrir. C'est très sympa de regarder les abeilles s'affairer autour les petites alvéoles... Hélène... vous savez...
On pique-nique le long du lac des restes du diner de la veille, de pain et de fromage avec même une bière, c'est vraiment très agréable. Annika nous traduit et explique beaucoup de choses et une fois de plus nous partageons notre vision de la France.
Nous repartons ensuite faire quelques course alimentaires histoire d'être un peu autonomes dans la petite maison. Il y a une cuisine et comme ça on peut rester un peu sans trop déranger et sans se sentir pique-assiette. C'est un des sentiments difficiles à gérer durant le voyage. L'accueil qu'on rencontre est toujours exceptionnel, très chaleureux et généreux et c'est dur pour nous de ne pas avoir grand chose à offrir en retour. Donc rester plusieurs jours à manger la nourriture de nos hôtes est à la fois très sympa car ça nous permet de découvrir la culture du pays mais un peu dérangeant de ne pas participer financièrement.
Là comme Annika et Berra travaillent tous les deux, à des horaires assez différent et qu'il y a cette petite maison près du lac, on se sent plus à l'aise pour diner dans notre coin par exemple.
Nous passons voir l'église "officielle" de Julita (il y en a une petite dans le parc de ce matin, mais même si de nombreux mariages y sont célébrés, notamment celui d'Annika et Berra, ça n'est pas l'église où a lieu la messe traditionnelle).
Nous profitons de la fin d'après-midi "libre" à discuter avec la famille en France car, à défaut de wifi, Berra nous prête une clé USB 3G. On peut donc chatter sur le petit ponton à côté des bateaux, c'est juste exceptionnel. Le temps se couvre mais la lumière prend du coup une teneur agréable et chaude de fin d'après-midi, même si comme vous le savez désormais le soleil est loin de se coucher.
On dine également dans notre cottage avec des produits un peu travaillés et inhabituels de nos bivouacs : poêlée surgelée, conserve de poisson (pour tester un truc étrange appelé "fiskebulla" à première vue ont dirait des saint-jacques mais c'est plus proche des quenelles), ...

84è jour : Fiskeboda - rien du tout (jour off 2)

11 juin 2011

0 km, 3896 km au total

Une matinée très tranquille où nous en profitons pour un coupage de cheveux avec des vrais ciseaux, c'est quand même beaucoup plus pratique. Je poursuis au passage mon insolation (pas dans le sens coup de chaud) de courte durée vu que le soleil est de la partie.
Après une rapide douche (miam) Berra nous propose de nous faire visiter un peu le lac avec son bateau à moteur. Il fait le guide et nous sommes aux anges, pas mal d'oiseaux, de maisons, de rochers sympa. On observe les méfaits des castors également qui descendent des bouleaux de diamètre impressionnant. Le temps menace mais est clément. La coque de noix avance doucement sur le lac au rythme du moteur Yamaha de 90 chevaux. Au retour le fils de Berra et Annika est là avec sa femme et leur fille de 6 semaines. Elle nous fait penser à Zola qu'on aimerait bien avoir vu en vrai. On déjeune ensemble et c'est l'occasion de découvrir les fameuses boulettes de viande suédoises. On avait dit à Annika qu'on n'avait pas eu l'occasion d'en manger, ça n'est pas tombé dans l'oreille d'une sourde :) C'est assez "mou" (sans être péjoratif) et très bon. Les fraises suédoises sont également très bonnes, meilleures que celles d'Espagne.
Annika travaille également cet après-midi et Berra et son fils sont invités chez leur voisin pour fêter l'examen de fin d'études du fils de la maison. Un peu comme en Norvège il y a pas mal de "traditions" autour de cet évènement et un paquet de monde de tout âge débarque petit à petit via le chemin de terre commun aux deux maisons.
Je profite de l'après-midi et d'outils, notamment d'une paire de pinces pour changer les patins de frein avant. C'est tout de suite beaucoup plus facile. Néanmoins je galère pas mal avec le convertisseur guidon de course/freins v-brake, une espèce de roulette de démultiplication qui a tendance à ne pas laisser coulisser le câble très bien. Au bout d'une heure et avec les mains bien noires je peux remettre le vélo à l'abri sous la grange... j'ai cru un instant qu'il faudrait changer le câble mais on devrait pouvoir s'en passer. J'ai une petite pensée pour les dérailleurs électriques sans fil (je suis sûr que vous n'avez jamais entendu parler de ça mais dans le haut de gamme shimano ça existe), et je me demandais si ça pouvait exister pour les freins... je ne pense pas, mais sinon ça pourrait être sympa.
Je n'ai pas de grande expérience en freins à disque, ça doit être à peu près aussi pénible à régler, que ce soit à câble ou hydraulique. Pour un voyage de ce type il vaut mieux des systèmes simples et il faut avouer que notre bidouille de démultiplication c'est pas un truc très standard. On se dit que si un jour on doit changer les manettes de vitesses/freins on changera probablement tout l'ensemble avec le guidon histoire de mettre un guidon de vtt et des poignées de freins standards adaptées nativement aux v-brake. (fin de la parenthèse technique :-)
Je retrouve Hélène qui devait un peu travailler sur son blog mais qui profite plutôt de son kindle chéri. Un peu de repos et de pas grand chose à faire est bien agréable. Je retrouve quelques-uns de mes fils RSS et peut me remettre un peu au gout du jour niveau photo et informatique. Il s'en passe des choses en moins de 3 mois.
Après le diner, nous faisons quelque chose que nous n'avons justement pas fait depuis trois mois : regarder un film, allongés tous les deux sur le canapé. C'est Adèle Blanc-Sec qui nous divertira ce soir.
Le tonnerre gronde et j'essaye de sortir faire quelques photos. Malheureusement les éclairs sont cachés par les nuages et seuls un ciel éclairci par la lumière est visible... sauf sur 1 photo, ouf l'honneur est sauf.

85è jour : Fiskeboda - rien du tout (jour off 3)

12 juin 2011

0 km, 3896 km au total

Une nouvelle journée à Fiskeboda et cette fois rien du tout au programme. Berra est dans sa maison et Annika travaille toute la journée (oui c'est dimanche). Ce matin il y a un drapeau suédois "complet" sur le mat de la maison car c'est une de ces journées spéciales (c'est la pentecôte en France) où on a le droit de hisser le vrai pavillon et non pas le long fanion. Ils sont très fiers de ces petits rituels mais ça semble beaucoup plus léger et sympa que le chauvinisme américain qu'on peut parfois déceler à travers le drapeau devant les maisons aux Etats-Unis. Ici le fanion sert beaucoup de girouette et c'est plus le fait de pouvoir hisser ou descendre un drapeau différent de temps en temps qui leur fait plaisir, et non pas la volonté d'exprimer clairement "je suis suédois".
Nous nous reposons, discutons via yahoo messenger avec ma sœur, travaillons un peu et profitons d'un pique-nique là encore devant un film !!! Octobre Rouge car je viens de finir le bouquin de Tom Clancy et Hélène ne connaissait pas le film, donc on en profite.
Nous profitons également de ce temps pour justement lire et aussi vraiment ne rien faire. Assis sur le petit ponton en bois, à regarder les vaguelettes créées par le vent sur l'eau du lac, les joncs et les oiseaux qui plongent régulièrement en quête d'un petit poisson. C'est envoutant, impossible de repartir demain main. Il faut que nous restions encore une journée. Situation toujours très difficile et qui provoque des conflits intérieurs entre l'envier de rester, celle de repartir pour continuer nos découvertes et celle de ne pas vouloir "squatter" chez nos hôtes déjà merveilleusement généreux.
Annika vient nous voir après le travail et nous propose une balade suivie d'un diner "pique-nique-barbecue" un peu plus à l'ouest dans Fiskeboda. Nous préparons un taboulé avec ce que nous avons dans le frigo et eux ont de quoi faire un barbecue. Parfait.
Après quelques kilomètres en voiture, nous nous baladons au travers les champs de moutons pour atteindre le lac. L'endroit est magnifique et c'est un nouveau moment très agréable que nous partageons autour de hot-dogs, de maïs grillé, de carottes, taboulé, bière, rhubarbade (limonade maison à base de rhubarbe et non pas de citron)... nous observons les oiseaux, les plantes (il y a quelques fraises des bois qui commencent à rougir)... nous terminons par la visite d'une reconstitution d'une maison "viking", très simple mais c'est chouette.
On récupère une agrafeuse pour reréparer notre bidule qui protège le réchaud demain ainsi qu'un peu d'huile pour chaine de vélo dans notre mini bouteille qui est vide (la pluie subie a demandé pas mal de regraissage et on avait oublié de remplir correctement la bouteille avant le départ). Ensuite chacun retrouve son intimité dans sa maison :)

