305è jour : Barcelone (jour off)
11 février 2012
0 km, 11809 km au total
Réveil ultra tardif... autour de midi. ça fait du bien !
Nous découvrons la cuisine commune, sympa même s'il n'y a personne avec qui partager le petit dej.
Avant de sortir nous prenons l'ascenseur pour monter sur la terrasse au 12è. Certes il y a la piscine (luxe luxe luxe) mais elle n'est pas chauffée (bouhhh). Non le truc plus intéressant c'est la vue sur la ville. Le "suppo" de Jean Nouvel (Torre Agbar), La Sagrada Familia, le port au loin et ainsi de suite. Que de souvenirs. Nous étions là pour mes... 25 ans.
Ensuite direction la FNAC. Nous trouvons un nouvel atlas, encore un Michelin, c'est ce qu'il y a de mieux (malheureusement). L'Espagne étant un grand pays on va donc faire avec du 1:340 000è. Pas la joie mais la série de cartes au 1:200 000 est très incomplète et ça finit par couter un peu cher aussi.
Nicholas nous rejoint, on a échangé quelques emails et :
- il a trouvé du net en arrivant pour vérifier s'il n'avait pas de réponse de couchsurfeur. Il en a une de positive, mais pour le jour d'après
- il a été finalement dormir quelques heures dans une petite auberge de jeunesse pas trop chère
- il a été ce matin retrouver son couchsurfeur
- son CS l'a accompagné à la FNAC pour lui montrer où c'était. Il repart ensuite.
Ayant trouvé notre bonheur cartographique nous sommes désormais "libres" :-)
La suite du programme est de trouver de quoi se faire des sandwiches pour déjeuner et également pour le diner pour Nicholas. Il est très très juste niveau budget donc il limite autant que possible le coût de son voyage. On fait donc nos courses en parallèle, Hélène est de nouveau comme une enfant dans un magasin de jouet. Première fois dans un supermarché espagnol. Le supermarché c'est le musée ! La différence c'est que l'entrée est gratuite mais la sortie payante. On fait des courses juste pour le midi car on reviendra plus tard pour gérer les 2 jours de bouffe "vélo" à venir histoire de ne pas passer le reste de la journée avec 8 kilos de nourriture au bout des bras.
Nous allons ensuite tous les trois prendre un peu de hauteur dans le parc Del Mirador del Poble-sec un peu au sud de la ville. Le point de vue est très sympa et le pique-nique tout autant. On regarde notre montre, oups il est presque 18h. On redescend donc se prendre un café car avec le soleil qui se couche il fait quand même frais. Ca reste l'hiver et comme il fait très beau aujourd'hui, la nuit s'annonce plutôt froide. Nicholas est ce genre de personne qui a développé un sens du contact qu'on envie. Comme Hélène et moi voyageons a deux, quasi 24/24 nous ressentons moins ce besoin de contact et arrivons à gérer la majeure partie des situations simplement à deux. Nicholas est tout seul et donc cherche donc en permanence le contact des autres. C'est lui qui nous a abordé à l'embarcadère du ferry et ce soir dans le café il commence direct par négocier le prix du café avec la tenancière du bar. Au bout de 3 minutes il est en train de parler de l'Australie avec elle, de son côté elle a des projets de voyage en Asie et Australie et le voilà donc à demander une feuille de papier et à dessiner la carte de l'Australie et à lui indiquer les endroits où aller. Là on est un peu envieux. Rétroactivement on repense au fait que c'est lui qui a initié le mouvement pour aller demander au point d'informations où se trouvait le supermarché le plus proche, c'est lui qui a noué le contact au bar du ferry et demandé d'où venait le serveur qui n'avait pas l'air très italien... et ainsi de suite. Il faudrait qu'il nous donne des leçons.
Les autres leçons ce sont celles de la vie. On a passé la journée à évoquer ces gens qui restent chez eux en se trouvant toutes les raisons du monde de ne pas sortir, ceux qui sont enfermés dans la rat-race, qui l'ont choisi ou qui la subissent sans trop savoir pourquoi. Ceux qui se réveillent à 45 ans en se disant "mais qu'est-ce que j'ai fait de ma vie ?" et ainsi de suite. A 22 ans Nicholas est d'une maturité impressionnante. Il a des projets à long terme, des envies de rencontre, de construire des choses, de voyager bien sûr mais aussi de retrouver un confort (relatif) et de pouvoir offrir aux autres certaines de ses découvertes : livres, cuisine, ... il rêve d'une maison un peu ouverte aux autres, pouvoir leur offrir un accueil, peut-être aussi les aider à trouver un travail, temporaire ou non pour profiter d'un peu de repos avant de repartir... sur les routes. Oui lui aussi est un lecteur de Jack Kerouac.
On ne sait pas trop ce qu'on va faire demain. On hésite entre s'offrir une journée de plus ici, notamment pour profiter d'une nouvelle grasse mat' au chaud et éventuellement d'une petite balade dans cette ville vraiment très agréable... ou alors en rester au plan initial des 2 nuits.
On rentre à l'hôtel en passant de nouveau par le Carrefour Market pour ravitailler. Quelle que soit la décision on prévoit 2 jours de nourriture "compatible vélo" et on avisera.
A l'hôtel après une petite analyse des cartes de notre nouvel atlas, Google Maps et un nouveau calcul des kilomètres on se dit qu'on n'est pas hyper pressés et on valide donc une journée supplémentaire. Merci merci à nos supporters français qui nous facilitent ce genre de décision. Après quelques temps passés avec Nicholas on prend toute la mesure de note chance d'avoir de la famille et des amis qui nous soutiennent ENORMEMENT et qui nous permettent d'avoir un peu de marge et de confort dans nos choix. Sans vous le voyage n'aurait pas la même saveur.
Hélène part dans la cuisine commencer la préparation du diner. Même si ça ne vous passionnera probablement pas, on s'est acheté une jolie pièce de bœuf, espérons qu'elle soit tendre, mais ça fait partie des trucs qu'on ne mange quasiment plus depuis le départ et qui nous manquent vraiment. J'en salive d'avance. L'accompagnement sera simple (pour compenser le prix du bœuf :-) : écrasée de pommes de terre à la ciboulette.
EDIT : bon ben c'était très bon :-)
306è jour : Barcelone (jour vraiment off)
12 février 2012
0 km, 11809 km au total
Le programme du jour est du 100% repos. Une grasse mat', un déjeuner tranquille, 2 petits films, pas mal d'emails en retard à traiter, la découverte de la télé espagnole... et finalement la journée passe vite.
307è jour : Barcelone - Sitges
13 février 2012
48,5 km, 11858 km au total
Ce matin... ben oui ça commence souvent par "ce matin". Donc ce matin, réveil, dernier petit dej dans la magnifique cuisine, pliage de bagages et repartage.
Direction plein sud vers Valencia, à priori en longeant la côte, mais également en contournant quelques massifs montagneux repérés sur nos cartes.
Avant de sortir de la ville on fait un petit détour vers un "monument" que j'avais loupé la dernière fois que nous étions venus à Barcelone et que j'ai failli oublier cette fois également : le pavillon allemand de Mies Van Der Rohe. J'imagine que ça ne vous parle pas, c'est probablement normal. On est loin des briques ou du marbre romain, des églises aux peintures chatoyantes, non, ce pavillon est un espèce de repère dans le temps, un signe (pour moi) de la naissance de l'architecture telle que je l'aime. Le pavillon (et les chaises qui vont avec, héhé) ont donc été conçus par ce fameux LMVDR (Ludwig de son prénom) pour l'exposition universelle de Barcelone de... 1929. Pourtant hormis le marbre très veiné (que je n'aime pas trop et qui donne un âge à ce bâtiment), cette construction est d'une intemporalité surprenante. Comme quoi quelque chose de simple, de sobre a la propriété de ne pas se démoder.
J'adore cette construction parce qu'elle représente par excellence cette phrase popularisée par ce fameux LMVDR "Less is more" (moins c'est plus). Les lignes nettes, les angles parfaits, rien à retirer. Des choses d'une simplicité apparente extrême mais qui n'est pas sans technicité derrière. Les colonnes qui supportent le bâtiments (ce sont les seules structures porteuses) sont très fines, taillées en croix et chromées pour êtres les plus discrètes possibles (le chrome reflète le reste). Les avancées de toit sans aucun support et les vitres du sol au plafond sans aucune bordure donnent cette apparente légèreté, ce côté "flottant". Les murs autour du bassin, beaucoup diraient "mais ça sert à rien" mais ça équilibre la construction. Le bassin très peu profond qui fait miroir au reste, ainsi de suite...
Je vous laisse aussi chercher sur google image le fauteuil "Barcelona", un jour peut-être dans notre salon...
L'eau du bassin est légèrement gelée, ça nous rappelle qu'il faut quand même qu'on roule pour se réchauffer. Le soleil est là, mais on n'oublie pas que c'est toujours l'hiver. Les températures ne descendent pas vraiment trop en dessous de zéro mais les frôlent néanmoins.
On reprend donc la route, la jolie C-31 (c'est quoi une route "C" ?), au départ une espèce de 2x2 de ville, rien de bien méchant. On aperçoit un centre commercial avec un Décathlon. On a besoin de 2,3 bricoles pour le vélo et Hélène est passée en phase recherche de chaussures neuves car les siennes commencent à se déchirer à divers endroits. Ses Merrel bien aimées venant de Décathlon elle espère retrouver les mêmes.
Bon vous connaissez notre amour du D4... alors c'est de pire en pire, rayon chaussures de rando c'est simple il n'y a QUE du Quechua. La loose. LN trouve malgré tout son bonheur "ça devrait tenir jusqu'à la fin du voyage". De mon côté je rigole en voyant qu'il n'y a pas de chambres à air dans le format dont on a besoin. On repart quand même avec des patins de frein d'avance, un nouveau dérive chaîne (je vous raconte après pourquoi) et un nouveau multitool. La caissière est d'une gentillesse impressionnante, c'est... impressionnant.
Bon alors c'est quoi cette histoire de dérive chaîne ?
Vous vous souvenez qu'il y a quelques jours on a acheté des chaînes de rechange pour le tandem ? Oui à Rome. Bon ben j'avais un peu oublié de vous raconter leur épique remplacement... allez savoir pourquoi ma mémoire à refoulé ça... il y a peut-être une explication.
Donc par une belle matinée d'hiver, je descendais l'escalier de l'immeuble de Cécile et Nico en sifflotant pour aller rapidos remplacer mes 3 chaînes. L'affaire d'un gros quart d'heure, le plus long étant le lavage de mains après.
Mais vous vous doutez que tout ne s'est pas passé comme prévu.
Ah les chaînes Shimano... quelle me*de, en 2012 elles ne sont toujours pas vendues avec le maillon rapide magique que même Décathlon vend sous sa propre marque !!!
En gros pour les non cyclistes une chaîne c'est vendu "ouvert" et il faut la faire passer sur les pignons, plateaux et dérailleurs et ensuite la refermer. 2 possibilités :
- la moderne : un maillon spécial permet de clipser les 2 extrémités de la chaîne. Temps nécessaire : 10 secondes.
- l'archaïque : le dernier maillon a un petit rivet "défait", il faut via un outil barbare appelé "dérive chaîne" pousser le rivet dans le trou du maillon opposé. Temps nécessaire : 5 minutes quand tout va bien.
Dans le cas du tandem il faut de toute façon jouer du dérive chaîne pour retirer des maillons inutiles pour en assembler une et demie.
Là où ça devient drôle c'est que les rivets Shimano sont très durs (comparés à l'autre marque SRAM qui fait des chaînes bien). Surtout en fait seul celui du bout de chaîne est vraiment fait pour être manœuvré au dérive chaîne, les autres sont quasi sertis et il faut pousser comme un barbare pour les sortir. Mon dérive chaîne commence donc à faire la gu*ule au bout de l'opération pour la chaîne primaire (celle de l'avant).
Du coup quand j'attaque la chaîne arrière, ça force, ça coince, mais impossible de rentrer le dernier millimètre de rivet. Je force comme une brute épaisse, à deux doigts de me claquer un truc dans le cou ou la nuque et finalement c'est la clé allen et le dérive chaîne qui abandonnent avant moi. J'ai déchiré mes jolis gants en plastique prévus spécialement pour ne pas avoir les mains dégueulasses, c'est fichu de ce côté là.
La bonne blague c'est donc que je suis comme un con avec mon tandem inexploitable, qu'il est 12h45 et que mon seul espoir réside dans la boutique de vélo qui m'a vendu les chaînes (j'avais demandé des SRAM pourtant, mais visiblement ils n'en avaient pas 3 d'où les Shimano pour finir). Je remonte en catastrophe me laver un poil les mains et repart en courant avec le tandem, en évitant les plaques de verglas et arrive juste avant la fermeture à la boutique de vélo. Ils me prêtent une pince à sertir, le genre de truc que j'aimerai avoir avec nous dans les sacoches si ça ne pesait pas plus lourd qu'un sac de couchage et un matelas réunis... clic, 1 seconde, c'est réglé.
Voilà donc la magie de la bricole en voyage. Ce matin je suis donc face à ce nouveau doute : j'achète quoi ? le même multitool très cher et très moyen qu'on a déjà (Guilhem [Grèce] a aussi pété le dérive chaîne du sien au bout de quelques semaines d'utilisation) ou alors les 2 séparés de marque D4 à pas cher et on verra bien ce que ça donne ? C'est aussi ça le drame Décathlon, c'est que face au prix vous êtes incapables d'acheter le truc de qualité quand on peut avoir "presque la même chose 2 ou 3 fois moins cher". Bon on se laisse tenter, on verra bien. J'avoue que si c'était à refaire je prendrais les clés allen séparément, éventuellement un ou deux petits tournevis et un dérive chaîne séparé. C'est pas plus lourd, les clés allen ont 2 extrémités (contre une seule sur le multitool) et quand on casse un truc on n'est pas obligé de tout changer.
Ressortis de la grande surface spécialisée de sports, nous reprenons notre C31 qui devient globalement un mix entre un périph et une autoroute. C'est une autovia (les autoroutes c'est autopista), à priori autorisée aux vélos, mais bien speed (vitesse max par endroit : 120 km/h). L'Espagne s'annonce un peu sous ce signe au niveau routier.
On fait donc du 120 histoire de ne pas créer de bouchons et sortons ensuite sur une petite aire sympa pour pique-niquer. Il fait super beau mais le vent est quand même très frais. Malgré les couches chaudes on ne traîne pas trop.
L'après-midi nous réchauffe car elle signe le retour du relief. L'autoroute (la vraie donc pas pour nous) emprunte des tunnels et la "petite" route côtière... suit la côte. Les pentes sont néanmoins acceptables et compensées par la vue splendide. On retrouve ce qu'on a tant aimé en Grèce et en Italie : mer d'un côté, montagne de l'autre. C'est superbe.
Après presque 50 km on se trouve un lieu pour planter la tente dans les méandres non encore construits d'une ville balnéaire. Ca fait bizarre de ressortir la tente, ça fait une douzaine de nuits qu'elle n'a pas servie, "ah tiens elle est vraiment crade... ah oui la dernière fois on était dans le champ terreux sous les kiwis, la grêle, la pluie... logique...".
