292è jour : Napoli - Caster Volturno
29 janvier 2012
50,0 km, 11606 km au total
Réveil de bonne heure pour dire au revoir, merci et souhaiter bon retour à mes parents qui reprennent l'avion pour Paris (puis un train puis une voiture puis...). On repackage ensuite nos affaires et alors que la femme de ménage arrive dans l'appartement, nous descendons le tandem et les bagages dans la cour et reprenons... la route.
On a potassé un peu le trajet, notamment avec le propriétaire de l'appartement qui est venu faire un tour hier (il s'était gouré d'un jour dans son planning, il avait probablement trop fait attention). On prévoit de longer un peu la côte pour sortir de Naples. Ca n'était pas notre choix initial mais visiblement il y a des tunnels là où on trouvait que ça allait monter sévère donc ça devrait être plus sympa que de traverser par les banlieues du nord.
Ca commence très fort par un double effet kiss-kool :
- on déraille de la chaîne primaire, on ne sait pas trop pourquoi. Certes elle n'est plus très tendue et les secousses des pavés favorisent l'incident, mais de là à être suffisant pour le provoquer...
- il y a un marathon, la moitié de la côte est bouclée, ce qui ne nous arrange pas vraiment. Merci le GPS pour s'improviser un parcours alternatif sans se rallonger de 5 kilomètres.
On progresse finalement plus vite que prévu et la sortie de la ville se passe sans encombre majeure. Le dimanche le trafic est plus calme qu'en semaine, parfait pour nous. On croise même pas mal de cyclistes dont certains oseront même un "ciao"... terrible.
Sur le trajet je trouve d'ailleurs le mot qui me titillait depuis pas mal de temps pour décrire "l'attitude globale des gens" qu'on ressent en Italie. On met des warnings une fois de plus car vous savez qu'on n'aime pas trop mettre tout le monde dans une même case, et même de manière générale catégoriser les gens, mais donc l'impression qu'on perçoit c'est "le mépris". L'indifférence c'est une chose, ça ne nous dérange pas plus que ça, mais ajoutée au mépris ça commence à être pénible. Alors le mépris ça n'est pas juste envers nous, c'est vraiment une tendance générale :
- mépris de l'autre. Associé à un certain égoïsme et une superficialité ça donne ces fameux "pousse toi de là que je m'y mette", cette absence d'imagination que l'autre peut penser différemment de toi, avoir des envies autres... le chuchotement pour ne pas réveiller la moitié de la rue à 4h du matin c'est un concept extra terrestre :-) En vrac quelques autres : le fait de nous regarder intensément, de nous dévisager, d'analyser le vélo, de manière tout sauf discrète, mais sans jamais venir nous parler. C'est très "je prends (regard) mais ne ne donne rien (discussion)". Même chose pour le clignotant sur les voitures comme dit Hélène "pourquoi le mettre ? moi je sais que je tourne !"...
- mépris des objets : l'état lamentable des voitures ou des bâtiments par exemple. Ah si par contre ils ne méprisent pas leurs grosses lunettes de soleil Gucci :-)
- mépris de la nature : Naples et ses alentours c'est globalement aussi crade que la Roumanie. Comme on dit "ça la fout mal" pour un pays censé être autrement plus développé. Les poubelles dégueulent, les bouteilles partout sur les bas côtés, mais aussi explosées partout sur les trottoirs.
- mépris de l'étranger. On a perçu beaucoup d'absence de la moindre volonté de se mettre au niveau des non italophones. J'en ai déjà pas mal parlé donc je ne m'étends pas plus là dessus.
... ainsi de suite...
Après c'est leur attitude, une "way of life". Elle ne nous correspond pas c'est sûr mais si ça fonctionne "entre italiens" alors pourquoi pas. Mais en tout cas heureusement qu'on a rencontré des gens géniaux en Italie qui nous rassurent sur le fait que bien entendu tout le monde n'est pas à mettre dans le même panier.
Une fois sortis de Naples nous profitons d'une pause pique-nique juste au dessus d'un espèce de lac dans un cratère. C'est assez impressionnant, notamment parce qu'en arrière plan il y a aussi la mer. Etrange, magnifique, il manque juste le soleil qui s'est caché derrière de gros nuages :( Mais c'est pas grave car pour nous réchauffer on a des brownies de ma tante Rolande, et ça c'est le meilleur truc pour se réchauffer ! On y va doucement sur le chocolat car côté transit vous savez que ces derniers temps ça n'a pas été fort, mais malgré tout c'est difficile de ne pas manger la boîte entière.
L'après-midi est un peu bizarre. Après une jolie descente nous entamons une traversée d'un désert peuplé. Ben oui j'ai dit que c'était bizarre. C'est entre la banlieue et la station balnéaire. C'est à la fois fantôme (tout est fermé) mais avec plein de gens qui glandent dehors. Quelques prostituées aussi. C'est très très cracra et pas spécialement rassurant non plus.
On trace tout droit mais sans jamais trouver un "trou" dans le tissu urbain. En fin d'après-midi on oblique donc vers la mer pour trouver un coin bivouaquable. On atterrit proche de la plage, pas spécialement planqués, pas super à l'aise non plus. Vite que la nuit tombe histoire qu'on soit cachés et qu'on limite les risques de dérangement.
Revenons à des choses plus intéressantes.
Vous avez déduit au récit des derniers jours avant notre arrivée à Naples qu'on était un peu sur les rotules. Relief, santé, hiver, rencontres pas terribles... ça nous a mis un coup au moral c'est sûr. On a eu une très bonne question de la part de mes parents : "est-ce que vous envisagez ou avez envisagé d'arrêter ?"
Réponse courte : non.
Réponse longue : allez vous faire un thé ou un café, et revenez lire ensuite :)
Tout d'abord il faut bien sûr relativiser les galères des derniers temps. Certes on a morflé mais on a quand même derrière nous plus de 10 mois de moments géniaux. On a vraiment apprécié la pause napolitaine pour se remettre un peu, se reposer, profiter d'un endroit au chaud et on repart donc requinqués pour la suite.
Néanmoins on a appris pas mal de choses. Tout d'abord que comme on l'avait déjà bien pressenti, nous ne sommes pas faits pour la montagne. On a très bien géré jusqu'à présent des moments du type "1 grosse montée d'une demi-journée et on redescend ensuite", de même que les petites bosses régulières (genre au Danemark) mais les montées/descentes incessantes, avec des grosses côtes casse-pattes à 15%, ça, avec le tank ça n'est pas notre tasse de thé. Comme vous l'avez peut-être vu si vous avez passé la carte de la page "position" en vue "relief" on a pourtant un programme assez costaud au niveau relief... alors que faire ?
Malgré son petit côté "n'importe quoi", le trajet en train entre Agropoli et Naples nous a rappelé qu'il était possible de couper des bouts de chemins grâce à ce moyen de transport. Il y a aussi le ferry qui peut servir à autre chose qu'à traverser des mers pour changer de pays. Bref on commence à repenser le trajet à venir de manière peut-être un peu plus fragmentée. Par exemple rejoindre Pise à vélo car ça semble faisable mais ensuite trouver à aller à Genova en train. De Genova peut-être aussi rejoindre le sud de la France par le même moyen de transport pour limiter les galères.
En partant on savait que le parcours ne serait pas 100% plaisir. Il y a des moments difficiles, ça fait partie du voyage. C'est même presque un passage obligé. Pour obtenir certaines choses il y a souvent des contraintes. Pour autant il faut que l'état d'esprit global reste largement positif. Si on enchaîne des journées galères à répétition le plaisir du voyage en prend un coup et se pose alors la question "heu pourquoi on fait ça déjà ?".
On est par ailleurs relativement en retard sur notre planning. On pensait être fin janvier dans le sud de la France, on a un très gros mois de retard. Alors certes la notion de retard quand on n'a pas de date de fin c'est très relatif, mais il y a malgré tout des conséquences sur la suite, notamment notre retour en France et la durée globale du voyage. On s'en mordra certainement les doigts 6 mois après avoir retrouvé une vie sédentaire, mais comme on l'a déjà évoqué notre plan de départ était un voyage de 12-14 mois. On est en train de partir sur un quinzième mois si jamais on suit à la lettre le tracé qu'on a envisagé et encore sans trop trainer.
