143è jour : Varsovie - Radwankow Szlachecki
2 septembre 2011
44,6 km, 6181 km au total
Un départ tardif nous amène à la sortie de Varsovie un peu avant le déjeuner. Il nous faut de nouveau ravitailler en nourriture pour espérer pique-niquer aujourd'hui. La météo est clémente mais on sent déjà l'amorce de l'automne : les bouleaux perdent un peu leurs feuilles jaunies et le moindre nuage rend l'air de la journée bien frisquet. Hélène ressort les jambières et le coupe-vent, ça ne sont pas des signes très prometteurs pour le futur.
Nous commençons également à réfléchir à l'aménagement du planning des journées à venir : lever du soleil 5h43, coucher 19h31 ! On va devoir "remonter" nos journées si on ne veut pas les finir à la lampe frontale. La pause pique-nique du jour se verra donc un peu écourtée après une courte sieste pour essayer de ne pas trop se décaler.
Notre nouvel objectif est donc Cracovie que nous allons rejoindre en suivant le fleuve qui traverse Varsovie (et Cracovie) à savoir la Wisla. Ca n'est bien sûr pas le chemin le plus court mais comme d'habitude ça n'est pas notre but que celui d'optimiser notre trajet... sinon on aurait fait Paris-Bordeaux en ligne droite et ça fait bien longtemps qu'on serait arrivée :) Nous sommes attendus le 10 septembre à Cracovie soit 8 jours de vélo pour faire 400 km. 50 km par jour, exactement notre tendance générale.
Après un changement de rive à Gora Kalwaria le coin bivouac est un peu dur à trouver malgré la présence de nombreux vergers qui ont remplacé les champs de blés et les cigognes. Ce n'est qu'après 16h30 qu'on trouve un champ sans trop de vis-à-vis.
Une journée simple, presque banale mais qui nous permet de clôturer notre session "blackout" de ces dernières semaines.
On a grand plaisir à vous retrouver, à retrouver le clavier du mac, à retrouver vos messages que vous avez laissés pendant notre parenthèse... bref l'aventure se poursuit et on va vous faire partager de nouvelles histoires d'insectes rebelles, de météo pourrie, de problèmes de vélo et de fesses qui morflent.
144è jour : Radwankow Szlachecki - Dlugowola
3 septembre 2011
54,4 km, 6236 km au total
Ah le charme des nuits fraîches. Déjà hier soir en faisant la vaisselle (avant la tombée de la nuit) on sentait bien que le t-shirt à manches courtes n'allait désormais plus être de mise pour le bivouac. La nuit nous l'a confirmé : il faut refermer le duvet. 10°C au réveil dans la tente, probablement un peu moins au plus frais de la nuit (et pire dehors). Les nids de cigognes que nous verrons dans la journée seront désespérément vides, il est temps pour nous aussi de continuer la migration vers le sud.
Heureusement la météo de la journée est splendide. Le soleil entame un peu le séchage de la tente car la condensation est à son maximum. On n'a toujours rien compris au "point de rosée" malgré la page wikipedia, on s'en tiendra donc à nos constats : herbe + froid la nuit = tente trempée. Le mal au fesses est aussi bien présent comme il faut, et pour nous deux. On repense régulièrement aux amis qui le jour de notre départ à Paris commentaient nos selles : "ah ben clairement je préfère celle d'Hélène bien moelleuse en gel plutôt que le morceau de bois que semble être celle d'Olivier (en cuir, pas en bois)". Hélène peut vous le confirmer : elle dérouille, déguste, morfle, le sent passer... tout ce que vous voulez, bref le moelleux et le confort à long terme ne sont pas forcément synonymes...
Pour ne rien arranger les routes polonaises sont également au comble de leur qualité : plaques de bétons vaguement colmatées par des joints en bitume ou petits morceaux de route entre rapiécage de bitume... on en prend pour notre grade.
Après des courses dans ces désormais traditionnelles micro supérettes qui font passer les petits supermarchés du Danemark pour des hypers français nous faisons une pause ravitaillement en eau à côté d'une église. Hélène disparait quelques minutes avec un bidon et la poche à eau et revient... accompagnée. Un monsieur (une croix autour du cou mais pas trop le look prêtre) vient voir le vélo et surtout aider LN à porter un peu de surplus : il nous offre une bouteille d'eau pétillante, un jus de fruit au cactus et des bonbons. Nous replongeons pleinement dans les belles valeurs de la religion. On va finir croyants je vous dit :) Bon, peu de chances pour moi qui suis beaucoup trop cartésien pour ça mais ça ne m'empêche pas de faire le constat que partout où on passe on perçoit la grande générosité des croyants et des pratiquants. Certaines valeurs de partage et de respect gagneraient à être un peu plus enseignées à l'école... mais je crois qu'on préfère s'en tenir à des maths et de l'orthographe c'est plus simple...
La route se poursuit le long du fleuve que nous apercevons de temps en temps avant de s'en éloigner un peu. Nous traversons principalement de vastes zones de campagnes mais une fois de plus on fait le constat que la Pologne est décidément un pays bien peuplé. Là où s'arrête un village un nouveau débute. Peu de zones réellement vides (c'est pas l'Estonie ici !) ce qui ce soir encore rend le choix d'un coin bivouac délicat. Mais désormais nous sommes au point sur le timing et c'est avant même 16h que nous partons en quête du champ idéal. Le blé à été moissonné et les champs labourés, la petite mauvaise herbe reprend son existence pour notre plus grand plaisir, celui de pouvoir nous accueillir sans risquer d'écraser le gagne-pain d'un agriculteur.
On se pose donc pour profiter de la fin d'après-midi et envisager un diner vers 18h pour être couchés, comme hier, vers 20h ! Nouveau rythme et nouveau réveil : 6h.
145è jour : Dlugowola - Kazimierz Dolmy
4 septembre 2011
51,3 km, 6287 km au total
A 6h on arrête le réveil et on se rempaffe pour une heure gratuite, qu'est-ce que c'est bon ! Le programme de la journée est 46 km pour rejoindre un camping, bref une petite journée. Le soleil est toujours au rendez-vous et le sol plus sec combiné à la nuit moins fraîche nous permettent de plier la tente presque sèche, ça sera autant de temps de gagné dans la journée, car il faut l'avouer, ressortir tout le bardas, l'étendre au soleil, le replier, ben ça mord sur le poste sieste ou lecture :-)
La matinée est une belle matinée de veille de rentrée scolaire... encore qu'en Pologne on ne sait pas s'ils ont déjà repris ou non, on serait tenté de penser que non car les routes sont blindées de vacanciers sur le retour ou profitant de leur dernier week-end avant de se propulser de nouveau dans l'intrépide vie qui semble leur seoir.
Pour notre part pour la seconde fois de la journée on savoure ce fait : pas de rentrée, pas de patron, pas de "fin de", juste une nouvelle journée dont on va essayer de profiter comme les précédentes... tout un programme.
On alterne bitume subventionné par l'Union Européenne et merdouilles polonaises, le vent dans la tête mais globalement le parcours est très sympa avec des rapprochements appréciables avec la rivière. Les vacanciers qui ne sont pas coincés dans leurs voitures sont à la pêche, à essayer de chopper un poisson profitant des derniers rayons de soleil un peu trop près de la berge...
Nous on est vraiment bien, on savoure et on arrive finalement avant midi à Pulawy. On se trouve un parc et à 11h30 on est en train de pique-niquer ! Un peu de wifi (capricieux) et pas mal de lecture (hop un nouveau SAS terminé, merci Alexandriz) après avoir de nouveau fait un petit point sur l'après voyage... forcément ça nous travaille, on arrive bientôt à 6 mois de voyage et on a envie de commencer sérieusement à mettre des mots sur nos désirs et à les croiser avec les réalités envisageables et les rêves peu réalistes. Il va falloir qu'on lance un concours : trouvez-nous un terrain d'au moins 1000 mètres carrés, entre Bordeaux et l'océan, à moins de 30/40 minutes de Bordeaux, pas dans un lotissement, assez libre dans la construction et pour moins de... disons 50 000 euros. Ah et aussi une banque ok pour nous suivre, nous autre presque sans emplois... On offre une photo dédicacée en retour :)
Bon la réalité étant ce qu'elle est, on reprend la route pour rejoindre Kazimierz Dolmy, petite ville presque balnéaire et qui semble aux premiers abords bien sympathique. On la traverse en cherchant notre camping qui ne fait pas vraiment l'objet d'indications. Le GPS croisé avec les infos récupérées sur le net ce midi nous oriente vaguement mais c'est après avoir demandé à un petit papy sur son vélo qu'on revient sur nos pas et repasse devant un hôtel qui fait aussi camping... on n'avait pas vraiment de chances de le trouver même si mon cerveau avait bien lu "kemping" sur une petite pancarte à côté de l'hôtel un peu plus tôt mais sans arriver à retrouver où c'était écrit lorsque j'avais percuté. En l'absence de confirmation de mon impression j'avais laissé tomber, probablement une confusion de mots... pourtant c'était bien ça. Le cerveau humain est parfois un truc bizarre.