308è jour : Sitges - La Mora
14 février 2012
47,6 km, 11906 km au total
Le petit vent frisquet de ce matin continue de nous rappeler qu'on est bien en hiver, mais dès que le soleil perce c'est un vrai plaisir. On se fait une petite visite dans un supermarché d'une nouvelle enseigne, cool :-)
On poursuit le longeage de côte, comme à notre habitude. C'est plus balnéaire qu'hier après-midi, plus plat aussi.
On se pose sur un banc sur un remblai face à la mer. Cette dernière est magnifique, et les palmiers SUR la plage donnent un petit côté oasis dans le désert absolument charmant. Beaucoup de monde passe sur ce remblai et un certain nombre nous saluent, nous souhaitent bon appétit, bref on a l'impression d'être revenus dans un pays civilisé :) du moins où les gens sont civilisés. Le petit luxe du jour (c'est la St Valentin, alors on fait luxe à fond) c'est une brique de jus d'orange PAS à base de concentré :)
Bon il faut aussi que je vous parle d'un des effets pervers de l'Italie. Ce midi impossible de finir mon café lyophilisé sucré avec de l'aspartam (pour des raisons de poids/encombrement l'aspartam hein). Autant hier avec le vent et le froid toute boisson chaude était une bénédiction, autant aujourd'hui au soleil à déguster le breuvage, il faut être franc : c'est dégeulasse.
On a bu des expressos excellents, avec une jolie mousse brune bien dense, sucrés au sucre roux... on a bu du moka préparé dans des cafetières de toutes les tailles, bref on a bu du bon café. Et ce midi, le retour à la dure réalité du café/vélo fait très mal :-( il va falloir se réhabituer...
Alors qu'on envisage de repartir un français qui balade son chien vient discuter avec nous. Il descend le long de la côte en fourgonette, direction Tarifa. Il vient de divorcer, était à priori dans un "creu" de sa vie et a donc commencé par se faire un petit Toulouse-Saint Jacques de Compostelle à pied et est reparti ensuite avec son camion. Il est un peu mystique mais très intéressant. On partage justement nos ressentis sur les gens, ceux qui voyagent, ceux qui ont peur de ce qui peut arriver, ceux qui n'en ont rien à foutre des autres... on parle aussi religion (quand on vous dit qu'on fait des rencontres hallucinantes), les idées de départ et les travers de leur "application" et mise en pratique... ainsi de suite. L'heure tournant et sa faim finissent par mettre fin à la conversation mais c'était une très chouette rencontre. On repart donc perdus dans nos pensées, une fois de plus.
L'après-midi est courte, rien de spécial, on alterne entre petites routes tranquilles et la grosse nationale. On repère un coin bivouaquable avant de se poser la question de "est-ce que c'est l'heure ?". On regarde notre montre... hum 16h, parfait, car si on continue on va rentrer dans l'agglomération de Tarragone et on en a pour un moment avant de ressortir.
Plantage de tente et petit à petit on remet des couches chaudes. Quand le soleil disparaît la température descend vite même si on bénit l'Espagne pour nous offrir des températures nettement plus positives que ce qu'on voit de l'autre côté de la Méditerranée.
Et le luxe de ce soir ? En dessert une petite spécialité, un genre de gâteau au fromage blanc. Oui ben c'est moins gnangnan que les fleurs et la bague en forme de cœur. De toute façon Hélène n'a pas sorti la lingerie sexy et moi n'ai pas mis un chouette costume pour aller au resto blindé de couples dégustant le menu "spécial St Valentin" réchauffé au micro-ondes dans les cuisines (vous savez, un peu le même plan que le "menu de réveillon" qui vous dégoûte par avance).
309è jour : La Mora - L'Hospitalet de l'Infant
15 février 2012
45,8 km, 11951 km au total
Hier soir il faisait frais, mais cette nuit il a vraiment caillé. Il faisait 0°C à 6h dans la tente, donc probablement autour de -5°C dehors si on s'en réfère à nos... référentiels habituels. On ne s'y attendait pas et on s'est donc un peu gelés dans nos duvets. Pas assez couverts, manque d'optimisation. C'est marrant car on a fait la même analyse Hélène et moi, chacun dans son coin : on a froid par le dos ou en tout cas par les points de contact entre le corps et le matelas. C'est logique car à ces endroits les plumes du sac de couchage sont écrasées et il n'y a pas grand chose à faire... si ce n'est s'arranger pour réchauffer les autres parties du corps. Si t'as froid au dos rajoute une paire de chaussettes ! Ce soir on ne se fera pas avoir et on gardera des épaisseurs de rab sous la main.
A 6h donc (nouvelle heure de réveil en Espagne) on n'a qu'une seule envie, s'emmitoufler encore plus dans les plumes et essayer de dormir encore un peu. J'attrape ma doudoune qui me servait d'oreiller et je la fait glisser centimètre par centimètre par le petit trou qui reste entre ma tête et la capuche du duvet. Une fois à l'intérieur je m'en fais une couverture, chaque degré grappillé est bon à prendre.
On émerge finalement vers 8h30, le soleil est bien levé mais nous sommes à l'ombre. Il fait autour de zéro dehors, il reste encore un peu de givre prouvant qu'on n'a pas rêvé.
Le départ est du coup très tardif, mais sous un soleil radieux. Le syndrome du "rhhaaaa je garde la polaire pour rouler / 500 mètres plus loin : il faut s'arrêter pour la retirer" s'effectue parfaitement. C'est plutôt agréable d'avoir trop chaud que l'inverse.
On traverse Tarragone, retrouve la côte vers Salou où on tombe de nouveau sur des plages exceptionnelles. Après les zones cracra d'Italie, de Bulgarie ou de Roumanie, les plages ici sont vraiment clean. On voit les traces de ratissage. On se pose donc pique niquer, même programme qu'hier sauf qu'en plus aujourd'hui on a des toilettes propres et du wifi gratuit, THE méga luxe. Ce midi point de café mais le thé de la thermos qu'on n'a pas bu ce matin...
L'après-midi est très venteuse, et pas à notre avantage, on fatigue donc et une nouvelle fois notre quota de 50 km dans la journée semble compromis. Ca n'est pas grave car on a vu un panneau "Valencia 218 km" et même si c'est une route "optimale" et qu'il nous en faudra probablement 230 ou même 240, on a 5 jours pour les faire. Notre warmshoweuse à Valence nous attend le 20, donc à priori ça devrait être tranquille :-) Mais on n'est jamais trop prudents, une montagne est si vite arrivée...
On bivouaque donc un peu avant une grande montée histoire de profiter des derniers endroits un peu plat. C'est entre la nationale et l'autoroute, pas forcément génial mais comme toujours on fait avec et généralement on apprécie chaque lieu de bivouac car il apporte quelque chose de différent. Ici le sol est un genre de terre très fine ultra tassée et desséchée, avec quelques petits buissons de thym, c'est différent de ce qu'on a l'habitude de côtoyer. On croise les doigts pour une nuit plus chaude que la précédente, en tout cas ce soir on va garder tous nos vêtements à portée de main.
310è jour : L'Hospitalet de l'Infant - San Carles de la Rapita
16 février 2012
62,6 km, 12014 km au total
Ca n'était pas le froid qu'il fallait craindre cette nuit mais le vent. Certes il y a une certaine logique, choisir de bivouaquer dans une vallée entre deux massifs montagneux, ça fait un peu couloir venteux. Il y avait même un panneau avec une manche à air quelques kilomètres avant notre lieu de bivouac. Bref tout aurait été ok si nous n'étions pas sur ce fameux sol très sec et très dur. Les premiers centimètres de terre s'effritent et en dessous c'est dur comme de la pierre, du coup côté sardines ça n'est pas le rêve pour bien arrimer la tente... qui a plusieurs reprises pendant le diner manque de s'envoler avec nous :-)
Avant de se coucher on sort donc le marteau plneumatique - ah on me dit que je l'ai laissé dans une autre sacoche - donc on sort un caillou pour cogner sur les sardines qui se tordent de rire sans s'enfoncer d'un centimètre. On finit par choisir de multiplier les points d'accroche plutôt que d'espérer en avoir un de fiable. Pas de grosses pierres non plus pour remplacer les sardines. On ne se sent pas trop d'aller faire la collecte de petits cailloux à la lampe frontale pour remplir une sacoche ou un de nos gros sacs jaunes pour en faire des points d'ancrage. On imagine le plan "heu t'es sûr que c'est un caillou ça ? Ah c'est mou, non ça doit être... ah mais c'est dégueulasse !". Bref malgré les aplatissements soudains et violents de la tente à certains moments et les coups que ça nous donne au niveau des pieds ou de la tête on arrive à dormir un peu. Par les moustiquaires on voit la fameuse terre ultra fine qui s'insinue partout. On ferme tout ce qu'on peut histoire d'éviter de tuer l'appareil photo ou l'iPhone mais cette saleté se dépose sur nos duvets, matelas, vêtements, il y en a partout !
Hélène est très sévèrement dans le coltard ce matin. Je n'arrive pas à la réveiller ! Il nous faudra quasiment 3 heures avant le premier coup de pédale.
Comme prévu c'est une montée, mais tout à fait respectable. La descente avec vue sur la mer vaut le relief. On remet ça quelques kilomètres plus loin avec quelque chose de plus sévère mais là encore pas trop difficile. Non en fait ce qui est difficile c'est d'avancer avec le vent latéral ou dans le nez.
En fin de matinée on sort de notre N340 (qui va à priori jusqu'à Tarifa quand on voit qu'on est kilomètre 1111 de cette route) et on oblique vers le delta de l'Ebre. C'est Silvia notre future warmshoweuse à Valence qui nous a conseillé de passer dans ce coin. Il y a un parc naturel et à peine la nationale quittée, alors que je m'apprête à dire "C'est bon, sortez les flamants roses", c'est un héron qui s'envole juste devant nos roues. Le paysage qui était jusqu'alors soit de la petite ville balnéaire soit de la montagne légère avec falaises sur la mer devient d'un seul coup très vaste, très plat (oui c'est un peu le concept du delta je vous l'accorde), très humide aussi alors que tout le reste était ultra sec, voir déshydraté bien que nous soyons en plein hiver !
Il y a des oiseaux partout, notamment des trucs blancs genre héron en un peu plus petits (on est toujours aussi calés en oiseaux vous avez vu !). Allez disons une "aigrette blanche espagnole" ça sonne bien.
On se trouve un Bonpreu, encore une nouvelle enseigne de supermarché pour aller ensuite pique-niquer juste au pied du pont qui enjambe l'Ebre. C'est super bien aménagé avec table de pique nique et surtout, là on adore vraiment : la moitié du pont est une route à double sens et l'autre moitié, derrière un mur, est piétonne et cyclable avec des super bancs et même des chaises longues pour profiter de la vue sur le fleuve. Voilà le genre d'aménagement qui donne à chacun sa place. Vous imaginez un pont de Saint-Nazaire avec la moitié de l'espace dédié aux piétons et vélos pour profiter de la vue sur l'embouchure de la Loire... je crois qu'avec leur super aménagement "d'affectation de voies dynamique" ils pensent être à la pointe du progrès... quel dommage...
Nous trainons au soleil, c'est vraiment une journée exceptionnelle, soleil plein pot, pas un nuage, il va falloir qu'on pense à ressortir la crème solaire du fond de la trousse à pharmacie où elle hiberne depuis trop longtemps. On n'a plus trop d'infos de la météo du nord de l'Italie mais on est bien contents d'être ici plutôt que sous le froid et l'humidité dans lequel on était censé être.
L'après-midi est agréable. Seuls les moments où on oblique "vent dans le nez" le sont moins mais on fait avec. On longe des canaux en faisant s'envoler les fameux oiseaux blancs par dizaines, le tout sur plusieurs kilomètres, c'est magique.
On finit par rejoindre puis longer la mer en recherche d'un lieu pour dormir. Le côté plat et marécageux n'est pas idéal mais on finit par se trouver un petit terrain près de la mer. Tiens, ça serait un lieu parfait pour y construire une maison... Hélène, sort le carnet pour faire les plans !
Du côté des trucs qui fâchent, Tekkeon técon nous pourrit toujours autant la vie. Je vous avait parlé de l'interrupteur de ce fameux pack de batterie qui déconnait, eh bien il semble mieux refonctionner. Par contre maintenant il ne sort plus que du 5 volts sur l'USB (normal) et du 19 volts sur la prise "à tout faire". C'est con car le macbook se charge à 14 volts (mais ça va il a l'air de supporter les 19 volts quand même), mais adieu tout le reste.
Aujourd'hui j'ai également retenté la recharge de ce bidule sur la dynamo (première fois que j'essaye sur le "nouveau" pack)... et bien ça ne marche pas mieux que l'ancien qui était parti au SAV.
Bref ce truc est une sombre me*de, c'est con parce que c'est bien pratique, mais pour ceux qui seraient intéressés, si vous avez moyen de faire différemment, n'hésitez pas !
Pour finir sur un truc positif quand même : aujourd'hui nous avons donc passé les 12 000 kilomètres, au milieu des oiseaux, c'était très sympa. Une nouvelle borne, ça faisait longtemps qu'on n'avait pas changé de millier de kilomètres. Il faut dire qu'entre les pauses à Chiaravalle, Naples, Rome et Barcelone, on aura mis 38 jours pour faire 1000 km, heu comment dire... ça fait juste la moitié de notre quota de kilomètres journaliers normal (26 km par jour)... Mais il faut dire qu'on en a bien profité, qu'on en avait besoin et que c'était très agréable.
311è jour : San Carles de la Rapita - Alcala de Xivert
17 février 2012
50,4 km, 12065 km au total
Il fait bien frais au réveil mais le coin est quand même superbe. Le soleil qui se lève sur la plage, les couleurs qui vont avec, les montagnes au loin, on aime beaucoup. Ca n'empêche pas le besoin une nouvelle fois de prendre 3 heures pour décoller. Quand je pense que ça m'horripilais quand lors des voyages plus courts lors de nos vacances des années précédentes on prenait 2 heures pour décoller... bon c'était l'été il faut dire, là une bonne partie du temps consiste à retirer les fringues qu'on a porté la nuit en minimisant soigneusement l'exposition peau-air puis à faire la même chose en sens inverse avec des vêtements "de jour". Faire l'oignon c'est bien, c'est pratique et chaud, mais ça prend du temps à gérer. Sans compter les questions existentielles du genre "hum je mets les chaussettes étanches ou des chaussettes normales + les surchaussures ?"... trève de plaisanterie, c'est quand même agréable de ne pas avoir de question du type "pfff, comment je m'habille ? J'ai rien à me mettre... ah si je vais mettre ça... ah mince c'est dans le panier de linge sale... rhaaa, je suis perdu(e)".
La route du jour est répartie en 2 :
- la nationale, pas passionnante pour un sou et blindée de camions mais qui a le mérite de gérer au mieux le relief auquel nous avons parfois affaire et d'être relativement "sécure" grâce à sa large bande d'arrêt d'urgence.
