30è jour : Berlin (jour off)

18 avril 2011

19,1 km, 1584 km au total

Réveil tranquille en ce trentième jour de voyage. Nous serons berlinois pour la journée, nous profitons donc d'un petit déjeuner copieux avant d'enfourcher le tandem vierge de toute sacoche pour aller arpenter les routes de la capitale. Nous procédons à notre habitude, nez au vent (et la carte, le gps, enfin maintenant vous savez). Nous rejoignons Checkpoint Charlie, l'un des lieux emblématiques de l'histoire du mur de Berlin. Même si l'histoire est bien différente et est en quelque sorte la manière dont nous voyons Berlin depuis l'étranger, nous pensons avant tout à Paris. Le monument, le paquet de touristes, les mendiants "do you speak english ?" à longueur de balade, ça nous rappelle des souvenirs. Pas de tour Eiffel en porte-clé néanmoins :-)
Le point en lui-même n'a pas grand intérêt, on ne sait pas trop si quelque chose se prépare ou non mais ça ressemble surtout à un terrain vague dont on a fermé tous les côtés avec des grands panneaux sur lesquels sont affichés photos et résumés de l'histoire de ce fameux mur. Ca nous fait un très grand bien de réviser un peu parce que les cours de lycée sont loin. Alors rappelle-moi, ils avaient coupé la ville en combien déjà ? 3 ? 4 ? ah oui et donc la partie confiée aux soviétiques... ok.
Après un petit tour dans le quartier, notamment un petit passage au centre "Mini" du coin (la voiture qu'Hélène aimerait qu'on achète à notre retour en France car il faudra bien qu'on se trouve une voiture... même si ça risque un peu de pas trop être dans nos moyens) nous remontons plus vers le "centre" de cette ville qui nous déroute un peu : le concept de centre dans une ville qui a vécu autant d'année coupée en deux n'a pas la même signification que par exemple Strasbourg que nous avons visité quelques semaines auparavant : un joli cercle concentrique avec des canaux tout autour pour bien les délimiter. Ici tout est plus grand (logique) et moins assimilable facilement. Ca tombe bien on a du temps pour essayer de comprendre.
"Mitte" c'est donc le centre historique au sens création de la ville il y a fort fort longtemps, on ouvre grand les yeux, les oreilles, les narines et on profite. On pose le vélo un peu plus au nord, et partons à la recherche d'un lieu pour déjeuner. Hier avec Maike on a cherché à savoir ce qu'était la nourriture typique d'Allemagne et sa réponse à été que globalement il n'y en avait pas vraiment. Déjà la culture culinaire est beaucoup moins présente qu'en France. Ici on a tendance à manger parce qu'il faut manger et à manger un peu quand on a faim sans forcément se préoccuper de la notion de repas. On retrouve ce qu'on avait déjà constaté avec Reingard et Anestis quelques semaines avant : chacun mange un peu dans son coin quand il veut et peut.
Visiblement la culture culinaire de la génération actuelle c'est plutôt le kébab sur le pouce, le café ou la glace au milieu de l'après-midi... beaucoup plus le fast-food que le restaurant traditionnel.
Nous aboutissons néanmoins dans un genre de brasserie qui d'ailleurs brasse réellement de la bière. Nous dégustons 2 plats plutôt locaux à base de porc et de légumes. Simples et sans chichis (traditionnel quoi) mais savoureux comme on les aime.
L'après-midi est un peu plus compliquée (un rapport avec les bières 2xplus grandes qu'en France ?). Nous avons trainé ce matin donc l'après-midi est déjà bien avancée, et notre choix de rejoindre une route "pas très loin" à pied plutôt qu'à vélo nous prend beaucoup plus de temps que prévu. Encore un problème d'échelle dans nos esprits. Nous passons donc chez Camp4, un genre de vieux campeur allemand pour essayer de trouver un pare-vent alternatif à celui que j'ai fait en catastrophe avant le départ et qui comme prévu commence à montrer ses limites au bout d'un mois. Je regrette ma feuille de titane jamais arrivée parce que ce qu'on trouve n'est pas génial : un truc lourd, cher et pas très "enrobant" ou alors une feuille d'alu hyper rigide et coupante qu'on sent par avance qu'on n'aura pas envie de sortir souvent tellement ça a l'air pénible à manipuler et enfin le truc tip-top : un demi cercle en alu qui se fixe directement sur le haut de la bouteille de gaz et qui vient entourer le brûleur. Seul souci ça n'est pas la même marque que le réchaud et on ne sait pas trop si ça sera compatible. On demande. Le vendeur nous assure que ça sera nickel. De retour à la maison on constatera que non et qu'il va falloir qu'on le retourne, grrr.