La suite du parcours est donc en cours de réflexion. Notamment l'Espagne et le Portugal, 2 pays au relief plutôt balaise et qu'on avait d'ailleurs dès le départ envisagé avec un côté fusible. Selon le temps disponible, le désir de poursuivre, on a la possibilité de couper vers Narbone et de remonter vers Toulouse puis Bordeaux le long du canal du midi si jamais on veut raccourcir le voyage. Pour l'instant il est bien trop tôt pour savoir ce qu'on fera. On a notamment quand même bien envie de visiter l'Espagne et le Portugal donc pas de raccourci au programme, mais c'est toujours une possibilité.
On planche plutôt sur un aménagement de la visite de l'Espagne, par exemple la partie nord-ouest (après le Portugal) qui dans Google Maps "Relief" nous fait déjà mal aux genoux par avance. Peut-être d'autres sauts en train pour zapper des parties que certaines personnes nous ont indiquées comme "pas super intéressantes".
Un autre aspect très compliqué de notre voyage, que pas mal d'autres cyclistes "année sabbatique" n'ont pas, c'est qu'il faut qu'en même temps on planche sur l'après-voyage. La difficulté est donc à la fois de se projeter, d'anticiper, de commencer à organiser tout ça, tout en ayant en même temps l'esprit focalisé sur le voyage en lui-même. Comme Hélène me le dit régulièrement "quand j'ai une idée, un truc que je pourrai faire pour relancer mon activité au retour, ben du coup j'ai envie d'essayer là tout de suite maintenant". C'est donc quelque chose d'extrêmement difficile à gérer. Commencer à glaner des infos, côté travail, logement, croiser les envies avec la réalité, ... tout en se préparant à aller visiter une nouvelle capitale.
Il ne faut pas non plus oublier l'orgueil. On a mis un trait sur une carte, on sait que vous nous suivez beaucoup et forcément on serait un peu déçus de ne pas faire ce qu'on s'est en quelque sorte engagés à faire. On sait bien qu'on n'a rien promis et qu'on voyage pour notre plaisir, donc si on veut raccourcir ou même si on voulait carrément arrêter et bien ça serait notre choix, mais forcément on a quand même au coin de l'esprit le fait que ça serait un peu décevant. Enfin il y a ces mois à apprendre (Olivier) et réviser (Hélène) l'espagnol. Ca serait quand même cool d'aller expérimenter nos progrès directement sur place !
Voilà donc où on en est (j'avais prévenu que c'était long). Pas totalement perdus, mais avec toujours pas mal de difficultés. On vous parle régulièrement de notre lien permanent avec la France pour gérer la myriade de merdouilles qui continuent de se produire malgré la distance, notre anticipation et une excellente gestion de nos affaires par la famille. C'est peut-être un point qu'on avait sous-estimé (pourtant l'administration française et ses dérivés on a l'habitude). On pensait tout clôturer à Paris, avoir tout le temps disponible pour rêver, profiter pleinement du voyage et planifier tranquillement notre retour... la réalité est très différente. Finalement on en vient presque à envier ces voyageurs "salariés en année sabbatique" dont le plus gros problème consiste à être revenu en temps et en heure.
Pour Hélène une des difficultés est également qu'avec le temps le besoin de confort se fait plus grand. On galère un peu pour trouver un hébergement à Rome, à priori ce soir on a confirmation qu'un couchsurfeur veut bien de nous mais on ne sait ni dans quel coin il habite (peut-être à 30 bornes du centre) ni combien de temps il pourra nous héberger ni d'ailleurs dans quelles conditions (à 4 dans un studio ?). De nouveau il faudra pas mal d'énergie pour gérer ça, pour une fois de plus aller vers l'inconnue, pour consacrer du temps à cette relation (probablement géniale mais qui demande malgré tout des efforts) et au détriment du plan "on se pose, on se repose, on ne fait rien juste quelques jours". C'est quelque chose de difficile à transcrire je pense, c'est plus quelque chose qui se vit. Après 10 mois à changer continuellement de lieu, d'entourage, il est vrai que parfois on rêve de jouer les papy-mamies à regarder des conneries l'après-midi à la télé et le soir faire ce fameux bilan "on a fait quoi aujourd'hui ? Rien". Mais un rien au chaud, avec une table et un fauteuil, une couette, de l'électricité, du net. Sans inconnues présentes ou à venir. Ben ouais comme disait ma sœur avant le départ "vous êtes pourtant plutôt casaniers, ça ne vous fait pas peur de partir aussi longtemps ?".
Allez pour conclure sur le sujet, il faut quand même relativiser tout ce que je viens d'écrire et bien le prendre dans son contexte et ne pas le traduire par "ils en ont marre". Non on n'en a pas marre. On découvre certains points, on planche sur des ajustements pour poursuivre le voyage avec toujours autant de plaisir, mais peut-être pas de la même manière. Parce que nous évoluons, parce que le temps passé et les expériences déjà faites nous amènent certains sentiments plutôt que d'autres, on va donc faire en sorte de poursuivre l'adaptation. De même que quand il n'y a plus de cimetières avec de l'eau potable on se réoriente vers les stations services, ben quand il y a des montagnes on va probablement se réorienter vers les trains pour continuer dans la joie et la bonne humeur.
Je crois que mon bilan des 10 mois/300 jours (c'est dans pas longtemps) vient d'être fait !
293è jour : Caster Volturno - Sperlonga
30 janvier 2012
71,1 km, 11678 km au total
Nuit un peu délicate. Vent dans la tente, chiens au loin... ou au proche au milieu de la nuit, et pour ma part un peu de stress quand à la sécurité de notre vélo dans ce coin très bizarre. C'est le genre de truc dont je ne fais pas trop part à Hélène pour ne pas la stresser. Elle le lira ici plus tard :) Enfin bref, le réveil est difficile et le recallage à 5h30 fait un peu mal. Certes j'ai arrêté de bouquiner à 20h et me suis endormi comme une masse (pas Hélène) mais n'empêche que c'est toujours un peu dur de reprendre le rythme.
Après The Hidden Child de Camilla Lackberg (l'enfant allemand en français) que j'ai confié à mes parents pour un retour en avion en France (ben oui ça pèse le papier) je me lance avec délectation dans un nouveau bouquin d'Amélie Nothomb. Ca s'appelle "sans nom" et après quelques pages je suis déjà de nouveau fan d'Amélie. J'adore son style, même si c'est extrêmement prétentieux d'écrire ça, je me retrouve dans sa manière d'écrire. Des petits détails, des clins d'œil, des descriptions sympa de situations et d'attitude, des trucs un peu délirants... bref j'aime beaucoup et j'aimerai avoir son talent. J'en ai encore un d'avance et ensuite c'est fini donc à consommer lentement car ce n'est pas l'épaisseur des volumes qui permet de "tenir" des semaines !
Je m'égare. Donc ce matin on replonge dans notre centre fantôme. C'est marrant car Hélène a utilisé le même mot que moi alors que je ne l'ai pas employé en sa présence. Comme quoi ! La route redevient vite une nationale tranquille mais principale et le trajet n'est pas des plus passionnants. On s'approche quand même quelques fois de la mer et surtout d'un beau massif montagneux. Partout autour de nous nous voyons des enseignes "ici vente de mozzarella di bufala". La campana est visiblement LA région pour la mozzarella, et en effet hier on a vu des buffles et bufflonnes. Au bout de quelques kilomètres on cède (ok, je cède) à la pression marketing et j'envoie Hélène parlementer avec une vendeuse. Outre une jolie boule de mozza, elle ressort en prime avec des aubergines grillées pour agrémenter nos sandwiches de ce midi.
On s'approche de notre superbe massif montagneux, rocailleux et sec comme une plante entretenue par mon ex-collègue Gwen... qui vient pour la première fois depuis le début de notre périple nous donner des nouvelles. Gwen, merci, t'inquiète pas on se doutait que t'allais pas nous donner des nouvelles tous les 15 jours !