- les petites routes côtières, petites bulles de tranquillité, qui traversent les stations balnéaires et autres petites villes.
Autour de Vinaros on se fait très plaisir car il y a un paquet de superbes maisons (selons nos critères). Ca faisait un bail qu'on n'en avait pas vues, pourtant en Italie on en a longé de la côte méditerranéenne mais sans tomber sur des trucs de bon goût. Là on s'arrête souvent pour prendre des photos. "Ouah ça c'est sympa"... "tiens on pourrait faire un truc comme ça mais plus ceci et moins celà" et ainsi de suite.
On déjeune dans un champ d'on ne sait pas quoi, à côté d'artichauts, première fois qu'on en voit un champ entier. Le soleil cogne, on va prendre des coups si on ne fait pas gaffe. Seul le vent frais nous rappelle que non, ça n'est toujours pas le printemps. pfff.
On apprécie vraiment, comme dit Hélène, ça fait du bien au moral. On rêve de matins et de soirs où on n'aurait pas froid et de siestes sans la doudoune. Ca ne devrait plus trop tarder.
On fait un peu de planification de trajet. Après Valence on doit donc rejoindre Grenade pour retrouver les parents d'Hélène. Il y a plusieurs options niveau trajet : longer la côte autant que possible et remonter juste à la fin vers Grenade (qui est un peu dans les terres) ou couper à travers champs... heu... montagnes pour faire plus court. Malheureusement le choix n'est pas aussi simple que ça : couper par la montagne n'est pas forcément la solution qui présente le plus de relief total, on a appris à se méfier du longeage de côte. Je pense qu'on va en discuter avec notre hôte à Valence pour avoir son avis avant de se décider. Il faut aussi qu'on calcule un peu le nombre de jours dont on dispose.
Ce soir nous dormons dans un champ d'arbres fruitiers, peut-être des pêchers (on a le même niveau en reconnaissance de plantes que pour les oiseaux). Certains sont en fleurs, c'est impressionnant. Ils n'ont pas encore de feuilles mais sont déjà fleuris. La nationale n'est pas loin donc côté bruit ça n'est pas la joie mais sinon le coin est très calme. Le soleil encore haut sur l'horizon nous permet de profiter tranquillement de la fin d'après-midi, c'est bien agréable.
Je vous imagine croisant ce que j'ai écris il y a quelques semaines sur l'Italie et maintenant en Espagne, c'est sûr que côté moral nous ne sommes pas du tout dans le même état d'esprit. Après savoir exactement quel est l'impact de quoi c'est difficile. Je pense que la météo a un rôle primordial, le relief aussi, ou plutôt la forme du relief (monter de 300 mètres en l'espace de 10 km n'est pas la même chose qu'en l'espace d'un seul kilomètre). Les gens, même si pour l'instant on n'a pas fait de rencontre "notable" d'espagnols tous ceux qu'on croise sont globalement gentils et amicaux. Un bonjour, un signe de main, un sourire,... je pense qu'il y a bien tout un ensemble de choses qui mettent dans un état d'esprit plutôt qu'un autre mais une nouvelle fois on se sent bien ici et malgré les concessions sur la Toscane et le sud de la France on ne regrette pas une seconde d'être ici en train de descendre plein sud !
312è jour : Alcala de Xivert - Orpesa
18 février 2012
33,0 km, 12098 km au total
Ce matin on change tout, car voyez-vous depuis le début du voyage il y a un truc qui se passe. Oh vous l'avez remarqué en lisant le récit. Vous le savez déjà forcément : c'est moi qui "drive" le planning de la journée, c'est moi qui impulse l'énergie nécessaire à l'avancement. Oui, notamment le faire de "bon on se lève" ou après le déjeuner "on repart si on veut rouler un peu" et ainsi de suite. C'est plutôt plaisant parce que ça permet de voir ce qu'on désire se réaliser (Une vingtaine de pays traversés en moins de 12 mois) mais ça a aussi l'inconvénient de demander beaucoup d'énergie. Oui se lever aux aurores pour suivre le soleil, repartir après le déjeuner pour avoir une chance de ne pas se coucher au même endroit que la veille... Donc bref aujourd'hui (enfin hier soir même) je laisse toute cette gestion à Hélène. Moi je m'engage à suivre l'énergie qu'elle impulsera... mais pas plus. A moi le rôle de faire celui qui ronchonne un peu et n'a pas envie de repartir...
Elle commence par mettre le réveil une demi-heure plus tard que d'habitude, parce que 6h c'est définitivement trop tôt pour elle :)
Quand l'iPhone s'éveille donc à 6h30, elle l'éteint et on se rempaffe. La réémergence se produit vers... 9h40. Ah ben oui ! L'avantage c'est que le soleil est bien levé et qu'il commence à faire chaud dans la tente, ça c'est très agréable. On perd un peu moins de temps à gérer le froid ce qui fait que vers 11h30 on est sur le vélo. Bon ça change du 9h00 de d'habitude et ça s'annonce donc comme une journée courte en kilomètres mais bon... on va voir ce que ça donne.
On fait une quinzaine de kilomètres avant de passer à la case ravitaillement. Quand on ressort et qu'on trouve un nouveau champ pour pique-niquer il est 13h30. Le soleil est au zénith et on est un peu abrités, c'est royal. On prend le temps de déguster nos sandwiches, de discuter longuement (toujours sur les projets post-voyage) et on repart bien tard...
Quelques kilomètres pour la forme, toujours sur notre nationale, l'autoroute pas loin et le train également. Pas glamour mais ça fait partie de ces petits moments du parcours où on apprécie le voyage pour autre chose que la route sur laquelle on est. Au loin les montagnes et la mer, toujours la superbe météo...
En pleine montée, à la recherche d'un coin bivouac et alors que la bande d'arrêt d'urgence vient de disparaitre, Hélène remarque que son pédalier est en train de se dévisser. Arrêt en catastrophe, les voitures nous doublent à 100 km/h, on regrette presque de ne pas avoir notre triangle rouge pour signaler notre arrêt :-) Bon l'avantage c'est qu'on commence à connaître le tandem et on a la clé spéciale pour resserrer le pédalier en question. Le plus dur est de la retrouver au fond du ziploc "bricole". Ensuite en 15 secondes c'est réglé et on repart bien vite avant d'y laisser notre peau.
Juste après on trouve un petit chemin qui mène a un champ potable pour bivouaquer. C'est juste au milieu entre la nationale et l'autoroute mais finalement pas plus bruyant qu'hier.
Bon alors bilan des courses : 33 kilomètres, il en manque une vingtaine pour être au "standard" qui nous permet de tenir dans le temps qu'on s'est imparti pour l'ensemble du voyage mais bon ça n'est pas si mal. Il est un peu plus tard que d'habitude, donc la nuit ne va pas tarder à tomber. La grande question maintenant est : sachant qu'on va probablement se décaler ce soir, à savoir diner plus tard, donc coucher plus tard... si je "laisse faire" Hélène, à quelle heure allons-nous nous lever demain matin ? :-) Ok on a encore 2 jours pour faire la petite centaine de kilomètres qui nous sépare de Valence mais ça serait quand même bien d'arriver lundi soir et pas au milieu de la nuit ou carrément mardi matin :)
313è jour : Orpesa - Corinto
19 février 2012
59,8 km, 12157 km au total
Cette fois on se lève réellement à 6h30 et c'est toujours Hélène qui gère... Elle ne le savait pas mais mon idée de "partage" c'était qu'elle nous emmène jusqu'à Valence à son rythme... tant qu'on y est demain soir :-)
Il fait toujours aussi beau, c'en est déprimant... non je plaisante, c'est carrément très très agréable. On commence par rejoindre le front de mer ce qui nous permet de découvrir une volée de nouvelles très belles maisons. Longer le long de la côte est également l'occasion en ce dimanche matin de croisée une nouvelle volée de cycliste du... dimanche. Contrairement à l'Italie, ici les gens disent bonjour, certains nous encouragent, l'un vient même à notre hauteur pour discuter un moment. Il a un tandem et une remorque extrawheel et a été en Norvège l'été dernier. Ce dimanche matin de mi février ressemble à une balade à Tharon-Plage (Loire Atlantique) fin mai. La vie est encore très calme, les boutiques commencent à se refaire une beauté doucement, bref la saison n'est pas démarrée mais on sent quand même à une foultitude de petits détails que quelque chose s'amorce. Ici ce sont donc les gens dehors, les nouvelles pousses vertes claires sur les branches des orangers, les fleurs sur les arbres fruitiers, les plages ratissées, tout est en train de se préparer.
Nouveau pique-nique au soleil, cette fois au pied des orangers. C'est con en dessert les mandarines achetées au supermarché hier ne sont vraiment pas terrible mais on a des scrupules à aller se servir dans le champ. Même si à voir les épluchures un peu partout on se dit que tout le monde n'a pas les mêmes préoccupations.
On traine, on bronze, on bouquine et comme hier on repart tardivement. La route est plutôt plate aujourd'hui ce qui nous permet d'effectuer à la fin de l'après-midi presque 60 km, c'est plutôt cool. On commence à retrouver ce soleil qui ne se couche pas comme les poules et qui nous permet de profiter un peu plus des après-midi. Ces derniers temps c'était un peu "on repart à 14h et à 15h30 il faut qu'on trouve à bivouaquer", ce qui nous laissait assez peu de temps pour rouler. Ce soir le soleil se couche à 18h23 ce qui permet de rouler jusqu'à 17h sans souci et d'avoir encore pas mal de marge pour trouver un coin bivouac.
Ce soir on plante justement dans un champ vide, avec juste un peu d'herbe et une petite route qui ne mène en théorie à rien selon Google Maps, donc même si on n'est pas très planqués on ne risque pas grand chose. En arrière plan et tout autour : des orangers.
314è jour : Corinto - Valencia (Valence)
20 février 2012
45,9 km, 12203 km au total
Ce matin, malgré le réveil à 6h30 on émerge vers 8h. Le vent s'est levé dans la nuit, et si le côté cool c'est que la tente est sèche malgré l'humidité qui est tombée hier soir, l'inconvénient c'est que ça n'est pas forcément de tout repos pour dormir correctement.
On quitte donc notre champ très tranquillement et on rejoint la côte. La mer est belle, le temps légèrement plus nuageux mais c'est vraiment histoire de chipoter.
On erre un peu dans El Port de Sagunt, blindé de rues à sens unique, d'aménagements neufs, de rues pas sur nos cartes et GPS, d'autres non accessibles, pas très agréable même si par chance ça nous mène à un supermarché, encore une nouvelle enseigne, décidément on enchaîne , c'est cool de découvrir tous ces musées :-) Vous pouvez pas comprendre !
Bon, donc courses, station essence pour des toilettes et champ d'oranges pour pique-niquer. Ouais ça pourrait être lassant, en tout cas ça l'est probablement à lire, désolé. Les petits rituels ont du bon dans ce voyage aux déménagements incessants. Avoir une routine permet de nous ancrer dans des trucs qu'on connait, qu'on maîtrise, quand en parallèle on ne sait pas chaque jour où on sera le soir même.
Le GPS et les panneaux indiquent qu'on a encore au moins 25-27 kilomètres à faire pour rejoindre le centre de Valence, donc cette fois Hélène surveille l'heure et on repart vers 14h... tiens, il semble que finalement mes habitudes deviennent aussi les siennes quand les occasions le justifient :) On trouve une route plutôt correcte pour rejoindre le centre, on évite toutes les 2x2 et autres autoroutes, pas d'embranchements bizarres, juste des ralentisseurs tous les 100 mètres pendant 20 bornes. Pénible mais vivable.
La petite surprise de l'arrivée c'est que Silvia n'a pas répondu à note dernier email, on n'a donc pas son adresse et on ne sait pas à quelle heure la retrouver (travaille t'elle dans la journée ou pas par exemple). On arrive à chopper du wifi sur la route et via le site de Warmshower on arrive à récupérer la rue dans laquelle elle habite (mais pas le numéro). Pas de téléphone, et toujours pas de réponse à notre email. On se rend donc dans la rue en question, elle n'est pas trop longue et on regarde sur les interphones des immeubles si on trouve son nom. Coup de bol à la seconde tentative on tombe sur son nom. On sonne, elle est là. Cool parce qu'on apprend qu'elle repart travailler dans 15 minutes et ce jusqu'à 20h-20h30 (il est 16h30). On a de la chance. Elle nous laisse dans son appart où on profite de la douche. 9 jours sans douche, je peux vous assurer que ça fait un bien fou même si Hélène qui est passé en deuxième aujourd'hui n'a plus d'eau chaude (le ballon électrique est tout petit et n'a pas eu le temps de rechauffer entre les 2 douches). Gloups. Elle termine comme moi à Belgrade : au bidon de vélo rempli d'eau chauffée à la bouilloire ! 1 partout.
On profite du soleil de fin d'après-midi dans le salon, c'est agréable. Les nuages de ce matin sont partis, il fait super beau et même si la température redescend vite la nuit et parait fraîche à cause du vent, on croise régulièrement les thermomètres des pharmacies et autres boutiques qui indiquent 17 ou 18°C ! Il faudra néanmoins un peu de chauffage cette nuit dans l'appartement de Silvia, appartement très sympa mais simple vitrage partout.
Silvia revient d'ailleurs du travail (elle fait de l'administratif pour Amnesty International) et prépare à diner : restes de paëlla faite par ses parents, soupe de légumes, beignets à la tomate. Simple mais très bon.
On discute un bon moment et on en profite pour faire ce qu'on aime beaucoup, poser des questions sur ce qu'il y a à faire dans cette ville, quelles sont les habitudes, les spécialités du coin... car comme toujours on débarque dans une grande ville sans avoir la moindre idée de son histoire, son architecture et compagnie. J'allais écrire "on débarque en touristes" mais justement c'est un peu l'opposé. Le touriste a eu des semaines entières au boulot (rhooo) pour préparer son voyage, s'imprégner du plan, des guides, aller chercher des informations sur internet, parcourir les forums à la recherche des bons plans... nous on prend toujours le contrepied : et si on commençait par aller sur place et demander aux "locaux" plutôt que de se fier aux guides... peut-être que nos expériences foireuses de restos en Scandinavie nous ont refroidi... allez savoir. Toujours est-il que quand on a la chance d'avoir un ou une hôte, autant en profiter pour éviter les pièges à touristes et découvrir les petits coins sympa. Hélène garde toujours en mémoire l'ancien aéroport à Berlin converti en parc... un de ces coins magiques, fraîchement ouvert et le genre d'endroit où on n'aurait jamais été sans l'aide de Maike !
315è jour : Valencia (jour off)
21 février 2012
0 km, 12203 km au total
Réveil très tranquille ce matin et petit déjeuner dans l'appartement en profitant du soleil qui donne sur le carrelage... et qui va sécher notre lessive au passage :-)
Direction ensuite le centre de Valence, non sans quelques arrêts réglementaires : on commence par la Poste (oui on aime bien les tester), tout se passe plutôt bien si ce n'est qu'il faut payer en cash, encore une fois, pourtant en Espagne on a constaté qu'ils sont plutôt enclins à accepter la carte bancaire en général.
