386è jour : Aldeia da Ponte (Portugal) - Valdecarpinteros
23 avril 2012
62,6 km, 14114 km au total
Ce matin le relief est un peu moins violent qu'hier. C'est toujours loin d'être plat et ça ne le sera pas avant encore pas mal de temps, mais on arrive à maintenir un rythme cohérent sans transpirer comme des dingues ni cailler en même temps. On a quand même ressorti les gants "longs" (comprendre "avec des doits entiers et coupe-vent") alors que ça faisait un moment qu'ils squattaient le font d'une sacoche. Le vent est toujours très violent, le ciel très menaçant et nous passons la frontière espagnole avec quelques micro-goutes de pluie. La route après la frontière se sépare en deux : l'autovia et une petite route parallèle pour les piétons (mort de rire si un piéton essayait réellement d'aller dessus), vélos, tracteurs, vaches, ... Du coup on se retrouve avec une belle nationale absolument rien que pour nous. On doit croiser 2 voitures par heure. Ca descend globalement même si c'est une alternance de montées/descentes, c'est l'inverse d'hier puisqu'on repasse sous les 700 mètres. Ca fait du bien pour les jambes qui ont morflé les deux derniers jours.
Nous sommes obligés de monter la tente pour pique-niquer à l'abri du vent et du froid. Nous sommes fin avril et pourtant on caille plus qu'en décembre... en Grèce...
Après-midi tranquille à poursuivre notre route privative, mais la recherche de bivouac est moins drôle puisque là aussi les terrains sont très privatifs. Clôtures partout avec derrière des endroits magnifiques pour planter la tente. On finit - au bout de quelques kilomètres où je sens l'énergie d'Hélène descendre comme le voltage d'une pile en fin de vie - par s'arrêter sur un bout de terrain autour d'une intersection de 2 routes. Un de ces endroits pas glamour mais où on passera la nuit probablement à points fermés malgré la proximité des voitures étant donné la fatigue générée par les kilomètres.
En tout cas on est contents d'être de retour en Espagne. On a beaucoup aimé le Portugal (malgré la météo et les problèmes techniques) mais on ressent cet espèce de côté rassurant en Espagne que d'être dans un endroit où on pourra comprendre un peu ce que les gens disent et se faire comprendre aussi. Ce soir 27 cartes (mots/expressions) à réviser... j'essaye de ne pas lâcher l'affaire même si ces dernières semaines ont plutôt été consacrées à des révisions qu'a l'apprentissage de nouveaux mots.
L'Espagne c'est aussi l'impression d'un peu moins de relief dans les jours/semaines à venir (jusqu'aux Pyrénées quoi) même si ça ne sera pas plat pour autant. Salamanca-Valladolid-Burgos c'est sur un espèce de plateau donc ça limitera les montées/descentes.
387è jour : Valdecarpinteros - Calzada de Don Diego
24 avril 2012
63,6 km, 14178 km au total
La nuit a été fraîche... et pour cause ce matin en sortant la tente est givrée ! 800 mètres d'altitude et fin avril ne font visiblement pas bon ménage.
La journée reprend sur la même route qui longe l'autovia. C'est toujours aussi désert mais plutôt agréable pour rouler. En plus on a une bande d'arrêt d'urgence de 2 mètres, le bitume est très bon, le vent dans le dos... il ne manque que les rayons du soleil pour nous réchauffer parce que ça caille sévère. On a remis les bonnets, gants longs, on roule un peu avec la polaire...
On tente une sortie pour rejoindre un bled qui semble plus gros que les autres sur la carte... mais c'est pire que tout. Même pas une boulangerie. Le verdict tombe : à l'heure du déjeuner nous n'avons toujours pas pu faire de courses... on fait donc les fonds de sacoches : un reste de pain et de fromage, une soupe aux lentilles qui nous restait (cadeau de Sandrine à Grenade !) et des petits gâteaux. Ca fait l'affaire.
L'après-midi est exactement du même acabit. Belle route, jolies bosses plutôt douces, roue qui craque toujours autant... mais pas une ville où trouver un supermarché, une supérette, un marché, une boulangerie, un dépôt de pain, bor*el c'est où qu'ils mangent dans ce coin ??? En fin d'après-midi on aperçoit en même temps une belle station essence et le bled sur lequel on comptait ENFIN trouver un supermarché. Quand on voit la taille ridicule que semble faire le village on commence déjà par rallier la station essence pour prendre de l'eau, ça sera toujours ça de fait. A la station il y a aussi quelques trucs à manger, on ressort donc avec des yaourts et un paquet de gâteaux... On est vraiment désolés Sacha, mais ce soir on va manger ton cadeau qu'on gardait précieusement dans nos sacoches depuis plusieurs centaines de kilomètres : des pâtes Cars. On te fait des photos et on essaiera d'en trouver d'autres.
Trouver un lieu pour bivouaquer se révèle à la fois identique à hier (quasi impossible) mais totalement différent au niveau des raisons. Ce soir il n'y a pas de petits champs bien arborés mais clôturés mais uniquement d'immensssseeeesss champs de blé, de maïs ou... de terre. A perte de vue, avec une visibilité à des kilomètres à la ronde, et bien souvent inaccessibles à moins d'avoir un tracteur ! On enchaîne donc pas mal de kilomètres, sans avoir la moindre possibilité de camper. Champs à gauches, autoroute à droite, point barre. Finalement autour d'une bretelle entre l'autoroute, un pont et le train il y a un espace un peu calme (sisi) et pas totalement visible de partout. On es pose.
Ce soir après une nouvelle tentative de comprendre pourquoi ça craque (serait-ce le frottements des rayons les uns sur les autres, pour vérifier j'intercale des petits bouts de papier entre chaque... sans succès) je vais pour me lancer dans un autre essai : déserrons les rayons plutôt que de les resserrer. Au point où on en est. C'est alors que je remarque la fêlure qui court sur tout le pourtour de la jante. Une belle zébrure bien comme il faut. Je regarde sur l'autre flanc... ah ben c'est presque pareil. A ce stade c'est encore un miracle que la roue tienne et qu'on ait réussi à faire autant de kilomètres comme ça. Je m'étais bien dit à un moment lors d'une pointe à plus de 50 km/h dans une descente que la jante pourrait nous claquer à la figure, ça ferait de beaux dégâts mais je ne pensait pas être si près de la vérité !
La raison de tout ça est probablement un mélange : fatigue générale (en tout elle a 19 000 km dans les dents quand même), gonflage violent au compresseur qui a dû amorcer la déchirure, et tension des rayons de ma part par la suite. Ce soir je déserre donc un peu tous les rayons pour essayer de ne pas faire empirer les choses et réflexions sur la suite... Ca s'annonce... mitigé. Autant sur la roue-libre et le moyeu c'était vraiment impossible de faire autre chose que de commander la pièce ultra spécifique et d'attendre, autant là on a diverses options.
Comme vous vous en doutez, la jante du tandem est bien spécifique, notamment parce qu'elle a 40 rayons et que ça n'est pas standard (les roues de mon vélo de course en ont 24 je crois, celle d'un vtt 36...). Bref trouver une jante (j'ai pas dit une roue mais juste le cercle de métal sur lequel est fixé le pneu d'un côté et les rayons de l'autre) avec 40 trous à mon avis ça risque d'être très chaud. Et comme expliqué il y a quelques jours on ne peut pas changer toute la roue (jante, rayons, moyeu) par une neuve car la largeur du moyeu n'est pas standard.
Là où on peut s'en sortir c'est que la roue avant elle est standard et que celle qu'on a possède 40 rayons... alors mélangeons tout ça et on peut :
1/ démonter la roue avant pour récupérer la jante. On met de côté les 40 rayons et le moyeux pour plus tard.
2/ démonter la roue arrière et utiliser la jante de la roue avant puis rerayonner le tout.