86è jour : Fiskeboda - rien du tout (jour off 4 - qu'est-ce qu'on est bien)

13 juin 2011

0 km, 3896 km au total

On profite de cette dernière journée pour vraiment glandouiller. On se lève tard, on traine, fait une petite lessive tranquille qui sèche en très peu de temps étant donné le soleil et le vent très fort. On bouquine, déjeune tranquillement. On est bien, repartir demain va être difficile.
On profite de l'après-midi pour répondre à quelques emails et discuter un peu de la manière dont Hélène pourrait reprendre son activité à son retour. On a le temps mais c'est pas mal de commencer à avoir quelques idées autour desquelles réfléchir chacun de son côté par la suite dans la journée sur le vélo :)
En fin d'après-midi Annika vient nous voir, elle a invité sa belle fille Jenny (la maman de la petite Luva (orthographe ?) de 7 semaines ). On discute un moment autour d'un thé et de ces fameux petits roulés à la cannelle dont on a demandé la recette hier. Allez tous à vos fourneaux :
faire une pâte à brioche (vous savez comment, sinon il y a une recette sur le blog), l'applatir pour qu'elle fasse un peu moins d'un centimètre d'épaisseur et qu'elle soit rectangulaire.
Tartiner généreusement ce rectangle de beurre, de sucre en poudre et de cannelle.
Rouler en un boudin (comme un gâteau roulé) et découper des tranches d'un centimètre ou deux d'épaisseur.
les poser à plat sur une plaque à four (sur du papier sulfurisé ou une plaque en silicone ça sera parfait je pense) et dorer le dessus avec un jaune d'œuf battu.
Saupoudrer de sucre perlé (celui pour faire les chouquettes)
mettre au four très chaud : 250°C pendant 5 minutes.
Et voilà, moi qui suis une "bouche sucrée" je peux vous dire que c'est délicieux et que ça sera clairement dans ma liste des choses à faire à notre retour en France !
Vous avez du déjà voir à quoi ça ressemble en photos sur ce site.
Nous regagnons ensuite notre "small cottage" avec toujours ce choc au moment où on arrive au bout du petit chemin depuis la maison principale, qu'on passe le long du corps de la ferme et qu'apparait un peu en contrebas, posée sur une pelouse parfaitement tondue cette grande cabane en bois mais aussi le ponton avec les 4 coquilles de noix qui se balancent au rythme du vent qui siffle dans les joncs. C'est une image vraiment forte qui nous fait aussi réfléchir à l'importance de l'endroit d'une maison. La répartition du budget à allouer entre le terrain et le bâti... encore un rêve qu'il sera bien difficile de concrétiser de retour en France. Ici du terrain il y en a à revendre, la population est très faible en comparaison de la surface... et la présence de lacs et de bras de mers fait que si vous voulez une maison au bord de l'eau ça n'est pas trop un problème... Pour un terrain à construire sur l'Atlantique-sud (en France) c'est comment dire... va falloir dealer de la drogue ou des armes un moment avant d'avoir une chance de s'en offrir un. M'enfin chaque chose en son temps.

87è jour : Fiskeboda - Arby (Hallsta)

14 juin 2011

43,8 km, 3940 km au total

Un lien c'est tout ce qu'il faut pour que ce soir on ait la possibilité de dormir de nouveau dans une maison (ou du moins dans le jardin). Hier Jenny a demandé à ses parents si nous pouvions aller chez eux car entre temps elle leur avait parlé de nous et ils étaient très impressionnés par notre voyage. Ils habitent à environ 45 kilomètres et c'est sur notre route.
Nous plions bagages tranquillement et sommes prêts un peu après 9h, le temps de nettoyer un peu notre si agréable petite maison. Berra est déjà parti travailler depuis longtemps mais nous avons la chance de pouvoir dire au revoir à Annika. Une fois de plus c'est très difficile pour nous. Même si rien n'est écrit, lorsque nous regardons une dernière fois la vue sur le lac on sait qu'il y a de fortes chances pour que ce soit la dernière fois. We had such a great time here in this place, in the small cottage with such nice people... c'est donc avec un bon gros pincement au cœur que nous reprenons la route.
Courses, ICA, route, arbres, ... pause dans un champ près d'une petite route qui doit ammener seulement vers quelques maisons car tous ceux qui passent nous font des grands boujours depuis leur voiture. Malheureusement nous devons nous rabattre dans l'abri-bus à côté à la fin du repas car la pluie qui menaçait depuis ce matin a fini par nous rattraper. On avait prévu le coup en choisissant cet endroit mais l'abri-bus étant très proche de la forêt, les moustiques sont comment dire, plus actifs par ici.
Perdu dans la lecture des ignominies de Patrick Bateman (American Psycho, Brett Easton Ellis) je ne relève la tête que pour voir un... mais oui c'est ça... un cyclotouriste qui arrive et s'arrête finalement à côté de nous pour discuter. On réfléchit rapidement, c'est le premier en Suède et je crois bien le premier depuis que nous avons quitté la "route officielle à vélo" de Berlin à (Rostock) Copenhague. Bref ça doit faire plus d'un mois qu'on n'a pas vu un vélo chargé raz la gueule et ça nous fait bien plaisir d'échanger un peu. Il est suédois et va dans un premier temps un peu au nord de Stockholm pour travailler quelques mois et ensuite à la fin de l'été il part pour le Canada et descendra ensuite plein sud. Il fait un tour du monde par petits morceaux et a déjà été en Afrique et visiblement pas mal d'autres endroits. Le projet total c'est 61 000 km... on fait petits joueurs à côté. Et il le fait tout seul.
Il est un peu pressé car il a pas mal de route et des délais mais on a l'adresse de son site web (qu'on n'a pas pu aller encore voir faute de net) www.lostcycling.com En tout cas il aime beaucoup sa selle Brooks qui a l'air bien faite à son postérieur.
Nous repartons ensuite pour faire les derniers kilomètres qui nous séparent de la maison de Nina la mère de Jenny. La pluie est bien de la partie et c'est pas forcément super agréable.
Nous arrivons un peu perdus. Les instructions que nous avions n'étaient pas super claires et on suppose être au bon endroit. Il y a des voitures garées mais visiblement personne à la maison. On appelle sur son téléphone, répondeur direct. Bon, on attend un peu sous la pluie en train de réfléchir à un plan d'action et on entend le téléphone sonner. C'est Nina (ouf), elle est en train de rentrer et sera là d'ici quelques minutes. On essaye de savoir si on est au bon endroit :
- nous sommes devant une maison, il y a une volvo V70 bleue
- ah oui ça doit être là, les chiens aboient ?
- heu non
- ah vous ne devez pas être au bon endroit alors
- ah... heu, il y a aussi une superbe Ford Shelby (GT 500) rouge dans un garage juste à côté
- oui oui, c'est bien là, étrange que les chiens n'aboient pas, en tout cas j'arrive dans 5 minutes
(ouf)
Et oui amateurs de moteurs (Fred, Lucas) : c'est une pu**in de voiture. V8 de 5,4 litres suralimenté de ... 500 chevaux (540 même d'après les spécifs officielles, merci Lucas de la précision)... On apprendra un peu plus tard qu'ils l'ont fait ramener des Etats-Unis l'an dernier durant un voyage là-bas non sans difficultés au niveau paperasse en Suède.
Le mari de Nina (Magnus, espérons que je n'écorche pas son prénom) arrive avec son fils juste avant sa femme. C'est lui qui cuisine à la maison et ce soir le diner est à 17h30, à la manière suédoise. Nous passons un moment à discuter autour d'un thé puis dinons ensemble. Spaghettis bolognaise. (point). Un plat, c'est le diner. Après Magnus repart rapidement faire du sport avec un ami tandis que Nina reste avec nous pour discuter. Elle est prof (chimie, biologie, technologie...) et lui est fermier. Il possède la maison et beaucoup de terres autour. Tous les deux sont des fervents adeptes de la pêche et de la chasse. Même leur fils qui a tout juste 18 ans possède deux fusils de chasse (Robin ne soit pas jaloux, surtout que leur père en à 5 ou 6 et Nina 2 aussi...).
Nous prenons le thé à l'extérieur pour profiter de la vue sur la forêt au loin et des couleurs du début de soirée. La fraîcheur nous fait finalement rentrer, et Magnus revient également du sport. Nous leur montrons quelques photos de notre site, notamment celles d'Oslo où ils vont aller passer quelques jours à la fin de la semaine.
Nous devions planter la tente dans le jardin mais Nina nous propose de dormir dans la chambre d'amis si nous voulons... ce soir, nous dormons donc de nouveau dans un vrai lit.
Un lien, quel qu'il soit, c'est tout ce qu'il faut pour provoquer une rencontre et échanger comme si nous nous connaissions depuis longtemps. Ce lien, pour l'instant nous avons eu la chance de le voir créé pour nous. Nous le travaillons, nous l'entretenons mais une des prochaines étapes sera pour nous celle de le créer par nous-même, d'aller naturellement vers les gens. Je pense qu'il faudra qu'on commence simplement, peut-être déjà juste en allant demander de l'eau dans une maison plutôt que de faire 5 kilomètres de détour pour rejoindre un cimetière, ça sera un début mais nous pensons de plus en plus que c'est ce qui fait tout l'intérêt du voyage : les gens, plus que les paysages. C'est difficile, c'est quelque chose que nous ne maitrisons pas bien (oui bon surtout moi ok) mais c'est clairement là que nous avons à apprendre.
Alors comme on a dit à ma sœur via chat hier : si vous voyez des cyclotouristes en fin d'après-midi pas loin de chez vous : invitez-les à diner et à passer la nuit à la maison, je pense que vous leur ferez un énorme plaisir et vous passerez probablement un moment très agréable également et apprendrez beaucoup... et puis on compte sur vous pour leur parler de nous et leur filer l'adresse du site :)