Du coup ayant épuisé nos euros on se fait un de ces petits ravitaillements traditionnels en liquide. Le distributeur est étrange, mélange espagnol et anglais, ne reconnait pas notre carte alors que c'est marqué Visa dessus... nous demande un code à 8 chiffres qu'il affiche en clair au lieu de notre traditionnel "code secret". Alors je vous rassure, c'est bien un vrai distributeur, accolé à la banque et pas un plan vol de CB et de code au passage.
Ce qui devait arrivera, nous errons dans les menus sans trouver de "restituer la carte"... et le distributeur ne nous la rend pas. Une fille qui attend derrière essaye, la machine prend sa carte... pour la notre c'est bon elle est avalée.
On se sépare, Hélène reste près du distributeur histoire de pouvoir récupérer la carte si jamais par un hasard elle ressortait... et je rentre dans la banque. Une jolie jeune femme m'accueille mais elle est aimable comme une porte de prison. Pas un mot d'anglais mais je réussis à lui faire comprendre que ma CB a restée dans le distributeur, ça sert les cours d'espagnol :)
Elle me répond qu'elle ne peut rien faire, qu'il faut que j'appelle ma banque !!! Je scotche, heu... forcément dans ce genre de situation tous les mots d'espagnol s'envolent, et je ne sais que dire. Je prend sa carte de visite histoire d'avoir l'adresse de la banque et j'essaye de lui demander son téléphone pour appeler la banque histoire que leur me*de de distributeur ne me coute pas 15 euros de téléphone en plus. Elle ne veut pas, genre démerdez-vous. Hélène m'aperçoit depuis l'extérieur, je lui fais signe de rentrer et lui explique la situation.
Il y a un autre bureau, je vais donc voir une autre personne et elle parle un peu anglais ce qui facilite les mots "techniques" un peu précis. Elle me demande mon passeport et revient quelques secondes plus tard avec ma carte... comme quoi l'autre conne...
Elle me rend mon passeport mais pas ma carte... mais heu... elle m'explique qu'elle est "morte". Grrr... mais elle marchait très bien hier ! Au bout de 2 fois la même question je comprend que c'est le fait qu'elle ait été avalée qui la crame définitivement. Elle sort les ciseaux pour la couper... rhhhaaaa ma Visa Premier ultra Platinum Gold préférée... elle est dingue. Je suis moyen convaincu par son histoire, essaye de lui faire essayer de la réutiliser dans l'autre distributeur qui est à l'intérieur à environ deux mètres cinquante d'où nous nous trouvons, pas moyen. Elle détruit la carte sous mes yeux "je ne peux pas vous la rendre, contactez votre banque".
Même problème, pas possible d'utiliser son téléphone. Merci ! Une fois dehors, dégoutés, on sort l'iphone, on tape sur le contact préenregistré "Visa Premier opposition". Au bout de 15 secondes on a un mec très gentil de Boursorama qui prend note, fait opposition sur la carte (il prend soin de vérifier que c'est la bonne vu qu'on a plusieurs cartes, petit détail agréable) et me propose les différentes options pour en récupérer une nouvelle. Envoi sous 48h où on veut, mise à disposition de cash dans un bureau Western Union si besoin ou plus simplement envoi à notre adresse en France. On prend la dernière option car on ne sait pas si on sera encore à Valence dans 48 heures et on ne veut pas avoir à faire le pied de grue à l'appartement pour l'attendre. Hélène a sa petite sœur (finalement ça n'était pas "overkill" comme décision de partir avec 2 Visa Premier sur le même compte) donc on n'a pas les vivres coupés. On retire d'ailleurs du cash au distributeur suivant sans souci. Si tout va bien on récupèrera la carte d'ici quelques jours via les parents d'Hélène à Grenade. En tout cas ça fait plaisir de savoir que même à l'étranger on peut gérer ce genre de situation rapidement et sans trop de souci. N'empêche qu'on est dégoutés par leur distributeur pour lequel le personnel n'a pas su nous donner la moindre explication du "pourquoi" ça s'est produit.
On reprend notre chemin vers le centre et on erre dans les jolies rues de Valencia. C'est une ville vraiment agréable, notamment sous le soleil :)
Beaucoup de bâtiments splendides, anciens, bien rénovés, quelques intégrations moderne/ancien plutôt réussies...
On déjeune dans un petit resto. Silvia nous avait donné quelques conseils et ce midi on fait "menu" (par opposition aux tapas). Beaucoup d'endroits proposent des menus qui font vraiment plaisir quand on vient de l'Italie (et aussi quand on a essayé quelques moins auparavant de manger dans un resto en Scandinavie :-) En gros c'est clairement affiché "entrée-plat-boisson-pain-café ou dessert". Les prix oscillent entre 8 et 12 euros, c'est donc abordable.
Nous mangeons donc pour 10 euros des pousses d'épinards fraiches avec du bacon, des tomates séchées et du vinaigre balsamique puis une paella au poulet et une tarte au fromage et à la confiture de myrtilles. Le tout avec un verre de vin rouge, sympathique. Malheureusement le wifi sur lequel on comptait beaucoup pour mettre en ligne notre vidéo des 12 000 km refuse de fonctionner, le mot de passe qu'on nous donne est invalide :-(
Ca sera donc un peu plus tard en squattant un wifi ouvert qu'on mettra en ligne le récit et les photos mais pas la vidéo car c'est trop lourd et prendrait trop de temps.
On poursuit notre balade dans le centre, croise une manifestation d'étudiants, visiblement la situation est assez tendue ici à Valence, notamment parce que ça fait déjà quelques jours qu'il y a des manifs (crise, réduction des budgets alloués à l'éducation...) et il y a eu des débordements de la part de la police, du coup les média nationaux sont dans le coin à surveiller ce qui se passe. Et la police est aussi bien présente mais à distance... les hélicos tournent en rond au dessus de nos têtes...
On réussit à traverser le convoi et on se trouve ensuite un café pour tester le "chocolat et churros", spécialité de la région (et de Barcelone aussi d'ailleurs). Ca ressemble au chocolat d'Hélène dégusté à Constanta en Roumanie il y a quelques temps, le churros tiendrait presque debout dedans tellement il est dense. C'est du chocolat fondu, pas du lait aromatisé au chocolat. Pour moi c'est l'occasion de renouer avec un bon café... ouf :)
On rentre ensuite tranquillement (aie les jambes, le genoux gauche) à pied jusqu'à l'appartement non sans avoir fait quelques courses. Ce soir c'est nous qui faisons à diner : filet mignon de porc et gratin dauphinois, salade, et en dessert une tarte... inspiration du jour : mascarpone/yaourt et kiwis dessus. On verra bien ce que ça donne. Pendant ce temps là une brioche essaye de lever, c'est pas gagné.
Silvia en ce moment fait son levain, mais on va s'en tenir à la levure de boulanger fraîche pour la brioche, parce que le levain à la farine complète c'est pas forcément l'idéal.
Silvia rentre, bien fatiguée du travail, Amnesty intervient aussi dans cette histoire de conflit, fait des communiqués, donc ça lui donne pas mal de boulot.
On profite du diner ensemble autour d'un verre de vin. C'est l'occasion de poursuivre nos échanges et discussions. Toujours agréable. On discute du futur trajet pour rejoindre Grenade... toujours pas décidés. Risque de froid si on coupe via les terres car on monte bien (et reste bien) à des altitudes élevées (800-1200 mètres), plus long et relief finalement peut-être plus marqué (en D+ total) qu'en coupant.
On essaiera de peaufiner les infos via Google Maps quand on trouvera du wifi.
Après la tarte aux kiwis qui ma foi est une réussite (autant que le porc et surtout le gratin, première fois qu'on en fait un suffisamment cuit de notre vie) on va rejoindre Morphée.
316è jour : Valencia (jour off)
22 février 2012
19,2 km, 12223 km au total
Nouveau réveil très tranquille, on se met au rythme espagnol pour envisager le déjeuner vers 14h et le diner vers 22h. Ah ben c'est bien français de prévoir ses journées au rythme des repas :-)
Le programme du jour, c'est ce qu'Hélène a décidé d'appeler "La Coulée Verte"... faisons un peu d'histoire...
Valence fut longtemps traversée par un fleuve : la Turia, comme pas mal de capitales et grandes villes d'ailleurs. Sauf que ce fleuve était régulièrement sujet à des débordements et les inondations associées (dernière en date 1957) laissaient un goût amer aux habitants d'une ville toujours en expansion. Du coup dans les années 1960 et suivantes un grand plan d'aménagement de la ville a permis de détourner le fleuve autour de la ville et de transformer l'espace récupéré en... ce qui devait être une belle autoroute polluante. Mais la population ne l'entendait pas de cette oreille, l'a fait savoir et finalement dans les années 80, le lieu devint un immense parc : les jardins du Real et de la Turia. 110 hectares, en plein centre ville, on peut imaginer en effet qu'il y a eu quelques bras de fer et que les propositions de pots de vin de la part des groupes immobiliers ont du fuser :-)
Notre programme du jour est donc de prendre ce parc à un bout, à vélo (c'est autorisé) et de le suivre jusqu'à rejoindre un autre grand plan d'aménagement plus récent encore. J'en parlerai après.
Le parc est très agréable. Il fait toujours aussi beau et on serait presque à rouler en t-shirt. D'ailleurs autour de nous c'est ambiance débardeurs et manches courtes. Il y a plein de joggeurs et joggeuses, de parents qui baladent leurs enfants en poussette, de jeunes qui jouent au foot sur les terrains aménagés... car il ne s'agit pas d'un simple parc mais d'une grande bande aménagée autour des loisirs de plein air : foot, tennis, piscine, jardins, aires de jeu, fontaines, ... Il y en a pour tous les goûts avec de l'ombre et du soleil, des palmiers, pins et des massifs de fleurs,... Là où l'endroit est vraiment magique c'est le fait que tous les ponts d'origine ont été conservés. Du coup de même qu'un fleuve ne prend pas de passages piétons ni ne croise de voitures, pour les cyclistes et autres personnes dans le parc c'est la même chose. Il est possible de traverser la ville d'ouest en est (ou l'inverse :) sans croiser une voiture, sans avoir à s'arrêter à un feu ou autre dérangement urbain. On ne s'en rend pas forcément compte au départ mais quand on passe sous le 5 ou 6è pont d'affilée sans poser le pied à terre c'est bien qu'il y a un petit quelque chose qu'il n'y a pas ailleurs.
On fait une tentative de squat de wifi mais une fois de plus le macbook récalcitrant ne veut pas chopper le wifi que l'iphone utilise sans souci. Rhaa les Macs...
On reprend le vélo pour arriver à cet autre espace colossal, qui profite d'ailleurs de la suite de l'espace laissé vide par le détournement du fleuve : la Cité des arts et des sciences. Là on est dans une toute autre ambiance. Il s'agit d'un complexe de bâtiments, conçu par l'architecte Santiago Calatrava. Visiblement un mec un peu dingue mais très inspiré. L'ensemble a été inauguré en 1998 mais s'est vu ensuite régulièrement ajouter de nouveaux bâtiments.
C'est un mélange de la Villette au niveau contenu et de la Défense au niveau architectural, mais le CNIT fait vraiment pâle figure et "peu osé" par rapport à ce qui a été fait à Valence !
Beaucoup de choses très très chouettes (quand on aime l'architecture moderne bien sûr) avec notamment :
- Le Palais des Arts Reina Sofia, le premier bâtiment quand on arrive par l'ouest (et le premier sur mes photos). Un genre de bateau de béton, de verre, en forme de... je sais pas, vaisseau spatial ? un coquillage ? Quelques jardins en hauteur, de la mosaïque qui reflète l'eau de bassins au dessous et surtout, pour faire de l'ombre et ne pas crever de chaud à l'intérieur une "plume" (en béton) surplombe tout l'édifice (75 mètres de haut le bestiau quand même) tout en n'étant fixée au sol que par un unique point d'ancrage à son extrémité. Colossal !
- Un cinéma IMAX en forme d'œil (bâtiment en verre en forme de calisson et boule en béton à l'intérieur représentant la pupille)
- un jardin un peu en hauteur sur le côté
- le musée des sciences en forme de squelette de dinosaure, bien inspiré :)
- un petit pont sympa, suspendu assymétriquement, il y a probablement eu quelques ingénieurs qui ont du avoir du mal à dormir certaines nuits avant l'inauguration...
ainsi de suite, avec quelques petits détails à l'esprit plus ancien qui n'auraient pas déplu à Gaudi. D'immenses bassins en mosaïque blanche, on se demande si l'été on peut se baigner, et si non alors le personnel doit probablement batailler dur parce que même en cette saison, ça donne envie d'aller au moins se tremper les pieds.
Bref l'ensemble est d'une très belle homogénéité, je me doute que ça ne plaira pas à tout le monde mais dans tous les cas c'est vraiment un beau projet.
Du coup, associé à cet assèchement du fleuve on ne peut s'empêcher d'imaginer un projet équivalent pour Paris. Et si les réflexions de rendre les voies sur berges piétonnes ça n'était pas "petit joueur", et si à la place on en profitait pour régler ce problème de manque d'espace verts ? Hop on détourne la Seine (ok le lobbying des compagnies de bateaux mouches sera à gérer) mais techniquement il y a déjà des canaux qui passent au nord de Paris et qui permettent de passer en contournant le centre. Si ça se trouve les chantiers ne seraient pas aussi dingues que ça. Ensuite un assèchement. Quand on voit ce qui se fait à Dubaï en l'espace de 18 mois, là encore ça serait techniquement faisable assez simplement.
Bon alors quelles seraient les répercussions négatives ? J'avoue être ouvert sur le sujet, il y a probablement des choses auxquelles je ne pense pas (transport de marchandises à destination du centre ? impact écologique ?) mais un beau parc à la place de la Seine j'avoue que je ne dirais pas non, que ce soit en tant que touriste ou habitant. Les grosses villes le sont devenues principalement parce qu'elles étaient sur un fleuve, position stratégique pour le contrôle des marchandises, l'approvisionnement... mais aujourd'hui est-ce réellement une nécessité ?
Bref j'aime bien découvrir ce genre de chose, de voir que certains l'ont fait, certes avec un but stratégique au départ (inondations) mais finalement le résultat est exceptionnel et je pense que si on demandait aux habitants de Valencia s'ils aimeraient qu'on remette un fleuve à la place, ils diraient probablement "pour quoi faire ? Ca ne sert à rien alors que là on a des parcs dans lesquels on peut se balader, de l'ombre l'été, des bancs au soleil l'hiver, des aires de jeu, de pique-nique...". A méditer. En plus c'est le genre de réflexion applicable à plein de villes. Quid de Nantes ? Lyon ? ...