3/ acheter une roue avant neuve complète pour mettre à l'avant du tandem. Un truc avec 36 rayons on a un peu plus de chances de trouver. Et puis même si c'est un peu moins solide ça devrait nous permettre de finir le voyage.
4/ si jamais on ne trouve pas de roue de 700 (mm de diamètre, cad 28 pouces, cad ce qu'on utilise sur le tandem) en 36 rayons mais seulement des roues fragiles de vélo de course on peut toujours utiliser la roue de la remorque en tant que roue avant du tandem et mettre n'importe quoi d'autre pour la remorque (26 pouces ça marche aussi, ou roue moins balaise vu que la remorque ne porte que nos bagages)
Voilà, encore beaucoup de trucs techniques mais même si vous ne comprenez pas tout, disons que ce qu'il faut retenir c'est qu'en se couchant ce soir on n'est pas aussi désespérés que quand le gars de la boutique de vélos d'Abrantes nous a dit l'autre jour : j'ai rien sur place il faut commander, d'ici 4 jours ça sera bon. Il ne reste plus qu'à trouver une bonne boutique de vélos et pour ça on a notre "relai" espagnol préféré : Silvia de Valencia qui répond toujours à nos demande saugrenues quand on fait appel à elle.
388è jour : Calzada de Don Diego - Salamanca
25 avril 2012
27,2 km, 14205 km au total
Reprise tranquille de la route. Vent à fond dans le dos, route plutôt presque plate, enfin disons globalement à notre avantage. La roue... oui vous savez. On arrive rapidement à Salamanca et avec un peu de chance on tombe sur un réparateur de vélo.
Comme prévu il n'a pas de jante de 40 rayons, donc on se lance dans l'opération anticipée : démontage de la roue avant pour récupérer sa jante et la remonter à l'arrière et achat d'une nouvelle roue complète pour l'avant. Ca va douiller parce que rerayonner une roue de 40 rayons ça fait même un peu peur à notre réparateur... en gros il facturera le temps que ça prendra... et il parle plutôt en heures, pas rassurant, à 30 euros de l'heure... Mais je ne me sens pas vraiment de le faire moi-même, n'ayant aucune expérience dans le domaine et pas vraiment d'atelier confortable pour tendre avec amour chaque rayon capricieux.
On laisse donc le vélo et part porter nos bagages dans une auberge conseillée par le réparateur. A priori c'est gratuit. En effet il s'agit d'une auberge "de Compostelle" pour les pèlerins voyageurs. On laisse simplement nos bagages et on doit revenir plus tard pour "les papiers".
On part donc se balader dans le centre de cette très belle ville. On ne vous fait pas la page wikipedia mais en gros c'est une ville connue par la construction d'une des plus anciennes universités espagnole en 1218. Avant c'était le traditionnel envahissement arabe suivi lors de la reconquête de la volonté de l'Eglise de bien marquer son territoire. Le résultat est une ville aux architectures variées mais avec une magnifique unité du côté de la pierre utilisée. Tout est rose-doré, une belle pierre chaude, et l'aménagement moderne est plutôt resté discret et bien pensé (enseignes des banques ou des Macdo dans les tons de la pierre, ...).
Il fait un temps un peu étrange, l'avant-tempête, le vent glacial, le petit rayon de soleil qui montre qu'on n'est pas totalement en hiver, mais bien vite les gros nuages qui reprennent le dessus. On s'abrite dans un petit resto sympa où on traine un moment et dans lequel on voit débarquer notre réparateur de vélo pour sa pause déjeuner !!! Salamanca est petit :) Il n'a pas fini sur le vélo, gloups... Merci aux dons qu'on a eu il y a quelques temps, ils vont servir pour la réparation de la roue ! Il semble que la remorque veuille tenir le coup alors on réalloue le budget remorque vers celui de la roue...
Nous continuons un peu notre balade et rejoignons l'auberge où nous avons rendez-vous à 16h pour le "check-in". On prend un peu peur en voyant que c'est bien 100% "pèlerin de Compostelle" et qu'on n'a pas notre "credential", le petit carnet à tamponner qui prouve que vous êtes passés par plein d'endroits et que vous êtes bien un "vrai" pèlerin, pas un imposteur comme nous nous sentons un peu sur le moment. Pourtant avec 14000 km dans les roues, des pèlerins nous en sommes !
Pas trop de souci, il faudra juste qu'on retourne à la cathédrale pour se procurer un de ces petits carnets... on verra... Bon la cathédrale elle est plutôt sympa comparée à celle de Séville. Beaucoup plus claire et fine à notre goût.
Hélène est partie inaugurer les douches... j'attend mon tour... un seul savon et shampoing :) C'est roots mais toujours bien appréciable de se laver les cheveux... le meilleur moment de la journée :)
Finalement vers 18h on reçoit le coup de fil tant attendu de notre réparateur et on part récupérer notre tandem. L'addition est bien salée, il faut dire qu'ils ont passé 5h48 (c'est précis) sur la roue ! enfin les 2, vu qu'il fallait déjà commencer par les démonter pour en remonter ensuite une. Donc toujours en "vélo de supermarché" puisque c'est un peu notre unité, ben voilà ça nous en coûte deux... En tout cas pour ce prix là l'accueil est royal et on passe un bon moment à discuter avec un des autres ouvriers qui nous expose son vélo : une douzaine de lampes clignotantes à l'avant, idem à l'arrière, la sono, des loupiotes dans les rayons (qui fonctionnent avec l'énergie cinétique de la roue), une double béquille "à baskets", un vrai poème.
On passe ensuite à l'église chercher nos crédentials... mais visiblement ça n'est pas là et ça ne sera possible que demain matin... on expliquera ça au tenancier de l'auberge. Il ne nous reste plus qu'à faire des courses (oui la journée est bien remplie) pour avoir de quoi diner.
Pas de bol pas le droit d'utiliser de gaz dans l'auberge et il n'y a pas non plus de plaques électriques dans la cuisine... du coup sandwiches et on mangera nos pâtes demain midi. Pour nos crédentials, finalement le gérant nous en fait un "maison" sur une feuille de papier, et pouf un tampon... en fait ça a l'air d'être plus pour nous (souvenir et preuve de notre pèlerinage) que comme preuve que nous appartenons bien à cette communauté officielle de pèlerins... On est quand même un peu mal à l'aise avec toute cette histoire, surtout quand on nous demande des précisions sur la partie du chemin de compostelle qu'on prend. En fait on n'en fait qu'un tout petit bout... très petit... Mais peut-être un jour (c'est un vieux projet qui me traîne dans la tête pour quand j'aurai 45-60 ans) j'irai peut-être trainer des godillots sur des sentiers pas trop fréquentés... un jour... on verra...
On discute avec une québécoise, mais aussi un italien très gentil (comme quoi il y en a plus de deux dans le pays) avant de rejoindre bien vite la chambre car l'extinction des feux est à 22h (le gérant vient éteindre dans notre chambre !!!)... ah et oui, le matin il faut partir entre 7 et 8h... donc on ne va pas trainer... même si la météo inciterait plutôt à la lecture sur un canapé en regardant la pluie au travers les baies vitrées et en allant chercher une petite couverture polaire et un petit thé... mais le programme de demain sera tout autre. En attendant profitons de notre chambre à huit, Hélène dort en bas, moi en haut et il y a 3 autres lits superposés du même genre dans une chambre d'une douzaine de mètres carrés. Sport...
389è jour : Salamanca - Evan de Arriba
26 avril 2012
70,3 km, 14275 km au total
What a night ! Chaleur et ronfleurs (malgré les bouchons)... on n'a pas dormi plus de quelques heures... on fera avec surtout que ce matin réveil en fanfare à 6h30 et il ne faut pas trainer pour être dans les temps. Petit dej un peu speed et à huit heures moins cinq on est dans la rue prêts à repartir alors que le jour traine à se lever car c'est bien bien gris.