88è jour : Arby - Arja

15 juin 2011

62,4 km, 4002 km au total

On traine un peu ce matin pour profiter d'une douche et d'un solide petit déjeuner suédois avant de repartir, après un dernier au-revoir. C'est agréable de pédaler, le temps est parfait, on est bien.
Après le déjeuner, comme hier la météo devient moins clémente et on se prend un super méga averse du genre visibilité 30 mètres avec au passage les conséquences qu'on peut imaginer au niveau de la route, ça remonte de partout dans les chaussures, et là rien à faire c'est flic floc en 5 minutes. Pas eu le temps de mettre les chaussettes étanches et je ne suis pas sûr que ça aurait vraiment changé quelque chose. Les surchaussures en néoprène sont un peu de grosses éponges mais elles ont au moins le mérite de garder les pieds un peu au chaud. Trempés certes, mais avec les chaussette en laine on fait sa petite chaleur.
Les camions nous éclaboussent, la route ressemble plus à un lac qu'à du bitume, un peu hardos. Nous vous recommandons également une de nos sensations préférée qui se déroule en deux temps :
La première c'est d'enfiler le pantalon de pluie (un genre de pantalon de k-way) sur le cuissard court. Le contact plastique/peau est particulièrement désagréable.
Mais le meilleur effet c'est quand on prend une longue descente, qu'on arrête de pédaler (toujours sous la pluie) et qu'on reprend ensuite. On a eu le temps de se refroidir un peu et retrouver le contact humide et froid du pantalon sur les cuisses, les genoux et les mollets, c'est comment dire... un vrai bonheur.
Nous passons le cap des 4000 kilomètres toujours sous la pluie. Faire une photo du compteur sans noyer l'appareil photo se révèle assez difficile et nous repartons rapidement (nouvel effet sympa du pantalon).
A la vue du ciel nous laissons tomber tout espoir de planter la tente au sec en patientant encore un peu et nous nous engageons donc dans un champ le long de la route et d'une petite forêt. Monter la tente sous la pluie est un vrai régal, ça goute de partout, on ne peut rien rentrer sans mettre de l'eau dans la tente, miam slurps, plic ploc. Dans la série "pour en rajouter" on fait face à deux problèmes :
- nos sacs jaunes étanches pour la remorque commencent à se décoller au niveau du fond et ne sont donc plus étanches. Ca n'est pas dramatique en soi car ce qu'il y a à l'intérieur est soit dans un second sac étanche (duvets, vêtements...) soit ne craint pas trop (tente par ex) mais ça veut dire que ces seconds sacs sont mouillés à l'extérieur et ils mouillent l'intérieur de la tente quand on les rentre.
- notre bâton de rando, qui sert de béquille et qui était déjà salement amoché vient d'avoir la poignée cassée. Il donne des signes de faiblesse à d'autres endroits donc il commence à être probable de devoir le remplacer. grrr, encore des dépenses imprévues qui vont s'ajouter à la nécessité de changer un cuissard d'Hélène (qui a plusieurs années quand même, pas neuf de 2011) et qui commence à devenir un peu trop transparent à son goût au niveau des fesses tant il est usé :-) Moi j'aime bien... je ne comprends pas.

On peut néanmoins se poser à l'abri et une heure ou deux plus tard la pluie se calme enfin. On a bien fait de ne pas attendre. On va essayer de tendre un fil et de faire sécher les affaires mouillées.

89è jour : Arja - Stockholm

16 juin 2011

76,3 km, 4078 km au total

La pluie ayant repris hier soir les affaires n'ont pas vraiment séché. On repart donc avec le plein de trucs mouillés, la tente y compris. Tant pis, à priori il ne doit pas y avoir de plus aujourd'hui et s'il y a un rayon de soleil ce midi ça sèchera un peu.
Direction Stockholm, on a une grosse étape à faire car il faut qu'on ravitaille ET qu'on parcourt les 69 km pour rejoindre le camping au centre de la capitale.
Pour corser un peu l'étape c'est plutôt vallonné et on souffle sous notre parka qui essaye de sécher. Heureusement la météo est clémente et on commence à transformer le tandem en séchoir à linge. On croise notre premier élan, le long d'une route, il vient visiblement boire dans le fossé. Il n'est pas farouche puisqu'on arrive à passer devant, arrêter le vélo et je reviens quelques pas en arrière avec l'appareil photo et il est toujours dans les parages. Il s'est un peu caché derrière les arbres mais on sent bien qu'il va revenir dans 5 minutes dès qu'on sera reparti.
Les courses seront à Lidl, le premier qu'on voit en Suède, juste pour le fun on va voir s'il est différent de ceux français. Bon ben c'est globalement comme les Netto et compagnie en Allemagne : produit Lidl + pas mal de produits de marques "normales". On trouve donc notre bonheur sans trop de soucis, notamment des barres de céréales, le retour !
En ressortant il fait beau et chaud ET faim. On devra encore parcourir quelques kilomètres afin de trouver un endroit minable où se poser. Bon on relativise car on a suffisamment de place pour étendre tous les morceaux de la tente, le tarp, entrouvrir tous les sacs... notamment les 2 gros sacs jaunes étanches qui ne le sont plus ; et par ailleurs pas de moustiques à signaler, ça nous change ! Car il faut bien l'avouer, le coin bivouac d'hier soir était un petit bois clairsemé, et même là il nous a été impossible de rester par exemple les fesses à l'air plus de 10 secondes... ça impose donc quelques contraintes...
Nous repartons assez rapidement car il reste encore 30 km à faire l'après-midi. L'arrivée dans les banlieues de Stockholm sont assez chaotiques, la carte au 1:250 000è se révèle dépassée et on roule donc au GPS, heureusement qu'il est là pour se repérer dans les imbroglios d'autoroutes, voies rapides, bretelles d'accès qui ne vont pas où on croit... on s'en sort honorablement.
On finit par arriver dans le centre, manque de s'étaler sur le capot d'un taxi qui sort d'un parking sans faire attention à la piste cyclable (façon Boulevard Magenta à Paris)... ça nous change du bus qui à 2 reprises cet après-midi s'est rabattu sur nous, en nous serrant comme des sardines. J'ai geulé comme un putois la première fois mais ça ne l'a pas calmé, la seconde fois quand le le sens derrière moi je me met à rouler au milieu de la route pour ne pas qu'il me double alors qu'il y a du monde en face comme il l'a fait précédemment... Il déboite et se rabat sur nous. Je lui aurai bien rayé son bus pourri. Si ce n'était pas le "contribuable" qui paye, un petit pneu crevé au couteau (l'Izula peut servir à ça aussi) à l'arrêt suivant ça lui aurait fait les dents à ce connard.
Enfin bref quand on arrive dans le centre on est un peu sur les dents, et on commence à mal sentir le plan "camping" qui hormis sur notre carte ne semble indiqué nulle part. On demande à une première personne qui "suppose" que c'est dans telle direction, qu'on suit un peu, on traverse un grand pont et on arrive un peu trop dans le centre, on fait demi-tour et demande à une dame cette fois qui nous dit qu'il y a bien un camping mais qu'il y a surtout des camping cars. Bon on n'a jamais vu de camping QUE pour les camping-cars donc on retrouve un peu l'espoir qui un instant s'était évanoui. Ce matin sur le trajet nous sommes passés à côté d'un MAX, une chaîne de hamburgers suédois avec toujours du wifi gratuit. Une recherche à "camping" sur Google maps n'avait pas permis de voir notre fameux camping, donc on était déjà un peu sceptiques.
En revenant sur nos pas puis en faisant quelques virages compliqués on aboutit sur le camping. En effet que des campings mais bon on devrait bien pouvoir caser la tente quelque part. Quand Hélène ressort de la réception c'est pour me dire que NON ça n'est pas possible. Ils l'ont fait il y a quelques temps mais la police est venue et blabla enfin bref c'est pas possible !
Je rumine. En cet instant je hais les camping-cars. C'est clair qu'un camping en plein centre ça pourrait pas être utile du tout pour des gens à pied ou à vélo et une tente qui viennent visiter. Non le camping car motorisé qui peut faire 500 bornes dans la journée s'il veut, lui il a le privilège de pouvoir rester en plein centre. La journée continue bien !
Alors au moins on a l'info précise du camping le plus proche. A 6,5 km de là, on est presque passés devant sur notre trajet. Il faut donc rebrousser chemin. Putain de camping-cars.
On fait donc au total environ 14-15 kilomètres totalement inutiles aujourd'hui.
Putain de camping-cars, putain de bus, putain de taxis, putain de tas de ferraille.

