15è jour : Neustadt (jour off)
3 avril 2011
0 km, 702 km au total
Il est 7h, au programme grasse matinée jusqu'à 9h... mais je suis réveillé. Premiers effets de la crise de manque : dans un cas comme ça typiquement j'en profite pour répondre aux emails en attente, donner quelques nouvelles, regarder la carte détaillée de l'endroit où on est sur Google Maps, consulter quelques infos sur ce qu'il y a autour de nous... et là pas d'accès au net, je repense à ces boulets chez Orange, je repense au resto où on a mangé hier où en sortant j'ai vu "wifi gratuit" mais il était trop tard. Je... rhaa je ferais mieux d'aller me recoucher. Parlons plutôt de ces premiers petits détails allemands qu'on a pu constater. En vrac (et il y en aura probablement beaucoup d'autres par la suite).
Les panneaux solaires photovoltaïques. Petit message pour les parents d'Hélène qui ont agi dans le bon sens en posant sur leur toit quelques panneaux, sachez qu'ici vous seriez dégoutés. Globalement quand sur une maison il y a des panneaux d'installés c'est bien simple ils ont casé autant de modules rectangulaires que la toiture permettait d'en poser. A ce stade on regrette vraiment qu'il n'y ait toujours pas de solution simple pour carrément faire une toiture en panneaux solaires (j'imaginais déjà une société qui vendrait des modules visuellement identiques qui seraient dédiés soit à la production d'électricité, soit d'eau chaude, soit de rien du tout pour les parties mal exposées, histoire une fois pour toute de pouvoir faire une maison avec un toit solaire et non pas des tuiles + des panneaux par dessus + des tuiles normales sur le reste du toit, le tout étant rarement très esthétiques). Enfin bref ici, ça doit débiter du KWh.
Pour rester dans la nature, le recyclage : ça n'est pas nouveau et plutôt bien connu, ici on recycle sévère. 17 poubelles différentes (non j'exagère un peu) mais en gros on recycle par type de matériau, indépendamment de leur format. En France à l'heure actuelle la barquette plastique de crudités ne va pas dans la poubelle plastique parce que... on ne sait pas trop. Ici si c'est en matière plastique ça se recycle. Allez savoir pourquoi ces différences ?
Toujours dans le côté "vert", on a découvert que certaines villes diminuaient l'éclairage urbain passé une certaine heure le soir. Dans une rue où les réverbères sont par 2 (1 pied/2 lampes), ils en coupent une sur deux. Ca me rappelle un projet prévu je ne sais plus où d'équiper les réverbères de détecteurs de proximité afin de ne les allumer qu'à l'approche ou la présence de quelqu'un. Un jour peut-être... Tiens d'ailleurs à propos de réverbères (là on rentre dans les petits détails), j'ai constaté qu'ils utilisaient aussi des techniques basiques mais certainement moins chères que chez nous : 2 poteaux très éloignés, un câble entre les deux... et des lampes suspendues entre. Ca doit probablement être plus économique qu'un pied par lampe. Pas bête.
Dans la série petit détail mais hors écologie :
ici on dort avec une couette par personne, même dans un lit pour deux... et j'avais également constaté ça en Alsace, les couettes ici elles font 2 fois l'épaisseur de ce qu'on avait à Paris (et pourtant c'était une épaisse), ça doit cailler l'hiver.
Allez, ce matin pour marquer mes 30 ans je vais me raser ! Vers 9h30 nous nous lançons dans le petit déjeuner qui ressemble plus à notre brunch parisien : oeufs, charcuterie, fromage, confiture... le prochain repas sera le diner, c'est la méthode assez traditionnelle de manger ici. Gros petit déjeuner puis diner. Pris dans le jardin ce repas est des plus agréable.
Nous partons ensuite en balade en voiture pour découvrir les villes aux alentours et faire un peu de repérage pour la suite en vélo. Il y a pas mal de pistes cyclables qui longent les routes mais aussi parfois des surprises : la piste s'éloigne et part dans une autre direction sans trop de possibilité de rejoindre la route.
Nous visitons Speyer, blindée de chez blindée en ce dimanche d'été du 3 avril :) et poursuivons jusqu'à Heidelberg, ville superbe où nous nous promenons longuement dans les rues piétonnes. Nous comparons nos enseignes Françaises avec celles Allemandes, visitons quelques monuments (bibliothèque universitaire, église...) avant d'accéder au pied du château. Situé très en hauteur nous n'irons pas jusqu'au bout, c'est trop loin. Nous nous posons à la terrasse d'un café pour déguster une glace toujours sous un soleil de plomb. Reingard fait la traductrice des parfums des glaces, nous sommes un peu perdus.
Retour ensuite par Mannheim, ville un peu plus grosse avec quelques jolis édifices : château d'eau, gare fraîchement refaite...
Nous rentrons à la maison après plus de 120 km au compteur... très différent du vélo... et décidons de rester une journée de plus pour se reposer, faire des courses et repartir mardi matin plutôt que de plier et tout préparer en 4è vitesse ce soir pour partir demain. Nous n'avons toujours pas étudié en détail le trajet alternatif proposé, il nous manque des cartes... donc ça sera parfait. Je profite également du wifi de la maison pour enfin poster notre position et récupérer mes emails d'anniversaire :) Merci à toutes et à tous pour vos petits mots et attentions gentilles.
Nous dinons de nouveau grec mais cette fois à la maison : pâtes de riz, viande hachée, fêta et découvrons un vin local, très légèrement rosé issu d'un raisin rouge dont on n'a laissé que très peu de temps le jus avec la peau. Léger, fruité, très agréable.
Après le repas nous potassons très longuement les cartes pour définir plus précisément ce fameux trajet. Ca s'annonce quand même sport, pas forcément beaucoup plus court mais à priori plus joli que la très passagère route du vin le long du Rhin et l'énorme conglomérat de la Rhur. Il nous manque toujours un bout de carte que nous tâcherons de trouver demain dans Neustadt.
16è jour : Neustadt (jour off, oui encore)
4 avril 2011
5,2 km, 708 km au total
Ce matin nous sommes tous seuls à la maison car nos hôtes sont partis travailler. Nous prenons notre temps puis rejoignons à vélo Globus, un très grand supermarché pour faire notre traditionnel ravitaillement. Le premier en Allemagne donc ça prend beaucoup de temps. En effet le supermarché est un bon moyen de découvrir la culture culinaire d'un pays. Nous enchaînons donc les rayons un par un et découvrons les différentes charcuteries, le rayon pâtes, soupes et sauces 4 fois plus grand qu'en France, les pains locaux, ... Nous poursuivons par ADAC, un organisme qui ressemble à un mélange de sécurité routière/assurance pour les voitures/bison futé et qui édite une grande quantité de cartes.
Finalement vu qu'il nous faut au moins 2 cartes nous prenons un pack complet de cartes de toute l'Allemagne au 1:200 000è, ça revient moins cher. Dommage pour nos jolies Michelin achetées en France, on les laissera à Reingard, de même que celles du pack qui ne nous serviront pas. Petit message personnel pour Mathieu, si tu as besoin de cartes d'Allemagne pour aller en Norvège cet été, on peut vous en fournir, il faut juste que tu nous prévienne à l'avance pour qu'on essaye de les faire rapatrier...
Nous déjeunons local ce midi à la maison, choucroute et charcuterie allemande. Je n'ai pas retenu les noms mais c'était très bon. Mon niveau d'allemand frôle toujours le grand zéro. Il faut dire qu'il y a bientôt 13 ans que je n'ai pas parlé, lu ou écrit le moindre mot de cette langue, c'est très très difficile de s'y remettre. Ca et là j'ai quelques mots qui revienne, mais je suis le bon exemple de l'échec du système scolaire Français au niveau de l'apprentissage des langues. 5 ans d'Allemand à l'école et incapable de former une phrase complète. On retient quand même "nicht gebergich" (pas montagneux, enfin je crois que ça s'écrit comme ça) histoire de se faire indiquer les chemins les plus plats par la suite :)
Nous visitons ensuite le centre de Neustadt à pied. C'est très joli et finalement assez gros. Pas mal de petites maisons restaurées, de colombages, de fontaines,... nous errons comme à notre habitude dans les rues, le nez en l'air et au fil des envies. En fin d'après-midi nous visitons le cabinet d'Anestis qui est médecin spécialisé au niveau du coeur et du système digestif. C'est très grand, au moins 100 m^2 (il est ou le carré sur le clavier du mac ???) pour lui tout seul. Quand on repense au cabinet d'Hélène avec ses 15m^2 c'est très différent.
Nous prenons ensuite un peu de hauteur pour rejoindre le château qui surplombe la ville un peu au sud de Neustadt et découvrons une vue très dégagée jusqu'à notre destination de demain : Heidelberg.
Nous sommes décidés sur le parcours à suivre, enfin dans ses grandes lignes. Nous abandonnons donc la route du Rhin pour le Neckar, le Main, la Saale... on verra, je mettrai peut-être la carte à jour. En tout cas le but reste toujours Berlin. A première vue un peu moins de km (850/900 au lieu de 1 000) mais plus de relief.
17è jour : Neustadt - Heidelberg - Neckargemünd
5 avril 2011
64,5 km, 772 km au total
Ce matin à 6h nous sommes sur le pied de guerre pour profiter d'une dernière douche, plier nos bagages et prendre un dernier petit déjeuner avec nos hôtes. Malgré tout nous ne décollerons pas avant 9h le temps de ranger un peu la maison et de mettre notre bardas dans la remorque. C'est définitivement un problème, après le ravitaillement un des grands sacs jaunes ne veut pas rentrer, on est obliger de retirer des choses et de les mettre dans les sacoches arrière du tandem là où normalement on entasse déjà difficilement nos vêtements utilisés en cour de journée (doudoune, surchaussures, vêtements de pluie...) Il faut vraiment qu'on cogite sur ce qu'on va faire pour éviter de gallérer à chaque fois qu'on achète un peu à manger.
Pour nos premiers km nous avons une carte au 1:50 000è amoureusement imprimée et assemblée par Anestis. Royal. Nous rejiognons donc Speyer, vent dans le dos et sur le plat à 25 km/h. Ca roule super bien. Nous traversons le Rhin et retrouvons une petite route pour rejoindre tranquillement Heidelberg que nous avons déjà visitée il y a 2 jours.
