181è jour : Ujmohacs - Zlatna Greda

10 octobre 2011

60,0 km, 7703 km au total

Réveil dans la forêt, c'est calme mais il y a eu quelques cris étranges dans la nuit, ça ressemble à des aigles... allez savoir.
Le premier chalenge de la journée est de traverser le Danube avec un bac... alors qu'on n'a pas un centime d'argent liquide hongrois et que le bled de départ est du genre 500 habitants, pas le moindre commerce... On la tente au culot, peut-être que c'est gratuit, ... pas de bol le bac arrive et une personne en sort, se dirige droit vers nous pour nous dire d'acheter des tickets là-bas à la petite hutte qu'on n'avait pas vue. A croire qu'il savait... Bon pour la CB il faudra repasser mais par chance (façon de parler) la nana accepte les euros. Je dis 2 personnes 1 vélo... elle tripatouille sa caisse, sa calculette et me dit "4 euros". Je paye (heureusement qu'on avait du rab d'euros, et des pièces) et elle me file les billets. En repartant je regarde rapidement (parce que le ferry nous attend pour partir) : il y a 2 billets vélo et le total fait 780 Forint soit 2,91 euros... son arrondi est comment dire, avantageux pour elle. M'enfin on n'avait pas trop le choix et on est bien contents de ne pas avoir 20 bornes à faire pour trouver un distributeur de billets (el cajero automatico, oui je continue l'espagnol presque tous les soirs pendant le diner).
La suite c'est de trouver un supermarché et si possible un grand car aujourd'hui on a quelques besoins particuliers. On veut s'offrir des brosses à dents neuves parce que celles achetées en Pologne sont déjà HS, des lingettes pour se laver quand il caille et qu'on ne veut pas exposer notre fragile épiderme au froid et un collant épais pour Hélène pour temporiser en espérant récupérer le sien un jour (ou en trouver un autre plus adapté). On se fait donc 4 km de rab pour rejoindre un Tesco hypermarché qui n'est pas terrible mais qui nous permet malgré tout de trouver tout ce dont on a besoin. Pendant que je procède au dédoublemballage et au rangement des courses Hélène tente une première depuis le début du voyage : faire une petite lessive dans les toilettes du supermarché. Juste les cuissards mais vu le plan camping qui a foiré hier soir et le constat que l'hygiène du cuissard est très importante pour la santé de nos petites fesses roses on préfère éviter les problèmes. Visiblement l'expérience est assez étrange, un peu l'impression de faire un truc interdit et pas vraiment à l'aise de laver son petit linge avec tout le monde qui entre et sort... enfin le beau temps est avec nous pour le séchage alors autant en profiter.
De retour sur la route... la prochaine étape c'est le passage de la frontière hongro-croate qui est pour nous l'occasion de sortir pour la première fois du voyage (encore une première fois) de l'Union Européenne. Ca nous fait tout bizarre, on ne sait pas trop à quoi s'attendre.
Première fois qu'il y a une barrière entre les 2 pays, et qu'elle est fermée. On s'arrête, faites-voir vos passeports, je sors le mien et la carte d'identité d'Hélène (je trimbale mon passeport et sa carte d'identité à portée de main et de son côté elle a son passeport et ma carte d'identité dans une autre sacoche). Ca convient au douanier qui nous laisse passer. Ok on est sortie de Hongrie et on est dans le no-man's land. J'aime bien cet endroit, on s'y pose quelques minutes pour faire une photo, un "point" GPS sur la carte et déguster une barre de céréales avant d'aller 50 mètres plus loin entrer en Croatie. Là c'est un peu plus compliqué, le douanier est indécis, on sent que juste avec la carte d'identité ça va pouvoir le faire mais bon puisqu'on a le passeport d'Hélène pas loin autant le sortir. On sourit aussi à la question à laquelle on ne s'attendait pas "vous allez où ?"... ah c'est compliqué ça. On devrait préparer notre blabla, la prochaine fois on dira le nom de la plus grande ville du pays le long de notre périple histoire de faire simple. Enfin bref, avec 2 passeports et une carte d'identité notre douanier s'emmêle un peu les pinceaux et ne met un tampon que sur mon passeport, m'enfin ça ne devrait pas être trop grave.
Allez zou c'est parti pour la Croatie. Avec toutes ces péripéties peu de kilomètres au compteur mais l'estomac qui gargouille. On profite d'une zone bien tondue devant une vieille et belle église de 1772 pour s'étaler. Je tends un fil entre les 2 guidons du vélo pour faire sécher notre petite lessive. Le soleil est bien là, il ne fait pas très chaud mais ça devrait commencer à bien sécher.