90è jour : Stockholm (jour off)

17 juin 2011

0 km, 4078 km au total

La pluie, c'est ce qui nous attend au réveil. C'est également ce qui accompagnera nos derniers Kanelbullar pour le petit déjeuner. Je suis un peu naze malgré une nuit correcte. Pas trop envie de sortir se tremper dehors par ce temps. Hélène bouquine pendant que je me recouche pour grappiller encore un peu de sommeil. On trainasse toujours à l'écoute des plic plocs. Finalement midi arrive et on n'a toujours pas mis un pied dehors. On a de quoi faire un pique nique dans la tente, donc on fait ça. La météo s'améliore un chouilla et on se dirige donc à pied en début d'après-midi vers la station de métro la plus proche du camping, à un petit kilomètre quand même. On achète 2 pass pour 3 jours pour les transports car on a lu un peu dans les guides que les tickets à l'unité étaient très chers et la carte vite rentabilisée. Etant donnée la météo du jour et de ceux à venir on se doute qu'on va passer du temps dans les transports en commun. Etrangement ce n'est pas au guichet automatique qu'on peut obtenir la carte (juste la recharger) mais surtout ce n'est pas non plus au guichet de l'entrée du métro où il y a un mec qui a l'air de glander sec et qui est avec son petit ordi perso. A priori on le dérange et il nous dit d'aller acheter notre carte dans la petite boutique à côté (qui vend des bonbons, des journaux, ce genre de trucs)... et aussi nos fameuses cartes de transport. On ressort donc avec une photo du prince et de la princesse suédois sur une carte magnétique toute neuve.
Direction le centre de la cité. Notre programme est de faire une première balade pour voir un peu comment la ville est foutue, faire un peu de repérage des différents lieux et aussi éventuellement des boutiques sport/vélo/rando/... pour nos achats prévus.
L'architecture est plus rassurante ici, plus traditionnelle d'une ville qui a un passé et qui a grandi en s'élargissant pour utiliser l'espace et en se réformant aussi régulièrement, bref plus une capitale traditionnelle que Berlin par exemple. Hélène est partie avec direct le pantalon de pluie et même si elle a un peu chaud quand on rentre dans un centre couvert c'est plutôt une idée futée. En fin d'après-midi une bonne grosse drache des familles m'oblige moi aussi à enfiler la fameuse protection. J'ai par contre les chaussettes étanches dans ma petite paire de chaussures spéciales visites à pied (oui moi j'ai 2 paires, le luxe !).
On erre un peu, trouve quelques galeries abritées sympa, on se garde la partie un peu plus ancienne pour demain ou dimanche ainsi que le musée du Vasa (le vieux navire coulé dans le port et ressorti de l'eau il y a quelques années).
On rentre en fin d'après-midi car on est malgré tout vannés (quelques escaliers nous font bien comprendre qu'on fait travailler des muscles différentes à vélo). A la sortie du métro une petite supérette nous permet d'acheter de quoi faire un léger apéro et un petit dej demain matin.
La météo de demain s'annonce un chouilla plus clémente dans la journée, on espère donc pouvoir se balader un peu à pied sans devoir longer les murs pour rester sous les auvents :-) A suivre.

91è jour : Stockholm (jour off 2)