Nous voyons donc la ville d'en bas, en longeant le Neckar. la vallée devient très abrupte ce qui nous empêche de trouver un coin pour bivouaquer. Entre les routes et le train, il n'y a pas beaucoup de place. C'est donc vers un camping à Neckargemünd que nous nous orientons ce soir. Depuis le 1er avril la majorité des campings allemands sont ouverts. C'est horriblement cher pour un bout de gazon mais on fera avec, c'est le début d'une longue série. Nous sommes la seule tente du campings, seuls les camping-cars arrivent petit à petit. Nous observons les canards qui passent à 2 pas de la tente en préparant le diner. C'est tranquille.
18è jour : Neckargemünd - Höchstberg
6 avril 2011
76,6 km, 849 km au total
La nuit a été assez terrible : le vent s'est levé et avec lui la pluie. Le tarp qui recouvre le vélo n'était pas spécialement tendu et il a claqué un bon moment. La température par contre est restée plutôt élevée et nous avons un peu crevé de chaud tout habillés dans le duvet. La nuit c'est toujours étrange : le lendemain matin on se dit qu'on aurait du prendre 5 minutes pour se découvrir, ouvrir le duvet, retendre le tarp ou mettre les bouchons d'oreilles, mais au milieu de la nuit on ne raisonne pas aussi clairement et on arrive juste à pester contre le problème. Au final en dormant de manière fragmentée on arrive quand même à récupérer correctement même si au réveil on se dit qu'on a passé une nuit catastrophique. 21h-6h30 ça fait quand même 9h30 allongés, même si on ne dort pas pendant ces 9h30 on s'en sort sans trop de souci.
Nous poursuivons le long du Neckar qui est bien au fond de la vallée. Moments classiques où on est bien contents de longer le fleuve plutôt que de prendre les petites routes perpendiculaires.
Par le truchement du hasard nous tombons sur un revendeur Cannondale (marque de vélo/équipement). Le cuissard long d'Hélène (Décathlon) se révèle très moyen à l'usage. Il n'est pas neuf et la taille élastiquée est devenue trop ample, son cuissard glisse, pas pratique. Nous tentons donc notre chance, mais malheureusement la boutique (malgré un mannequin femme habillée tout Cannondale en virtine) ne fait que des réparations de vélo. On nous dit qu'un peu plus loin à Eberbach il devrait y avoir le nécessaire. Nous rejoignons donc la ville en question et traversons les petites rues commerçantes. Ca nous fait une excuse pour visiter :) On ne trouve qu'une boutique plutôt axée vêtements de rando à pied avec 1 seul cuissard : pas mal mais l'inverse : bien à la taille, trop large aux cuisses... La vendeuse très gentille nous indique une autre boutique plus loin. On arrive devant le paradis du vélo, avec notamment un distributeur automatique de ... chambre à air !!! On se dit déjà qu'on va pouvoir également regarder les portes bagages et sacoches avant pour se faire une idée. Pas de bol, le mercredi ça n'ouvre qu'à 13h. Il n'est même pas 11h, tant pis pour nous, nous repartons bredouilles. Rien d'urgent de toute façon.
Nous regagnons la route principale, toujours bordée d'une bande cyclable (ça nous va très bien, on n'a pas forcément besoin d'une piste totalement séparée) et poursuivons notre petit bonhomme de chemin sous un ciel toujours mitigé. Pas de pluie, pas de soleil, c'est finalement plutôt agréable pour rouler.
Le déjeuner le long du Neckar est l'occasion de regarder les péniches passer, le fleuve est étrange : pas forcément très large, calme mais avec des péniches absolument énormes qui passent de temps en temps. De l'autre côté la ligne de chemin de fer qui charrie régulièrement des trains remplis d'Audi flambant neuves qui sortent de l'usine plus en amont vers Heilbronn.
Dans l'après-midi nous cherchons rapidement de l'eau car c'est plus complexe qu'en France. On se rapproche d'une salle de sport mais tout est fermé. Au moment de repartir bredouille des employés de l'entretien du stade passent à côté de nous. On leur demande du mieux qu'on peut où on peut trouver de l'eau et finalement ils nous ouvrent les portes de la salle de sport. Nous remplissons et repartons l'esprit plus léger et le vélo bien plus lourd :)
En fin d'après-midi nous quittons le Neckar pour rejoindre le Jast, notre nouveau fil conducteur. Même si la rivière est plus étroite on ressent les réminiscences du Neckar Le paysage ne change que peu : passage du train et de la route dans la vallée, et très vite les forêts abruptes dès qu'on cherche à s'éloigner des cours d'eau.
On se pose le long d'une piste cyclable un peu à l'écart de la route. On n'est pas cachés de la piste mais c'est plutôt calme. Quelques vélos et rollers, on retarde donc au maximum la montée de la tente. On profite donc de la fin d'après-midi sur le paréo, à l'ombre du soleil. Hélène inaugure l'épilateur en mode batterie/bivouac, en plein air, même pas dans la tente, ça y est la vie à l'extérieur nous gagne !
19è jour : Höchstberg - Bad Mergentheim
7 avril 2011
76,3 km, 925 km au total
Ce matin le soleil se lève sur un ciel totalement dégagé. La brume s'évapore doucement, le paysage est superbe. C'est exactement ce qui justifie le voyage. Un lever de soleil comme ça efface tous les désagréments.
On profite d'une grosse ville (enfin c'est relatif) pour faire des courses à Möckmül. On découvre l'enseigne Penny Market, ça ressemble à un Aldi/Lidl. On trouve néanmoins à peu près tout ce qu'on voulait. On repart le long du Jast, c'est calme, c'est plat, la piste est en site propre et passe parfois dans des petits coins de forêt superbes. On découvre au détour du regard un pont phénoménal qui enjambe cette vallée qui semble pourtant toute petite. Ca n'est pas Millau mais l'idée est là.
Un peu avant midi, en montant quelques mètres en arrivant dans un petit bled, un craquement violent nous fait sursauter et le vélo se transforme en moulin à café. Arrêt en catastrophe et inspection des lieux. Il ne faut pas chercher longtemps pour se rendre compte qu'une des attaches du porte-bagage arrière à cédé. Juste au niveau de la vis qui relie le bas du porte-babage au cadre. Irréparable, en tout cas clairement pas avec les outils à bord.
Ca conclue donc un peu notre réflexion de ces derniers jours sur le volume et le poids : ça ne le fait pas du tout. L'origine de la cesse est évidente : on a fait les courses avec une des sacoches arrière, on l'a remplie à bloc, et nos 10 kilos d'un côté (contre probablement 3 fois moins de l'autre) ont eu raison de ce pauvre porte-bagage.
Je repense encore au vendeur de Rando-Cycles à Paris qui jaugeait notre tandem lors de notre dernière visite. Impressionné par les raccords S&S qui permettent son démontage mais un petit sourire en coin en regardant le porte-bagages. "c'est pas fait pour porter du lourd ça" nous avait-il lancé. Ce à quoi nous répondions "non en effet, mais justement on n'a pas besoin de charger ces sacoches car on a une remorque pour tout ce qui est lourd et encombrant. Les sacoches arrière c'est pour pouvoir accéder facilement aux vêtements de pluie et contre le froid".
On s'en mord bien les doigts. C'était prévisible, on a joué, on a perdu.
C'est le gros coup dur parce qu'on est au milieu de nulle part et que la casse est vraiment du genre non réparable. Je tente sans conviction le gaffa, mais il n'y a rien pour fixer quoi que ce soit.
On s'arrête, on déjeune, on réfléchit et on envoie un SOS (pardon un SMS :) en France "c'est où qu'on peut trouver un nouveau porte-bagages ?"
Notre coin déjeuner est en plein cagnard, la toile extérieure de la tente est en train de sécher, on fait donc évoluer le système et on met le tapis de sol + les arceaux + le double-toit. Il sèchera encore plus vite (dessus/dessous en même temps) et nous on sera à l'ombre. A la fin du déjeuner on arrête 2 cyclistes qui ont des vélos de rando et on leur demande un avis. Ils nous évoquent le fait de rejoindre le petit bled à côté, il y a un garagiste il pourra probablement nous ressouder le porte-bagages. Pour les magasins de vélos le plus proche qui soit "sérieux" ça semble être à une trentaine de km si on ne veut pas dévier trop de notre route, sachant que comme nous sommes dans une vallée, toute déviation veut aussi dire beaucoup de relief... et ça 2 fois (hé oui le retour ensuite).
Avec une rondelle et un peu d'huile de coude, j'arrive à faire un système de fortune qui nous permettra à priori de rallier la boutique de vélo sans passer par la case soudure dans laquelle je crois assez peu (c'est tout petit, c'est de l'alu...)
On étudie la carte et on choisit de rallier au plus court Bad-Mergentheim. Petite étape de montagne dans l'après-midi bien chaude, on souffre pas mal. La pente reste néanmoins raisonnable et seule sa longueur nous échauffe et nous fatigue aussi lentement et aussi sûrement que le rythme que nous impose la montée. La descente de l'autre côté est pour sa part vertigineuse. Le compteur affiche 67,9 km/h et je n'ai pourtant pas passé la plaque (le grand plateau pour les non initiés). On la joue sécurité, on va éviter de faire sauter ma bidouille et de mettre l'attache du porte-bagages dans les rayons à pleine vitesse !
Bad-Mergentheim, premier arrêt chez Sport 2000... qui nous indique Mott Radwelt une grande boutique un peu plus loin. Nous speedons comme des malades car il est 17h30 passé et souvent les magasins ferment à 18h... Finalement on trouve le magasin sans trop de souci et il ferme à 18h30. Ouf, sauvés.
Nous voilà donc au paradis du vélo... mais nous avons des besoins particuliers... pas forcément évidents à combler.
Pour le porte-bagages arrière, on hésite entre un "normal" et un Tubus... marque réputée des tourdemondistes... à première vue les différences n'ont pas l'air énormes, le prix par contre oui... on réfléchit... et on vote Tubus car on va dire que les conseils des autres voyageurs sont souvent très pertinents. D'ailleurs Rando-Cycle ne monte que du Tubus je crois.