Nous trouvons un petit coin de plage presque abrité pour déguster ces mets en regardant les kite surfeurs et autres véliplanchistes. Oui nous sommes bien en janvier ! Le soleil est bien présent, c'est royal. Notre pique-nique royal lui aussi nous permet une nouvelle fois de constater que la mozzarella di bufala n'a vraiment rien à voir avec la mozza qu'on a tendance à acheter en France. C'est un peu comme comparer de la purée mousseline et de l'écrasée de pommes de terre. Même si vous n'achetez pas une boule issue d'une petite production locale, on vous recommande d'aller acheter cette mozza 2 fois plus chère que les autres, mais qui fera une entrée fabuleuse en alternant une rondelle fine de mozzarella et une rondelle de tomate (ok il est un peu tôt dans la saison mais gardez ça à l'esprit pour plus tard), avec un filet d'huile d'olive, de vinaigre balsamique et de fleur de sel. Miam !
On profite de cette petite pause pour relancer les débats sur le futur, bon alors on fera quoi une fois rentrés ? Toujours rien d'arrêté, toujours autant de variables, toujours autant d'inconnues. Il y a quelques jours j'ai vu une petite annonce postée par un de mes ex-collègues que j'aime beaucoup même s'il ne le sait pas (oui Edouard c'est toi), qui est parti avec un copain à San Francisco pour monter une société. Même si le profil ne me correspond que moyennement et le timing pas très bon, je me dis que ça serait une possibilité... peut-être que la société va grandir et aura besoin d'autres personnes par la suite. Et si la migration était... américaine, ça rime pareil, ça pourrait le faire. Et hop une nouvelle variable dans la machine à mélanger des projets. Hélène n'est même pas forcément contre... allez savoir...
L'après-midi est un peu plus corsée niveau relief, mais pour notre plus grand bonheur il y a pas mal de tunnels. On peut donc enchaîner les kilomètres et concrétiser l'idée qui nous trottait depuis ce matin dans la tête après avoir vu un panneau "Rome 182 km" : rallier la capitale en un jour de moins que prévu. De Naples on avait environ 225 km. On comptait les 25 pour le premier jour vu qu'en général on décolle toujours tard des locations puis 50 par jour ensuite. Sauf qu'on a fait 50 hier et qu'on avait 46 au compteur ce midi. Bref c'est tout à fait jouable. On roule donc copieusement, et on rejoint la plage entre 2 villes en fin d'après-midi pour trouver un coin bivouac. Paf, du premier coup c'est parfait. Génial. 71 km aujourd'hui, les fesses sont un peu beaucoup douloureuses mais notre plan s'avère donc tout à fait réalisable : Rome 110 km.
On profite même d'une heure de soleil et c'est vraiment agréable de se laver dans la tente sans avoir froid. Les rayons filtrent au travers de la porte d'entrée, c'est royal. Le ressac est apaisant, la mer calme, on s'endormirait presque.
294è jour : Sperlonga - Cisterna di Latina
31 janvier 2012
69,8 km, 11747 km au total
Lever de soleil splendide sur la mer. Encore un de ces lieux de bivouac qu'on adore. Mieux qu'au camping ! De retour sur la route le temps se couvre. Ca n'est pas une surprise, la météo annonce un temps pourri pour les 2 jours à venir. On ravitaille dans un COOP, je crois que la dernière fois qu'on a croisé cette enseigne c'était en Suède... souvenir souvenir, il faisait plus chaud c'est sûr.
On s'offre quelques petits cadeaux, ça va vous sembler insignifiant, mais pour nous chaque petite nouveauté côté matériel est un peu une fête. Avant Chiaravalle c'était principalement pour Hélène (cuissards), à Naples c'était "tout pour moi" via une commande sur le net livrée en France et rapportée par mes parents : cuissard, chaussettes en laine et chaussettes waterproof neuves, et aujourd'hui on fait mixte : des brosses à dent ! Ouais, les dernières de Grèce n'étaient pas terribles alors on se fait un petit cadeau avec ce remplacement anticipé. On s'offre aussi des piles AAA rechargeables pour la lampe frontale d'Hélène qui en consomme pas mal quand elle lit sur le kindle (moi l'écran de l'iphone est rétroéclairé). Depuis Constanta en Roumanie on a un vrai chargeur de piles, donc autant en profiter. On aurait d'ailleurs du le faire avant, car à 5 euros le jeu de piles normales et 10 euros les rechargeables, ça va être vite amorti. Nouveaux bouchons d'oreilles également ; malgré plusieurs lavages les anciens sont fatigués. Voilà, nos petits plaisirs simples, c'est noël pour environ 15 euros :)
On se fait également plaisir du côté alimentation avec des petits pains ciabatta, de la coppa et une petite sauce à la roquette pour égayer les sandwiches.
La reprise de la route sonne l'arrivée de la pluie... et l'arrivée d'une route vraiment pas terrible. On était un peu fiers de prendre la via Appia, la route légendaire qui mène à Rome (je ne vous fait pas la blague que toutes mènent là-bas) sauf que dans les faits hormis le bonheur de rouler sur du plat le long d'un canal, c'est une route bien pourrie. Bitume très fatigué sur les bords (les turcs l'auraient déjà refaite 2 fois :-), aucune surlargeur et trafic de dingue, notamment beaucoup de camions. On ne comprend pas trop ce qu'ils font là vu qu'il y a une 2x2 voies parallèle à quelques kilomètres mais c'est comme ça. Encore une de ces routes qui nous défrise en repensant au confort et la sécurité de la route dont on s'est fait éjecter par la police ou aux autoroutes grecques sur lesquelles on se sentait LARGEMENT mieux que sur cette voie pourrie. On prend pleinement conscience du manque de civisme et l'agressivité des conducteurs de ce pays. A plusieurs reprises on se fait frôler par des voitures qui doublent la voiture qui vient en face. Oui, ils doublent alors que nous on est pourtant là. C'est comme si le fait qu'il y ait un vélo signifiait "c'est bon il n'y a personne". Ca fait un drôle d'effet puisqu'au lieu d'avoir un différentiel disons de 50 km/h (nous on roule à 20 et la voiture qui double est à 70) là le différentiel est plutôt de 90 (70 + 20). On découvre aussi le triple doublage (sur une route à seulement une voie dans chaque sens) : un camion nous double et une voiture double le camion qui nous double. C'est assez flippant, surtout quand une voiture arrive en face et qu'il n'y a aucune échappatoire à droite.
A midi on s'abrite sous un petit porche trouvé par miracle le long d'une usine tranquille. Le repas est réconfortant, le fait d'arriver à la fin du bouquin de Nothomb un peu moins : mince c'est plutôt une nouvelle qu'un roman ça :-( Bon ben c'est l'heure de repartir alors...
L'après-midi est elle aussi sous le signe de la pluie, pas méchante mais assez régulière. La route ne s'améliore pas vraiment et du coup on galère pour trouver un endroit pour bivouaquer. De nouveau le syndrome "c'est à moi, propriété privé défense d'entrer". On fait 10 bornes sans le moindre endroit adapté ou accessible. On contourne Cisterna, sort sur notre route "plus petite" avec de grands espoirs. Pas de bol ce ne sont que des champs, principalement de kiwis mais totalement barricadés. Encore quelques kilomètres avant de trouver un talus franchissable pour aller s'enfoncer entre les allées sous les kiwis. La récole a l'air terminée depuis longtemps mais il en reste pas mal dans les arbres : les petits et... tous ceux aux formes non commercialisables. C'est marrant il y a plein de kiwis doubles, genre siamois. Je suis sûr qu'ils sont aussi bons que les autres, mais personne ne voudrait les acheter, donc ils n'ont pas été cueillis.
On monte la tente au sec et après une rapide toilette on se blottit dans les plumes. Avec l'humidité la température ressentie est bien inférieure à la réalité.