Le camping est ultra bizarre, sous deux câbles d'accrobranche de l'herbe pour planter des tentes. En ce dimanche de fin de saison nous sommes seuls, bizarre. Les sanitaires sont d'un autre âge sans pour autant être totalement insalubres, c'est très étrange. La douche brûlante est un bonheur, remettre les pieds sur le sol en granit glacé beaucoup moins. Pour se réchauffer un peu et éviter les moustiques trop présents on s'oriente vers le bar pour boire une petite bière, recharger les batteries et profiter du wifi pour vous envoyer le texte de ces derniers jours.
Allez, je laisse l'ordi à Hélène car notre fameux ami Alexandriz vient de mettre une moisson de nouveaux livres en ligne dont certains ont fait frissonner Hélène de désir... et il ne faut jamais contrer les désirs d'une fille...
146è jour : Kazimierz Dolmy - Wrzelowiec
5 septembre 2011
39,7 km, 6327 km au total
Après plus de 10 heures de sommeil le constat est pourtant terrible : on est fatigués ! Bon il faut dire que dans l'absolu silence du coin le moindre petit choc d'un gland qui chute ou oiseau qui chante ça fait un bruit à réveiller les cyclistes crevés. A propos de crève, c'est bon j'en ai choppé une bonne, de celle qui trempe mouchoir sur mouchoir... pas évident quand le cuissard n'a pas de poches.
Ce matin on se fait donc une petite balade dans le centre du village tout en prévoyant quelques courses. On a un poil d'avance sur le planning donc autant en profiter. La balade ne plait pas franchement à Hélène qui désespère de trouver un endroit ressemblant à un supermarché. Le stress monte, on n'a (presque) rien à manger pour ce midi et la ville la plus proche est à 25 km.
Au bout de quelques détours on trouve une micro épicerie, du type 100% polonaise, demander à la dame ce qu'on veut... quand elle ne parle pas un mot d'anglais. On repart néanmoins avec de quoi faire un pique-nique, mais ça ne semble pas alléger l'esprit d'Hélène toujours un peu boudeuse et déçue d'avoir consacré autant de temps pour voir un village trop touristique et ressortir avec 4 articles d'une épicerie.
Le retour au camping pour démonter la tente avant de repartir est également l'occasion de reprendre de plein fouet la nuée de moustiques, impressionnant. Ils vendent de l'anti-moustique à l'accueil, à croire que c'est un business bien rôdé et qu'ils élèvent (comme ma sœur) volontairement des moustiques dans des cuvettes d'eau croupie (Sandrine, je sais que tu essaye de reproduire notre mode de vie mais quand même il y a des limites).
Nous quittons le village par la route la plus logique qui n'est pas plate pour autant. Ca y est, les bordures du fleuve commencent à ressembler à des vallées escarpées et il vaut mieux avoir les courbes de niveau sur la carte (pas de bol, ça n'est pas notre cas). Nous atteignons donc rapidement 200 mètres (comme d'habitude, interdiction de rigoler sinon on vous demande de nous démontrer comment vous vous en sortez mieux que nous...). Coin pique-nique en plein vent, mais c'est agréable car le soleil tape fort. Le rhume n'est pas trop d'accord mais il faut bien faire des compromis.
L'après-midi est plus sympathique avec la découverte de nombreux verges, framboisiers, cassissiers (???), plantations de houblon... c'est assez diversifié. Dans les champs ça s'active aussi fortement, il faut mettre toutes ces petites framboises en cagettes pour que les acheteurs de l'autre bout de l'Europe en profitent. On découvre aussi depuis deux jours quelques trucs hallucinants : Natalia, ça y est on a vue notre première charrue tirée par des chevaux ! Sinon il y a aussi l'occupation familiale "corvée de patates" : toute la famille à quatre pattes dans un champ à ramasser des pommes de terre, et aujourd'hui une petite mamie avec une bêche du genre de celle que vous avez dans votre jardin (pour ceux qui en ont un)... sauf qu'elle s'attaquait à un champ de probablement un hectare. Espérons qu'elle ait terminé avant l'hiver...
Après avoir rejoint notre grosse ville et son Tesco salvateur en biens de consommation courante, nous repartons plus sereinement chercher un lieu de bivouac. C'est derrière des framboisiers que nous planterons la tente et c'est à l'ombre (il fait encore chaud à 17h) de ce qui ressemble à des cerisiers que j'écris. Je noie mon rhume dans un jus Ananas-Coco sans une goutte de rhum pendant qu'Hélène tente de décharger la batterie de son Kindle...
147è jour : Wrzelowiec - Furmany
6 septembre 2011
69,5 km, 6396 km au total
Il est 19h30, on se pose enfin, une journée un peu dingo... enfin à notre échelle :)
Tout a commencé hier soir, avec le constat qu'il nous était impossible d'envoyer notre position : pas de réseau data 3G ou Edge dans le coin. Un peu étonnant car on n'est pas loin d'un village, mais bon, pourquoi pas.
La suite c'est le réveil à 1h du mat par la pluie, battante, du genre qui vous sort bien du sommeil et qui impose l'usage des bouchons d'oreille. On a une petite pensée pour notre neveu Sacha qui a expérimenté il y a quelques jours avec sa maman le dodo dans la tente... dans le jardin... et ils ont aussi subi une petite pluie... visiblement 3 fois rien puisque Sacha ne s'est même pas réveillé.
A 6h30 on n'est pas bien frais, j'ai le rhume qui déborde et Hélène commence à ressentir les prémices du même mal... chouette au moins on ne sera pas trop en décalé. Il va juste falloir défendre sa place pour le paquet de mouchoirs.
Après un nouveau recouchage on finit par décoller vers 9h30, plutôt pas trop mal ratrappé. Planning ; 45 km, pas besoin de faire plus pour être en temps et en heure à Cracovie. Après une petite série de reliefs pas trop méchants on entreprend de belles zones bien plates avec un vent presque favorable, ça roule bien, la route est potable, bref, si on retire les reniflements disgracieux tout serait parfait.
Le déjeuner s'avère plus complexe. Déjà il faut trouver un endroit avec du sombreil car figurez-vous qu'actuellement on a une météo pile poil pénible pour le pique-nique : au soleil on crève littéralement de chaud et à l'ombre on se gèle sévère. Fichus infra-rouges. Le temps de notre déjeuner/sieste/lecture on devra facilement déplacer notre paréo 5 ou 6 fois en pestant en permanence contre le chaud froid. Encore un truc parfait pour notre santé.
On repart un peu tard mais avec seulement 10-15 km à faire pas besoin non plus de décoller à 14h. Trouver de l'eau s'avère une nouvelle fois complexe. On est sur des petites routes donc point de stations services et les églises ne sont pas trop en communication avec le dieu du vélo aujourd'hui. Le dieu du wifi et de la 3G doit également être parti en vacances car après une demi-douzaine de bleds - dont certains assez gros - traversés aujourd'hui, aucun n'offre de connexion au net. Impressionnant. Je frôle la dépression nerveuse, l'iphone s'ennuie et à nous deux nous arrivons à nous consoler mutuellement un peu.
Hélène va finalement chercher de l'eau dans une école (chouette ça vient de réouvrir) et après quelques centaines de mètres de war-driving (je crois avoir expliqué ce que c'était, bon pour ceux qui avaient loupé l'explication - ça devait être en Allemagne - c'est le fait de se balader le nez collé sur l'iphone en mode "recherche de wifi" jusqu'à en trouver un)... je finis enfin par reprendre contact avec ma civilisation :) On en profite pour envoyer nos positions des dernières 24 heures et récupérer emails et infos météo. Ouf.
Remplis à bloc nous repartons en quête d'un lieu de bivouac. Le soleil prend cette très légère teinte orangée qui indique qu'il est en voie descendante et qu'il faut commencer à penser à trouver un lieu ou s'installer. Les ombres sur le côté du vélo ne mentent également pas. Il est 16 heures passées et le stress monte d'un cran : la carte n'indique pas vraiment de lieu adapté et on finit par se trouver au pied d'un bac. Le passeur est un... rameur... qui amène une dame seule au milieu de la rivière. 10 minutes plus tard il est de retour et rechigne presque à nous embarquer. On ne sait pas trop où est le problème mais il n'a pas l'air chaud pour prendre le "gros" bateau, celui qui sert pour les voitures et il a un doute sur la capacité de sa barque à transporter le tandem. En séparant la remorque on réussit à faire monter le tout sur l'embarcation et à traverser la rivière, à la rame et en poussant sur le fond qui n'est définitivement pas bien profond.