On valide aussi le choix du porte-bagages avant (pas de choix, déjà ils ont été le chercher dans leur arrière magasin) + sacoches avant (juste une paire de Vaude, étanches, comme celles qu'on a à l'arrière mais en plus petites)... et Hélène trouve également un cuissard. L'addition fait peur mais ça n'est rien face au vide intersidéral qui se produit quand la caissière nous annonce qu'elle ne prend pas les cartes de crédit. On avait retiré du liquide dans l'après-midi en prévision de l'achat, mais pas dans ces proportions. Gloups. On nous avait informé qu'en Allemagne ils prenaient très peu les CB mais nos premiers contacts (achat d'une bouteille de gaz à 5 euros passés en CB sans souci, suivi le lendemain par les courses dans un supermarché, idem ; puis les cartes dans une petite boutique, pareil, aucun pb). Seules les courses de ce matin ont du être payées en liquide, mais ça ne nous a pas mis la puce à l'oreille (à défaut de sur la carte).
Le moment de solitude passe vite puisqu'on nous prête gentiment un vélo pour que je puisse aller chercher du cash pendant qu'Hélène reste avec le tandem et l'ouvrier du magasin pour qu'il nous monte tout l'attirail. Parfait parce que monter le porte bagages avant c'est pas hyper évident et pour celui de l'arrière il y a une petite difficulté supplémentaire liée à notre système de freinage qui rend la fixation "normale" impossible.
Je teste donc un super VTT à 1200 euros. Double suspension, freins à disques hydrauliques... c'est tout léger après avoir enquillé 900 km de tandem chargé à bloc. Impressionnant. Le frein arrière bloque la roue au moindre appui de 2mm sur la poignée, un vrai régal. Je fais donc 3 km aller/retour en speed pour aller ravitailler en liquide, pour une fois ça n'est pas dans un cimetière mais dans une banque. Tiens d'ailleurs cet après-midi on est passé devant un cimetière alors juste pour vérifier on a été voir s'il y avait de l'eau potable. La réponse est oui. Maintenant ne tirons pas de conclusion sur un seul test mais ça nous ouvre de nouveaux horizons.
De retour à la boutique de vélo, il est 18h30, l'ouvrier ingénieux à formé la patte de fixation du porte-bagages pour qu'elle contourne la poulie de nos freins, génial. Ca va le faire, on va pouvoir repartir plus lourd en kilos et moins lourds en euros.
Au point où on en est on remplit également la poche à eau de 5 litres histoire de pouvoir enchaîner le plus rapidement possible avec le bivouac.
On file à toute berzingue pour sortir de la ville et rejoindre un peu de vert. On a moins d'une heure pour trouver l'endroit idéal et monter la tente avant qu'il fasse nuit, tic tac... ah c'est pas des vacances moi je vous dis !
On trouve finalement sans trop de souci, et on enchaîne les mouvements - que nous commençons maintenant à maitriser - à un rythme impressionnant. Idem pour la préparation du repas effectuée en parallèle de la toilette. Optimisation optimisation.
On mange notre plâtrée alors que la lumière disparait petit à petit. On fait un rapide calcul :
2 barquettes de 400 grammes de pâtes fraiches + 100 grammes de sauce + environ 800 grammes d'eau. On ingurgite chacun... 850 grammes de soupe aux pâtes en mode hyperphage ! Qu'on fait passer avec un peau d'eau et une compote. Ce soir on est bien calés, mais il faut ça après les 76 km (79 pour moi) dont une partie en montée, le tout dans une journée qui a inclus 2 arrêts pour faire des courses !
Hélène est HS, même pas la force de sortir le kindle ce soir, c'est vous dire... on va réfléchir cette nuit chacun de notre côté à comment rerépartir le poids du matériel pour décharger la remorque, conserver l'utilisabilité des sacoches versus le volume de transport de la remorque, ... Zzz (LN dort déjà, il est 22h18, grand temps d'aller dormir. Demain on va faire un peu grasse mat, je mets le réveil à 7h30).
20è jour : Bad Mergentheim - Kitzingen
8 avril 2011
55,0 km, 980 km au total
La température est très clémente depuis quelques jours, le beau temps se maintient et les nuits ne sont pas froides. Par contre la rosée du matin avec les sandales, ça demande un peu de gestion pour ne pas finir les chaussettes trempées. Néanmoins pour l'instant je ne regrette pas ce choix. Que ce soit à 0°C ou 25, c'est très agréable, surtout combiné aux chaussettes en laines, je revis au niveau odeurs ! Merci les moutons Mérinos, vous sauvez notre couple le soir dans la tente !
Ce matin, encore par le plus grand des hasards, à la sortie d'un petit village (Weikersheim) nous tombons de nouveau sur une super boutique de vélos. Un gros panneau Ortlieb sur la façade, allez on s'arrête, car je suis toujours à la recherche d'une sacoche de guidon plus grande. Celle qu'on a est ultra limite pour l'appareil photo, j'ai réussi à coller de la mousse sur les bords pour protéger l'appareil mais la mousse part en vrille et l'idéal serait cette fameuse sacoche Ortlieb avec un insert spécial appareil photo. On n'est également pas sûr que ça puisse le faire car le guidon du tandem est celui d'un vélo de course avec les câbles de dérailleurs qui partent vers le centre du guidon ce qui rend difficile l'utilisation d'une grosse sacoche. On trouve notre bonheur, on peut même essayer, ça va le faire. C'est un peu juste mais c'est gérable. On discute un bon moment avec la vendeuse qui est très très gentille. Elle est fière de notre périple, et nous contents de pouvoir partager un peu de notre passion. Au fil de la discussion on se rend compte que pour la sacoche on n'a pas besoin du système de fixation sur le guidon car celui de celle qu'on a est compatible. La vendeuse nous reprend donc le système qu'elle vend par ailleurs tout seul. De 70 euros la sacoche passe donc à 50, cool. On continue à discuter puis on va payer. On parle de la Visa, pas prise ici non plus. Ils ne prennent que les cartes des banques, à priori Allemandes. Je tends 50 euros en liquide, elle les prends et m'en rend 10 : "c'est mon plaisir, vous pourrez aller prendre un café ou une bière en pensant à moi".
Le temps de ranger les affaires, elle s'absente 1 minute et revient avec une énoooorme tablette de chocolat Milka (300 grammes) et 2 pommes pink Lady. Chocolat pour moi, pommes pour Hélène qui est en manque de fruits. On est aux anges. Là encore je cite notre gentille vendeuse "it's for my soul" (c'est pour mon âme). C'est une chose dont on commence à prendre conscience au travers de la gentillesse de tout le monde autour de notre périple. Que ce soit la famille, les amis ou les gens croisés au détour d'une route : notre voyage leur permet de rêver, presque un peu d'avoir bonne conscience en se disant "je connais des gens qui dorment dans les champs, avancent à la force des mollets et survivent de pâtes à la casserole". Nous n'avons pas associé le voyage à une association humanitaire ou équivalent. Nous n'avons pas cherché de sponsors et payons donc le périple sur nos propres deniers, mais on ressent que les gens autour de nous ont envie de nous aider aussi bien pour nous filer un coup de main que pour faire un peu partie du voyage. C'est un concept qu'on embrasse pleinement et qui nous convient parfaitement. Voyageons ensemble, même si les kilomètres nous séparent. C'est aussi pour ça que j'écris ce journal, que je m'efforce de poster notre position régulièrement, d'envoyer des photos. Ce voyage c'est aussi votre voyage, on vous prête nos yeux et notre clavier pour essayer de partager autant que possible ces moments, qu'ils soient agréables, géniaux ou parfois un peu compliqués.
Bref avec cette sacoche à 40 euros je profite d'un petit "bon pour", celui de mon anniversaire. Merci à mes parents !
On échange nos petites cartes respectives et le temps de partir on s'alourdit encore de petits sachets de bonbons Haribo. Trop fort. Il faudra juste qu'on envisage sérieusement de se faire un colis pour la France pour retourner l'ancienne sacoche, nos 2 chapeaux, le couvercle en plastique de la popote, quelques sangles de sacoches... et c'est à peu près tout. On réfléchit à ce qu'on a en superflu/inutile mais la liste ne s'allonge vraiment pas. En tout cas le chargement du tank est mieux réparti, on a mis bouffe et popotte dans les sacoches avant, ça permet enfin de rentrer les sacs de la remorque sans souci et sans s'arracher les doigts. Ouf.
D'ailleurs le tank c'est à priori le nom qu'on va donner au tandem. Beaucoup de voyageurs donnent un nom à leur monture. Vol-au-vent, fend-la-bise... On y avait réfléchi pour nous mais sans grande conviction. Rien n'était vraiment ressorti et moi j'étais même moyen convaincu. les meilleurs idées pour nous c'était "le tandem", sur le modèle de Columbo. "L'avaleur de kilomètres" c'était bof, "le canard" pas très parlant... bref on avait laissé tomber. Hier soir en voyant le tandem avec son porte bagage avant mastoc je me suis exclamé "pfff c'est vraiment un tank notre truc"... et voilà c'était trouvé. Tout vient à point à qui sait attendre !
La suite de la journée est plus calme mais c'est avec le sourire qu'on la vit. Ces petites rencontres nous ensoleillent le cœur. Méga sieste pour Hélène et nous repartons sur notre route de changement de vallée, montées descentes, mais rien de trop violent, parfait pour se préparer aux jours qui viennent.
Nous rejoignons un camping le long du Main, notre nouvelle rivière pour les prochains kilomètres. Ce soir première lessive en camping, il fait beau on aura un peu de temps pour faire sécher, on en profite.
A côté de nous Sebastian (orthographe ?) fait un petit périple tout seul. Il enchaine des grosses journées à vélo avec des pauses en famille. Une petite semaine de voyage pour rejoindre sa copine et rentrer ensuite en train. Grosse journée pour lui c'est 150 km. Bon il n'est pas chargé comme nous mais ça m'impressionne toujours ce genre de kilométrage. Qui sait, peut-être que quand on aura passé 6 mois sur le vélo ça sera nos rations quotidiennes de km... on verra bien. En attendant pour nous ça sera 55 km pour aujourd'hui... Une heure de décalage le matin ça joue forcément sur le résultat final :)
On partage notre chocolat milka et on rentre se coucher, 21h30, la nuit est bien tombée, la lune et les étoiles nous invitent cordialement à rejoindre morphée.