Bon avec tout ça on n'a toujours pas mis en ligne notre vidéo des 12 000 ! Après un détour loupé derrière l'Oceanographe on se retrouve finalement au pied d'un centre commercial. Parfait pour soulager l'envie pressante de ma co-pilote et essayer de trouver du wifi. On arpente le Mall et le seul endroit wifisisable est un genre de sandwicherie qui aurait fait des choses sous la couette avec un Macdo. On ne fait pas les difficiles et on se lance dans ce qui s'annonce comme 1h30-2h de durée d'upload. Largement de quoi profiter en toute langueur de la restauration rapide. Pas de jolies chaises ici mais on n'est pas top mal. On en profite également pour se faire cette fameuse séance de Google Maps. On en sait désormais un peu plus, notamment sur le fait que quel que soit le choix il y aura du relief mais d'un côté c'est 500 km et de l'autre 700. Du coup on envisage la possibilité de faire au plus court en faisant de plus petites étapes... mais ça ne fait que remettre en lice la solution qu'on pensait ne pas choisir... bref on va encore en discuter avec Silvia et on verra bien. On apprend au passage que l'Espagne a le 4è réseau autoroutier le plus développé du monde, ce qui explique cette problématique de "heu mais il n'y a qu'une autovia ou autopista pour aller de là à là". On planche un peu plus sur la différence et comme d'habitude il y a la théorie et la pratique : en théorie l'autopista (autoroute) est réservée aux véhicules capables de rouler au moins à 60 km/h donc ça exclue les vélos, charrettes, (petits) scooters... Les autovia (genre de grosses nationales) en contreparties sont prévues pour accepter ces véhicules exclus des autopista. Sauf qu'en fait ça peut dépendre de comment a été créé l'autovia : par rénovation d'une petite route ? Alors c'est ok pour les vélos / par création d'une route neuve ? Alors ça peut être interdit aux vélos. Notez bien tout ce côté "potentiel / ça dépend". Donc bon, on se dit que ça va être improvisation et culot, on verra bien !
Après la fin de l'upload, l'après-midi est déjà bien entamée. On décide donc de revenir par notre coulée verte et d'en sortir un peu avant d'être arrivés à l'appartement pour passer voir une ou deux boutiques de rando conseillées par Silvia hier. Outre une petite bouteille de gaz on cherche toujours un nouveau petit sac à dos léger pour remplacer/compléter celui qu'on utilise et qui donne des signes de fatigue.
La première boutique pourtant grande n'a pas grand chose à proposer et la seconde par contre nous permet de ressortir avec un petit sac très léger de 25 litres de marque... je vous le donne en mille : Vaude. Il est noir, il ne manque plus qu'un système de fixation automatique à nos sacoches pour que ce soit parfait :) Il est un peu plus grand et lourd que le Sea To Summit qu'on trimballe depuis 11 mois mais il a un dos et des bretelles un peu mieux pour ces journées où on erre dans les petites rues d'une jolie ville.
Retour enfin à l'appart pour écrire quelques cartes en sirotant un thé.
Diner seuls ce soir car Silvia est occupée à l'extérieur. Elle revient et nous passons la soirée à discuter de Valencia, de politique espagnole, italienne et française, et de pleins d'autres trucs que si vous voulez savoir ben il faut voyager vous aussi :-)
317è jour : Valencia (jour off)
23 février 2012
17,1 km, 12240 km au total
Nouveau réveil tranquille, ça fait du bien de se reposer. Programme du jour ; faire des courses pour les jours à venir (reprise du vélo) ainsi que pour un pique-nique dans les règles de l'art avec Silvia ce midi qui a une longue pause entre 14 et 17h.
C'est Mercadona qui régale et le pique-nique, que nous prenons dans la "coulée verte" est composé principalement d'une salade de pâtes, poulpe, thon, tomates cerises, ratatouille, sucrine,... en dessert on se fait un genre de fondue de fruits, sauf qu'à la place du chocolat on a fait une préparation mascarpone/yaourt/sucre.
Silvia a ramené de son côté du caviar d'aubergine et du chocolat à la framboise, ce qui fait un repas bien agréable, surtout au soleil dans un endroit comme ce parc.
On traine, discute longuement puis le soleil vient à passer derrière des immeubles et l'ombre apporte sa fraîcheur. On se redirige donc vers un café au soleil. Quand l'ombre nous rattrape de nouveau Silvia repart, elle donne une conférence et voyage donc sur son vélo avec son sac à dos contenant son ordi portable et un vidéo projecteur... j'aime bien le concept.
Nous rentrons de notre côté à l'appartement avec l'éventualité de ressortir pour aller voir un cycliste qui a fait Espagne-Pékin à vélo et qui présente son livre. Ca peut être intéressant, c'est Silvia qui nous a transmis l'info, on verra si on a le courage de ressortir.
On a aussi prévu de ranger un peu nos affaires pour repartir demain matin. Silvia a un peu de temps avant de partir travailler donc elle avait suggéré de nous accompagner quelques kilomètres, éventuellement aussi essayer le tandem. On pense également à une autre idée : rester encore demain ici, et comme après-demain c'est samedi, on pourrait projeter carrément de partir "en week-end" ensemble à vélo. On lui proposera l'idée tout à l'heure, on verra bien.
Bon c'était prévisible, le confort de l'appartement nous a rattrapé et nous n'avons finalement pas eu le courage de ressortir. Silvia revient et nous discutons de sa présentation. Elle fait partie d'une "banque de temps", une association qui comme son intitulé l'explique propose des échanges de son temps contre celui des autres. Donnez un cours d'une heure d'informatique vous donnera droit à recevoir une heure de cours de ce que vous voulez. Du jardinage, du dessin... l'idée est répandue dans pas mal de pays mais c'est sympa de voir que ça fonctionne, que les gens sont intéressés et que ça fonctionne bien dans les deux sens : donner et recevoir. On connait les gens beaucoup plus à même de recevoir que de donner, c'est assez classique, mais pour le "prof" il y a aussi la peur de venir expliquer des trucs... à une salle vide, parce que les autres (comme nous ce soir) n'ont pas eu la force de sortir de chez eux.
Nous expliquons également notre idée de balade partagée et Silvia est très partante mais pas disponible samedi. Le matin elle va à l'extérieur de la ville pour justement prendre un cours en plein air dans un "jardin partagé" pour planter ses propres légumes. Le soir c'est le carnaval à Valencia... mais dimanche ça serait cool. En plus elle a une cousine à peut près à une quarantaine de kilomètres sur notre trajet vers Albacete. On pourrait dormir là-bas dimanche soir et elle repartirait en train à Valence lundi matin. On va essayer de goupiller ça. Du coup on reste 2 jours de plus ici, on profitera du carnaval et ça verrouille un trajet plus qu'un autre parce que du coup au passage on n'aura pas le temps de prendre le trajet le long de la côte pour être dans les temps à Grenade. Parfait. Notre voyage (et la vie en général) ça n'est pas qu'une série de plans précis, c'est aussi beaucoup le royaume des opportunités. Il n'y a pas de bon et mauvais trajet dans nos deux alternatives, il faut juste en choisir un. Si le choix est facilité par une situation particulière alors profitons-en. Et puis au moins si on en bave dans les montagnes on se dira que de toute façon c'était un passage obligé à cause de cette sortie commune avec Silvia :-D
Nous ressortons vers 21h pour rejoindre le centre, un petit resto à tapas et un couple d'amis de Silvia. Eux aussi sont cyclistes, ils étaient notamment dans la Gironde l'an dernier. Train, voiture, vélos pliants... visiblement ils ont beaucoup aimé.
C'est donc aussi l'occasion pour nous de se plonger dans le monde des tapas puisqu'on confie à nos "hôtes" le choix d'une sélection des plats pour tout le monde. On mange donc du poulpe (excellent quand c'est bien préparé), de la morue, des poivrons, un genre de gazpacho, de la queue de taureau (oui oui) et ainsi de suite. Côté desserts c'est moins dépaysant mais très bon, il y a quand même un gâteau au fromage et à la citrouille assez surprenant mais bon aussi. La soirée est très agréable, et malgré un trio de langues : espagnol, anglais, français (car la copine de Silvia parle un français très correct) on arrive tous à se comprendre. C'est vraiment l'auberge espagnole, et c'est assez marrant au niveau des dialogues : Par exemple nous essayons de dire une phrase en espagnol, Silvia répond en anglais et sa copine en français, nous répondons en anglais parce que nous ne trouvons pas les mots en espagnol et Silvia traduit aux deux autres en espagnol. Parfois on s'arrache les cheveux à mélanger les langues, mais ce soir ça se passe très naturellement et tout le monde semble à l'aise et comprend globalement ce que les autres disent. Il n'y a pas d'exclusion, de barrière, c'est agréable.
Ensuite après une petite vague d'essais nocturne du tandem par tout le monde (et du vélo pliant par nous) nous regagnons l'appartement.
318è jour : Valencia (jour off)
24 février 2012
0 km, 12240 km au total
Journée de repos, activité principale : rejoindre le parc juste à côté de l'appartement pour voir si le wifi gratuit fonctionne. Bon c'est un prétexte pour sortir et pour se programmer un petit pique-nique au soleil.
Le wifi en question est à la fois anémique et ultra verrouillé (impossible de faire autre chose que de consulter des pages web) mais on profite du soleil pour bouquiner et je l'avoue, de mon côté pour faire un peu de rattrapage de flux RSS. On se prélasse au soleil, il fait encore un temps magnifique, il fait chaud, on est bien !
A l'aller on a repéré un autre point d'accès ouvert (chez un particulier probablement) sur lequel le Mac a potentiellement une chance de se connecter. Au retour on fait donc un peu de wardriving pour trouver où le signal est le plus fort et c'est donc assis sur la bordure d'un trottoir que j'uploade les dernières photos et le récit :)
On retrouve Silvia qui est rentrée du travail et on passe la fin d'après-midi à discuter, tranquillement autour d'un thé en profitant des derniers rayons du soleil.
Elle repart à son boulot récupérer un projecteur pendant qu'on fait une petite sélection de photos de notre voyage pour lui montrer ensuite sur "grand écran". Pas facile de choisir en une demi-heure deux ou trois cents photos parmi les quelques chose comme 14 000 qui remplissent nos disques-durs ! On arrêtera la sélection à Istanbul, impossible d'aller plus loin en si peu de temps, tant pis pour la fin. Après le diner c'est donc séance diapos. C'est sympa de partager nos petites histoires mais aussi de voir nos photos en grand. D'habitude c'est 760 pixels de large sur un écran de 11 pouces. là on s'offre les photos pleine résolution sur plus de 2 mètres de diagonale, c'est agréable.
Un dernier lavage de dents, quelques pages de bouquin et au lit.
319è jour : Valencia (jour off)
25 février 2012
23,0 km, 12263 km au total
Aujourd'hui : vélo, plage, pique-nique, café-skype, achat de cartes du sud de la France (oui on a le temps mais vu qu'il y a une super boutique de cartes à Valencia autant en profiter), carnaval (beaucoup de bolivens), resto (tapas), dodo (il est presque 2h du mat et on repart tout à l'heure donc on fait court).
Allez pour croiser avec les photos : au resto on a craqué sur les aubergines taillées en frites, panées et frites à l'huile et avec une pointe de miel ! Miam.
320è jour : Valencia - Buñol
26 février 2012
50,8 km, 12314 km au total
Ce matin (oui encore), réveil programmé pour plier et ranger nos affaires. Silvia se lève un peu plus tard pour profiter autant que possible de son lit. Nous prenons le petit déjeuner ensemble et descendons tout notre bardas. Nous sommes plus chargés qu'elle forcément :-)
Nous prenons donc ensemble la route vers l'ouest de Valence, jusqu'à Buñol où nous essaierons de rejoindre sa cousine. Finalement Silvia ne restera pas dormir avec nous car le lieu idéal de bivouac est un peu éloigné de la gare et ça serait trop compliqué pour elle d'être au boulot à temps sans devoir se lever au milieu de la nuit pour plier ses affaires. Néanmoins nous allons faire le trajet ensemble et c'est très sympa.
Il fait encore un temps magnifique. Un vrai jour d'été à Paris ou à Nantes. Nous avons un itinéraire assez complexe pour sortir de Valence en évitant la grosse route principale, ce qui fait que côté paysage c'est surtout de la zone industrielle. Mais comme c'est dimanche c'et très calme et on en profite pour rouler côte à côte en papotant. C'est très chouette.
On sort finalement des industries pour commencer à trouver un paysage plus typique : collines un peu déshydratées, orangers, oliviers, ... le soleil tape, nous roulons en t-shirt, Hélène regrette un peu d'avoir mis son cuissard long, c'est la première fois depuis bien longtemps.
On pique-nique au sombreil un peu avant d'arriver à Cheste, là encore le fait de chercher un peu l'ombre ça date. Je n'ai pas le courage de remonter dans le récit mais ça doit probablement dater de la Pologne... donc entre juillet et septembre... impressionnant pour nous.
On poursuit la route 10 minutes pour rejoindre le centre de la petite ville et prendre un café et quelques pâtisseries :) Et poursuivre nos discussions.
Quand on repart vers 15h30, le thermomètre d'une pharmacie, pas vraiment au soleil, affiche 25,5°C ! On adore. On poursuit la route qui monte doucement mais sûrement. On passe les 300 mètres, et probablement les 400 en arrivant à Buñol. La cousine de Silvia est visiblement très occupée aujourd'hui et finalement elle nous rejoindra "peut-être" plus tard au lieu on nous allons pour bivouaquer. Le lieu en question nécessite de redescendre au moins 100 mètres, ce qui ne nous plait pas trop, mais l'endroit est vraiment étonnant. Il s'agit d'une espèce de ravin en fer à cheval dans la montagne, nous arrivons à son pied où il y a un petit lac et une chute d'eau. En arrivant on a l'impression de passer de l'été à l'hiver en 50 mètres. Sans mentir il doit y avoir 10°C de différence. On repère un coin bivouaquable, fait ensuite un peu le tour pour essayer d'en trouver d'autres plus éloignés de l'eau et en effet on se trouve un lieu parfait pour planter la tente. Un peu caché, et dans la section "été" du lieu. C'est mieux car ils annoncent 4-5°C cette nuit dans la ville, donc probablement autour de 0°C dans la campagne, donc peut-être encore moins et surtout une température ressentie bien moindre près de l'eau en raison de l'humidité.
Silvia nous aide à monter la tente et nous poursuivons nos échanges à l'intérieur, tranquillement assis sur nos matelas. Après 5 jours dans sa maison, c'est à notre tour de lui faire profiter de notre chez-nous. Ca nous permet également de nous protéger... des moustiques. Eh oui avec les températures actuelles, il n'y a pas que les fleurs qui pointent leur nez. Heureusement pour nous les chauves-souris veillent et se délectent de cette jeune nourriture :-)
Finalement sa cousine n'a pas l'air disponible du tout et Silvia repart alors que la nuit tombe. Elle est bien équipée côté éclairage mais va devoir remonter le dénivelée descendu tout à l'heure pour rejoindre la gare. Moment difficile que celui des au-revoir. Une nouvelle fois nous avons passé des jours fantastiques dans une ville, en grande partie grâce à notre hôte. Une nouvelle personne qu'on aimerait tant revoir.