On repart de bonne heure car avec nos calculs d'hier on se dit qu'il faut quand même qu'on roule sérieusement, même si les courses et autres impondérables nous ralentissent.
L'après-midi est l'occasion d'observer pas mal d'animaux. Outre les renards observés ces derniers temps, nous voyons aujourd'hui pas mal de rapaces, on table sur des faucons même si on n'y connait pas grand chose, ce sont peut-être des aigles mais bon, on essaiera de se renseigner. On observe également une quantité phénoménale de cerfs et autres biches, ils sont attirés par les panais (là aussi on suppose que c'est bien ça) qui ont été déterrés et mis en tas avant d'être récupérés. On en voit également par la suite un bon paquet dans le parc national que nous traversons. Ils sont farouches et dès qu'on essaye de sortir l'appareil photo ils se barrent en sautant mais pour nos yeux c'est le régal. Désolé il faudra venir ici pour vous aussi en profiter.
Le chemin à travers le parc commence étrangement, par un contrôle de police "passeports s'il vous plait". Là encore on n'a pas révisé et on est obligés de montrer notre carte du voyage pour montrer où on va et le policier tique un peu devant l'absence de tampon sur le passeport d'Hélène mais quelques minutes plus tard nous repartons. Le chemin devient route (cool) puis rechemin. C'est assez tassé avec un peu de gravier pas trop casse gueule et quelques cailloux un peu plus gros pas pas de souci particulier... ah si en fait... alors que nous roulons bien peinards à pleine vitesse (20 km/h quoi, sur ce genre de revêtement on ne peut pas espérer beaucoup mieux), un gros pfiouuuuu se fait entendre, je m'arrête, ça se poursuit... et je regarde sous mes yeux le pneu arrière du tandem passer de 3/4 cm d'épaisseur à 0. Bouhhhh, première crevaison ! (il y a eu une autre "crevaison" en France, juste après le départ mais c'était un bug de valve de chambre à air, pas vraiment une crevaison).
On regarde le pneu : intact, pas la moindre trace de morceau de verre ou déchirure ou coupure... je gonfle, même chose, impossible de voir un trou. Bon ben c'est parti : retirer tous les bagages, retourner le vélo, sortir la roue arrière, sortir le pneu, la chambre. Verdict : la honte, la loose : crevaison par pincement. Pour les non initiés aux détails des joies du vélo, globalement on crève de 3 façons différentes :
- la manière classique : un corps étranger (clou, bout de verre...) perce le pneu et ensuite la chambre.
- la manière inattendue : à force de faire des centaines/milliers de kilomètres l'intérieur du pneu use la chambre (par abrasion) et la perce
- la manière d'aujourd'hui, par pincement : le pneu n'est pas assez gonflé et lors d'un écrasement ponctuel du pneu : passage de bordure de trottoir typiquement, mais aussi en roulant sur un gros cailloux ou en passant sur un "trou" dans la chaussée, le pneu devient si écrasé qu'il touche la jante. La chambre à air qui est entre les deux se retrouve pincée entre le pneu et la jante et ça fait deux jolies petites marques, bien visibles, elles sont du côté jante et non pas bande de roulement, et ces petites marques peuvent aller jusqu'au trou. Dans notre cas c'est un doublé : les 2 pincements ont été jusqu'au trou.
Par chance on a une grosse rustine qui couvre les 2 trous et la réparation se passe rapidement et sans souci. Pendant qu'on regonfle une voiture de police passe à notre hauteur et s'arrête pour voir si on n'a besoin de rien. C'est sympa mais ça confirme que l'endroit ne va pas se prêter au bivouac si on ne veut pas se faire déloger par les flics lors d'une prochaine patrouille ! C'est bête car avec tout ça il est 16h et ça serait bien pratique de descendre de l'espèce de petite digue sur laquelle est le chemin et d'aller planter juste en contrebas où l'herbe est bien tondue. Tant pis.
Nous commençons donc une recherche avancée et intensive de coin bivouac et forcément, plus le soleil commence à baisser sur l'horizon moins on trouve quoi que ce soit de planqué et tranquille. Il est quasiment 17h quand on se décide pour un petit chemin. Il est grand temps. On monte en speed, on se lave sans rentrer dans les détails et on dine. On finit à la lampe frontale en écoutant les brames des cerfs dans la forêt. Etrange.