18 juin 2011

0 km, 4078 km au total

Il est 0h39 quand je commence à écrire ce soir (enfin c'est déjà demain matin) dans la tente. La journée a été dense mais très agréable. Nous avons commencé par prendre le métro pour rejoindre le centre, un peu au nord pour aller dans les endroits que nous affectionnons : les boutiques de rando/cyclisme.
Début du côté de chez les vélos pour acheter... 3 chaînes. Eh oui, il n'y a pas que les patins de freins comme consommables... Et 3 chaînes d'un coup, quand on veut un truc qui dure un minimum (les nôtres ont 6000 km) ça douille. Surtout qu'au passage Hélène trouve le fameux cuissard à remplacer. Tant pis il faudra que je trouve un autre moyen pour voir ses fesses :-)
Ensuite un genre de vieux campeur (www.addnature.com) pour ENCORE un t-shirt pour Hélène, un à manches courtes cette fois car là encore le syndrome du synthétique-propre-mais-qui-pue-déjà a frappé. Un nouveau Icebreaker en Merinos pour mademoiselle, ça sera le cadeau d'anniversaire d'Hélène de la part de mes parents, merci à vous.
A côté (quand je vous dis que c'est un vieux-campeur like) seconde boutique pour trouver quelques petits sacs étanches plus solides que le ziploc car il faut l'avouer : le ziploc c'est sympa... pour des voyages d'un mois maxi. Ca ne tient malheureusement pas dans la longueur, notamment quand on met dedans des trucs un tout petit peu saillants. Ils finissent par percer et se déchirer. On trouve également un anti moustiques qu'on devrait pouvoir pulvériser un peu plus large que notre huile au DEET.
La CB étant tiède, nous la laissons refroidir le temps de visiter la partie plus ancienne de Stockholm. Le temps qui devait être mitigé (et pluie en fin d'après-midi) est plutôt mieux que prévu et c'est donc avec quelques rayons de soleil que nous profitons des petites rues, des superbes bâtiments anciens et de ces chouettes quartiers. Autant Oslo était un peu quelconque, autant la capitale suédoise est nettement plus intéressante.
Là où ça se complique c'est pour trouver un restaurant correct. Dans le vieux Stockholm on trouve globalement 2 trucs :
- des restos à touristes, horriblement chers et pas très attirants.
- des restos italiens. On en a déjà parlé mais c'est clair que si je devais définir la cuisine suédoise, ça serait la pizza et le kébab, en fait un peu comme en Allemagne, c'est légèrement affligeant parce qu'on a la méga dalle et qu'on ne trouve absolument RIEN à se mettre sous la dent. On fait toutes les rues les unes après les autres pour ENFIN finir par trouver un resto accueillant, un peu à l'écart des touristes et avec une carte attirante.
Nous dégustons donc tous les deux du poisson : brochet (si on a bien traduit pike-perch) pour Hélène et saumon pour moi. Les accompagnements sont sympa (vous verrez les photos), notamment de la pomme de terre juste passée au moulin et d'autres petits légumes au vinaigre balsamique, bref excellent.
Les desserts sont moins réussis mais malgré tout agréables à déguster. Tarte aux myrtilles pour moi et "bidule" glacé au café pour Hélène (un peu indescriptible).
Nous repartons tranquillement alors que l'après-midi est bien avancée. Hélène tombe sur une boutique de bijoux et en adoration devant une paire de boucles d'oreilles. C'était un de ses désirs autour du voyage : ramener une paire de boucles d'oreilles par pays traversé. Dans les faits jusqu'à présent elle n'a rien trouvé qui lui plaisait dans les villes que nous avons déjà traversé. Là elle stoppe net mais elles sont horriblement chères. C'est 2 jeunes créatrices qui ont lancé l'activité il y a deux ans, c'est assez original et typiquement ce qu'Hélène aime... mais très hors budget. Que faire ? On essaye de faire comprendre à la vendeuse que financièrement c'est un peu compliqué... elle ne propose pas de remise mais nous invite à réfléchir et revenir demain si on veut. Bon ok... on va réfléchir.
On poursuit donc la balade sur une autre des petites îles un peu au nord-est (Skepps-Holmen) dont on fait le tour. C'est très joli et le ciel c'est totalement découvert, pour notre plus grand plaisir et celui des photos. Beaucoup de bateaux très chouettes, de vieux bâtiments aussi. Bref on apprécie grandement.
Les jambes fatiguées, on rentre ensuite en métro. On fait une pause sur le trajet pour visiter un plus grand supermarché que celui d'hier et se faire à diner des trucs un peu sympa (ok on s'est rabattus sur des pâtes fraiches c'est peut-être un peu dommage, mais on n'a rien trouvé d'attirant ET facile à préparer ET en quantité adaptée dans les poêlées surgelées ou en frais) et une mousse au chocolat (très bof).
En allant faire la vaisselle un jeune homme m'interpelle, il se demande quel genre de vélo on cache sous le tarp. Flavien est... français. On discute donc très longuement, très très longuement (vu l'heure qu'il est). Il est venu en Suède (du côté de Göteborg) pour faire une année en ERASMUS et ensuite essayer de trouver du boulot (domaine électronique). Là il profite d'un peu de temps pour faire une petite virée entre Göteborg et Stockholm avant de revenir en train.
C'est un peu l'opposé de nous côté matériel et organisation : très à l'arrache et énormément de bricole. Il s'en sort très bien et on est impressionnés. On pourrait passer pour des mauviettes embourgeoisés à côté de lui qui route sur un vieux vtt, transporte son bardas dans un sac à dos fixé sur un porte-bagage renforcé au contreplaqué, ... bon il avoue que sa tente (on lui a prêtée) est bien pourrie : simple paroi, aucune abside, s'il pleut et que tu entres ou sors, ça fait piscine à l'intérieur... d'ailleurs même fermée elle fait piscine quand même !
A donc plus de minuit et demi on regagne notre tente après avoir enfin fait la vaisselle :-)


92è jour : Stockholm (jour off 3)

19 juin 2011

0 km, 4078 km au total

La pluie au réveil me fait sortir du duvet en catastrophe pour rentrer le linge qui tente de sécher. Mais en regardant le double toit je constate que ça doit faire un moment qu'il pleut doucement... le linge en est au même niveau qu'après son essorage hier soir, grrr. Je le rentre pour le faire sécher à l'intérieur... enfin disons plutôt éviter qu'il ne se mouille plus et retourne me coucher.
On émerge doucement quelques heures plus tard et c'est sous une pluie battante mais l'esprit combattant que nous repartons vers le métro harnachés complètement contre le pluie.
On découvre au passage le système de récupération des bouteilles en verre usagées à l'intérieur du petit COOP près du métro. Manque de bol ça ne semble pas fonctionner puisque nos bouteilles (de bière oui) sont rejetées. On va à la caisse essayer de comprendre et la nana repart avec nos 2 bouteilles pour les emmener quelque part derrière la machine, elle revient avec un bon en papier qu'il faut retourner à la caisse pour récupérer notre gain... 1,2 couronnes, arrondies à 1 car ils ne gèrent pas les centimes en liquide. Bref 10 centimes d'euros ! cool :-)
A la sortie du métro étant donné la météo on enchaine avec un bus pour aller rejoindre le musée du Vasa. ALors racontons un peu l'histoire de ce navire : il a été inauguré le 10 aout 1628, le fleuron de la marine suédoise... A la sortie du port il sort ses voiles, et le vent le couche, il se redresse puis se recouche et prend l'eau par les entrées des canons, il coule à pic avec ses hommes à l'intérieur. Visiblement le roi a demandé à ce qu'on rajoute des canons pendant la construction du navire, et les architectes ont eu un peu de mal à adapter l'embarcation à ces nouvelles informations. La quille n'était pas assez lourde, d'où l'instabilité.
Bref toujours est-il que l'épave est restée plus de 300 ans sous la mer. Dans la Baltique l'eau n'est pas propice au développement des bestioles qui bouffent le bois donc il s'est plutôt bien conservé.
à la fin des années 50 l'épave est retrouvée et un projet de remise à flot envisagé. en 1961 après des années de boulot et une remontée en douceur le navire sort des flots. Beaucoup de ce qu'il y avait à l'intérieur est resté en bon état et sera donc analysé et traité pour remplacer l'eau dans le bois par un genre de paraffine pour éviter que le bois ne sèche, se contracte et tombe en morceaux. en 1991 le musée est inauguré, construit autour du bateau.
Globalement c'est impressionnant, le bestiau fait 69 mètres de long et est en super état. Il y a bien sûr eu des "reconstitutions" des parties manquantes, mais 95% est d'origine.
Le musée est aussi l'occasion d'expositions qui retracent un peu la vie à l'époque, dans les années 1600, sur les navires et en dehors, la construction des bateaux également. Je fais bien le guide touristique hein :)
Bref c'est un endroit très sympa (un peu frais par contre, à cause de la nécessité de préserver le bois) et ça mérite la demi-heure de queue sous la pluie battante (quelle idée d'y aller un week-end aussi... ah Hélène me souffle que c'est parce que c'était le jour annoncé comme le plus pourri niveau météo et que c'était donc parfait pour faire un musée).
On ressort alors que l'après-midi est bien avancée et nous reprenons les transports en commun pour retrouver... la petite boutique de bijoux. Hélène a craqué et on retourne donc acheter les fameuses boucles d'oreilles. On discute un bon moment avec la vendeuse, de notre projet bien sûr, elle est très intéressée, c'est bien agréable. En gratouillant un peu elle nous fait une petite remise, ce qui est bien appréciable.
Nous rejoignons ensuite un haut lieu de gastronomie suédoise... MAX... hamburgers. Dans notre guide ils disaient que c'était une bonne alternative au macdo et un petit passage obligé. En bonne diététicienne les pas d'Hélènes se portaient donc vers la découverte de cette enseigne. Bon dans les faits c'est proche d'un macdo, mais on note quelques faits intéressants, notamment des menus à index glycémique bas et également glucides bas. Les pois à la place des frites ça semble intéressant :) Nous resterons néanmoins traditionnels pour notre part histoire de tester le "MAX classique". C'est aussi une manière de manger à pas cher après les folies en argent 925/1000è :) En prime le café/thé & co est "offert" et on profite bien entendu du wifi pour enfin poster des nouvelles et des photos :)

93è jour : Stockholm (jour vraiment off 4)