321è jour : Buñol - Requena
27 février 2012
38,3 km, 12352 km au total
Le réveil de 7h (oui on est plus sur l'heure espagnole maintenant) reste sans effet et ce n'est que vers 8h30 qu'on émerge. Il faut s'attendre à ce que ça se reproduise dans les jours à venir. On a 500 km à faire entre Valencia et Granada en 14 jours, ce qui fait une moyenne de 36 km par jour. Donc on va y aller cool, notamment pour gérer le relief. On verra aussi si on s'arrête une journée à Albacete si notre demande de couchsurfing aboutit.
Bref on plie notre tente sous le soleil qui monte et c'est agréable il faut l'avouer. Ca n'est pas trempé, il fait déjà une température agréable qui fait que la doudoune n'est pas nécessaire. C'est bon signe.
Nous commençons donc directement par remonter tout ce qu'on a descendu hier soir. Une demi-heure à transpirer et à penser à Silvia qui l'a fait hier soir après les 50 bornes et de nuit. Après être remonté dans le centre de Buñol !a continue à monter pour prendre une petite route parallèle à la grosse nationale. Ils appellent ça "route de service", c'est l'ancienne nationale. Ca nous rappelle la "Athens special road" en Grèce. C'est le même principe.
Le côté moins drôle c'est qu'elle n'est pas sur notre carte, ni sur le GPS. on avance donc un peu au jugé en suivant ce qui nous semble logique, jusqu'au moment où forcément la route se transforme en chemin et que sans qu'on comprenne pourquoi il y a une route de l'autre côté de la nationale. Comment elle est arrivée là ? comment la prendre ? Aucune idée. On se retrouve donc un peu obligés de reprendre la nationale. C'est une autovia, aucune indication d'interdiction aux vélos. Une belle bande d'arrêt d'urgence rien que pour nous :)
On fait quelques kilomètres avant de ressortir sur une aire de repos/station service. Pique-nique et ravitaillement en eau.
Après-midi courte, contournement de Requena et à la sortie on aperçoit un champ qui nous attire pour y poser la tente. Parfait.
Il fait très beau, il est un peu tôt mais ça va permettre de se recaler un peu niveau horaires :-)
On profite de la chaleur du soleil qui descend tranquillement, on peut se laver sans "optimiser" et en restant un peu à l'air même si on n'est pas secs... c'est vraiment appréciable.
Du côté des bonnes blagues. Hier Hélène a testé pour la première fois son nouveau cuissard Décathlon court acheté en Italie. En effet jusqu'à présent elle utilisait le long. Aujourd'hui elle constate qu'il y a une couture qui part en vrille. Malgré un nœud au bout du fil ça se défait quand même. Il va falloir faire de la couture sur un truc neuf. Après on ne pourra pas dire que j'abuse en disant que D4 fait principalement des équipements pour servir 3/4 fois par an. Certes il vaut 5 fois moins cher qu'un cuissard de marque respectable mais D4 a oublié d'expliquer qu'en fait ils ne vendent que le tissu et que c'est à soi de faire les finitions !!!
322è jour : Requena - Un peu après Casas Ibañez
28 février 2012
59,1 km, 12411 km au total
Tiens la condensation de la tente est gelée ce matin. Météo étonnante pour nous même si c'est probablement logique : 25°C dans la journée et 0°C la nuit. Cette fois on suit le programme officiel, à savoir réveil réel à 7h car pour que les choses se goupillent bien on va rejoindre Albacete en 2 jours car on a eu une réponse positive d'un couchsurfeur dans cette ville. Distance du but : 98 km. Ca serait un peu bizarre de le faire en 3 jours. On prend notre temps mais quand même. Du coup on aura peut-être la possibilité de rester 2 nuits à Albacete plutôt que de faire des micro-étapes à vélo. Ca serait plus intéressant.
La route commence par être relativement plate, enfin des petites montées/descentes de rien du tout, puis on entame une montée plus sérieuse. Le paysage est splendide, assez désertique, très sec en tout cas et les orangers ont désormais laissé la place aux pieds de vigne. Les oliviers font la transition et la terre rouge ferrugineuse complète le tableau.
On passe en l'espace de quelques heures de ce fameux 0°C aux 25°C, impressionnant, surtout croisé avec les montées qui nous réchauffent également. Une belle descente nous rappelle néanmoins qu'on est toujours en hiver, de même que nos arrêts à l'ombre. En tout cas l'ensemble est très agréable. Aujourd'hui comme on ne croise pas de grande ville ça ne sera qu'en milieu d'après-midi qu'on aura la possibilité de faire des courses. Par chance à 15h30 le Consum de Casas Ibañez n'est pas fermé, car la spécialité espagnole c'est quand même la fermeture des magasins entre 14h et 16h30 en général. Devant le supermarché un petit papy vient discuter avec nous, il nous trouve bien courageux, nous félicite, et on arrive un peu à se comprendre en espagnol... tout ça sert donc à quelque chose :)
La caissière est également très sympathique, elle fait remarquer le bronzage d'Hélène (jolies marques de lunettes hein :) et rigole bien quand je présente mon passeport pour vérifier que je suis bien titulaire de la carte bancaire... d'Hélène. Sans commentaire.
Nous ressortons de la ville et reprenons la nationale, qui rien que pour nous embêter a un petit air "neuf". Certes le bitume est très agréable, mais les glissières de sécurité et les grillages tout autour ne facilitent pas notre programme "recherche de lieu pour bivouaquer". On fait quelques tentatives sans succès. C'est pénible. Déjà les lieux ne sont pas géniaux (beaucoup de champs vides, de micro arbustes...) mais si en plus on ne peut même pas les rejoindre !!! On sort et revient sur la nationale après avoir constaté que tout ce qu'on risquait de gagner c'est 5 bornes de rallongis et de collines pour rien et finalement la 2è sortie sera la bonne.
Bivouac dans cet espèce de caillasse semi désertique qui caractérise le coin, mais cachés derrière quelques petits arbustes. Ca devrait être calme, l'activité la plus probable étant celle des petits lapins que nous voyons pour la première fois depuis le début de notre voyage. Etonnant comme lors de précédentes expéditions (Pays-Bas, Belgique, Angleterre) c'était un peu l'animal totem du voyage, autant depuis mars 2011 on n'en a jamais vus !
La météo annonce 2°C à Casas, on anticipe donc le gel en rase campagne, pourtant à 18h c'est difficile à imaginer, les pieds à l'air dans la tente, (Parmi les trucs marrants il y a le fait de repenser qu'il y a un peu plus de 15 jours on marchait sur la neige à Rome... étrange sentiment.), le tout en sirotant du coca et du jus d'orange... en faisant un peu de couture... le cuissard d'Hélène nécessite une retouche impérative car sinon le passage en machine à laver qu'on espère pouvoir faire demain risquerait de le faire ressortir en 2 morceaux : le cuissard d'un côté et un élastique de maintient au niveau des cuisses de l'autre !
323è jour : Casas Ibañez - Albacete
29 février 2012
44,2 km, 12455 km au total
La tente est bien gelée ce matin, comme quoi on commence à maitriser un peu la météo. Comme on a bien roulé hier, on s'est offert une demi-heure de rab de sommeil, agréable, ce qui permet de profiter du soleil levé et de ne pas trop se cailler en rangeant les affaires.
La journée s'annonce assez inintéressante côté route : suivre la nationale jusqu'à Albacete. Le paysage autour est malgré tout sympa. Entre les endroits semi-désertiques on découvre une jolie agriculture intensive sur l'espèce de plateau autour d'Albacete.
On croise quelques rivières, où du moins ce qu'il en reste et ça nous interroge vraiment : depuis la Grèce on n'arrête pas de passer sur des ponts et autres ouvrages d'art énormes... avec ce qui ressemble au lit d'une rivière asséchée au dessous. Parfois pas une goute d'eau, parfois un mince filet, parfois la zone est carrément en train d'être reconvertie en champ avec un mètre de large consacré à la rivière. Là où ça nous interpelle c'est que nous sommes en plein hiver, période où on pourrait s'attendre à avoir quand même le plus d'eau dans l'année. Allez peut-être que c'est "à la fonte des neiges" mais on n'a pas vraiment non plus vu beaucoup de neige, même éloignée. Bref la question à un paquet de milliards d'euros c'est : est-ce que nos émissions massives de carbone sont responsables de cette disparition des cours d'eau ou alors il y a d'autres explications ? Toujours est-il que ça ne nous rassure pas vraiment...
Nous rejoignons Albacete en milieu d'après-midi, et arrivons chez Pilar notre couchseurfeuse un peu avant qu'elle reparte travailler. Elle aussi bosse à partir de 16h30. En plus après le boulot elle prend des cours d'allemand donc nous allons avoir la soirée seuls ici. Nous sommes accueillis dans son grand appartement, elle n'a pas ses enfants aujourd'hui car ils sont chez leur père mais demain je crois que nous les verrons. Bonheur de la douche, miracle de l'internet (qui pour un peu de nouveauté ne fonctionne pas sur mon iphone mais partout ailleurs... décidément en Espagne on galère avec le net).
Allez je m'occupe des photos et je mets tout ça en ligne !
Ah ben tiens il semble que le pack de batterie Tekkeon vienne de cramer... Si ça ne remarche pas une fois qu'il aura refroidi ça veut dire qu'on ne va plus pouvoir charger l'ordi portable... super !!! J'espère qu'on aura assez de batterie pour écrire le récit jusqu'à Grenade où on pourra récupérer le chargeur d'origine. On en aura eu des emm*rdes avec ce truc !
324è jour : Albacete (jour off)
1er mars 2012
0 km, 12455 km au total
Bon j'ai failli écrire "pour cause d'insolation sur la terrasse du resto ce midi nous ne sommes pas en mesure de vous proposer notre programme habituel" mais allez, un peu de courage.
Donc ce matin on prend un petit dej' rapide avec Pilar qui va ensuite travailler. Elle tient un kiosque où elle vend les tickets de loto et compagnie. Hier soir on parlait de ce qui l'attend bientôt si le côté crise et désengagement de l'état se poursuit. Comme en France l'état à besoin d'argent à court terme. Et donc au lieu de conserver des "actifs" qui génèrent de l'argent sur le long terme, l'état vend à des sociétés privées ce qui peut lui rapporter du cash immédiat. Bilan, la "loterie nationale" espagnole risque d'être vendue à une entreprise privée qui par la suite remportera les gains. On fait la même chose avec les terrains et l'immobilier en France... vision à court terme quand tu nous tiens !
Pour nous le programme est la découverte du centre d'Albacate. C'est une ville sympa, sans plus mais sans moins non plus. Quelques monuments (une cathédrale, un théâtre moderne, ... mais je ne suis pas d'humeur "photo" donc vous ne les verrez pas :)
On erre comme d'habitude au gré du soleil, de l'ombre et des envies. On flâne un peu dans les boutiques de chaussures, la province de Castilla la Mancha dans laquelle nous sommes est réputée pour son cuir et aujourd'hui c'est le dernier jour des soldes. Il n'en faut pas plus pour Hélène, qui malheureusement ne trouvera pas son bonheur. De mon côté je lorgne les endroits où je pourrais laisser l'ordi portable à charger. Une boutique vendant des Mac, un café avec quelqu'un qui a un Macbook sur la table... même chose, rien à se mettre sous la dent. Finalement on atterrit dans le grand parc de la ville, on se pose au soleil pour profiter et ne rien faire. On discute en regardant les enfants de l'école d'à côté qui ont leur cours de sport ici, marrant.
On se force un peu à se mettre au rythme espagnol, il est à peine midi quand on commence à avoir faim mais on attend 13h30 avant d'aller oser se trouver un petit resto pour poursuivre notre découverte de tapas. Ayant eu un peu froid lorsque nous étions à l'ombre dans le parc nous optons pour une terrasse au soleil et qui le restera avec l'avancée dans le temps. On déguste quelques trucs vraiment excellents : une salade de tomates/oignons/thon/œuf dur/olive/huile d'olive : rafraichissant et délicieux. Egalement une petite assiette "découverte" avec du chorizo, fromage local et tartine de saumon (offerte à chaque fois qu'on commande une boisson, c'est fréquent ici). Ensuite du fromage frit avec de la confiture de cerises : une tuerie comme dirait Hélène. Ensuite comme le poulple n'est pas disponible aujourd'hui on se rabat sur les calmars frits, excellents également. Par contre grosse déception sur les Patatas Bravas (pas de photo) qui sont un peu des pommes de terre surgelées frites avec du ketchup et de la mayo alors que normalement c'est une compotée tomates/piments et de l'aioli. Enfin comme on s'en sort pour moins cher que prévu on ne se plaint pas trop. C'est l'inverse de l'Italie : on aurait du payer 17 euros de "nourriture" et 2 cocas dont on ne sait pas les prix, la serveuse nous demande 17,50 (cool 2 cocas pour 50 centimes) mais finalement quand elle nous rend la monnaie ça fait qu'on ne paye plus que 16,50 euros. Viva España !
Le côté moins drôle de tout ça c'est qu'on est restés en plein soleil pendant longtemps, et que quand on repart on est très flottants, envie de faire la sieste... bref un peu moyens. On rentre donc vers l'appartement en faisant d'abord un petit tour dans le grand centre commercial pour faire quelques courses pour les jours à venir (et voir s'il n'y a pas de chaussures pour Hélène). L'envie n'y est pas et on traverse rapidement la galerie commerciale. Cette fois c'est Hélène qui cherche du wifi car elle a acheté des bouquins sur le store Amazon hier sur l'ordi de Pilar et il faut que son Kindle se connecte au wifi pour les télécharger. C'est marrant, ça change... mais là encore point de wifi :(
On atterrit donc rapidement dans le supermarché Eroski, un genre d'énorme Leclerc ou Carrefour. Il est 15h30 on doit être environ 5 personnes au plus haut de la fréquentation en incluant le personnel qui range les rayons. C'est vraiment impressionnant ce rythme espagnol, tout le monde doit être à faire la sieste :) On réfléchit à ce qu'on pourrait faire comme connerie dans les immenses allées, Hélène propose faire du roller, mais on n'a pas ça sous la main. C'est bête qu'on n'ait pas le tandem ça aurait pu être sympa. Bref c'est dans ce supermarché fantôme qu'on ravitaille, sans entrain, totalement mous, flottants, avec le mal au crâne qui pointe.
On rejoint l'appart où on se pose. Hélène bouquine et moi je m'effondre sur le lit. Quels cons on a été, quand on fait du vélo on maîtrise ce genre de situation : casque quand on roule (protéger du soleil est son intérêt principal), buff sur la tête quand on est à l'arrêt, et savant choix du lieu pour pique-niquer pour ne pas se geler ni rôtir. Mais là dans une ville, sur une terrasse de resto on est un peu démunis et nos cerveaux ont du mal à chercher comment gérer au mieux la situation.
Les enfants de Pilar reviennent avec leur tante. Ca ne sont pas des furies mais quand on est nazes ça n'est pas évident à gérer. On reste un peu à part dans la chambre, moi je passe en mode hibernation. Pilar rentre ensuite, Hélène va un peu mieux et se charge de nous représenter. Pour ma part je reste à me morfondre dans ma douleur. Hélène pourrait vous raconter la soirée, moi je zappe le diner et ne sort pas du lit jusqu'au lendemain. Insolation : 1 / Olivier : 0 !