182è jour : Zlatna Greda - Karavukovo

11 octobre 2011

72,4 km, 7776 km au total

Oh le temps pourri toute la nuit... mais à peine moins que la surface sur laquelle on a dormi. C'était courbe, penché dans tous les sens, mal de dos terrible au réveil. A 4 heures du matin Hélène me réveille car il y a un truc genre petit mammifère qui soit disant veut bouffer la tente. J'ouvre les yeux, elle allume la lumière et je constate qu'elle a fait un 180° avec son duvet dans la nuit et que si je veux tenter un bisou c'est avec ses pieds que je vais devoir négocier.
A 6h la météo n'est pas beaucoup mieux, plic ploc, ça flotte. On est un peu sous les arbres donc c'est toujours difficile de faire la différence entre la pluie et l'eau qui goutte des feuilles mais force est de constater qu'il ne fait pas beau. Notre dernière capture d'écran de météo faite il y a deux jours lors de l'accrochage d'un réseau wifi ouvert nous indique que si tout se passe comme les simulations faites sur les Cray les plus puissants sont vraies, la pluie devrait cesser autour de 8h. On entame donc notre processus comme les jours précédents même si on sent que le rythme est un peu ralenti par la nuit moyenne et l'humidité ambiante. N'empêche que vers 8h45 il ne pleut plus et on est prêts à partir. Le plafond nuageux et l'humidité ambiante sont impressionnants mais ne nous empêchent pas de voir de nouveaux cerfs qui nous traversent sous le nez à 50 mètres.
On traverse quelques villages qui ne respirent pas la richesse. La théorie d'Hélène s'écroule un peu : champs de maïs et vignes ne signifient pas forcément fortune. Tiens d'ailleurs pendant qu'on y pense, allez déguster un vin rouge croate pour nous, ils sont visiblement réputés mais nous n'aurons pas l'occasion d'en gouter sur place.
Après quelques tentatives de wardriving sans résultats on finit à Osijek (ville plus jolie) par enfin capter les ondes magiques. On épluche le site Couchsurfing pour essayer de contacter d'autres personnes vu qu'on a fait le tour de ceux "disponibles" (haha) sur Warmshower. On contacte une personne à Belgrade et une autre beaucoup plus loin à Silistra (Bulgarie) histoire d'essayer d'avoir une adresse postale exploitable pour avoir le temps de se faire envoyer des trucs de France.
Ce soir en bivouaquant on apprend que pour Belgrade ça ne va pas le faire !!! Décidément on est maudits !
Enfin, avec tout ça on passe une bonne demi-heure debout sur le vélo à se cailler. Hélène compte les kilomètres pour estimer les délais pendant que je cherche les personnes à contacter et écris les emails. Pas super agréable.
On reprend pour quelques kilomètres car l'estomac fait savoir qu'il existe. Hélène a les pieds gelés et d'ailleurs un peu tout de gelé donc on opte pour l'abri bus qui nous protège un peu du vent glacial. A l'abri le thermomètre indique 14°C mais avec le vent (vous vous souvenez du windchill factor ?) on doit se rapprocher de 5°C. L'humidité n'arrange rien mais on arrive malgré tout à faire un peu sécher nos affaires.
L'après-midi sonne également un choix important : continuer en Croatie ou passer en Serbie. On avait un plan potentiel d'hébergement à Vukovar (Croatie) mais l'absence de wifi jusqu'à ce matin nous a empêché de contacter la personne... ce matin c'était trop tard donc on a laissé tomber... Du coup on choisit le trajet le plus plat et ce dernier passe par la Serbie. On fonce donc plein est et nous retraversons le Danube. Passeports tamponnés correctement cette fois, on ne cherche pas à faire les malins pour savoir si la carte d'identité aurait suffi et on répond "Belgrade" à la question de où on va tout en évoquant quand même la mer noire parce que bon quand même on ne fait pas un petit saut de puce ridicule. On se fait par contre avoir quand il demande où on dort ce soir... heu, on ne sait pas encore... oui c'est ça, "camp"... on va camper. Pas de souci néanmoins, on repart sourire aux lèvres.
Les premiers kilomètres au pays de Sacha (merci pour ton email) sont sympa, le soleil commence doucement à descendre et les couleurs sont très sympa. On retrouve ces arbustes avec les feuilles argentées dessous, vous connaissez peut-être le nom, nous non. Par contre côté bivouac, comme hier ça n'est pas génial. Beaucoup de très grands champs de maïs fraichement moissonnés qui s'étendent à perte de vue et qui du coup nous rendraient visibles à des kilomètres à la ronde. On doit donc encore faire quelques kilomètres avant de trouver un coin "moyen mais ça ira quand même". Encore un journée avec un kilométrage costaud (pour nous). On mange beaucoup ces derniers temps et même Hélène a faim au petit déjeuner... faut dire qu'avec le diner à 18h maxi, ça fait long jusqu'au petit déjeuner. On descend des montagnes de muesli et de "petits oreillers au chocolat/noisette". Tiens d'ailleurs pendant que j'y pense, dans la série "c'est stupide mais ça se produit"... ayant toujours l'esprit un peu libre de vagabonder et n'ayant pas de paquet à lire sous les yeux au petit dej vu qu'on les jette quand on fait les courses, nous avons recherché quelques noms de céréales de quand on était gamins, on a constaté que bon nombres existaient encore mais surtout, pire, qu'on se souvenait très précisément des publicités. "Avec Frosties tu va manger du tigre, avec Frosties, le tigre est en toi !"... ah ben oui du tigre on en mange tous les matins pour sortir du confort (sisi) de la tente et affronter la météo pourrie et les routes du même acabit !
Sinon pour finir par quelque chose de pas drôle : Croatie, Serbie et Turquie ne faisant pas partie de l'Union Européenne, les tarifs Orange pour le téléphone, les SMS et les connexion data sont ceux du "reste du monde" ce qui nous fait des appels à 2,90 euros la minute (1,40€ en réception), 0,28€ le SMS et 13,31€ le Mo de données transférées. Donc en gros si on veut aller contacter quelqu'un sur le site de Couchsurfing hors wifi on en aurait vite pour plus de 15 euros... merci le roaming et les abus des opérateurs qui se facturent chacun de leur côté de telle manière que ça ne leur coute en réalité pas plus qu'en local, mais ça leur permet de se faire des c*uilles en or massif et diamant...