Heureusement même si demain la météo s'annonce encore pire demain, on dormira au sec. On a reçu une réponse hallucinante de couchsurfeurs français à Rome. On les avait contacté un peu par désespoir (ils précisaient dans leur profil qu'ils étaient "pleins" jusqu'à fin février) face à nos galères pour trouver des couchsurfeurs ou warmshowers à Rome. Je pense qu'ils doivent être très sollicités mais on a constaté que beaucoup confondent CS avec un site de rencontres. Déjà dans les profils (90% d'hommes) il y a une section qui permet de préciser si on préfère héberger des hommes, des femmes ou peu importe. Jusqu'à présent on avait constaté que la très grande majorité des gens mettent "peu importe". Ici c'est "women" qui domine. Après il suffit aussi de voir les avis donnés sur les hôtes. Bizarrement ça ne sont que des filles qui commentent... Dans certains profils on a aussi vu des pages et des pages de blabla avec "je veux pas ci, pas ça, ..." notamment "je n'héberge pas de couples". On a fait un paquet de demandes, en favorisant les gens qui ont des taux de réponses élevés, qui semblent ok pour héberger un peu tout le monde et on n'a eu que des réponses négatives, avec des réponses parfois du type "désolé je ne peux pas". Point barre.
Ce qui est marrant c'est que ça recoupe l'expérience de Bogdan à Constanta qui avait fait... 250 demandes, 249 réponses négatives ou absences de réponses. Une réponse finalement positive d'un gentil homosexuel qui cherchait avant tout à le mettre dans son lit ! Ce qui a d'ailleurs été nécessaire puisqu'il n'avait en tout qu'un seul lit double pour héberger les surfeurs... sympa.
On a cherché des hôtels, ça semblait miteux, cher, ou éloigné du centre... pas terrible. On avait trouvé quelques studios à louer pas trop excentrés mais les prix étaient vraiment élevés. Un peu trop pour notre budget.
Alors je vous fais mariner, mais voici donc la réponse de nos couchsurfeurs français : déjà ils ont accepté notre demande, cédant à la nostalgie de rencontrer des "nantais" d'origine (Nicolas a l'air nantais à première vue), au tandem (ils ont des parents qui visiblement ont dû voyager ou au moins utiliser un tandem) et à notre gentillesse qui doit émaner de notre profil et site web. Par contre il fallait impérativement qu'on arrive jeudi parce qu'ils quittent Rome vendredi.
Ca c'est le premier effet "ouf on a au moins une nuit au sec". Après recalcul de notre parcours et recontact, on apprend qu'ils sont aussi ok si on arrive la veille. 2 nuits au chaud.
Mais là où ça dépasse l'entendement et que ça nous fait un plaisir énorme de constater une nouvelle fois la bonté fondamentale de l'être humain, c'est qu'ils nous proposent de rester dans l'appartement pour le week-end, même si eux sont partis à... Bucarest. Ils nous font confiance par avance, sans nous connaître. C'est juste magique et une nouvelle fois c'est un de ces moments qui justifient à eux seuls l'ensemble du voyage, galères comprises !
295è jour : Cisterna di Latina - Roma (Rome)
1er février 2012
50,4 km, 11798 km au total
Comme je l'écris parfois : "quelle nuit mes amis !". Tout a commencé vers 23h30. Certes il y avait eu des signes précurseurs dans la soirée, de même que nous n'étions pas totalement sans savoir ce qu'il allait se passer. Le programme c'était donc une nuit TRES pluvieuse, et un début de matinée du même acabit. En effet vers 23h30 donc, les nuages s'éclaircissent la voix et nous balancent des trombes d'eau. Malgré les bouchons dormir est assez difficile. Une fois lancé, le programme continue sur la même lancée toute la nuit.
Hier soir après une évaluation kilométrique et temporel nous avions décalé le réveil d'une heure, mais vers 5h30 il faut s'avouer vaincus , la pluie ne cessera pas en l'espace d'une heure. On rajoute donc encore une heure. Vers 7h30 donc on émerge. Une petite accalmie me rassure, je m'habille pour sortir faire une petite balade matinale... mais le temps que j'ai fini mon harnachement, la pluie retombe de plus belle. Je remet donc ma sortie à plus tard.
On se prépare comme on peut à l'intérieur mais au bout d'un moment on accepte l'inacceptable, il va falloir partir sous la pluie qui faiblit un peu.
C'est à ce moment là que l'orage entre en scène, pas un petit, accompagné de grêle bien violente. Hélène commence à prendre peur "tu crois que ça va faire des trous dans la tente ?". Il ne vaudrait mieux pas sinon on est mal !
C'est impressionnant, en quelques minutes un tapis blanc entoure la tente. Ah oui c'est vrai on est en hiver.
Une petite accalmie nous permet de sortir et d'envisager le départ. Au loin les montagnes nous montrent un visage totalement nouveau. Hier soir elles étaient marron, décharnées ; ce matin elles sont toutes blanches. Pluie + altitude = neige, logique.
Nous reprenons donc notre chemin sous les kiwiers à l'envers pour se rendre compte que comme je l'avais pressenti cette nuit, nous sommes en train de faire un remake de Into The Wild : hier soir pour rentrer dans notre champ nous avons traversé un petit fossé à sec. Ce matin c'est une petite rivière !!! Intraversable ! Je vais voir un peu plus loin, il y a un passage plus technique mais moins mouillé. Alors que je regarde et évalue nos chances de réussite un camion s'arrête sur le bord de la route. Les 2 personnes me regardent un moment. Je pense d'abord qu'ils se délectent juste de voir des extra terrestres coincés derrière un fossé mais non, l'un d'eux descend et entame la conversation... enfin à l'italienne. On comprend que c'est son champ et qu'il ne comprend pas trop ce qu'on fait là. On essaye d'expliquer. On ne sait pas trop s'il comprend. On essaye de demander s'il y a d'autres sorties, on imagine aussi qu'avec son camion plein de je ne sais quoi il a peut-être une planche pour faire un petit pont, ou tout simplement un peu de gentillesse pour nous aider... mais non, il remonte dans son camion et se barre, nous laissant comme des cons de l'autre côté du fossé. Ah la gentillesse italienne on l'expérimente vraiment jour après jour, heure après heure.
On rebrousse donc chemin et on se rapproche d'une route perpendiculaire qui n'a pas l'air trop loin. C'est grillagé tout autour mais il y a un portail, qui par miracle n'a pas de cadenas. On le fait coulisser et ouf nous voilà dehors. Croyez-vous que le proprio aurait pu nous indiquer l'existence de ce portail ? Pourquoi il aurait fait ça ? Qu'est-ce que ça lui aurait apporté à lui ? Vous me suivez...
De retour sur la route, on déraille au bout de 500 mètres. Super. Il faut vraiment qu'on change la chaîne avant. La pluie reprend, on poursuit.
Quelques kilomètres plus loin rebelote. Je bénis les gants en plastique que j'ai pris au rayon fruits et légumes du supermarché hier. Ca permet de ne pas avoir de la graisse plein les doigts, ce qui est toujours plaisant.
Un peu plus tard la pluie cesse... pour être remplacée par un nouvel épisode de grêle bien comme il faut. On n'y voit plus rien, ça pique le dos et au sol avec la pluie la route commence à ressembler à de la neige fondue bouillasseuse. Pour notre plus grand plaisir l'assainissement des rues et routes a l'air largement sous-dimensionné et on a plus l'impression de rouler au fond d'une piscine que sur de la voirie bitumée. Les automobilistes, imperturbables - 200% insensibles à notre condition - continuent à rouler comme des dingues, à nous frôler et à nous envoyer de massives gerbes d'eau. L'équipement contre la pluie est mis à rude épreuve. C'est finalement au niveau des mains que ça lâche en premier. Ce matin pour la première fois (par fainéantise suite aux 2 déraillements) j'ai suivi la technique d'Hélène pour les moufles : par dessus les manches de la veste de pluie. Grave erreur car même si c'est nickel quand la pluie est faible, là avec la violence de l'intempérie qu'on essuie et malgré le resserrage élastique des moufles, l'eau coule le long des manches jusqu'au fond des moufles. Bilan : ça imbibe les gants à l'intérieur et petit à petit on a les doigts qui gèlent.