21è jour : Kitzingen - Ottendorf
9 avril 2011
58,3 km, 1038 km au total
Encore une belle journée qui s'annonce, pas un nuage et il fait déjà bon au réveil, très agréable. Nous quittons notre allemand de la veille après avoir rechargé une dernière fois le pack de batterie dans les sanitaires. La recharge sur le vélo c'est limite limite. Ca fonctionne mais il ne faut pas trop tirer dessus car sinon la consommation dépasse rapidement la vitesse de recharge. Donc les opérations énergivores du type vidage de photos sur le disque dur externe et redimensionnement au format web c'est pour quand il y a une prise pas trop loin.
Nous découvrons ce matin encore une fois une nouvelle enseigne : Netto. Je crois qu'il y en a quelques-uns en France, c'est en fait un genre de Lidl. Etonnant qu'autant d'enseignes se tirent la bourre : Lidl, Aldi, Netto... C'est aussi étonnant qu'il y ait beaucoup plus de ces enseignes que les supermarchés plus traditionnels correspondant à nos Leclerc, Auchan et Carrefour. Culture allemande ou inculture de ces fameuses enseignes de notre part ? Il y a aussi probablement une logique inhérente à notre parcours. Nous passons par beaucoup de petites villes qui justifient des petites surfaces et non pas des hypermarchés pour 100 000 personnes.
Nous continuons à tester des produits locaux, gros pain de campagne, salades étranges (œuf,asperges,champignons,mais dans une sauce blanche), charcuterie et fromage du coin...
Nous passons aujourd'hui notre premier millier de kilomètres. Le tandem et son équipage vont bien. Côté bagages ça se stabilise, on a pu faire les courses et les stocker de manière cohérente sans mettre en péril notre embarcation. La grosse sacoche de guidon est également bien pratique pour prendre et remettre l'appareil photo un peu à l'arrache sans devoir tout caler au millimètre (tiens encore un mot avec 2 "L" qui ne se prononce pas "Y" Miyimetre ?). Côté tandem pur et dur on a depuis un bail un couinement au niveau du dérailleur arrière. Pas du tout un problème mais un peu pénible à la fin de la journée. L'huilage n'ayant rien donné, j'ai démonté hier soir le galet du bas pour un nettoyage/rehuilage en règle... visiblement c'est l'autre (celui du haut), mais son démontage nécessite de retirer la roue... qui nécessite de la dégonfler... et j'ai pas envie de remettre 6 bars dans le pneu à la main juste pour un couinement. On attendra une crevaison pour s'en occuper :)
Le pilote et copilote vont très bien. Toujours très mal aux fesses pour moi, un peu moins pour Hélène. Maudite Brooks, elle a donc ses 3000 km et j'ai toujours mal au cul comme si elle était neuve. La selle la plus confortable pour la rando au long court qu'ils disaient ! Hélène pense que je ne suis pas assez lourd pour la former, que ça prend donc beaucoup plus de temps avec moi... et moi je pense "suis-je asymétrique ?" Ben oui j'ai mal d'un côté et de l'autre ça va plutôt bien... étrange...
Et sinon le moral ? Excellent je dirai. Avec ce mois d'avril qui ressemble à l'été (les températures de la nuit et du matin en moins) c'est très très agréable. On prend conscience tranquillement de l'effet "ben non dans une semaine on n'est pas obligés de rentrer" et ça c'est très appréciable. Ca fait 3 semaines demain que nous sommes partis et on commence tout juste à avoir un chouilla de rythme, d'habitudes qui se mettent en place. C'est plus compliqué avec le climat, les jours plus courts, la langue, le chargement... enfin bref on est biens et aucune envie de rentrer et surtout une envie de continuer à rouler.
Rouler justement on essaye... mais le vent de face lui n'est pas du même avis. On s'étonne d'avancer à 10 km/h alors que visiblement ça a l'air de descendre un peu. Non mais on ne va quand même pas passer le petit plateau ? Ok allons-y... et la vitesse tombe à 8 km/h. Nous ne sommes pas pressés mais c'est assez frustrant d'appuyer sur les pédales à s'en faire des crampes et de voir le compteur refuser d'afficher des données en corrélation avec nos efforts ! Des images de l'été dernier nous reviennent : Goole en Angleterre (cherchez Goole plus mon nom dans Google je pense que vous retrouverez le passage où j'en parle).
En tout cas on passe beaucoup de temps sur les pistes cyclables qui sont globalement à peu près partout parallèles aux routes principales. En gros une route = 1 piste cyclable, plutôt sympa.
Les pistes sont très fréquentées, c'est agréable de constater ça.
Petit constat des utilisateurs de ces pistes, ce sont :
- soit des sportifs plus ou moins de haut niveau, en tout cas avec des beaux vélos de course et tout l'équipement qui va avec, de tout âge.
- soit des personnes de 60 ans et plus qui prennent leur temps pour faire leur courses, se balader...
- quelques enfants près des villes
- mais globalement une nette sous-représentation de la tranche 15-45 qui visiblement prend le bus ou surtout sa voiture.
Je précise qu'on est samedi, donc c'est le week-end, les gens ne travaillent pas ou n'ont pas d'école.
Tiens les voitures, je n'en ai pas parlé. Ici les gens roulent plutôt sport mais prévenants vis-à-vis des cyclistes. Ce sont des fous de vitesse, qui accélèrent très fort, même avec des voitures "normales", et même les mamies, mais au moins ils ne doublent pas à 50cm comme en Angleterre. La culture vélo est un peu présente dans les veines des automobilistes, c'est appréciable.
En fin d'après-midi, malgré le compteur toujours pessimiste, on se pose dans un champ d'herbe près du Main, non loin d'une piste cyclable et forcément aussi d'une voie de chemin de fer. Toujours pas de miracle, si c'est plat pour nous au creux d'une vallée, le train n'est jamais loin.
On en profite pour faire une petite vidéo qu'on espère pouvoir poster sur le blog d'ici quelques temps, quand on aura du wifi. Après le diner j'encode la vidéo dans un format plus adapté à la publication web, ça fait bizarre d'utiliser Adobe Premiere (une version d'éval bien sûr) sur le Mac dans la tente. Mon côté geek se trouve rassuré, même loin d'une prise électrique et d'internet il y a quand même moyen de s'épanouir. Moi je n'ai pas de Kindle... sur lequel Hélène est en train de relire le récit que je lui ai transféré peu avant... on fait un de ces couples technologiques !
12 minutes d'encodage pour 6 minutes de vidéo et passer de 650 Mo à 100. Ca sera un peu plus pratique à uploader.
22è jour : Ottendorf - Ebensfeld
10 avril 2011
65,3 km, 1104 km au total
La soirée ayant été vite très fraîche nous avions anticipé une nuit froide, ce fut une bonne idée car au révei 5°C dans la tente et un poil de givre à l'extérieur. Les herbes hautes nous trempent les chaussettes, malgré les surchaussures pour moi et les chaussures fermées pour Hélène. Pas cool. Je tente donc les chaussettes étanches et le soleil se charge de sécher les autres. Comme hier le soleil monte vite et tape plutôt fort... couplé pourtant à des températures bien fraîches qui font frissonner dès qu'on reste un peu longtemps à l'ombre. Le vent est plus favorable dans ce sens (direction plein est) et c'est finalement avec plus de 40 km au compteur que nous nous arrêtons déjeuner. Hélène est barbouillée depuis ce matin, ambiance gastro, on fait donc gaffe. Il faut trouver des coins adaptés à la gestion du problème :-) Ca n'est pas non plus trop grave, elle arrive à rouler sans souci et n'est dérangée que par quelques spasmes. Pour une fois que ça n'est pas moi ! Nous choisissons également le coin pique-nique pour son mélange ombre-soleil (ça tape au soleil) ainsi que la possibilité d'étendre nos affaires pour les faire sécher : tente, tarp, duvets, tout y passe pour s'assurer autant que possible un confort au moment du bivouac. Ca n'a l'air de rien mais c'est toute une logistique... et c'est entre autre ce qui fait qu'il nous faut nous poser régulièrement plus de 2h30 le midi sans pour autant avoir l'impression de trainer. Sortir les affaires, préparer le déjeuner, se poser un peu pour bouquiner/siester, puis ranger les affaires avant de repartir, ça prend du temps.
Hélène se repose longuement l'après-midi est donc écourtée en kilomètres mais ça fait justement partie du voyage : s'adapter aux conditions, toutes les conditions. Conditions qui d'ailleurs nous amènent également à déballer le contenu de nos sacs de remorque le long de la route pour prendre le nécessaire à détiquisation (oui néologisme). J'ai choppé une tique à l'arrière du genoux, opération traditionnelle qu'on commence à maîtriser mais qui nous fait toujours flipper : "tu l'as vu hier ? il était déjà là ?". Pour ceuix qui ne connaissent pas la bestiole, c'est globalement en Europe l'animal le plus dangereux, loin devant les ours. Ce petit bidule vient se loger dans un coin peinard (aine, aisselle, chevelure...) et s'accroche pour pomper du sang. Tout irait plutôt bien si une quantité très importante de ces bestioles n'était pas porteuse de la maladie de Lyme (vous irez chercher les conséquences sur Wikipédia). Si on la laisse trop longtemps (plus de 24h), la bébête a tendance à saliver dans la plaie de sa morsure et à balancer ses bactéries responsables de la maladie (bactéries ou virus, je ne maîtrise pas trop le sujet, demandez à votre médecin). Enfin bref, il vaut mieux la virer rapidement et sans l'écrabouiller, à la pince à épiler, en tournant la bébête sur elle-même.
Opération rondement menée mais qui prend néanmoins un peu de temps... temps qui justement nous fait défaut pour traverser la prochaine ville puis trouver ensuite un coin de bivouac tranquille. On se pose donc finalement juste un peu plus loin du bloc opératoire tiquesque. Ca n'est pas terrible mais ça fera l'affaire pour la nuit.
Hélène recoud le scratch de la remorque qui sert à tenir le petit nécessaire à recharge de batteries. Cette année il est mis à rude épreuve avec le gros pack de batterie qui sert à recharger ensuite l'ordi portable et les autres appareils. Il est lourd et tire bien comme il faut sur ce pauvre scratch qui n'a rien demandé.
23è jour : Ebensfeld - Steinbach-am-Wald
11 avril 2011
62,8 km, 1166 km au total
Le vent froid nous gèle ce matin malgré une température positive. L'emplacement était finalement pas si mal.