Tout ça n'arrange pas notre emploi du temps et ne fait que nous rapprocher d'autres habitations. On change donc un peu l'itinéraire pour essayer de passer dans des endroits un peu plus désertiques et après encore un bon paquet de kilomètres on tombe enfin sur un champ accueillant. Ouf 2. Il est plus de 18 heures et il est donc temps de se lancer dans un nouveau challenge : faire notre programme d'activités imposées dans l'heure et demie qui vient. Ca a l'air long comme ça, mais monter la tente, tout mettre dedans et diner, déjà ça prend ce temps là. On finit donc très juste le plan lavage de dents et vaisselle avant que la nuit tombe mais on s'en sort très honorablement. On en profite même pour se faire la page Wikipedia sur les cigognes pour essayer de savoir leur durée de vie. Visiblement c'est au moins 15 ans ! Elles ont le temps d'apprendre le trajet pour retrouver leur nid l'année suivante !
Il reste encore la toilette et l'écriture, et bien voilà, c'est bon c'est bouclé, on peut aller se coucher et bouquiner.
148è jour : Furmany - Baranow Sandomierski
7 septembre 2011
31,3 km, 6427 km au total
Encore une de ces nuits étranges où la sonorité évolue beaucoup par rapport à la journée. Les fans de sous-marins (Antoine, Sandrine ?) connaissent probablement bien la thermocline (cap au deux sept zéro assiette moins vingt...) mais on se demande s'il ne se produit pas la même chose au niveau de l'air : la nuit l'air froid retombe et forme une couche qui réfléchirait les ondes sonores éloignées alors que dans la journée elles s'élèvent plus haut dans l'atmosphère sans être réfléchies... si vous avez le nom du phénomène on est preneurs pour aller l'étudier dans notre encyclopédie.
Bref les p*tains de clebs de m*rde qui aboient en permanence, les trains qui "sifflent" en pleine nuit (mais dans quel but ???) et les camions ça finit par être pas drôle. Enfin on s'en fout parce que ce matin avec l'absence de réveil on s'est donc fait une petite nuit de 21h à 8h du matin, ça commence à être du grand n'importe quoi. On a regardé un peu les heures du soleil à Athènes en décembre c'est du genre 7h du matin à 17h30 le soir, on se dit que ça va être fun les "longues soirées d'hiver" on a intérêt à avoir des bons bouquins...
Donc ce matin on trainasse, avec toujours en pensées tout ceux qui "reprennent", car même pour ceux qui ne suivent que de très loin le concept de rentrée scolaire, il y a toujours cette fameuse première semaine de septembre où tout le monde est rentré de vacances, où les réunions pour faire le bilan de ce qui a été fait cet été (que dalle) et ce qu'il reste à faire avant noël (tout et on aura jamais le temps)... enfin bref, cette semaine un peu speed où on est partagé entre mettre à la poubelle les 2000 emails non lus (ont-ils encore la moindre importance) ou prendre le travail à bras le corps en commençant simplement par le premier email et en y allant petit à petit.
Pour notre part on savoure donc même si on vous l'avoue on a toujours des histoires rocambolesques avec nos activités pro terminées ou en cours. Même à des milliers de kilomètres il faut toujours gérer un peu de paperasse, des signatures et autres courriers recommandés, soyez donc rassurés on a notre petite part de tracas aussi :-)
Tiens d'ailleurs ce matin l'iphone disait "pas de carte SIM" (alors qu'elle était dedans)... j'ai frôlé l'apoplexie, tordu une épingle et ait finalement réussi à sortir ladite carte avec la tige métallique d'un cierge magique (oui les trombones en bivouac on n'a pas toujours ça sous la main). Après le geste technique officiel de l'informaticien (je sors le bidule, je souffle dessus, je remets), miracle ça remarche, OUF !
Alors cette journée ? Sous un soleil qui se voile petit à petit nous rejoignons un gros centre ville où on trouve de la 3G ET du Wifi, parfait pour gérer quelques-uns de ces soucis administratifs et pour y trouver un parc pour pique-niquer. On est juste à côté d'un petit terrain de foot, et alors qu'on termine à peine nos sandwiches 2 classes débarquent en fanfare faire leurs exercices hebdomadaires. Ca coure, ça mate, ça souffle et transpire pendant que nous mangeons et nous faisons manger par les moustiques.
Nous repartons point trop tard histoire d'éviter la problématique d'hier. Cycliste échaudé craint l'eau froide. 3 églises plus loin on laisse tomber pour de nouveau s'orienter vers une école pour trouver de l'eau. C'est donc au lavabo de la maternelle qu'Hélène remplira notre poche à eau, sympa.
Le lieu du bivouc est trouvé du premier coup, sous les premières goutes de pluie. Pas glamour, un peu près de la route comme souvent mais relativement caché et tranquille. Une demi seconde d'inattention me fait coincer le doigt d'LN entre notre bâton "béquille" et le dessous de la selle arrière, Hélène devient blanche, hurle, fait une tête bizarre qui donne envie de sortir l'appareil photo, mais les larmes de douleur au coin de l'œil me font me retenir. J'ai bien vu qu'elle cherchait à faire l'intéressante et à copier mon coinçage de doigt dans un portail l'année dernière en Angleterre (cf
http://www.olivierbouillaud.com/velo) mais malgré son effort elle n'arrivera pas à se faire un joli poinçon noir. Bien tenté.
Ce soir il est donc 16h quand nous plantons la tente et c'est bien agréable de pouvoir profiter de la fin de l'après-midi (bien qu'un peu grisouille) sans avoir à speeder comme des dératés. On pense à Cracovie, qui est un peu notre dernier point "sûr" du périple avec une rencontre programmée (Natalia et Guillaume on a hâte de vous voir) avant la grande inconnue : Brno, Vienne, le Danube, ...
149è jour : Baranow Sandomierski - Radgoszcz
8 septembre 2011
53,4 km, 6481 km au total
Sale temps aujourd'hui. Globalement il fait grisouille, tout est trempé et même si la pluie ne nous tombe pas vraiment dessus on sent qu'à tout moment ça va nous péter à la tronche pour parler un langage châtié. Nous quittons donc notre petit havre de paix (comprendre "bord de route bien fréquenté par les camions") pour poursuivre notre rapprochement Cracoviesque. Aujourd'hui globalement rien de bien sympa à se mettre sous la dent. On enchaîne les bleds sans intérêt... ah si un intérêt certain : celui du mauvais goût immobilier. On vous a déjà un peu parlé des maisons pas vraiment finies. On a une vague théorie sur l'absence de balustrade au balcon : Dernier élément installé il est souvent mis de côté car la famille a déjà un gros emprunt sur les bras et plus vraiment de sous pour payer. D'ailleurs ça me donne l'occasion de vous parler d'une petite spécificité Polonaise : pour une raison qu'on n'a pas vraiment bien comprise, probablement une histoire de "stabilité" de monnaie, beaucoup de polonais ont emprunté pour l'achat de leur résidence principale non pas en zlotys (monnaie polonaise, mais en francs Suisses ! Ca a longtemps été un bon plan sauf que ces derniers temps le franc Suisse explose par rapport au zloty et du coup les emprunts censés êtres tranquilles à rembourser deviennent très très chers. Ca me fait un peu penser aux actions Google il y a quelques années : le super bon plan, sauf qu'en parallèle le dollar US se dévaluait face à l'euro ce qui du coup n'affichait plus du tout le même rendement. Enfin bref je m'éloigne.
Donc aujourd'hui on s'enchaîne quelques maisons qui auraient leur place au musée des horreurs. Je ne consent pas à sortir l'appareil photo mais globalement quand vous avez vu la barrière en béton "imitation bois", les colonnes Grecques en béton puis en... briques (sisi), le pan de toit qui va jusqu'au sol, les bouts de tôles ondulées de toutes les couleurs, même les plus flashys... il y a un moment où vous passez du "c'est leur choix, pourquoi pas si ça leur plait" à "non définitivement c'est juste du mauvais goût" !
Nous découvrons aujourd'hui Frac, un supermarché qui ressemble à son appellation. Même si l'espace est définitivement trop grand pour la quantité de références proposées et que le rayons fruits et légumes fait tellement pitié qu'ils ont rajouté des miroirs en effet "vache qui rit" pour faire croire qu'il y a pléthore de choux et de carottes, nous ça nous convient toujours mieux que la micro épicerie où tu dois demander du pain à une dame qui ne parle pas un mot d'anglais.