20 juin 2011

0 km, 4078 km au total

La météo s'annonçant encore maussade pour la journée et notre lessive n'étant toujours pas sèche on décide de rester une journée de plus. Comme on s'est encore couchés bien tard hier en raison des longues discussion avec notre voisin frenchy Flavien, il faut dire qu'il est assez bavard mais ça nous permet d'obtenir une nouvelle vision de la Suède au travers d'un expatrié, qui malheureusement devra rentrer sous peu en France faute d'avoir finalement trouvé un emploi en Suède.
Cette journée sera donc parfaite pour glandouiller, à commencer par une grâce matinée. Dans les faits c'est aussi l'occasion parfaite pour faire un peu de bricolage :
Première étape changer les chaînes du tandem. Bon il faut l'avouer, 6000 km c'était un peu trop en fait. la chaîne primaire (celle qui relie les 2 pédaliers) s'est allongée de manière logique, compréhensible mais raisonnable étant donnée son nombre de maillons total (1/2 maillon d'écart en comparant la neuve et l'ancienne). Par contre à l'arrière il y a largement plus d'un maillon c'est impressionnant. Elle est bonne pour la poubelle.
Dans la série mauvaises surprises, le fameux maillon rapide SRAM. C'est une invention géniale qui permet de monter et démonter facilement une chaîne sans outils (normalement il faut y aller au dérive chaîne en faisant super gaffe car si on sort trop le tenon qui tient un maillon on ne peut plus le remettre). Bref ce maillon il est génial au montage (j'ai déjà testé plusieurs fois). Par contre le démontage... il faut des outils car avec les doigts c'est impossible. En cet instant 2 sentiments s'opposent : 1) j'aurai du prendre le leatherman au lieu du couteau Suisse, ça n'est pas la première fois que la pince me manque et là c'est juste impossible à démonter sans pince. 2) Merci Flavien pour avoir justement avec toi cette fameuse pince qui nous a évité un plan galère.
Je profite également de ses outils car il possède une petite lame de scie à métaux. Je découpe donc le tube de notre bâton de rando (qui nous sert de béquille, en le fixant sous la selle) dont la poignée à rendue l'âme et est totalement écrasée. La découpe permet de retrouver un beau cercle bien rond et je taille un petit morceau de bois (Flavien a quand même une vraie scie à bois avec lui !!!) avec l'Izula pour faire un espèce de bouchon qui viendra obstruer le trou du sommet du bâton et qui se glissera sous la selle en un support plus arrondi que les arrêtes vives de l'aluminium du bâton. Opération concluante... Flavien n'a malheureusement pas de perceuse avec lui pour faire LE petit trou dans le morceau de bois pour passer une cordelette et faire une fixation du bâton à notre remorque quand on roule... je suis un peu déçu :)
Le temps alterne entre gros nuages, un peu de soleil et des averses courtes mais intenses qui nous font légèrement tourner bourriques à force de sortir et rentrer le linge qui essaye tant bien que de mal de sécher.
On profite également du calme de la journée et du reste de validité de notre pass métro 72 heures pour se faire une petite sortie courses histoire de ne pas avoir à s'en préoccuper demain... car on va quand même essayer de repartir !
Au retour en milieu d'après-midi la tente de notre frenchy préféré est toujours là... il devait décoller dans la journée pour une série d'opérations complexes : aller dans le centre pour vendre son vélo, retourner chercher ses affaires au camping et repartir ensuite par le train. L'idée étant d'éviter de payer la place pour le vélo dont il devra de toute façon se défaire avant de rentrer en France d'ici quelques semaines. Il revient plusieurs heures plus tard... sur son vélo. Aucune des boutiques d'occasion et de cycles qu'il a été voir ne reprenait de vélos... il est quitte pour une nouvelle nuit au camping et repart demain matin de bonne heure avec une place réservée pour lui et son fidèle destrier.
Nous passons la soirée avec lui à partager des infos sur la bouffe de bivouac et les diverses manières de les préparer. Il nous montre comment fonctionne son réchaud à alcool Tangria qui est la version robuste et industrielle du P3RS (pour les fans de bricole je vous invite à chercher ce terme dans google FR, vous tomberez sur le site randonner-leger) qui est un réchaud fabriqué dans une canette de coca et qui fonctionne à l'alcool à brûler. C'est pas mal et peut-être ce vers quoi nous devrons nous replier si jamais on galère trop dans certains pays d'Europe de l'est pour trouver du gaz... mais il n'y a pas à tortiller, le gaz c'est quand même super méga beaucoup mieux : plus rapide, réglable, sans odeur ni cradification de la gamelle...
Couchés encore bien tard nous décalons notre réveil pour 7h30.