On est un peu décalqués et mitigés face à cette soirée/nuit. Le concept est génial, le fait de retrouver des gens de tous horizons, de pouvoir discuter, échanger, c'est très agréable... la douche et un toit aussi... mais le plan dortoir comment dire... tous les deux ce matin on se dit "vivre la tente". On est un peu dingues de préférer le confort du fin matelas gonflable, de renier le chauffage, mais quel plaisir d'être seuls dans notre petite guitoune, pouvoir papoter ou dormir quand on veut, bercés par le doux bruit de l'autoroute plutôt que le proche beuglement du ronfleur, de pouvoir ouvrir le duvet pour se rafraîchir plutôt que de crever de chaud, ... l'intimité, la liberté plutôt que d'être réveillés toutes les heures par machin qui se lève en faisant vibrer tous les lits superposés.
On se fait la remarque que (typiquement sur cette partie du chemin, appelé "Via de la Plata" (route de l'argent)) les étapes sont assez strictes car il n'y a pas tant d'auberges que ça et donc tout le monde marche un peu au même rythme... et se retrouve tous les soirs. Si tu commences avec 2 ronfleurs sympa, tu vas les supporter pendant tout le voyage, sauf à laisser passer une journée pour qu'ils en aient une d'avance... avec le risque de se faire rejoindre par le célèbre quatuor des 4 ronfleurs. Bref malgré la volonté de liberté, de recherche de "son soi intérieur" on constate une espèce de vie de famille complexe qui ne nous sied guère, en tout cas pas après 13 mois d'indépendance. La via de la Plata est pourtant réputée pour être beaucoup moins "encombrée" que le chemin "français" de Compostelle (via les Pyrénées...) qui - l'été - est une sorte de GR20.
N'empêche que tout ça m'a donné une nouvelle idée de business, je ne devrais pas l'écrire ici mais le garder secret, mais à voir tous ces pèlerins avec une coquille (St Jacques) accrochée au sac à dos, il faut que je trouve un fabricant chinois de titane pour proposer "L'AUTHENTIQUE COQUILLE ULTRALIGHT", on pourrait faire aussi des modèles en aluminium anodisé de couleur pour un peu de personnalisation, la gravure de son prénom, ... Bon ok, on verra plus tard :)
Bref ce matin nous reprenons le chemin un peu derrière le groupe et on ne les doublera pas de la journée, peut-être s'inquièteront-ils ? "tiens on n'a pas été doublé par les petits jeunes en tandem, étrange, pourvu qu'ils ne se soient pas perdus...". Bon ben nos routes diffèrent et on laisse de côté le chemin qui va vers Zamora pour prendre une route plus directe vers Valladolid qu'on a à première vue l'intention de rejoindre en 2 jours puisqu'à vol d'oiseau ça fait 100-110 km... donc comme la route semble vraiment directe ça ne devrait pas être beaucoup plus long.
La pluie se tient à l'écart toute la matinée et c'est avec un fort vent dans le dos que nous lançons le tank à pleine vitesse... ou presque puisque la chaîne saute un peu de pignon de temps en temps. Ca n'est pas illogique puisqu'on a constaté que lorsqu'on sort la roue, qu'on la triture et qu'on la remet (là elle a quand même été totalement rerayonnée) l'alignement ultra sensible du dérailleur sur les 9 pignons peut varier un peu. On fait quelques légers réglages sans comprendre dans quel sens est le problème (tendance à remonter un pignon ou à le descendre)... étrange. En inspectant plus sérieusement tout ça je découvre que le fameux maillon récalcitrant de l'autre jour, celui qui a niqué notre dérive chaîne Décathlon flambant neuf est à moitié sorti et tordu. C'est lui qui provoque les sauts. Je tente un peu de le redresser sans résultat et abandonne. Je ne comprends toujours pas que Shimano en 2012 vende ses chaînes sans maillon rapide. On ne devrait pas avoir à utiliser un dérive chaîne (sauf casse) de nos jours. C'est un outil barbare, peu fiable, lourd à trimballer en voyage, et inutile depuis l'invention du maillon rapide. Heureusement j'en ai un gardé d'une précédente chaîne SRAM (vive SRAM), J'éjecte le maillon pénible et clic, allez, ça m'a pris environ 3 secondes pour le mettre, le plus long ayant été de le retrouver au fond du ziploc. Et c'est reparti comme en quarante... à quarante à l'heure ! Les bosses sont douces, le vent pousse vraiment fort et on pédale à fond les ballons.
Quand on s'arrête avant midi on a fait plus de 50 km. On trouve un petit bout de forêt pour tendre un fil et poursuivre le séchage de notre linge qu'on a eu la mauvaise idée de laisser dans la cuisine la nuit dernière, là où il faisait froid plutôt que dans la chambre sauna où il aurait séché en moins de deux :) La pluie nous rattrape finalement mais nous avons monté la tente pour nous protéger du vent... et de la pluie. Hélène écrase l'oreiller (enfin un sac avec notre tarp) pendant un bon moment pendant que j'approche doucement de la fin de l'échiquier du mal... Nous repartons sous la pluie... Même si elle n'est pas très forte c'est toujours très difficile de replier et repartir alors que ça fait plic plic sur la toile de la tente.
On poursuit notre route, notre plateau légèrement vallonné, et finit avec 70 km au compteur par se poser entre l'autoroute et la nationale qui à l'endroit où on s'arrête est coupée à la circulation pour les voitures pour cause de travaux. Ca devrait être calme :)
390è jour : Evan de Arriba - Valladolid
27 avril 2012
52,9 km, 14328 km au total
La journée commence exactement comme elle s'est terminée hier : il peut ! Bon en fait la pluie n'a pas cessée depuis hier midi... ce matin il faut donc repartir vraiment sous la pluie. Le grand plaisir du démontage de tente en même temps qu'elle s'imbibe d'hydrométéores météorologiques... ouais de goutes d'eau quoi !
On n'a pas eu de nouvelles suites à la légère déconvenue du mail d'hier soir de la part de nos hôtes à Valladolid : ils ne seront de retour chez eux que vers 22h !!! Pas terrible pour nous qui allons rouler sous la pluie toute la journée... et pas génial non plus sachant qu'à cette heure là il fait nuit. On renvoie un texto pour essayer une autre approche basée sur notre connaissance du rythme espagnol : si on arrive avant 16h on a peut-être une chance de trouver Vero et Victor chez eux.
La matinée est divisée en trois :
- reprendre notre route "rien que pour nous", c'est toujours aussi peinard, même si avec la pluie et la visibilité à 50 mètres ça gâche un peu le paysage.
- après Tordesillas (joli port de pêche), il n'y a plus de séparation autovia/nationale mais simplement l'autovia, mais désormais autorisée aux vélos. Nous sommes donc sur un axe principal entre la France et le Portugal. Pas d'autoroute ailleurs, c'est vraiment là que 100% du trafic passe. Malgré la bande d'arrêt d'urgence qui nous fait office de piste cyclable, le trafic est dense et pas vraiment préoccupé des cyclistes. Les camions se suivent à 10 mètres de distance, projetant autant d'eau qu'ils peuvent sur nos pauvres petits corps frêles et trempés. Alors Hélène ce réimperméabilisant ? Pas vraiment concluant. Bon il faut dire qu'après 3 heures sous la pluie intense, même les meilleures vestes respirantes du monde, neuves, prennent l'eau. C'est moins pire que notre arrivée à Rome.
Finalement on reçoit un SMS de réponse : si on arrive avant 15h ils seront en effet bien chez eux. On avait de toute façon un peu pensé à rouler directement jusqu'à Valladolid sans faire de pause déjeuner parce qu'en l'état actuel des vêtements, de la tente trempée et autres plaisirs, on n'avait pas vraiment envie de se poser dans un champ.