La suite est un déjeuner dans un abri-bus, à regarder les camions doubler les voitures quand d'autres arrivent en face. C'est bruyant mais au moins on est à l'abri de la pluie qui va et vient.
L'après-midi est toujours aussi chargée niveau météo et le froid est impressionnant. Un vrai temps de toussaint. L'humidité pénètre et quitter la doudoune mise ce midi pour déjeuner n'est pas un moment bien agréable.
Le coin bivouac de ce soir est trouvé en une petite demi-heure, ça va. Tout est trempé (à l'extérieur)et c'est toujours désagréable de rentrer des sacs mouillés dans une tente qui est déjà bien humide et dont forcément le double toit et le tapis de sol n'ont pas vraiment pu sécher d'un iota dans la journée.
J'apprend à Hélène ce soir à repriser une chaussette (oui mesdames). Premier élément d'usure du périple. J'ai bien un t-shirt qui est passé du noir au gris/marron à cause des UV (l'intérieur est toujours aussi noir) mais sinon on n'a toujours pas vraiment usé un élément à la corde, c'est rassurant... sauf si tout se met à partir en vrille dans 4/5 mois, au plus froid de l'hiver et qu'on n'a rien sous la main pour remplacer :-)
Un monsieur passe non loin de la tente et s'approche pour discuter, il a un sac de superbes champignons dans une main et nous offre des noisettes de l'autre. Son anglais est très basique donc la conversation ne va pas bien loin mais c'est sympa de lui montrer la carte de notre périple. Il repart néanmoins rapidement par difficulté de compréhension.
La pluie reprend de plus belle alors que nous sommes bien à l'abri sous la tente, sensation qui évoque toujours des sentiments contradictoires, le côté réconfortant du cocon, de l'isolation par rapport au reste du monde mais en même temps celui de savoir que rien ne va sécher et qu'il faudra bien sortir à un moment... dans l'herbe trempée...
150è jour : Radgoszcz - Strzelce Ml.
9 septembre 2011
52,0 km, 6533 km au total
Ce matin nous jouons à flic floc dans la rosée. oh pas grand chose mais finalement avec les allers-retours pour essayer de mettre le tarp et le double toit au soleil (la tente est à l'ombre mais le soleil brille 30 mètres plus loin) je finis par avoir les chaussettes trempées. Après le petit dej on déplace la tente pour la mettre au soleil mais pendant qu'on se lave tranquillement les dents, elles s'envole toute seule, arrachant sans scrupule la sardine qui la retenait. La scène aurait dû être mémorable si on avait eu des spectateurs : Hélène crie "elle s'envole", je sprinte en premier, toujours en sandales dans la rosée et les herbes hautes, Hélène m'emboîte le pas, tous les deux avec la brosse à dent dans la bouche... j'ai néanmoins le temps de penser que c'est limite risqué comme truc, si on se vautre dans un trou de l'irrégularité du champ on risque d'avoir la brosse à dent qui ressort par la nuque, pas bon ! Mais pas non plus trop de temps à perdre car la belle se fait vraiment la malle, j'accélère, la double sur le côté, oblique pour la rejoindre et finalement, à bout de souffle (respirer avec la brosse...) l'immobilise. Hélène arrive quelques secondes plus tard, on vient de se faire un 100 mètres départ arrêté sur terrain piégé avec handicap bucal et à peine levés... Pas sûr que Ben Johnson fasse mieux !
Remis de nos émotions nous reprenons la route, blabla, météo, blabla vent dans la troche, blabla mauvaise moyenne, blabla travaux, blabla pique-nique. Ah on a bien rigolé là aussi. On a (presque) délibérément posé notre paréo (lui-même sur le tapis de sol de la tente car le sol était humide) sur le chemin d'une troupe de belles grosses fourmis. On a bien tenté quelques relevages des bords pour se faire une petite embarcation à l'abri des tentatives d'invasions des insectes mais ça n'a globalement pas trop marché. On a donc refoulé, une à une les bestioles pendant 2 heures. Harassant ! Le coin était également l'occasion de voir des libellules, une grenouille en tenue de camouflage, un gros scarabée qui faisait l'hélicoptère et quelques autres bestioles sympa. Par contre c'est net et définitif : plus la moindre trace de l'échassier migrateur, il est reparti en Afrique...
L'après-midi se poursuit sous le vent ou plutôt contre le vent et après un petit détour pour s'éloigner de la route principal nous trouvons un champ accueillant pour planter la tente et faire un peu sécher ce qui ne l'a pas été totalement ce matin. Les fesses sont toujours bien douloureuses et la cinquantaine de kilomètres de la journée bien suffisants.
Demain nous débarquons dans la 3è plus grande ville de Pologne, retrouver la civilisation, les rues commerçantes, les supermarchés et les restaus, ... c'est pas que c'est vide la partie sud-est du pays car il y a un paquet de villages à tout-touche, mais ça laisse quand même une impression de ne pas être la partie la plus intéressante à visiter.
Pendant que j'écris Hélène ne lit pas, elle... dessine ! Quoi ? Une maison...
151è jour : Strzelce Ml. - Cracovie
10 septembre 2011
59,7 km, 6592 km au total
Ah le doux réveil du 10 septembre. Une autre date importante pour nous puisqu'aujourd'hui nous fêtons Hélène et moi nos 2 ans de PACS. A chaque fois je repense à cette problématique que nous rencontrons, d'expliquer, en anglais le concept du pacs par rapport au mariage. Que ce soit en Finlande, en Lituanie ou en Pologne ça n'est jamais simple. Enfin... pour nous cette nouvelle journée de septembre qui démarre même pas sous la pluie s'annonce donc plutôt bien. Je dérange 3 biches en sortant de la tente (et Hélène aussi donc ça fait 4) mais bon il faut bien faire ce qui doit l'être.
En ce moment nous descendons aussi des litres de jus de fruit multi vitaminés. Bon 100 ml n'apportent que 15% des AJR (pour un régime quotidien de 2000 Kcal) donc globalement on arrive tout juste à notre quota mais on essaye de booster un peu notre système immunitaire car avec les chaud-froid de ces derniers jours, la crève, on cherche à limiter la casse.
Le retour sur la route se fait en 2h30, il y a des matins comme ça où les réveils sont difficiles. Pourtant hier soir encore on était couchés bien bien tôt et pour une fois Hélène a arrêté de lire avant moi. Tiens il faut d'ailleurs que je vous parle de ce que je lis actuellement, il s'agit de Contact de Carl Sagan. Le livre a été adapté en film il y a déjà quelques temps (1997 par Robert Zemeckis avec Jodie Foster dans le rôle de l'héroïne Ellie ), je ne me souviens plus exactement du film mais le bouquin est vraiment très très bon. Après les James Bond pénibles et les SAS divertissants mais un peu simplistes, ça me fait plaisir de retrouver un livre un peu plus profond et recherché. Il fait un bel écho avec 2 points précis : le fait que je suis un cartésien dans l'âme et le fait qu'on traverse un pays absolument phénoménalement catholique jusqu'au bout des ongles, ce qui a tendance à produire quelques oppositions conceptuelles... Ici en Pologne tout transpire le catholicisme. Tous les 100 mètres une croix, un calvaire, une église, ... comme je vous l'ai déjà raconté ça ne me parle pas beaucoup hormis dans certaines idées. J'ai un grand respect pour les croyants et les pratiquants mais ça ne m'empêche pas de ne pas croire un instant au concept de Dieu. Voilà, chacun ses trucs. Donc dans ce livre, Ellie me parle beaucoup. Scientifique depuis sa plus tendre enfance elle analyse beaucoup de choses très froidement, statistiquement, sérieusement et aussi, pour reprendre les mots de l'auteur "sceptique". Le scepticisme c'est donc le fait de toujours mettre en doute quelque chose tant qu'on n'a pas formellement défini son origine, son principe, son fonctionnement ou pourquoi pas son existence. Dans le cas de la religion, vous vous en doutez, Ellie n'est pas une catholique et ne croit absolument pas en l'existence d'un être supérieur qui aurait érigé le monde. Outre les échanges très pointus entre scientifiques et prêtres à propos de l'origine du "message" reçu sur terre depuis l'espace qui sont donc selon les points de vues soit émis par des êtres extra-terrestres, soit par Dieu lui-même, bref outre ces échanges passionnants il y a une très jolie citation d'Ellie - qui se dit chrétienne - que j'avais envie de partager avec vous : "Je suis chrétienne en ce sens que je considère Jésus-Christ comme un personnage historique digne d'admiration. Je trouve que le Sermon sur la Montagne est l'une des plus remarquables réflexions morales et l'un des plus beaux discours jamais prononcés. Je pense même qu'une injonction comme "aime ton ennemi" est peut-être, à long terme, la solution au problème de la guerre nucléaire. J'aimerais qu'il soit là aujourd'hui. Tout le monde en bénéficierait. Je crois cependant que Jésus n'était qu'un homme. Un grand homme, un homme courageux, un homme qui n'avait pas peu de dire des vérités impopulaires. Mais qu'il était Dieu, le fils de Dieu ou son petit-neveu, non".