325è jour : Albacete - Balazote
2 mars 2012
29,7 km, 12485 km au total
Ce matin ça va mieux, Hélène aussi, donc même si Pilar nous a proposé de rester une journée de plus si besoin on se décide pour partir quand même. On a de la montagne à faire dans les jours qui viennent ET de l'avance, donc on va essayer de conserver l'avance pour gérer la montagne en ne faisant que des étapes assez courtes. Si on se retrouve avec encore 50 km quotidiens imposés et sans pause, ça va être moins drôle car on a 9 jours de route.
On décolle malgré tout tranquillement, après une dernière douche (la prochaine dans 9 jours ? houuuu). Il est 11h30 quand on quitte Albacete, sous les nuages. La météo prévoit de la pluie dans l'après-midi, pas cool mais pas non plus insurmontable car ça n'est qu'une demi-journée. Ensuite le beau temps est censé revenir. Espérons que ça apportera un peu d'humidité dans les nappes phréatiques qui en ont bien besoin. On a abordé le sujet avec Pilar et elle confirme bien la problématique. La province de Castilla La Mancha est l'une des plus sèches d'Espagne, mais il y a bien un déficit en eau très notable ces 2/3 dernières années. Tout ça semble donc bien se rejoindre !
Les premiers kilomètres sont tranquilles, il fait frais et on supporte bien la polaire et le coupe-vent. Le vent justement nous souffle en pleine poire et on dépasse difficilement les 13 km/h même si c'est relativement plat.
On se pose pour déjeuner dans un champ mais le temps qu'on déballe les affaires il se met à pleuvoir un peu. On remballe tout et faisons 500 mètres supplémentaires pour s'abriter le long d'un hôtel restaurant pour prendre notre pique-nique sous un porche en tôle, le long d'un mur qui nous coupe du vent. Il fait néanmoins bien frais et on finit par rentrer dans le resto pour prendre un café bien chaud. Ah "un cafe solo" un bon expresso qui remplit une tasse de taille correcte, ça fait plaisir.
On repart sous le vent et surtout quelques minutes à peine après être remontés sur le vélo la pluie se manifeste plus sérieusement. Mode cosmonaute activé, ça nous rappelle l'arrivée à Rome... si proche en jours et déjà si loin dans nos esprits. Tiens la dernière fois qu'on a utilisé les moufles étanches c'était à cette occasion !
On poursuit en ligne droite, vent dans la tronche pendant un bon moment. La pluie s'avoue vaincue mais pas le vent. Au bout de 30 bornes on repère un bon coin bivouac. On sait qu'ensuite on rentre dans une espèce de vallée/montagne donc ça sera probablement plus difficile et plus en altitude, donc autant en profiter.
On profite également du fait de s'arrêter pas trop tard pour faire un peu de réparations : les sacoches arrières ont quelques accrocs, le tapis de sol de la tente aussi. Un peu d'huile sur les chaînes, un peu de tri dans le ziploc "réparation" qui prend trop de place dans une petite poche d'une sacoche et qui justement est à l'origine d'une déchirure... bref l'entretien courant. On n'a pas d'aspirateur à passer ou de toilettes à nettoyer mais on a nous aussi notre petit bricolage, pas forcément toujours sympa mais il faut bien le faire.
Ensuite pendant que ça sèche, ben comme d'habitude : Hélène bouquine et Olivier écrit :-)
326è jour : Balazote - Robledo
3 mars 2012
42,8 km, 12528 km au total
La journée commence mal puisque l'iPhone ne se charge pas. Déjà hier on avait eu un petit souci, mais en bidouillant les prises de l'e-werk ça avait finit par fonctionner. Ce matin le verdict est clair : il y a un bon gros faux-contact des familles dans l'un des cables, celui qu'on n'a pas fait réparer en Grèce. La gaine du fil est moitié sectionnée, on voit la tresse métallique : pas bon du tout. On essaye de stabiliser le truc avec du gaffa en espérant que ça tienne jusqu'à Grenade. Hélène appelle ses parents pour qu'ils nous commandent un e-werk neuf parce que comme on doit désormais vraiment compter dessus et que la cassure est au raz de la prise, la réparation semble compromise. On espère qu'ils pourront trouver un site qui livrera rapidement puisque dans exactement 7 jours ils seront à Grenade avec nous. On à hâte.
Bref c'est toujours du côté de l'électronique que ça lâche. Après le pack de batterie ça commence à faire beaucoup. En même temps cet iPhone il nous sert à tellement de trucs qu'on n'a pas trop envie de s'en passer : cartes/GPS, guides touristiques, emails, lecture pour moi, infos de météo, et aussi accessoirement téléphone et SMS :-)
Bon on repart donc un peu dégoutés sous un ciel gris bien lourd. Le programme de la journée : passer de 700 à 1000 mètres en 35-40 km, c'est à dire une montée douce et régulière on l'espère.
La réalité est conforme à nos attentes et c'est donc une montée plutôt agréable. Comme quoi une fois de plus l'altitude n'a pas de réelle importance, c'est surtout la manière dont ça monte qui compte. La route nationale est très tranquille, ça nous arrange bien, et elle a due être refaite récemment car le bitume est très lisse, génial. On s'arrête prendre de l'eau à une fontaine dans un petit bled, sous le regard d'une mamie qui se croit cachée derrière son rideau, c'est marrant. Pendant les 5 minutes où nous sommes arrêtés elle ne nous quitte pas des yeux. Quand on repart je lui fait un grand signe d'au-revoir et le rideau se referme promptement : grillée :-)
En fin d'après-midi nous passons le point à priori le plus haut : 1058 mètres. Un nouveau record pour nous. On a bien plus souffert en faisant des oscillations autour de 3/500 mètres en Italie qu'ici deux fois plus haut. On espère juste que la nuit sera clémente avec nous car un peu fatigués nous bivouaquons quasiment au sommet. C'est rarement une bonne idée, mais la météo récupérée ce midi sur un improbable point d'accès wifi nous donne 3°C au plus bas dans le village juste à côté... on devrait survivre.
En "vidant" le tandem ce soir pour rentrer les affaires dans la tente, un porte bidon me reste quasiment dans les mains. Une soudure pétée, marrant car c'est celui du bidon le plus petit et le moins utilisé ! Va comprendre. Je répare avec un collier rislan en espérant que ça tienne quelques jours, sinon on mettra le bidon dans la remorque ou je ne sais où. Ca n'est pas gravissime (charger l'iPhone l'est bien plus à nos yeux) et ça n'est pas le genre de truc trop compliqué à retrouver (un e-werk c'est une autre paire de manches) !
327è jour : Robledo - Villapalacios
4 mars 2012
38,7 km, 12566 km au total
Les nuages de ce matin empêchent le séchage de la tente. Il a à peine gelé, c'est donc surtout très humide. Le paysage change doucement, devient un peu plus vert et moins désertique. Les oliviers reviennent en force au fur et à mesure que nous perdons de l'altitude. Oh on reste quand même autour de 800 mètres, ça n'est pas non plus le niveau de la mer. La route est très calme en ce dimanche matin, toujours aussi lisse et nickel. C'est très beau mais il manque le rayon de soleil. Certes parfois il vient juste éclairer un tout petit morceau du tableau, mais c'est un peu court pour réellement en profiter... ou encore avoir le temps de sortir l'appareil photo.
Le vent dans le visage, on peine parfois à grimper quelque côtes. On joue au traditionnel chaud-froid qui empêche de savoir quelle est la couche idéale à porter sur le dos. On s'en sort néanmoins pas trop mal. Ce midi on monte la tente pour se protéger du vent un peu frais, et puis de toute façon il fallait la sortir pour la faire sécher.
On repart faire quelques kilomètres mais nous sommes quelques peu stoppés dans notre élan par une crevaison sur le pneu de la remorque. 38 km au compteur, un coin bivouac potentiel à côté, allez on y va on se lance histoire de pouvoir se faire une répartition de tâches utiles (l'un répare pendant que l'autre monte la tente) plutôt que d'avoir Hélène qui se gèle sur le bord de la route.
On fait donc quelques dizaines de mètres pour se trouver l'endroit idéal pour planter et je m'attelle à mettre... 2 rustines... pour 3 endroits (très différents) qui ont perforé le pneu ! Un morceau de verre, une grosse épine et une agrafe. Alors peut-être que l'un des 3 éléments n'a pas été jusqu'à percer la chambre, en tout cas espérons sinon demain matin ça veut dire qu'il faudra redémonter pour mettre une troisième rustine.
Forcément comme un souci ne vient jamais seul, je découvre que le tube de vulcanisation (vous savez, la colle à rustines) est vide, le solvant s'est évaporé car le bouchon s'est... cassé ! Pourtant le tube était dans une petite boite plastique !!! Mais Olivier est bien préparé, il connait cette bonne blague... Je me souviens d'ailleurs avoir fait un cours de "alors comment on répare une crevaison tu vas voir c'est facile" à une collègue il y a quelques temps. La bonne blague c'était "bon alors voilà tu as tout démonté, tu vois ça prend 30 secondes, tu sors le petit papier de verre, grat grat, c'est fait, la rustine juste à côté, voilà, bon tu mets de l'espèce de colle, là comme ça... ah attends ça sort pas... ah merde le tube est vide !!!". Outre l'échec cuisant de ma démonstration, j'étais aussi rentré à pied chez moi !
M'enfin avec le 2è tube tout neuf c'est vite réglé. On remet quelques bars, on écoute (facile en plein air dans le vent)... visiblement ça n'a pas l'air de se dégonfler. Comme je disais tout à l'heure : verdict demain.
En attendant dans la tente ce soir on trouve : une tique !!! La première de l'année 2012 ! Grrrr, on s'en passait bien, l'hiver c'était pratique pour ça...
328è jour : Villapalacios - Gutar
5 mars 2012
46,8 km, 12613 km au total
Finalement il n'y a pas eu besoin d'attendre le lendemain pour voir que la chambre à air fuyait toujours. Un peu avant la tombée de la nuit je m'arme donc de courage, enfin plutôt me réarme de courage, et sors réparer. En effet encore un petit trou. Nouvelle rustine, nouvelle inspection du pneu : nan il n'y a pas d'élément perforant restant !
Ce matin au réveil le constat est de nouveau affligeant : le pneu est à plat. Non mais c'est quoi ce truc !!! Ce matin c'est Hélène qui prend un cours de réparation et c'est elle qui démonte, colle, remonte... pendant que la tente sèche au soleil qui est de retour mais encore un peu bas. La vue sur 360° est vraiment magique, c'est un coin bivouac exceptionnel !
La réparation terminée on finit de charger et hop c'est reparti. On traverse un premier bled pour ravitailler mais en fait le bled est tellement blédique qu'ia part 3 maisons on a aucune chance de trouver de quoi manger. Tant pis il y a de quoi faire une nouvelle tentative dans une quinzaine de kilomètres. Finalement on arrive à trouver un petit supermarché. Pour une fois on se sépare en 2 équipes : Hélène va acheter de quoi manger et de mon côté je... répare la chambre à air de la remorque car ça fuit toujours. Oui oui, ça frôle l'insolence.
Après 10 minutes à inspecter la chambre je trouve un trou microscopique qui semble responsable de nos malheurs. Pas de bulles, pas de souffle, pas de bruit... mais bon ça doit être ça.
On se retrouve à la sortie du supermarché, timing parfait.
On fait quelques kilomètres pour trouver à pique-niquer au soleil et poursuivre mon programme abandonné au printemps dernier : 15 minutes d'exposition au soleil par jour. J'avais commencé il y a quelques jours mais les nuages et la pluie m'ont un peu refroidis... on verra bien.
A la fin du repas je vais voir mon pneu... ça fuit toujours ! Mais bon en regonflant sévèrement on devrait passer l'après-midi sans souci. A ce stade ça n'est plus pénible c'est juste du n'importe quoi.
Le truc sympa c'est qu'il refait de nouveau vraiment beau et chaud. J'enlève les jambières pour la première fois de l'année !
La matinée était plutôt roulante avec une légère pente descendante bien agréable qui nous a permis une moyenne au dessus de 20 km/h mais cet après-midi ça monte. La recharge de l'iPhone n'est donc pas vraiment à son top et on finira l'après-midi avec une batterie chargée à seulement 85%... Globalement il faut 40 km effectués au dessus de 12 km/h pour recharger la quarantaine de pourcents perdus en utilisation le soir. Il ne faut pas trop laisser le truc filer parce que sinon de jour en jour après la recharge en roulant on aboutit à un pourcentage inférieur. 92% hier soir, 85 ce soir, et combien demain ? Bon j'ai quelques piles que je peux utiliser pour le recahrger au cas-où mais c'est plutôt du dernier recours.
Côté ordi portable c'est un peu pareil. Là j'écris dehors, car on a planté la tente dans un champ d'oliviers "avec vue" et au soleil la tentation de monter la luminosité de l'écran est grande... mais il reste encore 5 jours à tenir... économisons. C'est dingue comme ces bidules électroniques ont la faculté de nous pourrir la vie :) Mais visiblement il y a une compétition acharnée entre les systèmes de recharge et les chambres à air !
329è jour : Gutar - Torreperogil
6 mars 2012
47,5 km, 12661 km au total
Des oliviers à perte de vue, c'est le programme de la journée. On en profite pleinement grâce à l'action conjuguée du soleil et de ce qu'on appelle "la route des crêtes". En effet la nationale 322 surfe sur les sommets des montagnes. Par moments on a ainsi une vue dégagée des 2 côtés, sur 2 vallées distinctes. C'est magnifique, des champs d'oliviers derrière d'autres champs d'oliviers. C'est assez marrant également de voir le trafic routier : des 4x4, des fourgonnettes avec sur le toit des bobines de tuyaux d'irrigation, ... les rares bâtiments qu'on croise sont des usines d'huile d'olive. Le paysage est splendide et au fond on aperçoit des montagnes plus acérées... et aussi enneigées. La carte indique qu'on parle de pics autour de 2400 mètres, c'est donc assez logique. De notre côté on s'en tient à des oscillations entre 500 et 800 mètres, c'est déjà pas mal. Le concept de route des crêtes est lui aussi logique quant à son relief, il ne faut pas s'attendre à une belle route bien plate ! M'enfin ça reste tout à fait correct, les moments les plus durs sont les bretelles de sortie/rentrée sur la nationale qu'il faut emprunter pour contourner un bout de route effondrée ! Impressionnant.
Ce soir nouveau bivouac dans un champ d'oliviers, avec une vue encore plus dégagée qu'hier, c'est juste magique.
Côté matériel, le pneu de la remorque n'a donc pas tenu la pression la nuit dernière. On a néanmoins réussi à rouler avec toute la journée en regonflant simplement à 2 reprises. Néanmoins ce soir j'abdique et échange la chambre avec une autre "qui fuit" mais qui de souvenir ne nécessitait qu'un regonflage tout les un à deux jours.