On cherche a rejoindre Kronach, pierre angulaire de notre étape de montagne. Jusque là tout va bien mais après c'est l'interrogation totale.
La piste cyclable nous prend un peu pour des truffes et nous fait faire facile 3/4 km de plus que la route. Bon ok on passe loin des voitures, mais parfois on se fait balader de 500m tout ça pour éviter 50 mètres de route départementale à peine fréquentée. Quand on ne connait pas c'est toujours l'interrogation : quitter la piste ou rester dessus. En tout cas respect total à la signalisation. Ca ressemble vraiment aux Pays-Bas avec un double affichage des signalisations : une traditionnelle pour les voitures et une seconde entièrement destinée au vélos. Royal.
Sur le trajet on tombe nez à nez avec une Poste. Parfait pour renvoyer en France l'ancienne sacoche de guidon, l'ancien cuissard d'Hélène, nos 2 chapeaux, le couvercle en plastique de la popote, et une sangle de sacoche devenue inutile, c'est toujours quelques grammes et soucis en moins ainsi que du volume. On est un peu déçus car on comptait d'abord acheter quelques produits locaux pour remplir le colis mais c'est finalement la poste qui se présente à nous en premier, tant pis pour les destinataires en France, ça sera pour la prochaine fois. Désolé.
On finit par rejoindre Kronach et on en profite justement pour faire quelques courses car demain nous n'aurons plus rien à manger et à priori ne passerons pas par des grosses villes. On découvre donc Real, qui ressemble enfin à un grand supermarché français. C'est toujours difficile de contenir Hélène dans un supermarché. Vous et moi n'y voyons qu'un magasin pour acheter de quoi se sustenter, Hélène elle y voit une caverne d'Ali-Baba avec des centaines de produits qu'elle ne connait pas et qu'il faut tous découvrir. Pas acheter, mais prendre le temps de regarder le packaging, voir si le rapport protéines sur lipides est supérieur à 1, ... des trucs de diététigeek quoi !
Du coup chaque ravitaillement prend toujours un temps... mesurable dirons-nous.
Nous déjeunons juste à la sortie du supermarché car il y a un petit parc sympathique. Une allemande de passage qui ne parle malheureusement pas un mot d'anglais (ni de français) essaye d'en savoir un peu plus sur notre voyage. Elle encore tilte sur le fait qu'on ne va pas travailler pendant un an. Je reviens un peu sur ce que j'ai écris il y a quelques jours à propos de mon allemand, il n'est pas catastrophique, mais carrément lamentable. Enfin bref, on ne s'attarde pas pour essayer de lui expliquer qu'on travaille quand même un peu à distance (site de cours photo pour moi, blog diététique pour Hélène) et on se contente de lui montrer la carte du trajet, elle est impressionnée. Finalement devant la difficulté pour se comprendre, elle nous quitte en nous serrant la main et en nous souhaitant (à priori) bon courage, c'est sympa.
L'après-midi est un peu plus rude, ça monte doucement mais suffisamment pour bien faire baisser la moyenne et fatiguer les muscles comme il faut. Visuellement c'est plat, mais l'altimètre nous confirme ce que les jambes ressentent. On se paye quelques montées "gratuites" le genre qu'on déteste : En bas dans la vallée, le train, juste à côté, la route, une petite nationale. Là haut sur les flancs de la montagne : LA PUTAIN DE PISTE CYCLABLE. Ah oui elle monte sévère, et redescend juste après. On se dit dans ces moments là "mais pourquoi on s'est encore fait avoir et on n'a pas pris la route"... mais en même temps avec l'étroitesse de la vallée et la ligne de chemin de fer il vaut mieux être du bon côté, si c'est l'inverse qui se produit (piste en bas, route qui monte) il n'y a pas moyen de passer de l'une à l'autre.
On croise un sympathique monsieur qui se balade et qui nous indique la météo à venir : pas beau, de la pluie. Pas cool... et justement ce soir histoire de bien faire flipper mes parents on plante la tente à 1 mètre d'un ruisseau. Le terrain autour est un vrai marécage, pas super rassurant. On étudie quand même un peu le relief, s'il pleut fort et que l'eau venait à monter, paradoxalement c'est tout près du ruisseau qu'on sera le mieux car il y a une petite bosse qui nous surélève un chouilla du reste. Enfin croisons les doigts quand même. On va fermer les sacs étanches avant de ce coucher histoire de pouvoir décamper sans tout tremper si jamais ça s'avérait nécessaire.
Le coin est agréable mais infesté de tiques. On bascule en mode paranoïaque au moindre truc louche sur les vêtements ou la peau... "ah non c'est juste un grain de beauté".
Le terrain est tellement meuble que pendant que les pâtes se réchauffent tranquillement dans la casserole, le réchaud se renverse. Adieu sauce gorgonzola. On ramasse nos ravioles et on finit la cuisson comme on peut, pas cool.
Hélène n'est toujours pas au meilleur de sa forme, on essaye donc malgré tout de manger des trucs compatibles avec un transit en sale état mais ça n'est pas forcément évident. Les 12 minutes de cuisson d'un riz basmati ça n'est pas trop gérable sur le petit réchaud à gaz.
Ah oui il faut qu'on vous parle d'un truc qui nous trotte dans la tête depuis quelques jours : longer les fleuves et canaux pour limiter le relief c'est donc comme on l'a déjà écrit à plusieurs reprises être souvent très près des routes principales et des lignes de chemin de fer. Le truc auquel on ne pense pas par contre c'est également que qui dit fleuve dit eau... et qui dit eau dit... station d'épuration. C'est impressionnant le nombre d'usines de traitement des eaux que nous croisons depuis ces dernières centaines de kilomètres. Parfois tous les 5 kilomètres paf une station. On repense à chaque fois à la chanson de Jeanne Cheral qu'on réinterpètre en fonction de l'humeur : Ca devient la stazionne d'épouratzionne et on ose parfois (vus qu'on est seuls sur le vélo on peut se permette) des blagues plus que douteuses sur le fait que c'est normal en Allemagne les stations d'épuration, ce sont des vestiges de la dernière guerre. Enfin bref, on regrette de ne pas avoir l'album de Jeanne sur l'iphone ou le mac, tant pis ça sera pour le retour. Tiens d'ailleurs il faut vraiment qu'on la commence cette liste des trucs qu'on a envie de faire à notre retour.
Bon allez, sans transition il est temps d'aller se coucher, la nuit tombe et on n'y voit plus rien et puis mes photos sont retaillées prêtes à être uploadées le jour où on aura du wifi, et il ne faut pas trop user la batterie.
24è jour : Steinbach-am-Wald - Kahla
12 avril 2011
78,8 km, 1245 km au total
Bon il n'a pas plu cette nuit, on n'a donc pas été obligé de décamper à la lampe frontale le pieds qui s'enfoncent dans les herbes détrempées... J'ai mis un peu de temps à m'endormir hier soir car j'imaginais bien le scénario :) Enfin bref au réveil tout va bien. C'est par la suite que ça se corse : au moment de plier il se met à pleuvoir. Je suis étonné, Hélène ne me propose même pas d'attendre que ça passe et elle continue le petit rituel du pliage. On démarre donc nos premiers tours de roue étanchéifiés de la tête au pied. On reprend la montée abandonnée la veille, vent dans le nez, pluie dans les yeux, la totale. Ah je vous imagine sourire, bien au chaud, au petit déjeuner, un bol de thé pas loin ou alors dans un bon fauteuil près d'un radiateur avec l'ordinateur portable sur les genoux (ou les feuilles de papier ça marche aussi). N'empêche qu'on est biens, on chante n'importe quoi n'importe comment, ça ne peut pas faire empirer la météo.
Finalement la montée est très gérable, bien régulière et pas trop sévère. Elle suit bien la vallée, pour notre plus grand plaisir. Nous mettons de côté toute tentative de piste cyclable et restons collés à la route principale, c'est parfait. Le sommet arrive plus tôt que prévu. On imagine toujours un point marqué "ça y est vous en avez chié mais c'est fini"... en réalité rien de tout ça, on se rend juste compte que ça ne monte plus et que finalement sans forcer on avance à plus de 25 km/h. Et de la descente il y en a. Pour notre plus grand plaisir même si on caille un peu avec le vent. On avale les kilomètres, le compteur s'affole pendant que la météo se calme. C'est appréciable.
Nous atteignons Saalfeld un peu avant midi alors qu'on imaginait plutôt y être en fin d'après-midi. Malgré tout pour y arriver, 2 bonnes montées imprévues du genre qu'on n'aime pas bien, vous savez, le truc où la rivière et la ligne de chemin de fer passent au fond de la vallée, et là juste pour embêter la route elle remonte un peu. La ville d'avant est à 250 mètres d'altitude, vous en rejoignez une à 235 et pourtant ça monte. Inacceptable, dédé ramène la dynamite et fait nous une route plate !
A Saalfeld on cherche un café, le genre qui ne fait pas resto pour aller boire une bière et idéalement manger nos propres sandwiches car on a toute ce qu'il faut pour le déjeuner... mais le temps moyen et le frais nous incitent à rejoindre un endroit chaud.
On squatte donc un sympathique café très calme. La tenancière de l'établissement accepte sans trop sourciller notre demande de manger nos sandwiches (même si finalement il y en a sur la carte), on lui promet qu'on prendra le dessert et le café en plus après. Elle nous apporte 2 petite assiettes pour qu'on fasse notre tambouille, c'est très sympa. On squatte aussi une prise électrique pour recharger le pack de batteries. Par contre pas de wifi, donc toujours pas de post de photos et de récit.
On déguste donc une bière de filles (Beck Grüne Lemon ou truc du genre, moitié bière moitié soda au citron), Allemand mais pas très traditionnel, en tout cas Hélène apprécie bien et puis ça ne fait que 2,5 % d'alcool, il vaut mieux ça pour rouler cet après-midi. On déguste ensuite des muffins au chocolat genre "total craquage" ou un nom comme ça : chocolat avec cœur fondant + glaçage au chocolat + copeaux de chocolats. Parfait pour la gastro d'Hélène, c'est vraiment n'importe quoi. On traine, on est bien, pas envie de repartir car on est bien au chaud.