Voilà, je trouve que c'est un belle explication, simple de faire un peu le ménage entre histoire et croyance et introduire un peu plus de subtilité pour ne pas tout accepter ou rejeter en bloc.
Retournons à nos pédales. Donc aujourd'hui, de nouveau le vent dans le nez et les fesses en compotes nous reprenons les routes pas toujours bien lisses, non loin de la Wisla. Que dire de cette journée ? Qu'hormis une route coupée et qu'il nous faudra emprunter une micro déviation (pour les piétons et vélos) plutôt que de faire un détour de 5 km (ouf), globalement l'arrivée sur Cracovie se passe dans une bonne partie de pistes cyclables bien neuves qui font plaisir. Mêmes les traversées des carrefours sont plutôt bien gérées avec des feux pour piétons ET vélos (pensée pour le "couloir de la mort" Boulevard Magenta à Paris).
Nous rejoignons la place principale un peu avant 16h, heure à laquelle nous avons rendez-vous avec Natalia et Guillaume. On se pose à une terrasse de café en les attendant et on assiste à un espèce de spectacle de rues en grandes pompes (en échasses mêmes, et aussi en tracto-pelle)... très moderne et totalement incompréhensible pour nous. Après les retrouvailles (ça fait bizarre de revoir des gens qui étaient à notre départ à Paris) nous rejoignons le petit appartement qu'ils ont loué pour les 3 jours. On monte le tandem au 4è étage de l'immeuble qui a des étages qui doivent bien faire 4 ou 5 mètres de haut tellement les escaliers sont élevés.
Après la douche salvatrice nous redescendons faire quelques courses et remontons discuter un peu autour d'une bière et de saucisse sèche polonaise. Nous ressortons déjà by night pour trouver un resto "grill". Retrouver le goût d'une pièce de bœuf grillé, miam, ça faisait un bail !
Nous profitons de la fin de la soirée pour nous remettre au goût du jour sur l'Evénement de ces derniers mois : mais non, pas l'affaire DSK ni un tremblement de terre au japon ni la chute de la bourse (quelle chute ?), mais leur mariage. On découvre enfin quelques photos et vidéos, ça fait plaisir de pouvoir vivre à postériori un évènement auquel on aurait bien aimé pouvoir assister.
Ensuite il est temps de gagner un lit...
152è jour : Cracovie (jour off)
11 septembre 2011
0 km, 6592 km au total
Ce matin après une activité "lessive" nous prenons la route d'un petit café pour petit déjeuner où nous dégustons des crèpes, du pain fromage charcuterie confiture et même des pierogy salés pour Guillaume !
Nous poursuivons notre visite du centre en direction du château que nous avons dans l'idée de visiter. Après 10 minutes d'attente en plein soleil (cool il fait beau) nous laissons tomber car il ne font rentrer que 10 personnes toutes les 10 minutes !!! On reviendra mardi il y aura moins de monde ! On visite néanmoins les extérieurs qui sont en accès libre puis nous baladons dans les jardins avant de se poser dans un parc pour discuter longuement. Nous allons ensuite diner en début de fin d'après-midi (16h) façon polonaise. Nous dégustons divers plats dans un bar à lait puis rentrons nous reposer à l'appart. Nous en profitons pour regarder un peu la télé en polonais mais les programmes sont trustés par les retransmissions des évènements New-Yorkais d'il y a 10 ans.
On profite d'un peu de temps de calme pour regarder et discuter des photos, papoter avant de ressortir prendre un verre.
Oui je sais c'est court, mais comme vous le savez, quand on visite les capitales et qu'on n'est pas seuls, le récit en pâtit, déjà je vous ai fait une fleur sur la qualité du récit d'hier ;) on ne peut pas tout avoir.
153è jour : Cracovie (jour off 2)
12 septembre 2011
0 km, 6592 km au total
La matinée débute par un petit déjeuner au bar à lait d'hier où nous dégustons des œufs brouillés avec de la saucisse, des crêpes fourrées au cottage cheese, de la purée de pommes de terre, carottes... oui c'est très varié et assez salé dans l'ensemble. Il faut dire qu'il est presque midi quand nous sortons du resto.
Nous enchaînons ensuite avec la visite du quartier juif qui on le sent est en pleine évolution : même si les étages des bâtiments sont encore en très mauvais état aux rez de chaussées s'ouvrent des bar lounge, des boutiques un peu design...
Après une petite pause à l'appart, qui se solde par une sieste d'une heure pour Hélène nous repartons rejoindre Nat et Guillaume qui ont pris de l'avance... à la galerie commerciale.
Les pieds bien fatigués nous cherchons un resto polonais un peu différent du bar à lait et trouvons un endroit très chouette, dans une cave genre 3è sous sol, sous une chouette voute. Si la musique est horripilante (3 fois en boucle un CD de Natasha St Pier) la cuisine est délicieuse (voir photos :-)
Nous rentrons finalement à l'appart profiter de la fin de soirée. Encore une journée riche mais dont il m'est difficile de vous raconter les détails croustillants étant donné sa densité.
154è jour : Cracovie - Kaszow
13 septembre 2011
20 km, 6612 km au total
Ce soir, c'est la co-pilote qui écrit.
Réveil un peu difficile ce matin même si tout le monde a bien dormi. Il semble que nos corps accusent un peu la fatigue des derniers jours. On y va donc doucement car les tâches de la matinées sont nombreuses : ranger nos affaires dans nos bagages respectifs, ranger et nettoyer un peu l'appart avant de le rendre, descendre notre tandem et ses sacoches des 4 étages, déposer les valises de Nat et Guillaume à la consigne à la gare, se préparer. Le tout avant midi et sans croiser le proprio car nous sommes 4 et la location a été réservée pour 2. Mais comme d'habitude, tout se goupille bien, on est même un peu en avance sur le planning ! En plus il fait encore un temps splendide, que demander de plus nous avons tout ce qu'il faut pour nous rendre heureux.
Ensuite, après avoir accroché notre vélo à un poteau bien solide, on se sépare en deux équipes. Les gars, chez mac Do pour avoir du wifi et tripatouiller leur ordi/téléphone... bref faire des trucs de geek. Les filles, dans les rues à finir le shopping. On a d'ailleurs fait pleins de bonnes affaires. J'ai, entre autre, trouvé la paire de boucles d'oreilles sur laquelle j'avais flashé grâce à Natalia dans une autre boutique à moins chère... du coup j'en ai pris une deuxième paire comme ça j'en eu 2 pour le prix d'une. :-)
Vers 13h, on se dirige vers notre resto, le "bar à lait" des jours précédents pour y déjeuner une dernière fois des plats polonais goûteux. En chemin, on tombe sur une bijouterie et avec Nat on décide d'y jeter un coup d'oeil, juste pour le plaisir. Dur dur ! Je voudrais acheter la boutique tellement tous les bijoux qui y sont présentés me plaisent. Leurs design est tout ce que j'aime. Par contre, même une paire de boucles d'oreilles est hors budget, donc la boutique ... Cependant je note l'enseigne "Galeria Skarbiec", lorsqu'on aura du wifi j'ira voir si elle n'a pas de boutique en ligne.
Après déjeuner, encore fameux pour ne pas changer, nous rejoignons notre tandem pour le départ. Il est déjà plus de 14h30 et la nuit tombe vite en ce moment. Du coup, si on veut planter la tente avant 17h et rouler au moins 20kms, il ne faut pas trop qu'on traine ... même si c'est bien tentant car j'ai pas vraiment envie que le week-end se termine tellement c'était chouette.
Malgré tout, on enfourne notre Tank et nous voilà repartis sur les routes polonaises, direction Oswiecim (Auschwitz). Normalement on devrait y arriver demain soir et on pourra ainsi visiter l'ancien camp de concentration après demain. Après ce dernier arrêt culturel, on prendra le cap de Vienne en passant par Brno en République Tchèque. Pas de camping à l'horizon et peu de couchsurfing ou de warmshowers. On a bien fait de profiter de la douche et du confort de l'appart à Cracovie car dans les semaines à venir ça va être roots.