330è jour : Torreperogil - Bélmes de la Moraleda
7 mars 2012
40,7 km, 12701 km au total
Une nouvelle superbe journée, oui je sais c'est lassant. J'ai bien d'autres trucs sous le coude à vous raconter mais je les garde pour plus tard quand j'aurai un chargeur de batterie pour l'ordi parce qu'il reste encore quelques jours avant d'avoir la possibilité de le charger et j'aimerai quand même pouvoir l'utiliser jusqu'au bout.
Donc le réveil dans le champ d'oliviers, avec la vue dégagée et le soleil qui passe juste l'horizon, c'est magique. Le genre de moment idyllique, avec la chaleur qui arrive doucement, les couleurs qui changent minute après minute, royal. Dire qu'il y en a qui vont au boulot aujourd'hui. Bon enfin hier soir il a quand même fallu démêler quelques soucis de Google Adwords à distance, toujours un régal quand on n'a pas d'accès au net.
Nous notre programme c'est de descendre au creux de la vallée avant de remonter de l'autre côté. Ca commence donc de manière plutôt sympa avec une belle descente. Mais psychologiquement c'est quand même difficile de se dire "mince je suis obligé de freiner alors que dans moins d'une demi-heure nous serons petit plateau-grand pignon à transpirer pour remonter". La bonne blague c'est quand on tombe nez à nez avec un nouvel affaissement de terrain et la route tout simplement coupée. Ah c'était donc ça que le cycliste qu'on a croisé nous a dit et qu'on n'a pas compris. Remonter par où on est arrivé est tout simplement inenvisageable, on passe donc sur le côte de la barrière, descend le vélo en dérapage contrôle et remonte de l'autre côté. Durée de l'opération : 3 minutes et 30 secondes, bien plus intelligent que de repasser 1 heure à remonter.
Dans les champs d'oliviers tout le monde s'active à tailler des branches. Ca doit être la période. Moi qui suit nul en jardinage (j'ai d'ailleurs le bouquin éponyme sur l'iphone mais pas encore pris le temps d'y jeter un œil) je me souviens d'un vague conseil "on taille en sève descendante", ce qui semblerait signifier qu'ici avec le soleil et la chaleur c'est déjà bien tard pour tailler mais en même temps quand on voit les étendues, les milliers, voire dizaines ou centaines de milliers d'arbres on se dit que ça doit prendre un temps certain que de mettre au net tous ces oliviers. Ils y sont peut-être depuis le lendemain de la fin de la récolte... qui a lieu normalement aussi en hiver. C'est clair qu'ils ne doivent pas chômer. Avec Hélène on s'imagine la motivation qu'il faut le matin pour commencer à tailler le premier olivier sachant que le rang s'éloigne à perte de vue et que des rangs il y en a également à perte de vue. Ca ne doit pas être marrant tous les jours. Encore un de ces instants où nous nous sentons privilégiés.
Une fois passés de plus de 700 mètres à un peu plus de 300 nous avons exactement le programme inverse à effectuer. La recharge de l'iphone cesse puisque nous passons sous la barre des 10 km/h. 15 minutes de charge pendant la descente et désormais ça s'annonce un peu mort pour la journée :-(
Nous montons donc doucement mais sûrement. On profite à fond du spectacle de cette superbe vallée.
On finit par arriver à Jodar seule ville prévue sur notre route pour la journée. Ravitaillement complet donc : eau et nourriture. Un petit parc à la sortie accueille notre pique-nique. Pas mal de personnes passent devant nous et nous devons une fois de plus constater que les espagnols sont hautement plus agréables que leurs homologues aux cafés courts de l'autre côté de la Méditerranée. Même si peu entament la conversation on a le droit à des bonjours, bon appétit, bon courage et même une info sur la présence d'un point d'eau pas très loin... on apprécie.
L'après-midi recommence avec la suite de la montée, et peu après une alternance montées-descentes gérables et qui surtout nous font passer de vallées en vallées de manière spectaculaire. Un instant plus un olivier en vue mais des falaises désertiques. Quelques buissons, puis des pins, et de nouveau des oliviers, des retenues d'eau, un mélange d'un peu tout. C'est de nouveau magique. Si vous avez l'occasion de passer ici, même en voiture, c'est vraiment quelque chose à voir. La route entre Ubeda et Grenade. Bref malgré le relief (Hélène a revérifié hier sur Google Maps, ça n'aurait vraiment pas été mieux par la côte) on ne regrette pas un instant notre choix de "couper" par les terres. Ca permet de varier les paysages, de découvrir une autre facette du pays.
Par contre les vallées étant plus montagneuses (ça se dit ça ?) les routes sont plus taillées à flanc de montagnes et ne laissent que peu de place aux coins de bivouac. Je rêvais d'un troisième coin avec vue encore mieux que les deux derniers mais pour ce soir c'est râpé. On finit dans le creux d'une petite vallée abrupte, le long d'un petit cours d'eau. Quelques oliviers pour se cacher mais ils sont en espaliers et rien n'est vraiment plat. Après un choix difficile on finit par un choisir un et se planquer dessous. On profite des derniers rayons du soleil avant qu'il ne passe derrière la montagne proche pour me laver les cheveux. Après autant de jours sans douche j'ai un peu la gratte qui me tête. On se fait déranger par un mec en voiture, oups, on est justement en plein milieu du chemin avec notre bidon d'eau, serviette, shampoing... visiblement il ne fait qu'un aller-retour et n'a pas l'air d'avoir grand chose à faire de notre présence, tant mieux :-) Espérons que la soirée et la nuit soient du même acabit.
331è jour : Bélmes de la Moraleda - El Navazuelo
8 mars 2012
32,9 km, 12734 km au total
Nous sommes dans l'ombre ce matin, il fait bien frais et ça ne facilite pas l'émergement ni le départ, mais dès que nous reprenons la route qui elle est au soleil nous crevons vite de chaud. Ca monte et autant ne pas se faire d'illusion : aujourd'hui est une journée de montée. Passer de 700 à 1100 mètres, redescendre autour de 900 pour traverser une ville au creux d'une vallée et remonter à 1100 mètres juste derrière. Tout un programme !
Le truc sympa c'est que quelques minutes après notre départ on passe devant un resto routier qui a du wifi... cool, on peut checker nos emails, vérifier la météo, ...
La suite est donc une lente mais sérieuse montée, quasi ininterrompue. On morfle pas mal, on transpire, on s'arrête reprendre notre souffle, et toujours des oliviers autour de nous. Quand on s'arrête à midi passé pour pique-niquer on n'a toujours pas atteint notre sommet même si on a déjà crevé un nouveau record d'altitude.
Le soleil est légèrement voilé mais surtout le vent rend la température plus fraîche que d'habitude. On ne se démonte pas et au contraire on profite de notre pause pour jouer avec des fourmis. Oui on a déjà évoqué le sujet il y a plusieurs mois, mais pendant ce voyage on a quelques tendances à redevenir enfant. Ces derniers temps on refait en boucle la chanson "trois petits chats" en y intégrant une quantité phénoménale de mots. Parfois ça ne finit d'ailleurs jamais par boucler, on reste bloqués sur "ième" par exemple... ième de quoi ? comment enchaîner (sans trop déformer non plus, "iaime les fraises" ça ne marche pas par exemple :-) ?
Enfin bref ce midi on a posé notre paréo juste à côté d'une belle fourmilière et après avoir posé quelques miettes qui ont eu pas mal de succès - les fourmis les emportant à l'intérieur de leur caverne - on attaque les choses plus sérieuses : allez on met une grosse miette de pain de mie, juste un peu plus grosse que la porte d'entrée de la fourmilière et on regarde comment elles se débrouillent. Tout d'abord il faut avouer que ce que vous avez peut-être vu dans la série d'animation Minuscule c'est pas vraiment la réalité. Même si les fourmis déplacent des trucs très gros et lourds en comparaison de leur taille, elles ne sont absolument pas organisées militairement, en rangs parallèles et synchronisées au sifflet de la fourmi chef. Ca c'est à la télé :) Bref, elles errent un peu dans tous les sens pour trouver une solution. La miette bouge un peu parfois, grâce à l'action conjointe de plusieurs, et se déplace globalement dans la direction de l'entrée, mais c'est un peu aléatoire. Finalement au bout de quelques minutes la miette se retrouve coincée dans l'entrée. On imagine la réunion à l'intérieur avec les avis du genre "il faut tout faire pour la mettre à l'abri, c'est une providence, il faut en profiter", "nos ingénieurs ont étudié le phénomène, il n'y a pas moyen que ça passe", "peut-importe le temps que ça prendra et combien ça coûtera, IL ME LA FAUT !", "bon heu c'est pas bientôt fini votre blocage, moi je veux sortir, j'ai envie d'aller au petit coin"... passionnant sûrement les réunions de fourmis.
Bref on découvre donc que nos chères bébêtes s'attaquent à la miette et la débitent en petits morceaux, un peu comme les gens dans les gens autour de nous débitent les branches des oliviers... nous ne sommes finalement rien de plus que de grosses fourmis.
Une fois la miette pulvérisée et l'entrée dégagée, nous ne pouvons nous empêcher de poursuivre nos expériences en mettant diverses miettes : maïs soufflé, pépite de chocolat, morceau de biscuit... nos études hautement scientifiques démontrent la préférence de la fourmi pour le chocolat... enfin plutôt "sucre, graisse végétale hydrogénée, poudre de cacao, beurre de cacao..." bref les pépites. Ensuite le biscuit sucré au miel a un bon succès, mais le maïs les laissent perplexes...
Nous poursuivons ensuite en créant un nouveau cataclysme : le paquet de cookies étant fini et ayant bien voyagé auparavant, il y a une bonne quantité de miettes au fond... que nous déversons devant l'entrée de la fourmilière : de la nourriture pour tout le monde pour un mois... elles sont comme des dingues forcément (c'est peut-être l'effet du sucre). Là encore on s'imagine les conséquences : les bébés fourmis qui ne veulent plus manger leurs feuilles vertes broyées "maman je veux du sucre", les "ouvrières" perdues par l'absence de travail à faire, le surdéveloppement de la colonie... suivi par le manque de nourriture par la suite... voire même une réaction en chaîne qui fait que notre colonie sort de la chaîne alimentaire habituelle et fait s'effondrer tout le reste. La fin du monde quoi.
On a souvent ce genre de pensées quand on vient ajouter un peu d'eau au pied d'un olivier (sera t'il plus grand que les autres) ou de l'engrais naturel...
Enfin bref il faut bien repartir à un moment, et c'est pour remonter encore un peu. Heureusement s'ensuit une jolie descente nous propulsant à plus de 74 km/h mais un peu courte pour recharger l'iphone :( Ouais le drame quotidien se poursuit !
Redescendus à nos 900 et quelques mètres il est temps de remonter. La route est indiquée comme "fermée"... hum... pas cool. On regarde la carte, ça signifie un rallongis d'une quinzaine de kilomètres, pas bon. On tente le coup. A priori c'est juste que la route "va" être refaite et donc que pour l'instant c'est de la caillasse. On fait quelques centaines de mètres, globalement quand ça monte, que ce soit sur du bitume ou des cailloux, on se traine, et la vitesse n'a pas l'air bien différente. Allez on se lance. L'avantage c'est que c'est calme du coup. On fait 8 kilomètres en grimpette, pas évident, heureusement on a le vent dans le dos. Arrivés au pic, on se décide à camper. Ca fait la deuxième fois qu'on fait ce choix stupide : bivouaquer au plus haut, donc au plus froid et au plus venteux. Mais bon la vue... on essaye quand même de s'abriter un peu derrière un muret et des arbres, ça devrait le faire. La météo annonce 0°C... on va peut-être se cailler un peu en fin de nuit mais bon... la vue...
332è jour : El Navazuelo - Parque de Cubillas
9 mars 2012
39,4 km, 12774 km au total
Enfin, ça descend. Au début sur notre route caillouteuse, donc ça n'est pas exceptionnellement agréable, mais le fait de ne pas avoir à pédaler, que le paysage défile, que l'iphone charge... c'est quand même appréciable. Du coup malgré le traditionnel arrêt "courses" on a fait plus de 25 km en fin de matinée... ce qui nous permet une très longue pause pour bouquiner ce midi. Hélène finit un bouquin, moi j'avance bien dans... je vous dirais bientôt, j'ai plein de trucs à vous raconter côté bouquins... teasing... mais batterie de l'ordi quasi à plat... on verra plus tard.
Après-midi du coup très courte, mais ça n'est pas grave, au contraire car nous nous rapprochons dangereusement de Grenade. On ne trouve pas de fontaine, station essence ou autre pour ravitailler en eau, mais là non plus ça n'est pas grave, il nous reste à priori juste ce qu'il faut dans les bidons. Du coup on fait quelques kilomètres un peu coincés entre la voie rapide, les rails, un cour d'eau... et du coup la ville n'est vraiment plus très loin, il nous faut trouver un endroit où se poser. On voit un bout de forêt près d'un lac, on essaye... pas génial, un peu glauque, un peu visibles, mais bon, il faut savoir accepter ce qu'il y a si on ne veut pas finir planqués dans des buissons minables entre deux immeubles ou payer une chambre d'hôtel ou rebrousser chemin.
333è jour : Parque de Cubillas - Granada (Grenade)
10 mars 2012
13,1 km, 12787 km au total
Pour fêter mon millième mot appris en espagnol hier soir, au lever ce matin je dois me débrouiller avec 2 policiers/gardes forestiers (?) qui viennent un peu voir ce qui se passe ici, pourquoi il y a une tente. Même si je confonds maintenant et aujourd'hui on arrive à se comprendre et ils repartent satisfaits. Aucun souci pour rester ici tant que c'est juste une nuit. Cool, en plus ils sont sympa.
Etrangement ce matin, même en trainant on décolle en moins de deux heures, ce qui fait qu'on risque très fort d'être très en avance. On a négocié "autour de midi" pour récupérer les clés de l'appartement dans lequel nous allons passer la semaine à venir avec les parents d'Hélène mais on risque plutôt d'y être pour 10h30. Comme il n'y a personne avant ça ne devrait pas poser de problème mais on préfère en s'assurer... et cool, on goupille un rendez-vous qui nous arrange.
Un peu avant 11h, après avoir pris les petites routes pour rentrer dans le nord de Grenande, nous arrivons devant l'appartement. C'est Olivier le cousin de Cécile (Couchsurfeuse de Rome) qui est propriétaire de l'appart et le loue. On est contents d'une fois de plus faire fonctionner les "connexions" autrement qu'à sens unique.
On profite donc du luxe du logement : douche, télé et Carrefour juste à côté pour trouver quelques trucs en prévision du diner. Les parents d'Hélène arrivent assez tard dans la soirée (enfin tard façon "bivouac" et tôt façon "soirées espagnoles" :-), bref vers 21h30.
La suite... on verra. On est de nouveau dans un appartement sans wifi, à priori on devrait pouvoir squatter un wifi voisin, mais la qualité de connexion n'est pas terrible, j'espère déjà pouvoir mettre texte et photos en ligne ce soir (si j'ai suffisamment de batterie)... à suivre... On va passer une semaine ici mais surtout probablement à rayonner autour de Grenade : Cordoue, Jaen, Malaga, Séville, Gibraltar ??? Rien n'est encore défini, on va en discuter.