On discute un peu, la proprio était à Disneyland Paris le week-end dernier, ça fait la 3è fois qu'elle y va et malgré ses 2 enfants elle nous assure que ça vaut le coup même si on n'en a pas. On lui raconte qu'on n'y a jamais mis les pieds en 10 ans de vie à Paris, elle ne comprend pas trop. En tout cas elle hallucine sur notre parcours, un peu comme tout le monde en fait. C'est marrant comme quand on est dedans on trouve ça tout à fait faisable et imaginable c'est surtout qu'on ne se pose pas la question et qu'on avance petit à petit sans réfléchir au total final, mais visiblement de l'extérieur ça reste quand même un peu délirant, on a du mal à s'y faire. Comme je l'ai régulièrement écrit et expliqué aux gens autour de nous, c'est avant tout une envie, pas besoin d'un courage surhumain ou d'une forme physique à toute épreuve. On prend notre temps et on se fait plaisir, même quand la météo n'est pas forcément clémente, on se marre bien.
Justement l'après-midi la météo vire au n'importe quoi. On se croirait au bord de la mer : quelques minutes avant de repartir il se met à grêler. Ca dure 2 minutes puis le ciel vire au bleu intégral. 10 minutes plus tard alors que nous sommes de nouveau sur le vélo le soleil se cache, le vent nous fouette et menace de nous jeter dans le fossé. On regarde les panneaux provisoires qui sont tombés sur le bord de la chaussée et un peu plus loin sur une petite route a 1 mètre de nous on entend la foudre tomber sur un arbre. Ah non il n'y a pas d'orage, c'est juste le vent qui vient de faire tomber un arbre. Le fracas était terrible, on a cru mourir... mais non tout va bien. Désolé maman une fois de plus je ne vais pas te rassurer, mais à première vue on a une probabilité bien plus forte de mourir écrasés sous un arbre que poignardés par un fou évadé de prison caché dans une forêt :-)
10 minute plus tard la pluie est de retour, puis le temps qu'on s'harnache totalement le soleil est de retour. Classique. En tout cas pendant ce temps là on alterne vent dans le nez et vent dans le dos et finalement malgré pas mal de travaux et de routes coupées les kilomètres s'accumulent.
On aurait bien aimé un camping ce soir, mais le prochain est à Jena et ça fait quand même un peu loin, on s'arrête donc comme d'habitude dans un champ... pas loin de la ligne de chemin de fer :)
On monte tranquillement la tente en mode tapis de sol + double toit histoire de la faire sécher un peu et on étale le reste au soleil ainsi que les affaires humides sur un fil, mais un coup d'œil vers le ciel nous indique qu'il va falloir tout ranger rapidos. On monte le reste de la tente en 4è vitesse, on range tout et au moment où tout est rentré, il se met à pleuvoir... et comme vous pouvez imaginer, 5 minutes plus tard le soleil est de nouveau avec nous.
Hélène sort les cartes pour estimer la distance qu'il nous reste pour rejoindre Berlin. A vue de nez 300 km, 5-7 jours. On va pouvoir informer Reingard pour qu'elle fasse jouer ses contacts berlinois et voire si on peut trouver un hébergement là-bas. On aimerait bien se poser plusieurs jours pour visiter, faire une petite pause, travailler un peu et laver un peu de linge :-)
25è jour : Kahla - Naumburg
13 avril 2011
65,8 km, 1311 km au total
Malgré la température clémente dans la tente (9°C) à l'extérieur le vent est méga glacial. Les arceaux humides de la tente nous rappellent les réveils de fin mars à 0°C. Pas de pluie pour rejoindre Jena mais un zef qui alterne entre dans le dos et pleine tronche. Suivre la Saale s'avère délicat, Dès Khala la route principale s'amuse à contourner les bleds par le côté montagne, on n'aime pas bien. On essaye donc tant bien que de mal de se faire notre propre itinéraire entre les petites routes des villages, les chemins et les pistes cyclables pas toujours très bien indiquées. Malgré tout il faut l'avouer on se prend plein de montées dans la tronche et on commence avant 10h du matin à utiliser des noms d'oiseaux qu'on n'ose pas répéter ici.
Jena est une grosse ville, le tramway est omniprésent et parfois même un peu mélangé avec les routes. A vélo c'est un peu étrange, par moments il faut faire gaffe à ne pas se prendre de rails histoire de ne pas finir sur les pavés.
On trouvé par contre à la sortie de la ville, dans un endroit paumé (derrière le hangar de karting pour vous situer le truc) une très grande pâtisserie qui émet des effluves de pâte levée qui titille nos narines. Les freins crissent et quelques minutes plus tard Hélène revient avec 3 pâtisseries locales que nous dégusteront un peu plus loin car en attendant on se pèle sévère avec toujours ce vent glacé dont l'absence de soleil renforce encore l'effet.
Pâtisseries étranges : pâtes feuilletées, crumble, crème, glaçage au sucre... on découvre. Les allemands fond beaucoup de choses assez lourdes, (mode chauvinisme activé) loin de la finesse de viennoiseries françaises(mode chauvinisme terminé). Néanmoins on apprécie le petit boost d'énergie et déguster des nouveautés.
Nous poursuivons le long de la Saale qui continue à nous jouer des tours. Nous ne savons plus à quel saint nous vouer. Nous abandonnons quelques montées que nous terminons à pied en reprenant en cœur les insultes proférées un peu plus tôt. MAIS POURQUOI $%£*¨% ? La ligne de chemin de fer longe gentiment la rivière et nos pistes cyclables officielles "le long de la Saale" nous font des dénivelées de dingues ! Vers mini nous trouvons un petit abri couvert qui sera parfait pour le déjeuner et un peu de repos abrité. La pluie n'est toujours pas loin et malheureusement l'abri se révèlera ni très étanche ni protecteur du vent. On mangé néanmoins chaud (des nouilles chinoises fabriquées au Vietnam pour une société allemande et une soupe).
Nous reprenons rapidement dans l'espoir de rejoindre en milieu d'après-midi un camping histoire de se reposer "au chaud" sous la tente et faire une bonne lessive après une douche brûlante. Mais la rivière n'a pas dit son dernier mot, et alors que nous suivons les petits panneaux de notre piste cyclable préférée, celle-ci se lâche totalement et nous emmène vers des sommets. 100 mètres de D+ pour QUE DALLE. Même pas la beauté de l'endroit vu le temps pourri (il pleut). Une fois en haut, c'est le pompon puisque globalement il n'y a plus de piste cyclable pour redescendre, ou alors nous n'avons pas la même définition de cyclable. Nous empruntons donc l'équivalent d'un sentier de randonnée, en strates bien cassantes, genre marches d'escaliers, mais irrégulières et caillouteuses. Le petit bonheur, je n'ose même plus vous évoquer les mots que nous avons pu prononcer à ce moment là. Encore une fois c'est dédé qui trinque, encore en RTT celui là, même pas eu le temps de nous fignoler notre piste cyclable. Aux bâtons de dynamite je rajoute à la liste dès trucs à emmener avec soir : un gros camion de bitume à prise rapide :)
Au passage les indications pour la piste deviennent du n'importe quoi : genre "la route le long de la Saale, c'est par là... ou à l'opposée si vous préférez, sinon vous pouvez aussi revenir sur vos pas". Le tout couplé avec pas mal de routes pavées rencontrées dans la journée, c'est un peu too much. On demande à un monsieur un coup de main et il nous propose un chemin alternatif qui se révèle finalement juste parfait. Une petite route sur une digue, vraiment à 2 pas de la rivière parfaitement plate. Les derniers kilomètres sont donc plus relaxants, de même que ce qui arrive juste après : la douche dans le camping.
Vu le prix (c'est dingue comme c'était cher il y a 5 ans le camping, mais ça devient limite inacceptable de nos jours. 16,40 euros la nuit (on est hors saison je précise) pour 10 mètres carrés de gazon et des sanitaires). Du coup on en profite : recharge de toutes les batteries et lessive au savon liquide du distributeur.
26è jour : Naumburg - Gröbers
14 avril 2011
59,2 km, 1370 km au total
Ce matin il méga caille comme hier. Le camping est bizarre, un mélange de population vivant à l'année et pas vraiment de touristes. Activité le matin dans les sanitaires... qui correspond plus à "je vais au boulot" qu'à je vais prendre mon vtt pour aller acheter du pain frais pour toute la famille pour le petit dej.
A la liste des trucs à emmener en voyage, nous rajoutons ce matin un fusil à lunette pour abattre quelques oiseaux aux chants méga pénibles. Ca peut également servir pour les chiens récalcitrants :) Ah on me dit dans l'oreillette que voyager c'est justement ça, s'adapter aux conditions locales sans forcément rechercher en permanence son petit confort... mince alors, on ne m'avait pas prévenu.
Nous partons couverts jusqu'au bout du nez toujours le long de la Saale, direction Weissenfels. Un peu avant l'arrivée dans la ville la piste cyclable est innondée, on essaye quand même mais on sera finalement obligés de rebrousser chemin... et de se prendre 100 mètres de D+ d'un coup. La montée est impossible à vélo, on pousse le tank comme on peut, c'est horrible. Pousser c'est faire fonctionner des muscles différents de pédaler, ça nique le dos, ça tire les cuisses, les mollets... quand on remonte enfin sur le tandem c'est comme si on avait 80 km dans les jambes alors qu'il n'est même pas 10h du matin.
Nous poursuivons les déconvenues en suivant les panneaux de directions routiers pour le centre de la ville... qui finalement nous font faire le contournement... pas les hauteurs. On crache nos poumons comme si on fumait 3 paquets de cigarettes par jour (au passage en Allemagne pas de loi contre la publicité pour le tabac et comble de l'absurde, une pub actuelle pour Marlboro c'est un mec qui se la pète au sommet d'un montagne, xmdrlol comme disent les djeunz). Enfin bref, une fois en haut il nous faut trouver un chemin pour redescendre parce que le centre n'est pas vraiment là.
On essaye de trouver un grand supermarché mais nous ne tombons encore et toujours que sur des Lidl, Aldi, Netto, Penny Market & co. On fera avec sauf qu'on commence à chercher du gaz et un méga grand supermarché nous donnerait plus de chances. On a de la marge mais depuis l'été dernier c'est notre principe : quand on entame une bouteille on commence à en chercher une autre parce que c'est souvent beaucoup plus compliqué qu'on ne le croit et ça peut finalement prendre plusieurs jours, surtout quand on ne traverse pas des grosses villes et qu'on n'a pas spécialement envie de faire 10 bornes justes pour aller rejoindre un magasin éloigné de notre trajet.