D'ailleurs un grand merci à Natalia qui m'a permis de "faire la fille" sans culpabilité et avec grand plaisir ces derniers jours. J'avoue, même si je ne suis pas une addict du shopping, du maquillage, et tutti quanti, ça me manque. Donc faire les boutiques de chaussures, bijoux, rêver un peu sur des fringues, utiliser les échantillons que ma belle-soeur, Patricia et ma mère m'ont offerts, ça me fait un bien fou au moral.
Un vrai bouffée d'oxygène où je me suis retrouvée avec un bout de moi que j'avais mis de côté pour ce voyage. Maintenant, je suis gonflée à bloc, et vivre des vêtements techniques qui ne sont pas dans ma gamme de couleur et une seule paire de chaussure ne me fait même pas peur. Laisser tomber le démêlage de cheveux, la crème hydratante le matin et le soir, c'est pareil : pas d'état d'âme.
C'est peut-être ça la solution pour garder le sentiment de féminité qui s'abrase au fur et à mesure du temps qui passe à gérer le vélo, la survie, les intempéries... Se faire des pauses ultra féminine et après ça repart. Ca n'est plus : "un mars et ça repart" mais "un week-end shopping/trucs de filles et ça repart" :-)
A qui le tour ? Qui veut venir nous rejoindre dans une des capitales à venir et faire du shopping/papoter chiffon, maquillage et tout autre sujet de fille ? Si ça vous dis, signalez le nous pour qu'on s'organise :-)
Sinon, pour parler plus clairement, Natalia m'a rapporté des robes, jupes, débardeurs et même une paire de ballerines pour que je porte autre chose que ma tenue de bivouac pendant 3 jours. Associé au shopping et à un appart tout confort et le tour est joué. Merci beaucoup ! (A Olivier aussi car Nat et lui se sont fait des confidences pour organiser tout ça pour mon plus grand plaisir)
155è jour : Kaszow - Gromiec
14 septembre 2011
32,9 km, 6645 km au total
J'y croyais vraiment hier soir en mettant le réveil à 6h. Il faut dire qu'à 20h on était dans les plumes... mais quand l'iphone s'est manifesté au petit matin il était bien trop tôt pour se lever. Finalement, un œil après l'autre c'est plutôt vers 7h30 que nous avons émergé. Je me répète à ce sujet et c'est un peu dégueulasse pour ceux qui bossent, mais qu'est-ce que c'est bon de pouvoir arbitrairement dire "ben non, pas là, je me lève pas...". Rien que pour ça ce type de voyage mérite d'être entrepris, et au diable le mal aux fesses quand on a la chance de pouvoir s'offrir ce petit plaisir.
Toujours est-il que sous la grisaille nous partons finalement passé 9h30. Le relief se poursuit depuis hier après-midi et même si c'est plutôt doux dans l'ensemble, ça faisait un petit moment qu'on n'avait pas enchaîné quelques bonnes montées. Le vent d'hier s'est calmé et on s'en sort du coup sans trop de soucis.
Un peu avant midi on passe devant une boulangerie, c'est marrant mais on en voit très peu en Pologne, visiblement ça n'est pas le style du pays... en fait à y réfléchir c'est un concept pas si courant que ça dans les pays que nous avons traversé. Généralement le pain s'achète dans les épiceries et il n'y a pas de magasin dédié uniquement au pays et aux pâtisseries. Du coup on se sent un peu obligés d'aller voir ce qu'il y a et on ressort avec quelques pâtisseries :) Qu'est-ce qu'on ne ferait pas comme efforts pour découvrir un pays :-)
Quelques minutes plus tard, en mode "wardriving" nous trouvons du wifi. C'est l'occasion d'éclaircir quelques soucis professionnels (petit message à l'attention des gens que je connais qui auraient été contactées par un client de mon site de cours photo, ne tenez pas compte de ce que cette personne a pu dire, je gère, il y a vraiment des gens qui mélangent commerce et vie privée c'est affligeant !) et de répondre à quelques emails. Mais le temps passe vite et la météo nous annonce qu'il vaudrait mieux déjeuner à l'abri. C'est donc encore quelques minutes plus tard que nous nous posons sous un abri-bus taille XL. On a bien fait puisque la pluie se lance alors que nous reprenons nos croquis de maisons sur notre petit cahier (il va falloir qu'on en achète un à petits carreaux parce que côté échelle c'est un peu n'importe quoi). Le temps passe sans que l'envie de repartir repasse. "obligés" d'attendre. Aie 15h sonne et la pluie commence tout juste à ralentir. Si vous vous souvenez, il faut qu'on cherche un lieu de bivouac vers 16h pour gérer l'ensemble du process avant la tombée de la nuit... 1h à peine de vélo. En même temps ça n'est pas très grave parce que 1/ on fait ce qu'on veut :) et 2/ nous ne sommes qu'à une quinzaine de kilomètres d'Auschwitz et on veut visiter le musée demain matin. Il nous faut donc trouver un coin bivouac avant la ville. On fait d'ailleurs un petit détour pour s'éloigner de la route principale afin de maximiser nos chances de trouver un coin accueillant. La pluie s'arrête, reprend un peu mais finalement on plante la tente au sec et on arrive un peu à faire sécher les sacs afin de pouvoir les rentrer dans la tente. Nous sommes dans le temps, tout va bien, on est contents...
156è jour : Gromiec - Auschwitz - Brzeszcze
15 septembre 2011
17,4 km, 6663 km au total
Cette fois on tient le bon bon, peut-être le fait de savoir que le musée d'Auschwitz ouvre à 8h nous incite t'il à réellement nous lever à 6h, allez savoir. La brume est omniprésente, on n'y voit pas à 50 mètres et comme prévu il fait 8°C dehors, ça pèle. Ce matin on ressort donc les gants en polaire/coupe vent... c'est encore un nouveau signe de l'évolution de la météo à long terme...
En allant vers le musée on passe devant un grand supermarché Carrefour. Difficile d'envisager revenir sur nos pas après la visite, donc on abandonne l'idée d'être de bonne heure à la billetterie et on fait nos courses d'abord. Ca fait du bien de retrouver un peu la civilisation commerciale. Un vrai hypermarché avec même des compotes en pots en plastique ! Le luxe pour nous :-) On en profite même pour acheter un cahier à petits carreaux pour améliorer la précisions de nos plans de maison à venir...
Quelques kilomètres plus loin nous trouvons donc l'entrée du musée d'Auschwitz 1, alors rentrons un peu dans le vif du sujet. Il y a eu 3 camps de concentration : Auschwitz 1 le premier "petit" camp, Birkenau 2 à l'ouest d'Auschwitz qui est l'évolution "industrielle" sur le même modèle que le premier mais à plus grande échelle et un 3è dont j'ai oublié le nom un peu plus à l'est, plus petit et qui a du moins servir. Bon comme c'est un sujet délicat et que j'écris en fin de batterie de l'ordi un peu à toute vitesse je vous prie d'être délicats dans l'interprétation éventuelle de mes mots peut-être mal choisis.
Alors puisque j'imagine que pour bon nombre d'entre-vous l'histoire n'est pas forcément très claire et puis c'était il y a longtemps et qu'on ne se souvient pas toujours très bien, rappelons un peu le contexte de tout ça.
Auschwitz fut donc construit en 1940 pour accueillir certes des juifs mais aussi tout un tas de non juifs qui avaient commis des actes non conformes à la doctrine hitlérienne. On trouve par exemple des polonais qui ont simplement été pris en train d'écouter une radio étrangère, des gens qui se sont enfuis de leur travail, ...
Quelques chiffres :
1,3 millions de personnes déportées à Auschwitz dont 1,1 millions de juifs quand même, n'empêche que 200 000 non juifs ça n'est pas une bagatelle non plus !
Truc important dont on n'avait pas conscience, en pratique 900 000 ont été tués directement à l'arrivée. Finalement être dans l'un des baraquements des camps était réservé à une minorité de personnes "choisies" pour travailler plutôt que d'aller directement dans les chambres à gaz.
La sélection se faisait visiblement surtout en fonction des besoins du jour. Un train arrive plein à craquer de 5 000 personnes, ce jour là il faut remplacer 100 ouvriers morts au travail ces derniers jours, on prend les 100 personnes qui semblent en meilleure santé physique, on les emmène dans les camps et le reste poursuit son trajet de quelques centaines de mètres pour aller prendre cette fameuse douche.