Avec cette météo on n'a qu'une seule envie : continuer à rouler. Si on s'arrête on ne repartira pas. On s'approche de Rome, les routes deviennent plus grosses, on prend les 2x2 voies sans scrupules, pas envie d'aller faire du 4x4 dans les petits chemins. On s'en tient au basique et efficace. Nouveau déraillement, miraculeusement juste à côté d'une petite bretelle qui nous permet de remettre la chaîne sans risquer notre vie au passage.
On croise les doigts pour passer à côté d'un grand centre commercial où on pourra trouver des toilettes avec un sèche-mains, une température au dessus de 20°C, des bancs, des boissons chaudes... sauf que pas de bol rien de tout ça ne se profile. On arrive donc quasiment dans le centre. Comme souvent dans ce genre de situation c'est Mac Donald's le plus efficace pour montrer où il se situe et on aboutit donc au chaud alors que la pluie cesse tout juste.
Je vous assure qu'on cherche activement les petits détails positifs pour nous aider à ne pas paraître butés sur les italiens, mais même le Mac Do est dans la lignée de ce qu'on a déjà évoqué jusqu'à présent. Déjà pas de thé ou de café (une première depuis notre départ). Les hamburgers ont l'air préparés à la va-vite (oui je sais on est dans un fast-food, mais là c'est un peu n'importe quoi), le wifi "gratuit" nécessite une inscription, en t'obligeant à céder tes cordonnées à BT Telecom au passage et surtout nécessite un identifiant/mot de passe envoyés par SMS... seulement sur un mobile italien. On adore, ça serait dommage de pouvoir proposer un service à des étrangers. Pourtant dans le monde entier le Macdo est justement réputé justement pour offrir du wifi à tous les voyageurs... ben pas là.
Pendant qu'on discute après avoir descendu un peu de nourriture chaude (Rolande, on ne te fait pas de photos, j'espère que tu comprendras) un groupe de jeunettes trépigne derrière nous. Le Macdo est aux 3/4 vide mais finalement l'une d'elles vient nous voir pour nous demander si on a terminé. Elles veulent notre table !!! On n'y croit pas. Certes on a choisi notre endroit justement parce que c'était dans un petit coin tranquille, mais il y a 20 autres tables. Donc nouveau paramètre à intégrer : quand une italienne veut s'assoir à un endroit précis, elle s'en fout de virer quelqu'un d'autre. Pourtant avec tout notre bardas étalé autour à sécher on n'a pas vraiment l'air de personnes qui prennent un hamburger en coup de vent. Elles repartent en grognant et vont s'assoir plus loin en continuant à lorgner sur notre table pour venir la squatter dès qu'on partira... sauf qu'on ne part pas. Hélène tente une sortie pour aller voir s'il n'y a pas un café où on pourrait boire quelque chose de chaud et manger une pâtisserie digne de ce nom mais il n'y a rien de potable autour. On se contente donc de ce que notre enseigne du jour a à proposer.
On traine pas mal de temps, à la fois pour sécher et patienter jusqu'à l'heure de notre rendez-vous. Comme on a roulé très sport et non stop on a pas mal d'avance sur ce qu'on avait prévu.
Direction ensuite le centre de Rome où nous retrouvons Cécile et Nico qui nous accueillent royalement dans leur appartement. On parle beaucoup des italiens, on croise nos expériences. Beaucoup de recoupements avec ce qu'on a vécu, mais eux on la chance avec le temps de cerner un peu mieux ces comportements et ont un peu plus appris que nous à "percer" la carapace un peu bourrue et fermée des italiens.
Nous découvrons également un nouveau pays où on pourrait aller s'installer : la Guyane. Boulot potentiel et soleil à gogo... à condition d'accepter certains travers d'une administration et activités un peu plus lentes (genre le délai pour avoir une connexion au net...). M'enfin pourquoi pas ?
296è jour : Roma (jour off)
2 février 2012
0 km, 11798 km au total
Réveil tardif, discussions avec Nico et on se décide pour aller visiter le Colisée et le Palatin. D'ailleurs si vous allez à Rome un jour petit conseil : prenez le billet au Palatin (à quelques centaines de mètres du Colisée) car c'est le même ticket que pour le Colisée et il n'y a personne donc pas de queue à faire.
Le Palatin ce sont des ruines, un peu dans l'esprit de Pompéi et d'Athènes. Sympa de déambuler en plein centre de la ville au milieu des vieilles briques. Un mini musée abrite quelques statues également.
La météo est très moyenne, on sort les parapluies et on peste un peu contre les photo toute grisouille, mais on fait avec, ça fait partie du voyage.
On sort ensuite trouver à manger (français avoir faim) avant de replonger cette fois dans le Colisée. C'est massif mais passionnant.
Direction le monument Vitorio Emmanuele II, bâtiment blanc rutilant qui tranche avec le reste et qui visiblement n'a pas vraiment fait plaisir aux habitants de la capitale. Ca n'en reste pas moins un bâtiment magnifique qui offre également un accès gratuit à l'intérieur. Vue sur les alentours depuis les terrasses, mais toujours la pluie.
Cécile et Nico nous rejoignent pour une petite visite guidée de quelques belles places. On se heurte malheureusement à la messe au Panthéon qui fait que nous ne pouvons pas rentrer. On repassera une autre fois. On profite quand même de pas mal d'autres endroits (Piazza di Spagna, Navona, del Popolo...) : obélisques, fontaines, églises,... c'est juste hallucinant, il y en a partout partout partout.
Ce premier contact avec Rome est vraiment ultra positif. C'est une ville magnifique où à chaque tournant il y a un monument impressionnant, un petit détail, une cour derrière une belle porte en bois... on aime beaucoup.
On rentre en bus à l'appartement se sécher un peu avant de ressortir dans un petit resto. On déguste quelques spécialités (bruschetta, pizza, risoto, soupe, vin, gâteaux...). L'accueil du serveur (qui connait visiblement bien nos 2 hôtes qui viennent régulièrement) est charmant. Il nous offre la "pizza blanche" (l'équivalent du pain) et le digestif (limoncello). Ca change :-)
De retour à l'appart on poursuit nos discussions avant de regagner notre lit. Ce soir avant de se coucher on fait un petit point... automobile. Ces derniers temps on a croisé des mini cooper partout partout, Hélène en devient folle et il nous fallait donc voir un peu la potentialité que ce soit notre voiture à notre retour en France. Comme on s'y attendait c'est bien hyper cher et c'est donc pour nous l'occasion de lancer un appel : on n'y connaît que dalle en voitures, ça fait 10 ans que moi je n'en ai plus (ah ma BX...), et on se demande donc quelle voiture il faudra qu'on achète en rentrant en France (si on rentre, mouhaha). On se doute que ça n'est pas une question existentielle, mais si les connaisseurs dans le domaine ont des suggestions sur déjà le principe à adopter pour minimiser le TCO (coût total de possession), on est preneurs. En gros avant même de réfléchir à un modèle de voiture, que faut-il faire pour que le poste de dépense "voiture" soit le plus faible possible, tout compris (achat, entretien, essence, assurance, revente...) ? Acheter neuf et garder jusqu'à la mort ? acheter une voiture de 1 ou 2 ans ? la revendre 1 an plus tard ? acheter une épave et faire des frais dessus ? Acheter du diesel ça a encore un intérêt ? Et le GPL en France, ça en est où ? Et pour traverser la France 5 fois par an, une petite voiture c'est vraiment pénible ? bref, moi j'écris des tartines sur les vélos, les chaussettes étanches et les italiens, en échange on est preneurs (par email par exemple) d'un petit cours/avis personnel sur les meilleurs choix à faire côté automobile.
Sur ce il est 2h25, aux plumes ! Les photos on verra plus tard...
297è jour : Roma (jour off)
3 février 2012
0 km, 11798 km au total
Nouveau réveil tranquille et par la fenêtre on regarde la neige tomber... ça change de la pluie. On discute longuement avec Cécile d'une autre possibilité pour notre future résidence : Perpignan. C'est plus petit que Bordeaux c'est sûr, mais on conserve l'idée du soleil/mer/montagne pas trop loin et côté immobilier, ça n'a rien à voir avec la région bordelaise. Voilà, c'est marrant, plus le temps passe plus au lieu d'éliminer des solutions pour aboutir à LA solution, plus en fait on en rajoute et on étend le champ de possibilités.