On arrive donc à Valladolid vers 13h15 après 53 km d'un coup. A aucun moment il n'a cessé de pleuvoir. L'accueil de Victor et Vero est génial, on essaye de parler espagnol, Hélène a quand même de meilleurs restes que moi qui peine à former mes phrases, mais l'essentiel est de se comprendre. Ils nous ont dit par email vouloir travailler leur anglais, on va faire ça aussi :)
On monte le tandem et les affaires sur leur balcon. Ca dégouline, c'est cradingue, miam !
Nus déjeunons rapidement avant qu'ils ne repartent à leurs cours. Ils étudient tous les deux en sciences sociales ou quelque chose du genre, il va falloir qu'on se fasse préciser tout ça plus en détails ce soir.
Nous profitons de l'après-midi pour quelques tâches administratives : mettre à sécher toutes nos affaires, faire une lessive, se laver, ... les trucs classiques quoi :)
391è jour : Valladolid
28 avril 2012
0 km, 14328 km au total
Aujourd'hui après avoir bien trainé nous entamons la visite de Valladolid. Quelques places sympa (Plaza Mayor, de España, ...), un parc agréable avec des paons et autres petits canetons mignons.
Nous discutons avec Victor pas mal de temps ainsi qu'avec un de ses amis Dany. Vero travaille samedi ET dimanche (petit boulot en plus des études) dans une ville à 50 bornes d'ici donc elle ne rentrera pas ce soir.
Nous sortons boire une bière (allemande :-) dans un bar et poursuivons la soirée à grignoter des graines de tournesol en discutant. Hélène a quand même un espagnol bien meilleur que moi et peut tenir une conversation mais au moins j'arrive un peu à suivre ce qui se dit.
392è jour : Valladolid
29 avril 2012
0 km, 14328 km au total
Une journée tranquille à discuter via skype, lire, gérer toujours quelques emails, faire des demandes de couchsurfing/warmshower dans les villes à venir... Nous arrêtons notre décision sur la manière dont nous allons faire le parcours : avec les 5 jours utilisés à Monte Novo pour cause d'attende de roue-libre nous sommes juste entre deux solutions : rouler de manière plus soutenue pour être à l'heure par rapport à la date de retour que nous avons donné ou alors prendre le train entre Burgos et Pamplona de manière à "récupérer" environ 5 jours de vélo et pouvoir poursuivre très tranquillement notre parcourt et nos arrêts. C'est donc cette seconde solution que nous choisissons notamment parce que nous avons une réponse positive d'hébergement à Burgos mais seulement un jour après la date que nous souhaitions. Nous allons donc "encore" décaler notre départ de Valladolid afin de partir mercredi (nous sommes dimanche) afin d'arriver à Burgos vendredi (3 jours de véol). Bref ça nous fait "perdre" encore un jour de vélo donc désormais la balance penche très fortement en faveur du train.
Ce midi (heure de dimanche espagnol dans un appart de jeunes = vers 17h) Victor a préparé du choux-fleur pané/frit et il faut avouer que ça n'a rien à voir avec le choux-fleur vapeur un peu insipide ou même le gratin où c'est surtout la béchamel et le gruyère grillé qui sont intéressants.
Le soir nous inversons les rôles et préparons un plat de légumes mijotés avec du porc ainsi qu'une tarte aux prunes... premières de la saison... pas terribles malheureusement.
Nous regardons... le roi lion à la télé, parfait pour travailler son espagnol :) et un documentaire sur le Botswana avant d'aller rejoindre Morphée.
393è jour : Valladolid
30 avril 2012
0 km, 14328 km au total
Nouvelle journée de repos, la météo continue à être très moyenne et ils annoncent encore beaucoup de pluie dans les jours à venir... On regarde un peu les news à la télé à ce sujet, ça fait un peu peur : neige, inondations... sympa, ça nous rappelle Rome... sauf que là on est le dernier jour d'avril !
On en profite pour bouquiner et travailler un peu, cuisiner aussi, bref tranquille.
394è jour : Valladolid
1er mai 2012
0 km, 14328 km au total
Encore un jour à reposer le genou... et puis c'est le premier mai, alors on ne roule pas... et on n'écrit pas beaucoup non plus, désolé.
395è jour : Valladolid - Magaz de Pisuerga
2 mai 2012
54,9 km, 14383 km au total
Retour à une heure de réveil plus proche de nos bivouacs (cad 8h), ça fait bizarre car ces 3 derniers jours on a vraiment en chaîné les grasses matinées. Rangement de tout le bardas et on découvre qu'un de nos bidons, mis à sécher sur le balcon s'est... envolé. En gros il est tombé sur le sol du balcon et a roulé... et disparu quelque part 4 étages plus bas. Malgré l'envoi de Nancy Drew pour enquêter sur le drame le petit bidon dit "bidon jaune" même s'il était gris, un bidon donné par Marius à Vilnius a repris son voyage sans nous :-( C'est bête on avait racheté un super porte-bidon en or à Séville rien que pour son petit confort. Le remplacera t'on ? Affaire à suivre.
Ce matin nous quittons donc Vero et Victor, après des moments très sympas passés en leur compagnie et dans leur appart. Ca fait du bien de se poser, de s'être même fait une journée "sans sortir du tout"... vous pouvez pas comprendre :-)
Mais comme toujours il faut bien repartir, vers de nouvelles aventures, rencontrer d'autres personnes, ... enfin vous voyez, j'ai déjà raconté ça mile fois (enfin c'est l'impression que ça me donne). Ce voyage est basé sur le signe de la répétition, nos petites habitudes de bivouac, les rencontres, les départs, ... c'est probablement répétitif niveau récit, mais pour nous chaque situation est différente, chaque personne rencontrée intéressante d'une manière particulière, ... tout ça rend le voyage tout sauf monotone alors que peut-être on pourrait croire que nos journées sont bien semblables, que les couchsurfeurs se ressemblent, qu'on raconte toujours la même chose à l'inéluctable question "c'est quel pays que vous avez préféré ?" ... il n'en est rien.
Nous faisons une nouvelle fois les premiers kilomètres perdus dans nos pensées... quand une voiture passe à côté de nous, la vitre descend... et... tada, non ce n'est pas Marius de Vilnius© qui nous apporte un nouveau bidon mais un journaliste qui nous a repéré. Il arrête la voiture et vient discuter un peu. Il bosse pour une télé locale de la région (Castille-et-Leon) et est intéressé par notre embarcation et notre voyage. Comme toujours "oui" est la réponse à "on peut vous filmer et interviewer ?" On se la pète donc sur notre tandem à se faire filmer depuis la voiture qui nous double, s'arrête, redouble, nous laisse passer. Marrant, ça me fait penser à des plans que j'aurai aimé faire en roulant pour notre film perso. On se retrouve ensuite dans le centre du premier petit bled pour un déballage de sac au sens propre et un peu de blabla très chaotique. Hélène s'en sort honorablement en espagnol (heu comment on dit "sac de couchage ?") moi je finis en français ("c'est pas grave dis-le en français") c'est très brouillon ça sera probablement coton à monter avec beaucoup de choses coupées, mais c'est un moment rigolo et nouveau pour nous. A priori on devrait pouvoir voir le résultat sur le net, on vous montrera si on ne se sent pas trop ridicules.
Avec tout ça notre concept de "on roule pas mal aujourd'hui car la météo est correcte alors que demain il faut s'attendre au pire" en prend un coup. On rejoint le Canal de Castille, et plein de souvenirs ressurgissent de nos précédentes expéditions dont bon nombre en France on été axées sur le fait de suivre les canaux et chemins de halages (ben oui c'est plat un canal ! Parfait pour nous). Le chemin est très praticable... du moins aujourd'hui. Car terre+pluie+vélo, pour l'avoir expérimenté ça finit en boue+trempés+dégeus de la tête aux pieds. Trouver un lieu pour pique-niquer est du coup beaucoup plus aisé que le long d'une voie rapide... que nous finirons par être obligés d'emprunter 1 km - malgré l'interdiction pour les vélos - pour cause de "pont absent". Probablement parti en vacances voir sa famille ou un truc du genre, sur la carte il y a un passage, dans la réalité seulement un pont pour la voie rapide, un autre pour le train mais rien pour nous. Bof c'est pas la première fois qu'on sera dans l'illégalité, mais qu'un flic vienne nous emm*rder on l'emmènera au pied du "pont autorisé pour les vélos" qu'il comprenne ce que c'est d'être cycliste dans un monde de voitures ! "Vous voyez là le pont ? Non ? Ben c'est normal ? Vous nous filez une bouée qu'on traverse à la nage..."