94è jour : Stockholm - Ö Ryd

21 juin 2011

38,8 km, 4118 km au total

Au réveil la tente de notre voisin a disparue, il ne nous reste de lui (snif) que sa bouteille de 2L de soda vide qu'il nous a laissé pour qu'on aille la porter au recyclage et récupérer les 2 couronnes promises sur l'étiquette. On a d'ailleurs appris (et constaté sur nos tickets de caisse) que les prix des bouteilles consignées (quasiment toutes les bouteilles en verre et plastique) étaient mentionnés dans les rayons sans le prix de la consigne mais qu'à la caisse était facturé en plus le prix de la bouteille. Ouais pas facile à expliquer alors prenons un exemple :
Une bouteille de 2L de soda à 30 couronnes dans le rayon passera à la caisse à 32... car charge à vous ensuite de la rapporter à la machine à consigne qui vous refilera les 2 couronnes. Si vous la mettez à la poubelle "normale" chez vous ben vous avez payé 32 malgré l'étiquette qui indiquait 30. Ouais bon enfin vous avez compris je pense maintenant.
On décolle tranquillement, et après une dernière vérif météo/mail sur le wifi gratuit du camping qui nous indique d'un côté que le temps devrait être potable et de l'autre qu'on a de nouvelles "aides" pour poursuivre l'aventure (Gros gros merci Rolande, Claire et Julien, vous ne le savez probablement pas encore mais on venait justement de penser à vous et de vous envoyer une carte de Stockholm il y a 3 jours) !
La traversée est un peu épique, on a 4 sources d'informations différentes qu'on essaye de croiser : la carte au 1/250 000è, une peu inutile, la carte des pistes cyclables de la ville : pratique mais un peu illisible au niveau des autres routes, le GPS de rando pratique pour savoir où on est mais pas trop où aller en utilisant au mieux les pistes, et l'iphone qui a une super carte avec une espèce de route officielle à vélo (EV10) qui est juste parfaite à suivre mais totalement pas indiquée sur les panneaux. C'est l'un des gros reproches qu'on pourrait faire à la Suède : ils ont un réseau de pistes cyclables tout à fait raisonnable, mais les indications sont catastrophiques, notamment pour les grand itinéraires. On a souvent le droit à des panneaux qui disent "petit vélo + ceci est une piste cyclable suédoise" (pour résumer). Merci bien, mais un petit numéro ou un signe distinctif genre "de Göteborg à Stockholm" ou un truc du genre (en Allemagne ils avaient la route Berlin-Copenhague avec un petit logo spécifique qu'on reconnaissait facilement et qui nous confirmait qu'on était ua bon endroit... ici que dalle).
Bref on se fait quelques gauche droite gauche (non j'ai dit gauche Hélène, l'autre gauche !) avec la tension qui va avec. Tiens c'est d'ailleurs les rares moments où on a tendance à être un peu sur les dents l'un vis à vis de l'autre. Hélène a la carte, fait de son mieux pour nous diriger et moi j'ai le GPS. Elle me dit :
- à la prochaine c'est à droite.
sur le GPS ça me parait juste pas possible,
- heu non si on va à droite on va plein sud, alors qu'on va plein nord
- mais si il faut passer devant l'église et c'est à droite
- oui je vois bien mais c'est à gauche, ou l'autre droite si tu préfères (Hélène a un peu de mal avec le concept de droite et de gauche [elle va me taper quand elle lira ça])
- (énervée et frustrée) ben fais comme tu veux
Je prends à gauche et suis sur la bonne voie
- (ronchonne) ben tu vois là il faut bien prendre à droite
- (souriant) heu oui maintenant, mais à l'intersection d'avant où tu me disais d'aller à droite c'était bien à gauche
- grrrfffllleuupfff oui enfin je sais pas exactement où on est non plus donc bon c'était bien à droite à un moment...
Bon voilà en gros le principe, c'est un peu tendu quoi...
La sortie se fait finalement sans encombre, c'est juste comme pour toute capitale un peu long et complexe, avec beaucoup de feux, de traversées de routes, de passages dessus puis sous l'autoroute... moyenne finale de la journée 15,1 km/h à comparer au 17-19 de d'habitude.
On pique-nique dans un stade, je cède à Hélène le fait d'aller à l'autre bout pour pouvoir s'asseoir dans une aubette près du terrain de foot histoire d'être un peu abrités du vent qui n'est pas vraiment très fort mais bon, il y a un banc, ça peut être sympa. C'était là une excellent idée puisqu'entre le sandwich bœuf-fromage-salade "Dallas" et la compote une averse d'une rare violence se déchaîne sur nous. Le tandem rentre dans l'abri c'est bien appréciable. Allez un point partout, balle au centre, on remet les humeurs à zéro.
Nous repartons tranquillement au milieu de l'après-midi et au bout de même pas 10 km une voiture s'arrête à côté de nous et la conductrice nous demande "vous êtes français ? vous venez d'où ?", "de Paris, jusqu'ici ? C'est pas vrai, il faut que je vous prenne en photo". Sandrine descend de la voiture accompagnée d'Erica une de ses amies, les deux sont françaises (ou presque) aux histoires compliquées mais toujours est-ils qu'elles ont atterri en Suède et se sont rencontrées justement un peu à la recherche de compagnie francophone.
On discute quelques minutes, leur montre la carte du parcours et Sandrine nous propose d'aller chez elle à 500 mètres pour prendre un verre.
On accepte avec plaisir, je vais faire un parallèle douteux, mais ça me fait penser à cette attitude de Morgan Spurlock le réalisateur du film documentaire Super Size Me : quand il va dans un macdo commander son repas si jamais on lui propose de prendre l'option "grosse portion au lieu de normal" (super size, d'où le titre du film) il accepte systématiquement. Pour nous c'est un peu pareil, si on nous propose quelque chose, par principe on accepte, c'est un peu le but du voyage, faire des découvertes et aller se mettre dans des situations dans lesquelles on n'aurait pas été autrement. La pudeur et la "protection" naturelle face à l'inconnu ou même toute simplement la logique nous amènerait probablement à répondre "ben c'est très gentil mais on a encore de la route à faire et il est déjà un peu tard, il faut qu'on envisage de trouver un lieu de bivouac...". Notre logique pendant le voyage c'est plutôt "avec plaisir, on n'a rien de programmé et on n'est pas pressés". Personne ne nous attend ce soir, alors prenons le temps.
Nous rejoignons la maison de Sandrine, un peu avec difficultés car il y a un petit raidillon et on se rend compte que soit le dérailleur est mal réglé suite au changement de chaînes d'hier, soit on a vraiment trop trainé avant de changer la chaîne et on a niqué les dents des pignons car la chaîne saute violemment quand on appuie comme des bourrins sur les pédales pour grimper la côte.
Nous posons le tandem et allons déguster un jus d'orange (on évite l'alcool quand on a encore de la route à faire) sur la terrasse de la maison. ON discute un moment, c'est chouette de découvrir leur histoire et de partager la notre. Les 2 copines sont excitées comme des puces par nos expériences ça ait plaisir à voir. La fille de Sandrine Justine est aussi intéressée et étonnée de notre embarcation et de notre périple.
On ne traine pas trop car le programme de leur soirée est chargé en raison entre autre de l'anniversaire du petit dernier qui fête aujourd'hui ses 6 ans. On repart néanmoins avec des conseils d'itinéraire et d'endroits qu'il faudrait visiter.
On reprend notre méli-mélo de pistes cyclables qui jouent avec l'autoroute et on se cherche ensuite rapidement un coin où poser la tente car il est déjà plus de 17h30. Les montées sévères font sauter la chaîne des pignons et malgré le réglage fin du dérailleur ça ne semble pas vraiment mieux... j'ai peur qu'on soit bon pour un changement de cassette plus tôt que prévu.
La recherche du coin bivouac se termine dans une série de culs de sac qu'on détaille les uns après les autres pour essayer de trouver un coin correct en vain. L'envie de ne pas rebrousser chemin est plus forte et on s'enfonce au fond d'un champ, traverse les blés (qui ont bien poussé depuis avril !), glisse sur la glaise des traces de tracteurs au milieu du chemin (oui on évite d'écraser les futures récoltes quand même) et on aboutit sur un espèce de chemin tout bien tondu totalement improbable... au fond une maison bleue... non en fait ça n'est pas une maison, bref ce petit endroit tondu n'est visiblement accessible de nulle part qu'au travers du champ... on ne comprend pas bien, quelques signes laissent penser qu'il s'agit d'un champ de tir car il y a des supports de cibles, mais ça ira parfaitement pour ce soir. Une rapide observation du ciel nous fait comprendre qu'il est grand temps de monter la tente en quatrième vitesse et alors qu'on termine de rentrer les affaires et qu'on recouvre le tandem du tarp une averse violente se déchaîne sur la tente. Nous sommes bien à l'abri à l'intérieur, ouf. Un éclair, une demi seconde plus tard le tonnerre déchire nos oreilles, c'était pas loin. Nous ne sommes pas en danger là où nous sommes, mais c'est toujours impressionnant.
Nous dinons rapidement pendant que la pluie fait des allers retours mais l'orage - pour ma plus grande déception - ne donnera rien de plus que cette unique zébrure dans le ciel... car aujourd'hui c'est l'été !

95è jour : Ö Ryd - Penningby

22 juin 2011

53,1 km, 4171 km au total

Une belle journée, pas grand chose à raconter aujourd'hui. On a passé une bonne partie de la journée à retirer petit à petit la glaise mêlée aux herbes qui tapissaient le tandem. Ca forme une espèce de fibre de verre et l'eau en s'évaporant rend le mélange bien dense et résistant... on doit probablement fabriquer des maisons comme ça. Nous ça alourdit notre embarcation et bourre un peu les freins.
Le dérailleur est maintenant mieux réglé et même si nous n'affrontons pas pentes trop raides aujourd'hui la chaîne ne sautera pas de la journée... peut-être encore 5000 km avec la même cassette de pignons... on verra bien. Au passage le changement de vitesses est plus agréable, plus besoin de remonter une vitesse et demie pour monter d'un pignon comme c'était le cas ces derniers milliers de kilomètres.
Sinon nous nous orientons nord-est pour rejoindre d'ici demain soir si tout va bien Grisslehamn où nous prendrons le ferry pour rejoindre la plus grande des îles qui se trouve entre la Suède et la Finlande.
Nous passerons probablement une journée sur place avant de prendre le bateau car vendredi c'est midsommar, LA méga fête de célébration de l'été ici (le 24 juin c'est la nuit la plus courte de l'année). Costumes, fleurs, spectacles, beuveries... il parait que c'est à voir, donc on va tenter de s'incruster pour observer tout ça.
Grâce au wifi du camping de Stockholm nous avons également pris contact avec 2 personnes de Warmshowesrs (un genre de CouchSurfing mais dédié aux cyclistes) pour essayer de rencontrer des gens en Finlande histoire de ne pas reproduire ce qui s'est passé au Danemark à savoir une traversée certes très sympa mais sans réelle rencontre, ce qui nous laisse un goût un peu incomplet du pays.
Premier contact à Turku : il a déménagé mais pourra nous accueillir à Helsinki. Deuxième contact à Turku, on attend une réponse. Bref à suivre mais à priori on aura au moins un point de chute assuré à Helsinki.
Ce soir le camping est au fond d'un champ, à l'entrée une petite maison vide, à l'intérieur des cibles sur une table... on est décidément abonnés au clubs de tir... mais ça fait un moment qu'on n'a pas entendu un coup de feu.
On se débat avec les mouches et les abeilles/guêpes qui ont tendance à nous forcer à rester dans la tente... on fait des efforts pour ne plus se poser dans les forêts pour cause de moustiques mais ce sont d'autres insectes qui prennent le relai, on n'est jamais tranquilles ! je te bombarderai tout ça d'insecticide moi ! Ah on me dit dans l'oreillette que toute cette faune a un intérêt très important dans l'équilibre biologique... mouais, encore des conneries d'écolo probablement :-)
A ajouter à la liste des trucs improbables à transporter donc (elle contient déjà un aspirateur pour nettoyer la tente, un frigo pour les bières, un ventilateur chauffant pour sécher le linge les jours de pluie...) : de l'insecticide...