Chaque solution a des avantages et des inconvénients. Pour être honnêtes, sisi on en élimine bien un certain nombre au fil du voyage quand même :-)
Nous sortons finalement histoire d'aller s'offrir des nouvelles chaînes pour les pignons et plateaux du tandem, même si avec la météo des chaînes pour les roues auraient également leur intérêt.
On dit au revoir à Cécile (qui cherche des bottes qui ne prennent pas l'eau) et Nico qui partent un peu plus tard à Bucarest... si l'aéroport n'est pas fermé bien sûr.
De notre côté nous poursuivons pour rejoindre le Panthéon dont on aimerait voir l'intérieur et la fontaine de Trévi au passage. Petit à petit on prend l'eau dans les chaussures. Moi je bénis les chaussettes étanches neuves car mes chaussures de marche sont du genre "3 goutes et ça prend l'eau" mais Hélène qui n'a pas pensé à mettre les super chaussettes prend finalement l'eau bien comme il faut. La neige fondue ça n'est pas terrible, notamment parce que c'est FROID !
On réalise un défi qu'on nous avait donné à la fontaine de Trévi, allez voir sur le blog pour plus d'infos. On a bien rigolé.
On accède au Panthéon, mais malheureusement la neige qui tombe par le "trou" au milieu de la coupole ça ne donnera rien en photo même si c'est sympa à regarder. Dehors c'est l'apocalypse, la ville est moitié paralysée, ça dégueule de parapluies explosés par le vent et le poids de la neige...
On rallie la pizzeria recommandée par nos hôtes il y a quelques jours... pour se rendre compte que c'est plutôt à emporter ou à déguster sur la terrasse... pas vraiment le genre d'endroit pour aujourd'hui où on rêve plutôt d'aller se poser les chaussettes sur un radiateur brûlant. On rentre donc dans la première pizzeria et on a un accueil vraiment sympathique, ça fait plaisir. On nous parle un peu français, on nous serre la main... c'est plutôt un endroit fréquenté par les lycéens et universitaires, malgré la proximité du Panthéon. Bref on se fait plaisir avec une bonne pizza, un verre de vin pour se réchauffer et un café.
Malgré la sympathie du personnel on nous refait le coup de "la machine pour la CB est en panne"... associé ensuite à un rendu de monnaie où il manque 10 euros. Pas mal, surtout que quand je fais signe au serveur de loin en montrant la monnaie ce qui n'est pas très compréhensible en soit mais il me fait un genre de "ah oui c'est vrai je vous apporte ce qui manque"... et il revient avec pile les 10 euros, ce qui dénote qu'il savait exactement ce qu'il faisait. S'il était de bonne foi il serait venu nous voir et discuter sur la nature et le montant du problème. On est un peu dégoutés mais c'est un sujet qu'on avait abordé avec Cécile : si tu parles pas italien on a tendance à t'entuber à tout bout de champ et à se confondre en excuses si jamais tu remarques l'entourloupe.
Dehors on s'achète un bon grand parapluie pour remplacer celui de Cécile qui a rendu l'âme hier. Bon là on sait dès le départ que le vendeur à la sauvette (tout Rome semble équipé des parapluies qui proviennent d'eux) va nous faire un prix touristes. Son premier prix : 15 euros ! Heu, non ça va pas le faire. Il voit qu'on est très sceptiques, il nous demande combien on veut payer, on propose 5 euros. Il nous joue le mec qui va perdre de l'argent et pas pouvoir nourrir sa famille, pour 5 euros on pourrait à peine avoir le modèle riquiqui qui pète au premier coup de vent. Allez 10 euros, on refuse, à 8 il fait encore la veuve éplorée mais finit par céder. Presque un peu trop rapidement, ça serait marrant de savoir le prix moyen de vente...
Ainsi protégés nous reprenons nos pérégrinations dans la bouillasse. Hélène a mis ses chaussettes waterproof au resto, ça va donc un peu mieux, mais on rallie le métro pour rentrer sans se tremper totalement. La température est limite donc à la fois ça caille tout en fondant en même temps, les parisiens et autres habitants de grandes villes connaissent bien le phénomène...
On fait quelques courses pour le diner et on passe dans une boutique de randonnée pour essayer de trouver quelques bricoles du genre poche à eau (le vieux campeur n'a toujours pas expédié celle qu'on a commandée sur le net il y a... 3 semaines. Ils n'ont jamais été bons en VPC mais là ça frise le ridicule.). On commence aussi à chercher un nouveau petit sac à dos "compactable". On adore celui qu'on nous a offert avant le départ mais il faut avouer qu'il est fragile et qu'il commence à être bien usé après 10 mois d'usage intensif. Le tissu étanche ne l'est plus et il y a des accrocs dans le tissu ripstop. On fait chou blanc sur les 2 fronts mais on trouve quand même du gaz et d'autres adresses à aller éventuellement visiter dans Rome.
Il est enfin temps de rentrer à l'appartement pour faire sécher tout notre bardas. Nos hôtes ne sont pas là, leur avion décollait vers 18h et on n'a pas de texto de leur part donc on imagine qu'ils ont pu partir pour Bucarest. On croise les doigts pour eux parce que le plan aller à l'aéroport et revenir bredouilles, on a déjà expérimenté et ça n'est pas vraiment la joie ! Ah ben tiens, justement c'était pour aller en Italie (à Milan)... on n'a jamais dépassé Beauvais !
298è jour : Roma (jour off)
4 février 2012
0 km, 11798 km au total
Ce matin, enfin ce qu'il en reste après un lever très tranquille, nous prenons le métro pour aller au Vatican. Dehors la pluie a cessé, la neige est bien retombée cette nuit et le temps s'est bien amélioré. Le soleil arrive même parfois à percer. Il fait bien froid mais c'est un plaisir que d'être dehors. Les gens sont mieux équipés qu'hier et Rome ressemble un peu à une station de ski. Moon Boots, combinaisons fluo, il ne manque plus que les skis sur les épaules ou au pied. Ca serait d'ailleurs parfois bien utile pour gérer les passages difficiles très très humides. On bénit les radiateurs qui ont séché nos chaussures et chaussettes cette nuit, mais on en reprend pour un tour. Flic floc, vive les chaussettes étanches quand même !
La place St Pierre est blindée de touristes, probablement venus profiter du caractère exceptionnel de cette neige qui recouvre les statues. L'inconvénient c'est que pour rentrer la queue est juste phénoménale et s'enroule tout autour de la place. Après quelques minutes de réflexion on laisse tomber. On a plutôt envie de profiter de l'extérieur et de la beauté de ce paysage incongru plutôt que de faire la queue. On enchaîne donc : le castel St Angelo, le petit pont du même nom... C'est magnifique. Il faut juste avoir en permanence un œil sur le paysage et l'autre sur l'endroit où on pose ses pieds !
On erre un peu ensuite dans les petites rues en direction de la piazza de Fiori à la recherche d'une trattoria recommandée par notre famille. Pas de bol c'est fermé (visiblement c'est assez classique et prévisible le midi). On se réoriente donc sur un autre endroit où on déguste des fettucine. Nouveau creusage de tête à l'arrivée de l'assiette : la largeur est plutôt "tagliatelle" que fettucine. On vérifiera d'ailleurs plus tard dans un supermarché que selon les marques/modèles il y a bien des variations. Alors est-ce que la tagliatelle est plus large que le fettucine ? En théorie oui, en pratique ça dépend...
Tiramisu, panna cota au chocolat, café toujours pas à mon goût (le longissimo ne prend toujours que 2/3 de la petite tasse à expresso et l'americano est coupé à l'eau plutôt que d'être allongé... impossible d'avoir un expresso dans une grande tasse préparé simplement en laissant couler l'eau un peu plus longtemps au travers du marc... ) m'enfin on s'adapte, là encore le but ça n'est pas d'avoir "comme à la maison" mais de découvrir "comment ils font ici".