Bref, le souci est rapidement géré sans le moindre coup de klaxon. Cool.
Nous poursuivons tant que nous pouvons sur les petits chemins entre les champs mais on s'arrête bivouaquer juste avant l'endroit où sur Google Maps ça s'annonce comme sans alternative à l'autovia. On verra demain si on doit réellement la prendre ou pas et si elle est autorisée aux vélos à cet endroit car étant justement "sans alternative". Tiens d'ailleurs on ne l'a pas fait pour cet endroit mais on a trouvé une bonne manière de savoir si une autovia est autorisée ou non aux vélos. La méthode empirique qu'on avait évoquée à Barcelone avait été légèrement améliorée avec le concept suivant : si c'est une "A suivie d'un seul chiffre" c'est très très probablement interdit aux vélos, disons 1 chance sur 30 que ce soit autorisé. A 2 chiffres disons qu'on passe à 1 chance sur 3 qu'elle soit autorisée aux vélos. A 3 chiffres c'est plutôt 3 chances sur 4.
Mais pour des données plus fiables, parce que comme on l'a vu parfois ça change le long d'une même route (une portion est interdite aux vélos car il y a une petite route à côté puis ensuite autorisée car pas d'alternative), on peut utiliser Google Street View ! Pour ceux qui ne connaissent pas le projet, c'est notre "ami" Google qui a eu la bonne idée d'envoyer des voitures sillonner les routes en prenant des photos sur 360° tous les quelques mètres. Du coup en se plaçant à une bretelle d'entrée sur une voie rapide on peut voir s'il y a des panneaux d'interdiction aux vélos ou non ! Ca ne marche (encore) pas dans tous les pays mais comme on s'intéresse à des routes importantes, si le pays est un minimum couvert il y a de fortes chances pour que la route qu'on désire emprunter ait été photographiée.
Voilà voilà. Donc ce soir on se pose... comment dire... n'importe comment le long d'un champ, le long du chemin, même pas vraiment planqués, mais il faudrait vraiment en vouloir pour arriver jusque là en voiture si jamais quelqu'un nous voyait depuis l'autovia juste à côté. Nous retrouvons donc nos petites habitudes, notre indépendance qu'on chérit même si on regrette toujours un peu le confort de l'appartement ou de la maison qu'on vient de quitter.
396è jour : Magaz de Pisuerga - Escuderos
3 mai 2012
40,4 km, 14424 km au total
Le journée reprend exactement là où on l'avait laissée, puisque nous avons à peu près planté la tente à 2 mètres du chemin sur lequel nous roulions. Au chapitre des bonnes blagues, la roue de la remorque est dégonflée (crevaison lente ? Je regonfle et on verra) et je découvre la raison de ce fichu 2è pignon qui a tendance à sauter. Il y a un bout de plastique, qui sert d'entretoise entre chaque pignon qui est cassé, ça je l'avais repéré quand on a eu notre problème de roue libre, mais je pensais qu'il ne s'agissait que d'un élément accessoire servant à protéger l'extérieur de la roue-libre des intrusions de boue et autres saletés... visiblement ça a un rôle un peu plus important que ça puisqu'à l'endroit où il est cassé et qu'un morceau de plastique manque le pignon se rapproche de son grand frère. Pas cool mais pas alarmant non plus.
Le trajet commence donc par 2 kilomètres de chemin avant de retomber sur la voie-rapide. Là on ne peut pas faire autrement, il n'y a pas d'autre route alors malgré l'interdiction aux vélos on l'emprunte quand même. Comme d'habitude il n'y a rien de spécial sur cette route, c'est exactement la même que celle qu'on a empruntée (légalement) avant d'arriver à Valladolid. Pourquoi elle est interdire ? Allez savoir.
On prévoit de faire 4 km dessus car ensuite on peut éventuellement prendre d'autres routes qui ne nous rallongent pas trop, mais si ça se passe bien on peut aussi poursuivre sur la 2x2 histoire d'aller au plus plat/court. Au bout de 3 km on croise une voiture de police qui nous klaxonne sérieusement... oups... bon cette fois on a un avantage par rapport à la même problématique en Italie : On n'est qu'à 1 km de la sortie... alors calculons, la voiture doit faire 3 bornes pour aller à la première sortie puis au moins 3 autres pour arriver à l'endroit où nous sommes actuellement. A 120 km/h, en incluant la manœuvre liée à la bretelle de sortie/réentrée... ça nous laisse environ 7 minutes pour parcourir le dernier kilomètre et sortir de la route et se perdre dans les petites routes... LAARGE... Je sens que derrière Hélène appuie fortement sur les pédales... Nous nous retrouvons tranquillement en dehors de la voie-rapide sans apercevoir l'ombre d'une voiture de police. ELle n'a probablement pas fait demi-tour et désormais que ferait-elle ? Continuer à nous chercher sur la 2x2 ou supposer que nous sommes sortis ? Et puis on a toujours cette justification réelle : il n'y avait pas moyen de faire autrement ! Mais dans tous les cas les problèmes les mieux gérés sont ceux qu'on n'a pas.
Après quelques dizaines de kilomètres nous trouvons par un pur hasard un point d'accès wifi qui nous permet de faire une petite mise à jour météo : ça s'annonce sévère côté pluie dans l'après-midi avec même des orages alors que pour l'instant nous avons été épargnés de la moindre goute. On s'oriente donc vers une demi-journée vélo avec report du déjeuner afin de rouler en une seule traite et de planter la tente au sec. On fait donc une petite quarantaine de 40 km et trouvons un endroit adapté. Burgos est à moins de 50 km, parfait pour demain où nous ne sommes pas attendus avant 16h chez nos prochains couchsurfeurs.
Nous plantons au sec mais sous des nuages bien menaçants et alors que nous pique-niquons dans la tente la pluie se met à tomber. Bon calcul, merci les technologies modernes :) Quand ça marche, car ces derniers temps la charge de l'iphone sur la dynamo est assez aléatoire, le téléphone détectant souvent un "périphérique incompatible"... génial. Malgré la météo ce sont donc les panneaux solaires qui contribuent pas mal à la charge !
Après-midi studieuse : Hélène fait des plans de maison pendant que j'ingurgite un bouquin "Constructions de maisons à ossature bois". Ouais après avoir terminé l'échiquier du mal (excellent, je recommande) j'étais un peu dubitatif sur la suite, et ai donc mis de côté les romans pour retourner à du plus terre à terre... non plus bois à bois. Le prochain ? Un truc sur les maisons passives... eh oui les projets se poursuivent dans nos têtes... L'arrivée en France se rapprochant on prépare déjà la suite histoire de vivre au mieux notre retour. Ca ne sera pas la fin de quelque chose mais le départ de quelque chose d'autre. Je ne sais pas si ça limitera le coup de blues, mais au moins ça incite à rentrer :)
397è jour : Escuderos - Burgos
4 mai 2012
51,0 km, 14475 km au total
Nuit bien pluvieuse mais un petit rayon de soleil timide nous permet de sortir du duvet sans se tremper autre chose que le dos qui touche la tente en sortant de notre abri préféré. Matinée tranquille avec pour la première fois (il était temps) : de la musique. Nous roulons donc au rythme de Simple Plan puis sur une bande originale de "Freaky Friday"... il faut du rock qui bouge pour que 1/ ca ne soit pas endormant et 2/ qu'Hélène puisse entendre derrière parce que même à fond les petits hauts-parleurs de l'iphone sont un peu faiblards pour cet usage. En tout cas c'est sympa, on aurait dû y penser plus tôt... mais on va vite épuiser note répertoire "adapté au vélo" et je ne vous refait pas un couplet du transfert de musique sur l'iphone...