On a appris aussi qu'une partie non négligeable des juifs (surtout au début) partaient à Auschwitz soit de leur plein gré soit avec l'espoir réel d'y trouver une nouvelle vie. Elles avaient une lettre leur expliquant ce qu'il fallait prendre pour le "voyage" avec notamment des choses qui ne pouvaient signifier qu'une chose : qu'elles allaient pouvoir trouver un nouveau travail, avoir un logement... On leur demandait de prendre de quoi faire la cuisine, d'amener des vêtements de rechange, un peu d'argent... La majorité partaient d'ailleurs avec toutes leurs possessions les plus chères. Bref un vaste mensonge était organisé pour faciliter leur venue, tranquillement "avec le sourire" mais aussi de manière beaucoup plus intéressée pour récupérer des biens de valeurs !
A l'arrivée des trains on demandait donc aux gens de laisser leurs bagages, de bien mettre leur nom dessus pour les retrouver plus tard (la bonne blague), comme je le disais les hommes les plus vaillants partaient d'un côté et globalement la majorité des femmes et des enfants de moins de 1,20 continuaient un peu le trajet (dans le grand camp à Birkenau notamment) pour aller un peu plus au fond du camp, vers la forêt.
Là on les faisait entrer dans un vestiaire sous-terrain (en plein air à Auschwitz 1 mais "amélioré" par la suite pour être plus discret) où on chaque personne se voyait attribuer un porte manteau numéroté "souvenez-vous bien du numéro pour retrouver vos affaires après la douche" leur disait-on toujours pour maintenir cette sérénité. Les douches avaient bien des tuyaux et des pommes de douche mais aucune eau n'en sortaient. Par 5 cheminées on envoyait donc du Zyklon B et une demi-heure plus tard une équipe de "nettoyage" venait retirer les corps et les mettre dans les fours. A Auschwitz 1 le bâtiment est resté intact car il a été avant 1945 converti en bunker. Les autres ont été détruits mais du coup après la guerre on a remis en place les installation de la 1e chambre à gaz pour mémoire. Je peux vous dire que c'est le genre d'endroit chargé d'émotion où il est difficile de rester bien longtemps. Les fours sont petits mais on sent déjà l'optimisation avec des espèces de "poussoirs" en métal monté sur des charriots histoire de s'assurer que le chargement va bien au cœur du foyer pour brûler vite et bien. Ca secoue un peu.
Une petite phrase au passage, de l'américain George Santayana : "Celui qui ne se souvient pas de l'histoire est condamné à la revivre". A travers ces mots résonnent nos discussions avec Maike à Berlin qui s'insurgeait un peu du fait de l'absence de prise de conscience de certains allemands suite à la fin de la guerre. Par exemple son grand père n'a jamais voulu parler ou évoquer cette période avec elle (ou qui que ce soit je crois) et s'en est tenu à la version "officielle" de l'Allemagne de l'époque. La collaboration est une chose, on essaye d'imaginer que pour beaucoup il n'y avait de toute façon pas d'autre choix, que ce soit par pression (tu fais ce que tu veux mais bon sache que si tu ne collabores pas ta famille va y passer) ou plus simplement par conviction : tu as grandi sous le régime nazi, on t'as fait comprendre dès tes premières réflexions que "le juif était un ennemi à combattre", en tant qu'enfant comment imaginer que c'est quelque chose de mal ? C'était justement ce que Maike expliquait : l'école formatait à avoir cette attitude, l'armée prenait ensuite le relais. Quand on évolue dans un tel contexte ça n'est plus un problème d'avis, mais ça semble juste "la normalité".
Après la guerre forcément, quand on remet en cause des principes fondamentaux qui ont dirigé ta vie et t'ont amené à faire des choses qui avec le recul risquent d'être inhumaines, il est tentant de préférer se voiler la face et de ne pas chercher à creuser.
L'avis de Maike était aussi que malgré tout, derrière cet endoctrinement très profond il y avait quand même en chacun une petite lueur qui faisaient qu'ils comprenaient que ce qu'ils faisaient était mal, que même si leur action (affréter un train, fabriquer un produit chimique) semblait dérisoire à leur échelle, ils avaient bien conscience que tout ça faisait partie d'une solution à grande échelle qui dépassait de beaucoup leur imagination...
En tout cas pour notre part nous sommes bien loin de juger qui que ce soit, pas même le juif qui participe au génocide d'autres en contrepartie de sa vie sauve et d'un peu de confort dans un camp. Le contexte était tel que tout ce que nous pouvons imaginer n'a en fait pas grande importance, on peut juste constater à postériori ce qui s'est passé, s'en imprégner et avoir en mémoire comment on en est arrivé là pour comme la citation le dit éviter que ça ne se reproduise...
La taille de ces camps est impressionnante, même si de bonnes parties sont détruites ça ne laisse pas l'ombre d'un doute sur leur existence, leur ampleur et l'industrie horrible qui a pu y régner ! Les piles de chaussures, de lunettes, les tonnes de cheveux (qui servaient à faire des tissus !!!) sont autant de symboles de ce qui s'est passé.
Les conditions de vie étaient également impressionnantes : des baraquements prévus pour 52 chevaux servaient à entasser environ 400 personnes. Les toilettes, je pense que les animaux aujourd'hui ont de meilleures conditions... et pourtant comme notre guide l'évoquait, un travailleur forcé à nettoyer les latrines considérait son "poste" comme plutôt bien placé car au moins il était à l'intérieur, avec quelques degrés de plus que dehors (mort de rire le système de chauffage, imaginez un poêle dans un hangar bourré de trous et non isolé, mais au moins ils n'ont pas poussé le vice à faire un système de chauffage central avec la crémation des corps...). De plus l'odeur faisait que les gardes allemands préféraient rester à l'extérieur et les travailleurs à l'intérieur étaient plutôt tranquilles. Ca remet un peu en perspectives non conditions de vie actuelles.
Ce voyage dans le temps et l'histoire est aussi l'occasion de discuter un peu avec nos compagnons des guide. Pour info pour ceux qui envisageraient la visite, les 2 sites (Auschwitz "le petit" et Birkenau "le grand") sont en accès libre et gratuit entre 8h et 18h. Par contre entre 10h et 15h l'accès doit obligatoirement se faire accompagné d'un guide (humain). On ne sait pas trop pourquoi mais c'est comme ça. Le guide est payant bien sûr mais apporte beaucoup d'informations et vous accompagne sur les 2 sites (navette gratuite entre les 2, éloignés de 2/3 km). Donc pendant plus de 3 heures on a déambulé dans les baraquements où sont recréées les conditions de "vie", regroupés des objets, des documents, ... bref très intéressant, lourd de sens mais passionnant. Un détour à faire à quiconque viendrait se faire un week-end à Cracovie je pense.
Aujourd'hui nous étions 9 français seulement avec la guide donc c'était très sympa. On a pu également discuter entre-nous et pour notre part avoir des infos sur d'autres pays :-) Merci Julien pour les infos sur la Grève notamment.
Après la visite il est déjà 14h30 et il nous faut trouver un coin ou pique-niquer et faire sécher la tente et tout le bardas qui était trempé de rosée. On trouve facilement et avec même en prime du wifi :) Du coup on traine et on repart à 16h30 alors qu'on devrait déjà avoir planté la tente depuis une demi-heure. Un peu speed on retrouve à même pas quelques kilomètres un coin accueillant, on ne fait pas les difficiles et on enchaîne bien rapidement les étapes (ouais bon on a pas trop roulé donc transpiré, alors la toilette ce soir c'est sommaire...) Hélène s'empaffe malgré tout pendant que j'écris et il va falloir que je la réveille pour qu'on dine. Je vous laisse car le pack de batterie est vide, je recharge l'iphone sur la batterie de l'ordi et ce dernier me dit qu'il serait judicieux de l'éteindre si je veux avoir une chance de vous écrire demain...
157è jour : Brzeszcze - Cieszyn
16 septembre 2011
67,6 km, 6730 km au total
Ah 6h, toujours aussi difficile... on s'offre une petite demi heure de rab et on se lève finalement. La rosée est à son comble, la brume un poil moins présente qu'hier mais la tente est bien trempée, heureusement le soleil qui se lève nous laisse espérer une possibilité de séchage dans la journée. On ravitaille en eau une nouvelle fois dans une station service, c'est plus compliqué que les cimetières (9 fois sur 10 il faut demander la clé des toilettes à la caisse) mais on en trouve à peu près partout dès qu'on est sur une route un peu passante. Les kilomètres nous portent rapidement à Strumien où nous trouvons de nouveau du wifi pour quelques basses affaires terre à terre et également nous poser un peu plus loin pour décider de la suite. La recharge sur le vélo ne fonctionne pas terrible et il serait souhaitable de soit squatter un café ou un bar en croisant les doigts pour trouver une prise 230V ou alors rallier un camping. Comme le plant bar n'est pas trop compatible avec le séchage de la tente on opte pour le camping. On redéfinit notre parcours pour prendre un peu plus au sud où sur la carte, près de Cieszyn il y a un joli petit tipi typique. Ca nous rallonge et on se rapproche dangereusement du relief mais au moins on aura douche et électricité ce soir.