Malgré l'accueil plutôt agréable des serveurs on nous refait un coup d'embrouille. La machine à CB fonctionne aujourd'hui mais on nous ajoute 2 portions de pain sur la note alors qu'on a refusé la corbeille. On ne s'offusque même plus, il faut juste le savoir et ne pas faire les timides.
On poursuit notre balade vaguement en direction de l'appartement. On essaye de prendre des rues par lesquelles nous ne sommes pas déjà passés. Le soleil fait fondre doucement la neige et gouter tous les toits. On constate de nouveau que Rome est vraiment une ville d'une beauté exceptionnelle, d'une richesse monumentale et culturelle impressionnante. Le plus étonnant en fait c'est de voir que tous les bâtiments sont dans un excellent état de conservation ou de rénovation (à part les ruines bien sûr). Même si ça n'a aucun sens de les comparer, on se souvient de Riga où un bâtiment sur 2 est inoccupé, en état de délabrement et de décrépitude très avancé. Ici tout est nickel. Facades, statues, fontaines, églises, ... c'est vraiment très agréable de déambuler dans ces rues et de découvrir une petite merveille à chaque intersection.
Après quelques courses on rentre se réchauffer les pieds à l'appartement. On check nos emails et découvre des news de nos hôtes à Bucarest. Ils découvrent une capitale plus européenne que nos campagnes profondes traversées il y a quelques mois. Une nouvelle fois ça nous conforte dans le fait de ne jamais amalgamer une expérience personnelle avec un pays complet.
299è jour : Roma (jour off)
5 février 2012
0 km, 11798 km au total
Repos dans l'appart, cogitations sur la suite du trajet et longues discussions skypiennes avec la famille...
300è jour : Roma (jour off)
6 février 2012
0 km, 11798 km au total
Pas de grandes sorties aujourd'hui non plus. On gère de l'administratif, quelques courses, petit trajet à la gare aussi pour prendre des billets de train (mais on n'en dit pas trop). Nico est de retour de Bucarest et on profite de l'après-midi tranquillement avec lui. On papote et finalement on ne remet pas un pied dehors. On est bien, on profite et on projette de rester encore un peu. On aimerait bien revoir Cécile un peu donc le redépart sera probablement jeudi (dans 3 jours).
301è jour : Roma (jour off)
7 février 2012
0 km, 11798 km au total
Ce matin on passe surtout du temps à la poste. Il faut croire que malgré tous nos problèmes on aime bien y retourner :)
On sort en milieu d'après-midi pour une petite balade avec Nico. Il nous emmène notamment dans un quartier sympa (Trastevere) de l'autre côté du fleuve (le Tibre), au sud du Vatican. Sur le chemin on passe voir l'embassade française, un bâtiment de dingue qui doit nous couter la peau du c*l en loyer et en chauffage ! On arpente des petites rues très sympas, on visite une église (notre première à Rome !) absolument magnifique. Dorures, marbre, peintures, le tout dans un état phénoménal.
On prend ensuite un peu d'altitude pour profiter d'une vue sur une bonne portion de Rome avec la nuit qui tombe. On redescend au pied du Vatican et ô miracle la queue (et la neige) ont disparus. On peut passer les portiques de sécurité en à peu près 3 secondes (contre probablement 3 heures de queue samedi dernier), cool on va pouvoir voir l'intérieur. Sauf que stupidité de l'organisation, quand on arrive à l'entrée de la basilique 50 mètres plus loin, ça ferme et on se fait refouler. On est dégoutés.
On retourne dans notre petit quartier sympa prendre un cocktail et papoter au chaud car avec la tombée de la nuit c'est aussi la dégringolade de la température. Ca n'est pas vraiment que le soleil nous réchauffait aujourd'hui (il fait gris) mais malgré tout il y a un bel écart entre jour et nuit. On ressort ensuite rejoindre une petite pizzeria que Nico connait bien où on se régale bien comme il faut. Nous découvrons notamment un dessert phénoménal : la calzone (pizza repliée en deux pour les non connaisseurs) sucrée ! A l'intérieur un mélange ricotta-nutella. A l'extérieur du chocolat en poudre et du sucre glace. Alors attention les papilles, ça c'est une tuerie ! Encore un truc où tu te dis "mais comment ça se fait que je n'ai jamais vu ça sur une carte de pizzeria française !?!" c'est pourtant trop bon. Pour digérer, on rentre ensuite par le chemin des écoliers, en passant par le quartier juif, puis derrière le palais présidentiel... c'est marrant comme de nuit avec moins de neige la ville est différente de ce qu'on a vu les jours précédents.
302è jour : Roma (jour off)
8 février 2012
0 km, 11798 km au total
RAS :-)
Cécile revient de Bucarest et nous en profitons pour lui concocter tous les 3 un diner sympa. Billes de mozzarella di bufala, tomates cerises, tarte au légumes, vin italien...
303è jour : Roma - quelque part en mer
9 février 2012
6,6 km, 11804 km au total
La nuit dernière nous avons finalisé notre projet de poursuite du voyage... avec au programme une modification radicale : adieu Pise, Gène et la côte d'Azur... et bonjour l'Espagne et Barcelone.
Notre choix est clairement dicté par la météo : il doit reneiger copieusement demain à Rome, au nord ça s'annonce pire encore. Les routes sont très peu praticables, les nuits descendent autour de -10°C, les journées restent dans le négatif, et s'il ne fait pas beau c'est la catastrophe toute tracée. Bref ça n'est pas possible pour nous de remonter la côte dans ces conditions. Bivouaquer une nuit passerait encore mais au delà nous ne pourrons rien faire sécher. Trouver des endroits où poser la tente risque d'ailleurs en fait d'être coton sous la neige.
Nous allons donc rejoindre en train le port le plus proche de Rome puis ensuite prendre un ferry pour Barcelone. C'est bien compliqué car les horaires ont changé et au lieu de monter à bord à 22h ce soir, ça sera à 4h demain matin. Pratique !
La journée d'aujourd'hui est donc consacrée à plier nos petites affaires, finaliser les derniers trucs et se balader l'après-midi dans le parc de la villa Borghese. Un très grand jardin entrecoupé d'allées, de maisons, de statues. La météo est très agréable et ne laisse en rien présager du "refoid" annoncé. On erre dans les allées, ça a un petit goût de "fin de séjour", vous savez quand après 3 jours dans une jolie ville vous devez rejoindre l'aéroport d'ici quelques heures. Pas envie de vous lancer dans une grande visite de musée mais plutôt de flâner tranquillement, de profiter de l'atmosphère en ayant la possibilité de mettre fin à la balade à tout moment pour repasser en mode "organisationnel" pour ne pas louper l'avion.
On rentre tranquillement, faire quelques sandwiches pour les 24 heures à venir, mettre les dernières photos en ligne et booker un hôtel à Barcelone car pas d'hébergement autre en vue. Il faut dire qu'on s'y prend un peu tard et que c'est assez... imprévu.
Allez il est l'heure d'y aller... affaire à suivre, ça va être très sportif !
Alors alors...
Le plus dur c'est de dire au revoir à nos hôtes. On a passé une semaine géniale à Rome, avec des conditions exceptionnelles à tout niveau. La météo bien sûr, avec la neige qui a un peu transformé le paysage mais surtout la générosité de Cécile et Nico qui nous ont hébergé mais aussi prêté leur appartement un week-end, fait confiance, donné des conseils, ...
Bref une fois de plus c'est difficile de quitter cette petite bulle de confort et de plaisir.
Rejoindre la gare est une affaire vite réglée, et malgré la petite subtilité de la voie du train un peu éloignée, pas de souci majeur. Monter le vélo dans le train est plus compliqué puisque comme toujours l'espace pour les vélos nécessite le passage dans un couloir un peu étroit et quelques marches. Même avec un vélo normal et sans bagages je pense qu'Hélène par exemple ne pourrait pas gérer ça toute seule. Le personnel est néanmoins sympa, même s'il nous fait remarquer que le tandem c'est pas trop un vélo et qu'en temps normal (c'est quoi un temps normal ?) ils pourraient le refuser.
Le trajet est rapide (1h) et la descente à Civitavecchia pas trop compliquée.