Pendant qu'on fait les courses on reçoit un texto de mon beau frère, nous sommes tontons et tata pour la seconde fois. On appelle pour avoir des précisions, c'est une petite Zola de 3,7 kilos qui vient donc agrandir la famille. On aimerait bien être présents mais ça serait un peu compliqué. La petite et les parents vont bien, on est super contents.
On termine nos courses sans gaz et on repart le cœur léger, mais le vent dans la tronche. On tente notre chance gaz dans un autre supermarché plus loin (grrr il était plus grand mais ça on ne pouvait pas savoir), ils n'ont pas de gaz non plus, tant pis pour aujourd'hui. Le Baumarkt ou truc du genre (magasin de bricolage) où à priori il y en aurait (notez le conditionnel) est entre 5 et 8 km plus loin pas sur notre route, cas typique de ce que je disais, on passe notre tour.
On se pose pour déjeuner dans une aubette de bus bien fermée comme il faut, endroit parfait pour être coupés du vent car note fameux wind-chill factor joue en note défaveur : malgré un temps nuageux mais pas totalement bouché il règne une impression de température négative pas super agréable. On apprécie donc le pique-nique plus abrité que la veille.
On trainouille un peu en bouquinant (sous le regard incrédule des passagers des bus qui passent) histoire de bien commencer la digestion au chaud. C'est un peu l'analyse gastroïque d'Hélène : quand on repart trop tôt et qu'il caille ça stoppe la digestion et bonjour les maux de ventre.
Toujours le vent dans le nez nous entamons la traversée du désert, l'esprit un peu ailleurs, chacun perdu dans ses pensées autour de la naissance de Zola. Alors que nous cherchons un éventuel café, bar ou équivalent pour trouver du wifi et essayer de papoter un peu plus longuement avec la famille, notre trajet nous fait emprunter des petites routes (mais blindées de camions et de voitures) et des bleds qui sentent l'Allemagne de l'est à plein nez. C'est marrant comme on rencontre énormément de petits terrains sur lesquels sont entassés des caravanes, des préfabriqués, genre de bidonville mais un poil plus luxueux, le tout en pleine zone désertique. C'est probablement les usines de Halle et Merseburg un peu plus au nord et à l'ouest qui concentrent une forte activité... Où des petites résidences secondaires un peu beauf... allez savoir. En tout cas on nous a déconseillé ce coin, on coupe donc à travers champs... mais du coup point de villes. On galère même pour trouver de l'eau, finalement aujourd'hui on fera avec ce qu'il y a dans les bidons et un petit reste dans la poche à eau.
Nous nous effondrons alors que le compteur n'affiche même pas 60 km. Le froid et le vent (qui couplé au bonnet windstopper ou à la capuche de la veste de pluie font beaucoup de bruit) nous ont totalement saoulés, c'est impressionnant.
Le temps de monter la tente que la pluie s'échappe des nuages au dessus de nous. Au moins la journée en a été vierge de toute goutte d'eau, c'est déjà ça. Pendant que nous buvons une tisane pour nous réchauffer, nous recevons un petit MMS vidéo (gloups plus de 1 mo) de Zola et de son grand frère qui joue avec, ça nous redonne le sourire pour la soirée, merci Lucas.
Hélène bouquine emmitouflée dans le duvet, il doit faire 10°C dans la tente on pèle un peu.
Au niveau vélo c'était donc une journée "sans", comme on en aura probablement d'autre. Ce sont probablement celles-là qui permettent de mieux apprécier les autres, un peu comme le travail permet d'apprécier les vacances :)
27è jour : Gröbers - Gräfenhainichen
15 avril 2011
59,5 km, 1430 km au total
La météo du jour est plutôt clémente. Toujours pas le soleil des semaines précédentes, mais le froid est gérable et la pluie absente. Ce matin nous passons comme par hasard devant un magasin de bricolage/jardinerie, justement ce qu'on cherchait hier pour le gaz. Ils n'ont que le gros modèle de cartouche, CV470 de camping gaz, un peu encombrant mais on ne va pas faire les difficiles. C'est marrant de trouver la marque Camping Gaz en Allemagne, on pensait ça surtout cantonné aux pays francophones... Il faudrait approfondir pays par pays entre les valves Coleman/Primux & Co et les Camping Gaz. Nous on s'en fout le réchaud s'adapte sur tous les modèles mais force est de constater que Camping gaz ne fait pas des trucs terribles : le petit modèles n'est pas assez large (CV 300) et le réchaud instable, et le gros modèle est très haut donc encombrant et également sujet aux instabilités. Chez les autres ils font une bouteille assez large et peu haute qui est beaucoup plus intelligente.
Nous rejoignons ensuite Delitzsch, notre plus grosse ville de la journée. Nous posons le vélo et passons en mode wardriving (pour les connaisseurs), c'est à dire iphone à la main nous parcourons la rue commerçante principale aller/retour pour trouver un café avec du wifi. Après un bon moment il nous faut nous rendre à l'évidence, rien à faire, pas de wifi. Que des particuliers, aucun bistro, resto ou truc approchant. Si en réalité un seul... mais il ouvre à 17h :( Nous nous posons donc après avoir visité le coin dans un genre de boulangerie/Café, histoire de déguster quand même une ou deux spécialités et nous réchauffer un peu. Nous trainons un peu et le temps de repartir il est déjà midi. Nous roulons une petite heure et trouvons un petit abri sympa pour le déjeuner. Là encore, à faire sécher nos petites affaires nous passons un bon moment. On fait un peu les zouaves (je n'en dis pas plus) et on repart très tardivement vers 15h30.
Le paysage est superbe, les nuages s'espacent par moment histoire de laisser filtrer le soleil et les lacs que nous approchons offrent des couleurs particulièrement agréables pour nos rétines. Nous roulons bien, sans trop comprendre dans quel sens le vent nous pousse ou nous fouette le visage, mais devons nous arrêter rapidement histoire de ne pas finir la soirée à la lampe frontale.
Petite journée en kilomètres mais très agréable après celle d'hier.
Nous checkons nos emails et découvrons que le plan principal sur lequel on comptait pour Berlin ne va finalement pas pouvoir se faire. On avait la possibilité d'avoir un appartement rien que pour nous si on arrivait avant le 28, mais ledit appartement a été loué entre temps. Tant pis, on va essayer de se faire héberger au moins une nuit chez une correspondante de mon beau frère, le temps de nous retourner pour trouver un camping pas trop loin du centre.
On en profite également pour prendre un peu plus longuement des nouvelles de Zola et de ses parents. C'est cool de pouvoir discuter un peu, en plein milieu de la forêt et d'imaginer l'autre en France à la clinique ou au boulot.
La nuit tombe déjà, les journées sont toujours aussi courte le soir : plus on va vers l'est plus les jours raccourcissent, mais couplé au printemps qui avance, dans les faits c'est juste stable. Par contre le matin il fait jour de plus en plus tôt... mais il nous est encore difficile de nous lever avant 6h30, ça viendra peut-être (non vous n'hallucinez pas, mais n'oubliez pas qu'à 21h nous on passe en mode dodo).
Mais avant de se coucher, épouillage intégral car notre forêt de la soirée est infestée de tiques, en plus on vient de se faire l'article Wikipedia sur le sujet, pas rassurant (oui j'ai avec moi sur l'iphone une version offline de Wikipedia, très complète, il n'y a juste pas les images). C'est impressionnant en fait, c'est un véritable fléau, qui se développe, à priori en partie par le réchauffement climatique mais pas seulement... et il n'y a que très peu d'études et de personnes calées sur le sujet. Ca me fait un peu penser aux moustiques qui transmettaient le palu et la malaria avant qu'on se décide à intervenir pour limiter la prolifération de ces bestioles.
En me baladant dans la forêt (c'est parfois nécessaire) je vois une branche qui dépasse un peu, je me dis "tiens si j'étais une tique c'est pile poil là que je me mettrais". Je m'approche et devinez qui je vois, en extension tout au bout de la branche, prêt à s'accrocher au couillon qui aura la malchance de frôler la tige ? Exactement, madame la méchante tique. Je n'ai pas l'appareil photo et le trépied sous la main mais sinon j'aurai bien fait une petite vidéo pour voir (et montrer) la subtilité de la bestiole. Si petite et si futée. Je vous invite vraiment à aller lire l'article sur Wikipedia,
28è jour : Gräfenhainichen - Treuenbrietzen
16 avril 2011
69,2 km, 1499 km au total
La nuit a été sport. Notre tente était au bord d'un petit chemin perdu en pleine forêt. A 1h37 une voiture passe juste à côté et s'arrête. Un mec descend et nous dit quelque chose à travers la tente. Je sors la tête, me prend sa lampe à LED dans la tronche et comprend qu'il n'est pas de super humeur. Je ne le vois pas, probablement un garde forestier (à cette heure ???) ou un militaire qui patrouille car d'après la carte nous sommes proche d'une zone militaire. "Do you speak English ?", non mon interlocuteur ne parle pas anglais, c'est mal barré. Je comprends quelques mots, en gros pas de camping ici. Je lui réponds du mieux que je peu qu'on ne reste qu'une nuit, au bout de deux ou trois fois il semble comprendre, il grommelle et repart. On n'en saura pas plus.
En attendant on a bien flippé. En un paquet d'années de bivouac, c'est la première fois qu'on se fait déranger. Même pas au milieu de la nuit, non, vraiment la première fois que quelqu'un nous dit quelque chose. Une fois sur deux on est quand même vraiment bien planqués, seul un marcheur égaré hors des sentiers pourrait nous tomber dessus ce qui limite grandement les problèmes, mais une autre fois sur deux on est comme ça, le long d'un chemin forestier, au fond d'une clairière, ... bref un endroit discret mais où potentiellement il peut y avoir un peu de passage (et parfois il y en a). Bon ben voilà c'est fait, on a eu notre réveil violent.
Du coup pour se rendormir c'est un peu compliqué; l'adrénaline n'aidant pas. Hélène est à l'affut du moindre bruit (et en fait il y en a des bruits dans la forêt, sans compter les trains de fret qui passent la nuit et son beaucoup plus bruyants que les ICE (tgv allemand) qui passent le jour. De mon côté j'essaye de trouver les mots allemands de ce que j'aurai pu dire pour simplifier la discussion, grrr mais comment on dit "demain", "on repart dès demain"... impossible de me souvenir.