Un peu avant midi nous nous trouvons un abri bus qui semble parfait pour s'abriter de la pluie qui s'annonce. Bien calculé côté timing puisque 5 minutes plus tard le ciel nous tombe sur la tête... mail calculé par contre l'abri. Je ne sais pas quel idiot à pu concevoir un abri-bus aussi débile. Dans le mot abri-bus il y a abri, et généralement l'idée c'est donc de s'abriter dedans ou dessous. S'abriter d'éléments du type pluie, vent ou même chaleur (on est en Espagne). Je crois que c'est simple, cet abri n'abrite de rien du tout. Les vitres sont positionnées de telle manière que contre la chaleur on cuira, mais ce qui nous préoccupe aujourd'hui c'est les 30 centimètres d'ouvertures entre le toit et les murs... qui permet donc à toute pluie qui ne tomberait pas parfaitement perpendiculairement de pénétrer dans l'intégralité de l'abri, de tremper le banc et si jamais le vent ne vous aurait pas congelé sur place vous avez les goutes qui tombent du plafond qui viennent vous rappeler à l'ordre et vous éviter de vous attarder dans cet endroit... Mais nous sommes revêches et persistons dans notre erreur puisqu'on reste un bon moment, notamment pour laisser passer quelques fronts orageux et pluvieux avant de finir par se lancer et repartir car il faut bien avancer.
Notre programme nous impose un petit détour par Décathlon pour acheter une nouvelle cassette de pignons (que de l'entrée de gamme, on prend quand même mais je crois qu'on va la laisser dans sa boîte jusqu'au dernier moment histoire d'éventuellement la retourner à D4 France pour se faire rembourser si on ne s'en sert finalement pas), du gaz et un nouveau petit bidon car même si on a largement de quoi stocker de l'eau on a souvent besoin d'un petit bidon pas très haut pour passer sous les lavabos riquiquis des endroits où on s'approvisionne (genre stations services).
C'est sous la pluie malheureusement qu'on fait nos derniers kilomètres avant d'arriver chez Angel (qui travaille) et sa copine Merce qui nous accueille. On fait flic floc mais ça ne nous change pas trop de la dernière fois à Valladolid. Ces derniers temps on enchaîne côté météo ! Petit thé chaud, douche du même acabit et un peu de repos nous font du bien. Ce soir on verra, peut-être quelque tapas à l'extérieur... à suivre...
Nous sortons ranger le vélo dans un parking sous-terrain à quelques pâtés de maison car pour l'instant il est dans le hall de l'immeuble. Nous retrouvons Angel qui sort du bureau et allons dans un bar diner autour d'une bière ou de vin et de différents tapas tous très bons.
La pluie reprend quand nous sortons, définitivement difficile de rester sec ces derniers temps !
398è jour : Burgos
5 mai 2012
0 km, 14475 km au total
Après une matinée tranquille, quelques courses et un déjeuner à base de salade césar nous entamons une balade dans le vieux centre de la ville. Burgos est une cité très agréable, assez atypique par sa faible largeur, ses différentes rivières, son climat froid et venteux, mais aussi pour sa grande cathédrale (une de plus :-) et autres monuments plus ou moins anciens. Vous verrez les photos.
On se réchauffe autour d'un chocolat chaud "con churros" avant de rentrer à l'appart discuter un moment avec nos hôtes et 2 de leurs amis, principalement sur la politique de nos 2 pays... pas très reluisant d'un côté ou de l'autre de la frontière...
Un peu vannés nous remettons à demain nos volontés de cuisiner français (on a un lapin aux pruneaux et de la brioche dans notre chapeau) et dinons rapidement... je profite de quelques minutes de répit pour... jouer à Starcraft 2, un jeu que j'attendais depuis des années et qui est finalement sorti alors que nous étions en pleins préparatifs de voyage, à 200% sur le(s) boulot(s)... pas vraiment le temps de jouer... le mal est réparé :-) Mais il est de nouveau bien tard...
399è jour : Burgos
6 mai 2012
0 km, 14475 km au total
Oh c'est dimanche, nous prenons donc le temps d'un bon petit dej, de discussions avant de se séparer en 2 équipes, nous restons dans l'appart pendant que Merce et Angel vont chez les parents de ce dernier pour fêter... la fête des mères... qui est bien plus tôt ici que chez nous. Tiens du coup on a un peu regardé la date de la fête des mères en France, et c'est marrant car c'est "le dernier dimanche de mai"... sauf si ce jour tombe le jour de la Pentecôte, auquel cas la FDM est reportée au dimanche suivant, c'est-à-dire le premier dimanche de juin... ce qui sera le cas cette année. Passionnant non ?
Nous en profitons pour nous occuper un peu de la cuisine... Le lapin mijote pendant que la brioche cuit. Elle a levé vraiment bien, ça fait plaisir... dommage que le four un peu basique chauffe trop fort dessus et lui crame un peu le oreilles :( Mais ça s'annonce globalement bien.
L'après-midi est l'occasion de se retrouver pour une nouvelle sortie, un peu à l'extérieur de la ville sauf qu'on loupe 2 fois les bus donc on fait une bonne partie du chemin à pied. Université, ancienne bastide, monastère, grands jardins, ... des coins très sympas même si malheureusement en ce dimanche beaucoup d'endroits sont fermés, on ne profite donc que des extérieurs. Un petit texto nous informe des résultats des élections, c'est cool on a des informateurs en France :) Merci... Bon ben on verra ce que ça donnera. On se sent à la fois concernés et à 1000 lieux de tout ça. En tout cas c'était bien sympa de ne pas avoir eu à "vivre" la campagne, parce que médiatiquement c'est quand même assez pénible. Je me souviens qu'on avait arrêté d'écouter la radio au petit déjeuner à Paris à une période de pré-élections où on avait eu un énorme ras-le-bol d'entendre tout et son contraire. Enfin bref, je m'égare...
Nous regagnons le centre à pied, faisons une petite pause "tortilla" (omelette, spécialité espagnole) avant de rentrer récupérer notre tandem pour le remettre dans le hall de l'immeuble pour avoir un accès plus simple demain matin.
Nous rentrons diner et manger donc notre lapin et la brioche, les 2 sont très bons. L'une des meilleures brioches jamais réalisées au niveau de la mie, Hélène trouve qu'elle est meilleure que la brioche "Bonin" (pour les connaisseurs), c'est un peu comme si on vous disait que votre repas mérite 3 étoiles au Michelin... Ouf, serions-nous sortis de la malédiction briochesque ?
Et une fois de plus il est 1h du matin... et il est plus que temps de retrouver Morphée vu que demain réveil un peu avant 8h... On n'a pas des vies faciles !
400è jour : Burgos - Pamplona (Pampelune)
7 mai 2012
9,3 km, 14484 km au total
Ce matin c'est donc l'heure des au-revoir, encore une fois, et un peu après 10 heures nous sommes comme des cons devant l'immeuble... notre train est dans 6 heures...
Programme courses pour avoir de quoi faire un pique-nique, puis visite de la Casa del Cordon, une chouette bâtisse ayant abrité une rencontre importante suite au retour de Christophe Colomb de sa seconde expédition en Amérique. Dommage qu'aujourd'hui à l'intérieur il y ait... une banque mais bon.
On traine un peu sur un banc au soleil car ce matin il est assez présent puis direction la gare en suivant plutôt la rivière qu'en explorant les hauteurs du nord de la ville. En effet la gare a été déplacée en 2009. Auparavant en centre ville, les rails ont été démontés et l'espace récupéré transformé en boulevard. Ca peut sembler pas cool au premier abord, mais ça fait partie d'un grand plan de modification de la circulation à Burgos et ça a permis de rendre le centre très piétonnier, donc c'est plutôt sympa.