Rejoindre le port se fait également sans encombre. Comme on a toujours un micro doute sur l'heure (on ne sait jamais, un bug informatique...) on va direct de la gare au quai du ferry, comme ça s'il part à 22h15 comme initialement prévu on pourra toujours le prendre. Quand on rentre dans le terminal, on voit justement sur les panneaux d'affichage que l'heure est de 22h15. On se presse un peu pour arriver au bon quai... pour constater que non, aucun ferry en vue. On rejoint un espèce de hall où on trouve le guichet de la compagnie, il est ouvert et on en apprend un peu plus. Le ferry est bien prévu pour 4h... peut-être un peu avant.
On a donc un endroit pour squatter de 22h à 1h30 (heure probable de début d'embarquement) au chaud.
C'est très calme, on sent qu'hormis les chauffeurs de camions on va être seuls.
Un gentil australien arrive un peu plus tard alors que je commence à ratrapper mon retard sur mes révisions d'Espagnol. J'ai pris probablement un mois de moins d'apprentissage via notre décision d'aller direct à Barcelone, ça va être sport.
Nicholas a 22 ans et voyage depuis 2 ans sac sur le dos. Il prend le même ferry que nous. On discute un bon moment de nos projets et voyages respectifs, du coup on embarque d'ailleurs ensemble. C'est cool on a passé un bon moment et ça fait passer le temps plus vite.
On se fait scanner aux rayons X l'intégralité des bagages donc il faut tout retirer du vélo mais ça se passe dans le sourire et la bonne humeur, plutôt cool. Pas de souci avec nos 3 bouteilles de gaz, nos 2 couteaux et compagnie. Vive le bateau !
Justement il faut qu'on vous parle aussi de l'alternative que nous avions envisagé pour rejoindre Barcelone face à ce décalage de ferry. On a regardé du côté des avions et sincèrement ça aurait pu le faire. Prix corrects et vols directs. Le truc moins drôle c'est que voyager avec un tandem en avion c'est moins drôle. Déjà il y a assez peu d'informations sur les bagages hors dimensions et jamais à propos de tandem. Ca sent un peu le plan "à la tête du client", et même si on a des têtes plutôt compatibles avec la compassion du personnel en général on ne peut jamais vraiment trop savoir à quoi s'attendre. Donc le plan "train pour rejoindre l'aéroport, longue attente, négociations..." pour risquer de se faire refouler ou payer 300 euros de surplus de bagages on décide finalement d'éviter. Surtout qu'avec la météo qui est annoncée sur Rome dès demain matin ça aurait été un peu risqué. Les aéroports ayant tendance à fermer plus vite que les ports :)
Nous voila donc à bord du Cruise Roma, on visite rapidement pour constater que les espoirs de coins peinards sur la moquette d'un hall en haut d'un escalier c'est mort. Rien de "bivouquable" dans ce bateau. Par contre la salle avec les fauteuils est... vide. C'est simple, nous sommes 3 dans un endroit qui doit bien avoir 100 places. Ca devrait le faire :)
Hélène prend une ligne de 3 fauteuils côte à côte, qui ô miracle ont les accoudoirs qui se replient. Moi je gonfle le matelas et le met au pied (sinon c'est un peu court). On sort les duvets et on se couche directement, avant même que le ferry soit parti.
La nuit est mouvementée mais finalement assez correcte et longue. La mer est agitée, il y a un peu de passage (du personnel qui laisse claquer la porte) dans la pièce mais sinon c'est très calme. Les lumières sont éteintes (hormis de quoi voir ses pieds pour se déplacer) donc avec loup et bouchons c'est plutôt ok.
304è jour : Quelque part en mer - Barcelone
10 février 2012
5,0 km, 11809 km au total
J'émerge vers midi, les 2 autres dorment encore. Je vais faire une petite balade pour prendre l'air et des photos, c'est très chouette.
On se fait ensuite un déjeuner avec notre 2è série de sandwiches avant de rejoindre le bar pour prendre un petit café. On sent qu'on est sur un ferry seulement moitié italien puisqu'on me demande comment je veux mon expresso, à l'italienne ou autrement... cool enfin un café de plus de 1 cl :-)
On ressort prendre quelques photos car on aperçoit la côte... française ! Eh oui on longe la côte plutôt que de traverser en ligne droite. On n'a pas coupé entre la Corse et la Sardaigne comme je l'imaginais, étonnant mais probablement lié à l'état de la mer. Ca doit être moins mouvementé le long des côtes qu'en pleine mer. La météo est malgré tout bien mouvementée et on aperçoit même une mini tornade. Au début juste un espèce de trou dans la mer avec des embruns autour puis on aperçoit dans les nuages un espèce d'entonnoir dont la pointe est parfaitement alignée avec ce fameux trou dans la mer... impressionnant et l'occasion de refaire quelques séries de photos.
On capte brièvement le réseau d'Orange France mais le signal est trop faible pour checker nos emails ou la météo. A bord le wifi est inopérant, tant pis.
On profite donc tranquillement de l'après-midi au chaud dans le bar à bouquiner et écrire. La mer devient sévère, Hélène commence à avoir l'estomac qui tangue, il faut dire que quand on fixe le "livre" tout en ressentant les ondulations du bateau ça fait une sensation étrange. Lorsqu'on est debout ça devient carrément n'importe quoi avec des moments compressés au sol et d'autres limite à s'envoler.
Diner dans le petit resto qui n'est pas trop cher (menu à 6 euros, café à 1,2 euros, rare pour un tarif de ferry) et on regarde "Fanstastic Mr Fox" sur l'eeepc de Nicholas. Dessin animé tiré d'un bouquin de Roal Dahl, très très drôle même si on a du mal à tout capter (pas de sous-titre et son un peu faiblard).
Après un peu de lecture dans notre salle privée le ferry finit enfin par arrive. Encore une demi-heure de retard en plus.
On quitte Nicholas avec au programme l'idée de se retrouver dans l'après-midi, probablement vers la FNAC car il faut qu'on s'achète des cartes routières et lui aussi. Son programme à lui pour ce soir... enfin ce matin vu qu'il est 0h30 : trouver un point d'accès wifi pour checker ses emails et voir s'il a reçu des réponses de couchsurfeurs, sinon probablement dormir à l'accueil du port si c'est squattable... sinon trouver un "hostel" pas cher. On a vu que pour les voyageurs solitaires pas trop exigeants et sans tandem et plein de bagages, une nuit dans un dortoir c'est 8-10 euros...
Pour nous c'est "luxe" (merci à nos contributeurs qui nous aident !!!) puisqu'on va dans une résidence "étudiante et plus" où on a trouvé une chambre double privative. A la sortie du ferry on plonge directement dans ce que nous a vanté Cécile : l'accueil espagnol, bien différent de celui qu'on vient de quitter.
Le personnel du port nous fait des signes et des encouragements. A peine 5 minutes en Espagne, première route et on se fait interpeler par des gens qui marchent sur le trottoir "des français.... OUAISSSSS, ALLLLEEZZZZZ", ça s'annonce bien.
Rejoindre l'hôtel se fait rapidement, merci le GPS. C'est bien agréable de se retrouver en terrain connu "ah oui je me souviens de ça". "Ah on était passés par là" ...
L'accueil de la résidence est ouvert et le gestionnaire charmant. Vu l'heure je parle anglais, j'ai bien réfléchi à ce que j'allais pouvoir dire en espagnol mais mon vocabulaire est encore limité et après presque 24 heures à parler anglais et à se défaire des "si", "grazie" c'est un peu le mic mac dans ma tête.
On a de la place pour notre vélo à l'extérieur mais c'est plutôt sécurisé. La résidence est flambant neuve. On monte vite notre bardas pour rejoindre la petite mais très sympathique chambre.
En se lavant les dents et en écrivant maintenant j'ai encore le corps qui compense les mouvements du ferry, pareil pour Hélène, c'est très dérangeant, espérons qu'on arrive à dormir. On a réservé 2 nuits histoire de ne pas trop de poser de questions pour le réveil, ne pas être speed pour rendre la chambre, bref vu qu'il est 2h30 on va dormir et voir où tout ça nous mène :)