96è jour : Penningby - Uddeboö

23 juin 2011

19,1 km, 4190 km au total

Le réveil à 6h30 ce matin nous confirme ce qu'on avait déjà perçu dans la nuit : il pleut, et pas qu'un peu. On a déjà a quelques reprises commencé une journée sous la pluie et même si plier la tente dans le crachin n'est pas agréable c'est néanmoins possible. Mais ce matin la pluie n'a absolument aucun répit et le ciel ne laisse rien présager de bon. Après le petit déj on met rapidement de côté notre ambition de rejoindre Grisslehamn : c'était forcément une grosse journée de vélo, avec un ravitaillement en nourriture également, donc c'est râpé pour y être ce soir. On prend le parti d'attendre une accalmie correcte avant de plier et on se recouche pour bouquiner. Un rapide inventaire des stocks nous indique qu'on pourra avoir de quoi déjeuner avec une soupe et des petits gâteaux sec mais pour ce soir ça sera insuffisant et surtout on manquera d'eau, il faudra donc bien qu'on parte à un moment de la journée.
La pluie continue toute la matinée et lorsqu'on déjeune vers 13 heures les goutes frappent toujours aussi violemment la tente. Ce n'est que vers 14 heures qu'enfin le déluge cesse. On plie bagages et une heure plus tard on est sur la route de Norrtälje. On fait les 9 kilomètres qui nous séparent... du premier gros supermarché : Ica Kvantum, qui est en cette veille de midsommar totalement blindé. 5 ou 6 personnes sur le parking s'affairent à gérer le stationnement. De ce qu'on a compris cette fête c'est vraiment l'équivalent d'un noël d'été. A l'intérieur c'est la surabondance de nourriture. On avait un peu peur que tout soit dévalisé mais visiblement ils maitrisent leurs approvisionnement car les rayonnages débordent de partout. On a du choix et face au programme un peu complexe à venir croisé avec le week-end on choisit de ravitailler pour ce soir et les 3 prochains jours. C'est donc avec les sacoches très lourdes et de l'eau plein à raz bord que nous redécollons. Le relief continue à être doucement olé olé, du genre "plat" vu d'une voiture mais en réalité une succession de petites montées descentes bien casse pattes, surtout qu'on sent bien notre chargement. Le bloc de 658 grammes de fromage on sait qu'il est bien là :)
Du coup avec l'heure déjà bien avancée et le temps toujours très maussade (il bruine légèrement) on cherche simplement à sortir de la ville et à se trouver un nouveau champ pour camper. 19 kilomètres dans la journée, quel record :)
En fin de soirée je tente une sortie "toilettes" et tout ce que je peux vous dire c'est que les moustiques c'est quelque chose ! On vous a sûrement parlé des moustiques suédois, nous-mêmes y avons régulièrement fait allusion, mais ce soir dès qu'on essaye de rentrer un tant soit peu dans la forêt c'est la catastrophe. Je suis habillé en cosmonaute : veste et pantalon de pluie (avec la capuche) + doubles chaussettes et j'ai les mains rentrées dans les manches. Le seul bout de peau accessible est mon visage... Je m'arrête 15 secondes et je suis envahi d'une bonne cinquantaine (et je ne suis pas marseillais sur ce coup) de moustiques qui me tournent autour. Je m'asperge d'anti-moustique, ils tournent toujours autour. Peut-être un poil moins proche mais ça ne semble nullement les déranger. Impressionnant. Impossible dans ces conditions d'envisager d'être une seconde les fesses à l'air, ils ont l'air avides de sang, je le vois bien dans leur regard. Je m'éloigne de 500 mètres pour ressortir via un petit chemin dans un lieu un peu moins dense en végétation, généralement c'est plus calme. Là, rien à faire je suis toujours aussi entouré. Une demi-heure pour faire ce qui devrait prendre 5 minutes, c'est épique :-) mais j'ai vaincu :-)

97è jour : Uddeboö - Storby

24 juin 2011

47,2 km, 4237 km au total

Comme la météo s'annonçait meilleure on se lève à 6 heures du mat' pour tenter de rejoindre Grisslehamn pour déjeuner. 40 km, c'est jouable. On enchaine donc les kilomètres en faisant peu de pauses, si une seule un peu longue pour remettre en place la chaîne arrière du tandem que j'avais en fait mal passée au niveau du dérailleur arrière et qui frottait sur un petit bidule entre les 2 roulettes dudit dérailleur. Ca explique probablement les sauts de la chaîne de ces derniers jours. Je galère un peu, me cradiifie les mains mais tout rentre rapidement dans l'ordre.
On arrive en effet à Grisslehamn à 10h45. On commence par prendre les billets pour le ferry pour 15h et on essaye de trouver le centre où doit se dérouler la parade où je ne sais quoi de la fête. De fête, les faits sont bien différents, déjà il n'y a pas de "centre" dans ce bled vraiment riquiqui. 2 marchands ambulants sur le port, une sono à la marina et QUE DALLE, mais quand je dis que dalle, c'est vraiment rien de rien. Leur site web montrait pourtant au moins une photo de l'espèce d'arbre à fleurs qui symbolise la fête (un genre de croix avec deux couronnes de fleurs dessous) et il y avait un programme de la journée sur ce site, avec des trucs entre tôt le matin et le milieu de l'après-midi... mais je suis pris d'un doute : nous n'avons pas vérifié s'il y avait une année associée à ce programme. Si ça se trouve c'était en 2007 :) Bref on se pose près de la marina pour pique-niquer dans l'espoir de voir quelque chose évoluer. Rien. Quand on reprend la route dans l'autre sens pour prendre notre bateau, même chose, rien à se mettre sous la dent. Adieu petites filles déguisées en fleurs et autres costumes traditionnels. On est un peu dégoutés. On fait néanmoins 2 rencontres, deux personnes agées, la première est un ancien chef de restaurant qui a visiblement beaucoup voyagé, Norvégien d'origine il parle néanmoins super bien français... rapport à la cuisine il parait. Il nous dit qu'on est clairement les cyclistes les plus courageux qu'il ait jamais rencontré. Puis il repart avec son déambulateur pour rejoindre sa famille qui est partie devant. Ils viennent dans une petite maison de vacances pour se retrouver en famille. Le second vient nous voir pendant qu'on finit de déjeuner pour discuter un moment. Il nous conseille des itinéraires pour la traversée de l'île où nous allons. Justement, à 15h on embarque donc sur notre ferry pour rejoindre l'île d'Aland (avec une bulle sur le premier A normalement). Cet archipel a un statut très bizarre suite à de nombreuses évolutions historiques. Pour faire simple ils y parlent suédois, mais dépendent de la Finlande mais ont néanmoins une relative autonomie avec un gouvernement local et une gestion indépendante de la majorité des domaines. On va voir.
En attendant le ferry est bien pourri. On regrette amèrement celui entre Portsmouth et Le Havre qui était vraiment super agréable. Ici on est dans un espèce de havre (haha) du consumérisme. Soit-disant une boutique détaxée (mais vu qu'on est toujours en UE j'ai quand même du mal à imaginer qu'on puisse y faire des affaires) et uniquement des cafés, bistrots, restaurants. Il n'y a aucune salle "pour se poser". Quelque fauteuils le long des couloirs, encombrés de machines à sous aux bruits pénibles à souhaits, entre le son électronique et celui des pièces qui tombent dans le réceptacle en métal (conçu exprès pour faire beaucoup de bruit pour émoustiller le joueur et inciter ses voisins à eux aussi venir "gagner" de l'argent). Bref on n'est pas gâtés.
A l'arrivée nous cherchons un camping rapidement. La traversée dure 2 heures mais on prend au passage une heure supplémentaire dans les dents, changement de fuseau. Ce soir le soleil va se coucher encore plus tard que d'habitude (23h07). 8 euros pour deux... double surprise :
Ah tiens en fait en Finlande ils sont en euros... dans notre application de conversion monétaire sur l'iphone on avait trouvé la couronne finlandaise... mais il y a aussi le franc français...
8 euros, enfin un prix cohérent par rapport au service rendu. Ca change des 20-25 euros que nous payons ces derniers temps en Suède et Norvège... étrange car pourtant la Finlande est également réputée pour être un pays cher... à suivre.
Après nos ablutions/lessives/diner traditionnels nous ressortons profiter de cette nuit la plus longue. On se balade autour du camping qui est à deux pas d'une petite baie sur la mer. C'est magnifique, les couleurs, les bateaux... superbe, encore un moment magique qui restera gravé. On regrette juste d'être un peu seuls, tout le monde est en famille ou entre amis, ça discute, descend des bières, écoute de la musique, bref c'est un moment de partage. En cet instant on aimerait avoir amis et famille avec nous car l'endroit est parfait.