Par contre la gare se retrouve à l'extérieur, pas aussi loin qu'un aéroport, mais vraiment en périphérie.
On a donc beaucoup d'avance ce qui nous permet de prendre tranquillement les billets (pas de souci, le vélo a son billet, gratuit). Nous prenons donc un "régional express", train acceptant les vélos.
On bouquine, pique-nique puis entreprend l'escalade nécessaire à rejoindre le premier étage où sont les quais. J'exagère un peu car on a la chance de pouvoir utiliser l'escalator mécanique sans souci. Allez faire ça à Montparnasse, avec leur stupide "plot" au milieu des entrées des escalators faites pour emmer*er le monde (si quelqu'un me trouve la justification de la présence de ce truc je suis preneur, et qu'on ne vienne pas me dire que c'est pour "fluidier" l'entrée sur l'escalator, c'est débile).
Par contre monter le tandem dans le wagon acceptant les vélos (qui a le mérite d'exister, c'est déjà ça) et toujours aussi comique, comme en Italie : marches, recoins étroits, ...
Le trajet est tranquille (2h30), et le paysage très chouette. Nous sommes contents de le faire en train car c'est loin d'être plat, et on va déjà avoir assez de relief dans les jours à venir pour nous contenter :)
A l'arrivée à la gare de Pamplona nous avertissons notre couchsurfeur par SMS de notre arrivée, il est 16h35, nous n'avons pas rendez-vous avant 20h. On prend notre temps pour rejoindre l'endroit où il habite (1 km de la gare mais ça monte) et accrochons le vélo sur la place en face de son immeuble et allons squatter une terrasse de café. Il fait meilleur à Pamplona qu'à Burgos (c'est plus bas niveau altitude). Nous n'avons pas le temps de nous asseoir que Xabier vient à notre rencontre. Il nous a vu depuis sa fenêtre (il était déjà là en fait). On monte donc le vélo au 4è étage, les bagages prennent l'ascenseur et nous découvrons donc nos quartiers dans le très grand appartement de sa famille.
On ressort faire quelques courses pour le diner car lui sera sorti ce soir donc nous mangerons probablement seuls dans l'appart et profitons de la douche même si c'est moins nécessaire que les fois précédentes... on retrouve vite ses petites habitudes :)
401è jour : Pamplona
8 mai 2012
0 km, 14484 km au total
La météo toujours très moyenne (c'est quand que ça se finit ce temps pourri ?) nous permet néanmoins de sortir visiter le vieux centre de Pamplona. On arpente les petites rues étroites et malgré "un changement dans la continuité" ça sent déjà bien l'esprit basque. Les petites ruelles étroites, les boutiques, les façades... les montagnes en arrière plan aussi. On erre, on se laisse porter par l'inspiration du moment "oh ça a l'air joli à droite" allons donc à droite... vers 14h on abdique et on se met à l'heure espagnole, puisque tout ferme on va déjeuner nous aussi. Un "dernier" resto, enfin probablement. Une fois de plus le concept du dernier est bien présent. Nous sommes d'ailleurs chez notre dernier couch-surfeur du voyage... la discussion de ce midi porte d'ailleurs sur l'état d'esprit à l'approche de la fin du périple. Toujours aussi difficile de définir nos sentiments même si lorsqu'on évoque certains points comme ce dernier resto, on a un peu le nœud au ventre (dommage dans un resto). On mange néanmoins très bien avec quelques spécialités sympa (chorizo, poivrons fourrés à la morue...). Toujours cet esprit "menu tout compris" bien agréable (10 euros pour entrée-plat-dessert-pain-boisson). On trainouille, puis on sort se grâler un peu au soleil qui a décidé de pointer son nez. Alors qu'on va s'asseoir sur un banc très long de la place principale (concept sympa qui favorise la proximité) 2 américains nous demandent si nous sommes des pèlerins... parce que Pamplona est également sur le sentier de compostelle et que toute la matinée on n'a pas arrêté de croiser des gens qui seraient probablement de bons clients pour mes coquilles en titane. Hélène a un sac à dos, il est plein de nos affaires de pluie et contre le froid donc on a le look. Je pense aussi qu'il y a quelques détails qui ne trompent pas, genre le pantalon qui fait short, la grosse montre altimètre, les chaussures... Nous entamons donc la discussion avec nos 2 américains de Caroline du Nord... et finalement nous discutons un long moment de nos voyages respectifs, des élections (haha) : les nôtres et les leurs qui se préparent déjà tellement longtemps à l'avance, de l'Amérique et de la France en général, avec justement les erreurs de jugement qu'on peut facilement faire en essayant de regrouper sous une même dénomination des personnes si différentes. De même que "le français" n'existe pas mais qu'il y a une multitude de français, des plus cons aux plus intelligents, il y a des américains obèses, des idiots mais aussi des gens très cultivés, passionnants et un peu désœuvrés de voir l'autre partie de leur pays agir comme il le font. Bref on est content de profiter une nouvelle fois de l'élargissement de notre voyage. Finalement en restant dans les frontières de l'Europe on peut voyager bien plus loin.
Nous rentrons ensuite en passant voir la citadelle, reconvertie en parc plutôt agréable. Les nuages sont de retour et l'ambiance est très orageuse. La moiteur est quelque chose que nous n'avions pas vécu depuis longtemps, pas à Burgos en tout cas. On sent nettement les 400 mètres d'altitude de différence ! A peine temps de refaire quelques courses pour le diner et les 2 jours à venir et l'orage éclate alors que nous mettons tout juste les pieds dans l'appartement. Hum quel sentiment agréable que d'être au sec alors que dehors des trombes d'eau s'abattent sur la tente... ah ben non pas de tente ce soir :)
On arrive à avoir un peu de net pour que je retrouve ma technique de résolution du Rubik's cube qui traîne sur la table basse et qui a une furieuse envie de passer dans mes mains. Le cerveau rouillé je finis quand même par vaincre l'animal pendant qu'Hélène se met aux fourneaux, ce soir on s'offre un steak de bœuf, ça fait un bail ça aussi qu'on n'en a pas mangé. Il y a aussi un énorme bouquin de 10 kilos sur l'architecture moderne qui m'appelle... laissé par un précédent couchsurfeur brésilien qui n'avait pas pu l'emporter dans l'avion pour rentrer chez lui... s'il peut être utile à quelqu'un... autant en profiter :)
402è jour : Pamplona - Sunbilla
9 mai 2012
61,6 km, 14546 km au total
Allez il est temps de reprendre la route. Un premier zig-zag pour contourner une montagne au lieu de profiter d'un tunnel (interdit aux vélos) nous met rapidement dans le bain. On a regardé il y a quelques jours dans Google Street View, la route qu'on va prendre pour rejoindre Irun sera régulièrement comme ça : quand ça serait trop plat pour nous, on nous impose le joli détour par les pentes à beaucoup de pourcents... mais bon on a l'habitude.
La matinée se passe tranquillement, le profil de la route est très correct (c'est la nationale). On se pose dans un petit village, sur une aire de jeux pour profiter... d'un peu d'ombre. Car voyez-vous aujourd'hui alors qu'on transpire en montée, le soleil est radieux et multiplie les effets du relief. Vers 14h on se fait envahir par les enfants qui sortent de l'école, bon ok on est un peu sur leur territoire :-)
L'après-midi est plus corsée, le soleil tape très fort et on entame un joli contournement de tunnel qui nous amènera à un col à 847 mètres. Pas violent mais ça monte parfois très fort. La vue en haut est bien sympathique, ça compense... La suite est une longue et douce descente qui nous permet de passer d'un pauvre 30 km sur le compteur à plus de 50 en seulement quelques dizaines de minutes. On casse notre précédent record de vitesse qu'on pensait pourtant intouchable (Turquie, 79,8 km/H) puisque cette après-midi nous passons la barre symbolique des 80 km/h avec un joli 80,1 km/h ! Le tout en toute sécurité... ou presque... puisque le catadioptre de la roue avant se fait la malle en pleine descente... la force centrifuge aura eu raison de lui... tant pis.