On a une trentaine de km à faire entre 11h et ce soir, c'est gérable. Malgré nos précautions le relief se fait quand même plus marqué, on se fait quelques routes de crètes (à 350 mètres d'altitude c'est pas non plus la mort) ce qui avec les incovénients du rythme cardiaque qui explose apporte quand même un revers agréable : la vue. Le paysage est très différent des dernières semaines, On voit plus loin, on aperçoit des petits villages sur les flancs des montagnes, et même des stations de ski.Bbref c'est très joli.
Nous rattrapons la route du camping, parcourrons les kilomètres en regardant attentivement tous les panneaux... sans jamais tomber sur le moindre indice laissant penser qu'il y a un camping. La saison fait également qu'on ne peut pas trop compter sur la vue de caravannes et tentes au loin car globalement il n'y a plus personne. Pas grand monde non plus à qui demander, la route est passante mais ça roule vite. Bref on se rabat sur le bord d'un champ de maïs. Une bidouille de réglage (merci pour l'info Lucas que l'e-werk monte à 13,3 volts et non pas seulement 12,6) du convertisseur alternatif/continu de notre système de recharge semble donner de meilleurs résultats puisque ce soir après 20 bornes la batterie se dit pleine (j'ai des gros doutes quand même) alors qu'en 45 km ce matin elle était toujours (visiblement) 100% vide... allez comprendre.
Avec la problématique de la connexion internet, la recharge est un gros point noir du voyage, on n'est pas réellement autonomes en électricité et il faut toujours se rationner sévèrement. Pas la possibilité d'avancer sur de la création web (j'ai un projet pourtant) car ça bouffe trop de temps/batterie par exemple. Peut-être qu'il faudrait coupler dynamo et panneaux solaires... mais du coup ça commence à peser plus lourd en système de recharge qu'en matériel à charger... N'empêche que je vais continuer un peu mes tests mais si ça continue comme ça on va finir pas acheter un gros panneau solaire souple qui sort 24 volts et plusieurs watts histoire de pouvoir aussi recharger un peu à l'arrêt !
Allez du coup j'arrête mon blabla et vous souhaite une agréable soirée (ou journée selon où vous en êtes).
158è jour : Cieszyn - Tranovice
17 septembre 2011
10,6 km, 6741 km au total
Tout avait pourtant si bien commencé...
A 6h on était presque réveillés
A 8h15 on était partis
A 8h30 on avait ravitaillé en eau
A 9h15 on avait fait les courses dans un grand supermarché (Kaufhaus)
On était donc prêts à entamer un belle et longue journée de vélo, remplie de jolies collines et de kilomètres...
C'est à la sortie du supermarché quand j'ai allumé le téléphone pour voir s'il y avait du wifi que tout a basculé.
Un texto de mon beau-frère pour m'annoncer que mon site de cours photo, (notre gagne-pain) était dans les choux.
Recherche de wifi, à 9h30 on est sur la grande place de Cieszyn côté polonais, après quelques minutes de wardriving on a du wifi sous la main. Sortie de l'ordi portable et début de recherche de l'origine du problème. En plein soleil, luminosité au minimum je tiens encore une heure et demie à tenter de comprendre pourquoi cette fichue base de données MySQL refuse de fonctionner comme elle le devrait. J'ai sorti tout l'attirail du webmaster, terminal SSH, PHPMyAdmin, Coda, FileZilla, la prise en contrôle à distance de mon ordi chez ma sœur... en cet instant même si je galère je suis bien content d'être avec mon propre ordinateur et tous ses outils sous la main et non pas sur l'ordi d'un cybercafé où on ne peut pas installer le moindre logiciel même freeware.
Au bout de l'heure et demie il faut se rendre à l'évidence, la batterie de l'ordi est vide. Pas de bol le wifi est celui d'un parc (???) et on le capte déjà suffisamment pour ne pas avoir la moindre chance de le capter à l'intérieur d'un café.
Je tente ma chance sur une terrasse où je remarque qu'il y a des petites lampes extérieures alimentées par des traditionnelles prises 230V... il y a même une prise de libre, il ne me reste plus qu'à aller demander si le personnel est ok pour qu'on allume !
Des 3 serveuses aucune ne parle anglais... c'est pas gagné. Elles vont néanmoins chercher un gars (ptet le cuisto) qui me fait comprendre qu'en fait les lampes extérieures ne fonctionnent pas et que ma tentative de branchement n'aboutira à rien. Il me dit que ça peut le faire seulement à l'intérieur. Je tente donc ma chance à une table près d'une fenêtre mais ne capte plus mon beau réseau wifi... par contre le café en à un et le cuisto me donne le mot de passe...
Ouf me voila donc autonome en électricité et avec un bon wifi, c'est reparti.
Je ne vais pas vous détailler l'ensemble du problème mais en gros à force de tentatives désespérées de réparer la base de données corrompue, j'ai fini par devoir (et pouvoir) restaurer une sauvegarde de la veille et gérer à la main les abonnements des dernières 24 heures pour rembourser mes chers clients n'ayant pas accès et leur suggérer de se réabonner... sportif ! Et toujours aucune idée de l'origine du problème
Il est... 14h30 quand nous ressortons du bar, un café et un coca : 9 zlotys... cad 2,25 euros...
L'avantage c'est qu'au moins le pack de batterie, la batterie de l'ordi et celle de l'iphone sont chargées à bloc !
Du coup on est dans cet espèce de moment pas très agréable : faim mais déjà l'heure de repartir du déjeuner.
Donc on repart... ah non, on commence par papoter un petit moment avec un cycliste polonais qui a vécu au Canada et qui parle très bien anglais, ça nous change :) Il nous donne quelques conseils pour l'itinéraire et après 4 ou 5 merci/au revoir qui relancent la conversation, nous finissons réellement par repartir.
Nous faisons 2 km et arrivons à la frontière Tchèque, c'est en plein milieu de la ville, la petite rivière fait la séparation mais en pratique Cieszyn est une seule et même ville, un peu comme Flensburg entre l'Allemagne et le Danemark.
Nous nous arrêtons prendre une photo et discutons ... avec 2 sourds muets. Une expérience sympathique et finalement pas si différente des échanges avec les polonais qui ne parlent pas un brin d'anglais... sauf que nos sourds-muets ont bien plus l'habitude de comprendre les attitude et gestes des autres et finalement c'est presque plus facile de communiquer avec eux. Ils sont contents de nous voir, nous prennent en photo et eux aussi nous donnent des conseils pour la route, c'est très sympa... et ça n'arrange pas notre problème d'horloge implacable. C'est hallucinant d'être "en vacances" (aujourd'hui je peux vous dire que je ne l'étais pas) et d'être pris par le temps. Sensation très très étrange.
On refait encore 2 km et on se pose sur un bout d'herbe au soleil pour faire sécher tout notre bardas car ce matin encore c'était rosée à souhait et le soleil n'a percé les nuages qu'après notre départ.
Alors j'en profite pour répondre à l'éventuelle question que vous vous posez : à quoi bon faire sécher la tente, le tarp et je ne sais quoi si c'est pour les retremper la nuit suivante ? Pour plusieurs raisons :
- rentrer et sortir de la tente en se frottant aux bords trempés c'est assez peu agréable.
- le double toit trempé mouille la partie "chambre" (intérieur) de la tente quand ils se touchent, donc après c'est mouillé aussi à l'intérieur, ce qui finirait par mouiller tout ce qui touche à la partie intérieure : sacs de couchage, vêtements...
- si on laisse ces parties trempées en permanence ça moisit très vite
- quand les sacs de couchage s'imprègnent de la rosée ils deviennent de moins en moins isolants... pas bon pour les nuits fraîches
voilà pour le principal.
Donc pendant que ça sèche en plein soleil (il fait vraiment super beau), on déjeune rapidement en abrégeant : pas de dessert, pas de café (snif il faut faire des choix).
On repart à 15h30 avec donc comme objectif celui de trouver à se poser avant 16h15 environ.
Ca remonte sévère et après quelques kilomètres ont trouve un champ sympa. Certes c'est coincé entre l'église (sonnera t'elle ?) et l'autoroute (pas si bruyante que ça en fait) mais la vue est absolument éblouissante, un vrai plaisir. Ca aide bien a oublier cette journée bien foireuse !
Je croise juste les doigts pour que le problème sur le site ne se représente pas de sitôt parce que ça n'est pas super agréable...