Le sommeil finit par revenir et c'est finalement l'iphone qui nous réveillera plus tard. Petite déconvenue avec la montre que mes collègues m'ont offerte : l'alarme est très discrète... et le bras enfoncé au fond du duvet sous la plume on ne l'entend absolument pas. On a bien testé de retirer la montre et de la mette à côté de la tête, mais c'est un peu pareil, la capuche du duvet, le bonnet... et si jamais on a les bouchons d'oreilles (dans les coins bruyants, croyez-moi c'est TRES pratique)... du coup on ne l'entend pas non plus. On s'est donc rabattu sur l'alarme de l'iphone, "Sonar" pour les connaisseurs, à fond, et ça ça marche bien. A la maison (enfin quand on en avait une) je suis du genre à me réveiller avec le "cloc" qu'émet le réveil quand la radio s'allume, mais ici dans la tente c'est un peu différent.
A 6h30 donc l'endroit est plus calme, visiblement les tiques sont rangés, ils ne doivent pas trop aimer la rosée (même si visiblement ils sont plutôt fans de coins humides). On continue néanmoins à inspecter chaque cm^2 (si quelqu'un peut m'envoyer un texto pour me dire comment on fait un carré sur un clavier mac je suis preneur) de peau et à éviter de frôler inutilement les branches.
On découvre ce matin REWE, supermarché qui a l'air un peu plus luxe que les Lidl et dérivés. Même taille mais quelques produits en plus et un peu plus de choix. Je perds d'ailleurs Hélène qui rentre en mode panique devant le rayon de fromage en tranches pour le pique nique. Je la secoue, essaye de la raisonner "ne t'inquiète pas, il n'y a pas de mauvais choix, et on pourra revenir en prendre d'autres par la suite". Elle finit par se décider mais la mort dans l'âme. Ce midi nous dégusterons également une salade de fruits frais, avec notamment les premières fraises de l'années (je ne vous fait pas de suspens : elles étaient dégueulasses).
Nous rejoignons ensuite Lutherstadt (Wittenberg). Ville très sympa, très piétonne avec de chouettes églises. C'est l'épicentre du protestantisme puisque c'est ici que Martin Luther (rien à voir avec le King), le père fondateur du protestantisme a vécu (au moins à la fin de sa vie en tout cas). Un autre Martin Luther allemand (autour de 1940) a été célèbre pour la mise en place de "la solution finale" visant à exterminer le juifs. On fait un petit quizz sur le sujet via la transmission de notre position géographique et on attend les SMS de réponse... et on découvre qu'on est bien suivis, même un samedi après-midi.
On pique nique sur l'herbe, le fromage est meilleur que la salade de fruits, heureusement. Le soleil qui nous accompagnait depuis ce matin se cache au moment où on se pose et notre plan séchage de tente/duvets ne peut pas réellement s'effectuer, grrr.
On discute un moment d'un sujet qui m'a trotté dans la tête cette nuit suite à la difficulté d'échanger avec notre visiteur nocturne. A l'heure où l'immense majorité des pays s'orientent ou son en pleine économie de marché, de mondialisation, d'échanges dans tous les sens, comment pourrions-nous également matérialiser ça au niveau langage ? L'anglais devient la langue universelle c'est un constat évident, mais cela ne concerne que la frange réellement concernée par ces échanges : hautes écoles par exemple. Pour les autres, on en reste à l'apprentissage scolaire, et l'absence de pratique par la suite rend le niveau moyen assez faible. En France c'est typiquement le cas. Alors comment par exemple pourrions-nous faire évoluer les choses pour que chaque citoyen de chaque pays parle couramment Anglais (oui l'Esperanto on va oublier hein...) ? On évoque le rapport avec l'euro... la monnaie. Les pays européens pourraient-ils carrément abandonner leur langue locale pour une langue Européenne ? Un risque d'uniformisation des pays à long terme ? Est-ce une perte d'identité nationale ou une avancée ? Bon avec l'Angleterre à l'extérieur de tout ça et le chauvinisme de certains pays on imagine mal que l'Anglais puisse devenir langue officielle Européenne :-) Bon alors ok pour conserver la langue de chaque pays, mais comment faire pour qu'une seconde langue soit apprise à l'école ET pratiquée couramment ? On évoque déjà l'arrêt du doublage des films anglais/américains. Ca pourrait également être le cas sur tous les emballage de produits étrangers : langue d'origine du pays (chinois si c'est un produit chinois) + anglais. Ainsi de suite. On se perd en réflexions, c'est cool on a justement le temps pour ça... on peut refaire le monde...
Malgré tout on ne traîne pas trop histoire de se rapprocher un peu de Berlin, comme ça demain on s'assure de pouvoir s'adapter en fonction de ce qui nous attend (trajet, hébergement...).
Comme souvent c'est quand on croit que c'est plat que ça ne l'est pas vraiment et l'après-midi est quand même une alternance de petites montées descentes, pas bien violentes mais qui finissent par bien crever.
Nous nous posons un peu après Treuenbrietzen, à l'écart dans la forêt, pas beaucoup plus planqués qu'hier (certaines forêts sont un peu allemandes, avec des arbres biens rangés et bien espacés ce qui empêche d'être totalement planqués). Enfin bon ça ne serait quand même pas de bol que de se faire déranger deux jours de suite !
29è jour : Treuenbrietzen - Berlin
17 avril 2011
65,8 km, 1565 km au total
Ce matin la tente est sèche, la forêt de pins c'est pas mal pour ça, peu d'humidité, le sol est recouvert d'épines de pins, c'est moins sujet à la rosée. Le calme est impressionnant, la faune est très réduite dans ce genre de forêt bien espacée. Seuls quelques oiseaux chantent, sinon c'est au sol qu'il faut regarder pour voir la foule d'insectes vivre leur tranquille vie... Pas de tiques à l'horizon, ça nous change !
Le pliage est donc plus rapide que d'habitude et nous nous dirigeons aujourd'hui vers Potsdam. Normalement le kilométrage jusqu'à Berlin est plutôt light, donc on a tout notre temps.
On traverse Beelitz qui ressemble un peu à la capitale de l'asperge. L'asperge c'est un truc qu'on avait déjà aperçu à Neustadt, on sent que c'est un peu un légume d'ici. Sur les bords de route "Spargel" à droite, spargel à gauche. pas d'autres légumes non, seules les asperges sont autant mises en valeur. C'est tout juste le début de la saison, c'est donc probablement pour ça mais c'est sympa de voir un légume un peu oublié chez nous mis autant en avant ici. On découvre d'ailleurs comment ils les ramassent. Les mottes sont recouvertes d'un film en plastique noir et bien sûr toutes les asperges ne sont pas à maturité en même temps... alors que faire ? Retirer le film et risquer de compromettre les autres ? Non, ils sont très bien équipés avec une machine sur roue, qui soulève le film plastique sur 2/3 mètres et le repositionne ensuite. Entre les deux, le cultivateur pique un genre de chausse-pied autour de l'asperge qui mérite d'être sortie et déterre avec amour le précieux légume pour le mettre dans un bac sur la machine. Tu m'étonnes que ça coûte cher ! (en plus on est dimanche).
Nous atteignons ensuite le centre de Potsdam, à la fois mort et vivant. Dans le centre tout est fermé, mais il y a une fête des tulipes, genre de foire aux fleurs et surtout à la bouffe ainsi qu'un semi-marathon (petite pensée pour des sportifs parisiens que nous connaissons qui on eux-aussi fait avec honneur leur vingtaine de kilomètres). Comme forcément il fait un peu faim nous rejoignons le parc du Château Sanssouci, ancien palais d'été du roi de Prusse Frédéric Le Grand (autour de 1745). C'est un genre de mini Versailles, mais avec un peu plus de fun dans la réalisation, ça frôle parfois le n'importe quoi et la faute de goût mais finalement dans l'ensemble de trucs qui ne vont pas ensemble ça finit par faire une unité intéressante. En tout cas c'est parfait pour monter les sandwiches sur un banc. Des touristes nous prennent en photo, c'est marrant.
N'ayant pas de nouvelles de Maike notre hôte de ce soir on décide de rejoindre un endroit où il y aura du wifi à coup sûr : un Starbuck café histoire de faire le point niveau campings et hébergements.
On se fait la totale : recharge de batteries (il y a des prises électriques, pratique), post du récit et des photos, recherches sur le web... et petite visio conférence avec la France... avec Zola... enfin elle ne parle pas beaucoup mais on est aux anges de voir le petit bout de chou de 3 jours en mouvement devant la webcam. Visiblement il fait très beau en France, on sent que ça sirote du rosé (ou va le faire) sur une table au soleil, on est bien contents pour eux.
On finit par appeler Maike qui visiblement nous avait répondu hier par email que c'était ok. On n'a pas eu le mail, gloups. Les indications prises nous quittons à la hâte notre repaire car pour rejoindre Berlin ça va quand même nous prendre un moment et nous avons bien trainé au café. Un premier panneau annonce 29 km, il est 16h30, d'habitude à cette heure là la journée de vélo est terminée ou sur le point de l'être.
On met donc les bouchées doubles, et c'est autour de 25 km/h que nous rejoignons le centre de Berlin (non sans quelques cafouillages à la sortie de Potsdam), un oeil sur les panneaux de pistes cyclables et l'autre sur le GPS. Nous atteignons Berlin vers 18h15, un petit quart d'heure après notre heure annoncée (annoncé un peu au pif avant de percuter qu'il restait autant de route). Au final presque 66 km dans les pattes, étant donné l'arrêt entre 11h du matin et 16h30 c'est un joli score.
Notre hôtesse est charmante et nous reçoit avec un garage à vélo, une bière, une douche, une machine à laver et surtout un français impeccable. Elle aussi est prof de français... et d'allemand. Nous discutons une bonne partie de la soirée autour d'un bon diner simple mais savoureux, notamment en comparant (on a tendance à faire ça forcément) la France et l'Allemagne : écologie, médecine, magasins, modes de vie...
Petite mise à jour du site avant de rejoindre Morphée, demain et jours à suivre : repos et visite de Berlin, à pied ou à vélo ? La nuit porte conseil.