Trouver un coin bivouac au sein des montagnes est un sport à part entière. Et nous ne le maitrisons pas puisque nous devons abdiquer après avoir roulé un bon moment. Ca monte ou descend à pic à droite ou à gauche de la route en permanence. Il nous faudra d'ailleurs pousser le vélo sur 300 mètres pour rejoindre un camping (qui a du wifi en plus ! Bon faut dire qu'à plus de 15 euros la nuit... hors saison...).
403è jour : Sunbilla - Hendaye
10 mai 2012
43,6 km, 14589 km au total
Grasse matinée car désormais nous avons 4 jours pour rejoindre notre prochain hébergement. Nous allons voir Dominique à Pouillon dans les Landes. Alors qui est Dominique, un couchsurfeur ? Un membre de la famille ? Même pas ! Dominique m'a contacté un jour pour me demander des conseils sur la rando à vélo. Je lui avais répondu et aussi donné le lien vers lamigration.com. Pour être honnête je ne m'en souvenais pas dans les détails (j'ai du répondre à une dizaine d'emails de ce type sur les 6 premiers mois du voyage). Un jour on a reçu un email de Dominique nous proposant un hébergement chez un de ses amis à Bari en Italie. Malheureusement ça n'avait pas pu se faire (l'ami n'était pas là le jour où nous étions à Bari) mais c'était l'occasion d'apprendre que Dominique avait commencé à lire le récit et depuis ne décrochait plus trop.
A l'heure où nous retournons en France il nous semblait donc logique de faire un petit détour pour aller lui faire un coucou. En plus c'est un peu intéressé comme démarche car ça nous permet d'être un peu moins calculateurs dans nos jours de vélo. Je m'explique. L'idée c'est d'arriver "quand on arrive" chez lui et ensuite de rester quelques jours afin de repartir pile poil le jour qui nous fera arriver le 19 mai à Arès. A priori 3 jours de vélo (4 si on s'offre une pause sur la dune du Pilat). Donc si on arrive avant à Pouillon on restera pour repartir le 16 ou le 17 mai. Voilà vous savez tout.
Alors aujourd'hui ? On joue avec la nationale qui nous sort régulièrement pour prendre une petite route parallèle pour éviter les "oh my god" dangereux tunnels tueurs de cyclistes. Après les routes polonaises et les tunnels en Serbie et Bulgarie (genre 500 mètres dans le noir total) franchement ça nous fait bien marrer. Bon après il faut avouer qu'au moins c'est bien fait, bien indiqué. Sauf 1 tunnel qu'on prend puisque visiblement il n'y a pas d'autre route. On n'est pas morts pour autant, ni étouffés par les gaz d'échappements. M'enfin, un jour on essaiera d'arrêter de chercher à comprendre.
Pour rire on emprunte même un petit chemin un peut caillouteux qui nous fait passer par un tunnel assez long, plein de flaques d'eau, à peine éclairé, mais très rigolo avec ses goutes qui tombent du plafond. Au moins ça rafraîchit car il fait vraiment chaud même ce matin. C'est le premier jour où nous partons en cuissard court, pas de jambières, t-shirt, pas de veste coupe-vent... c'est plein à craquer dans les sacoches côté vêtements. Ce qui est terrible c'est de se dire qu'il y a 5 jours à Burgos on grelottait en regrettant de se balader dans le centre ville sans notre doudoune (mais avec polaire et veste de pluie fermées jusqu'au cou).
Le petit sentier caillouteux nous fait un remake Serbe du "je t'avais bien dit de gonfler mieux ce pneu arrière"... Là où c'est drôle c'est que ce matin j'ai regonflé celui de la remorque (toujours crevaison lente mais flegme de chercher où) et que j'ai hésité pour celui à l'arrière... qui n'en avait pas vraiment besoin, genre "on verra dans quelques jours". Là où c'est doublement drôle c'est que 4 secondes avant que la jante n'entre en contact avec le caillou dévastateur j'étais en train de penser qu'il faudrait peut-être quand même s'arrêter pour gonfler à bloc... enfin voilà, un gros Pfff qui ne laisse pas l'ombre d'un doute sur ce qui vient de se passer et pneu à plat instantané. Allez, on ne désespère pas, c'est con il est pile-poil l'heure de déjeuner mais l'endroit ne s'y prête pas du tout. DOnc on se fait la réparation en mode rapide, sans sortir la roue, juste la chambre du côté d'un flanc du pneu. Double rustine (visiblement ça a écrasé à deux endroits à 1 cm d'écart, donc 4 trous). On regonfle à bloc et on part rejoindre un coin plus accueillant pour déjeuner. Près de la rivière que nous suivons depuis quelques temps, un magnifique arbre centenaire (un avec des feuilles et des branches si ça peut vous aider) qui fait presque de l'ombre sur le banc qui nous permet de manger avec un dossier et une vue sur le torrent où est aménagé une "piste" de canoë kayak. Ce midi nous captons enfin le réseau mobile français. Ca y est, nous voilà de retour dans le monde. Il n'y a que moi pour avoir un sourire de 2 km aux lèvres, Hélène est morte de rire de me voir checker les emails 2 fois en 1 heure, on ne se refait pas...
Au moment de repartir... oh ben ça alors, le pneu arrière est à plat... Aurait-on loupé un trou ou mal géré les rustines ? On verra plus tard... je regonfle, ça a l'air de tenir plus de 10 secondes, on va rouler comme ça.
2 km plus tard, à la sortie d'un rond point le vélo nous fait un espèce de flottement/dérapage incontrôlé... oups... Ca n'est pas à plat mais suffisamment mou pour rendre le pilotage difficile. L'endroit, malgré l'ombre, est tout pourri pour réparer donc je regonfle et c'est reparti pour 2 km pour trouver un peu de verdure et d'ombre. Rebelote démontage de toutes les sacoches, vélo à l'envers et cette fois on change direct la chambre à air pour une neuve, on réparera tranquillement plus tard. C'est bien une de nos rustines qui pose problèmes, ça fuit dessous. Oups la honte.
6 bars plus tard (fois 2 vu que la première fois j'ai regonflé AVANT de remettre la roue ce qui fait qu'ensuite elle ne passe plus entre les étriers de freins !!!) nous reprenons notre visite d'Irun. Station balnéaire sympa sans plus puis rejoignons Hendaye. Un peu déçus de notre entrée en France : même pas un panneau, un drapeau, un truc pour faire une photo. C'est le pont qui sépare les deux pays et puis voilà. Tu sais que tu es en France parce que c'est indiqué "Horaires d'ouvertures" sur la porte du magasin... ah tiens c'est en Français. On longe la côté "route de la corniche" car j'ai un excellent souvenir du point de vue de Socoa sur la baie de Saint-Jean de Luz. On verra probablement demain car l'idée est de se trouver un camping ou lieu de bivouac. On galère un peu en montée, on transpire de tous nos pores, Hélène n'en peut plus, mais les campings ne montrent pas leur nez malgré les panneaux de directions. On aboutit sur une petite route tranquille et une petite entrée dans une micro forêt le long d'un ruisseau. Parfait.
On profite du ruisseau à l'eau claire pour se tremper les pieds, se rafraîchir et puis ma foi carrément se laver et faire une rapide lessive. On refroidit l'eau d'un bidon qu'on agrémente d'un petit sachet de Tang (espérons qu'on en retrouve en France) : le bonheur.
Retour à la tente pour diner même si la chaleur et le volume d'eau dans l'estomac n'incitent pas trop à la cuisson des pâtes. Comme hier ça va se terminer à la lampe frontale après le coucher du soleil (21h15 en ce moment).