Ah cette pu**in de Poste française comment je la haïs d'avoir perdu mon colis...
Nous continuons notre balade et traversons une immense galerie commerciale... et le temps de retrouver notre vélo l'après-midi touche déjà à sa fin. Nous voulons rentrer pas trop tard pour vider nos petites affaires et repartir avec un sac vide faire quelques courses pour préparer le diner de ce soir.
Forcément au début du trajet du retour, alors que nous regardons notre plan pour trouver la route optimale nous tombons sur la colocataire de Maike. trois millions cinq cent mille âmes à Berlin et nous croisons l'une des deux seules personnes que nous connaissons !!! Pas mal. Elle nous guide jusqu'à l'appartement car elle rentre du travail, à vélo bien sûr.
Le vélo c'est en effet un peu LE mode de transport des berlinois et ça fait très plaisir. Autant être honnête, c'est un peu le bazar, les pistes cyclables sont enchevêtrées dans tous les sens, et d'ailleurs les cyclistes les empruntent un peu dans les deux sens. Mais quel bonheur de voir le vélo prendre le dessus sur la voiture. J'avais ressenti un peu ça lors de la mise en place des vélib à Paris, qui donnaient un sens à la mise en place du réseau de pistes cyclables de la ville : avant c'était un trottoir vide, après l'arrivée du vélib les gens (automobilistes et piétons) ont pris conscience de l'existence du vélo dans l'agglomération. Ici c'est juste une projection de ce que pourrait être une grande ville française dans 10 ou 20 ans (oui probablement plutôt 20 en fait).
Maike note hôte est également une randocycliste (j'aime bien ce mot) et on passe de bons moments à échanger des expériences et des petits détails que seuls les gens concernés peuvent comprendre. Pour nous une gamelle en titane c'est un aboutissement alors que de l'extérieur ben c'est une casserole, probablement bien trop chère. Comme je l'ai déjà écrit, quand on part avec peu de matériel, qu'on va vivre des situations un peu "isolées" ou la casse du moindre morceau de ce matériel peut devenir très pénible, on a tendance à le choisir avec soin, à dépenser beaucoup pour avoir un truc top : léger, solide, fiable... et ça il n'y a que les gens concernés qui peuvent le comprendre et pouvoir partager des discussions passionnées là-dessus c'est super agréable.
Nous ressortons donc ensuite faire nos courses pour faire un genre de poulet basquaise façon Hélène et un moelleux au chocolat façon Olivier. Ca fait du bien de retrouver une cuisine, surtout pour ma diététicienne préférée qui a vu son champ de travail réduit à une popote et un réchaud... et encore c'est un peu ma chasse gardée parce que le réchaud demande un allumage au briquet, chose qu'Hélène n'aime pas particulièrement (ben oui, chacun ses tares :-)
Nous dégustons quelques autres bières dont une faite à Potsdam... la poursuite de la découverte des pays via leur culture culinaire... ou alcoolique.
Bon je me sens obligé de faire une parenthèse pour nos familles : non nous ne sommes pas et n'avons jamais été des grands buveurs. Par contre on apprécie beaucoup découvrir les vins, bières et autres boissons d'un peu partout, ça a été le cas en France, par exemple les vins du Rhône lors d'un précédent périple de Paris à Marseille, et à l'étranger, ça passe souvent par la dégustation des bières locales, c'est un point parmi tant d'autres, mais (si Hélène ne dormait pas elle me le soufflerait) on (des kinés) nous a aussi conseillé la bière pour éviter les courbatures... histoire de bulles et d'acide lactique... et comme moi j'ai tendance à faire confiance aux gens en blouse blanche...

31è jour : Berlin (jour off 2)

19 avril 2011

27,8 km, 1612 km au total

Aujourd'hui nous commençons par nous faire guider pour rejoindre un petit marché turc au centre de Berlin, nous plongeons donc au cœur d'une cuisine encore différente, peut-être un avant goût de ce qu'on verra à Istanbul. C'est aussi le propre des capitales, c'est d'avoir des quartiers et des modes de vie qui ne sont pas uniquement locaux qui mais qui dérivent de l'ensemble des populations qui y vivent. On ne peut s'empêcher de faire des comparaisons avec certains quartiers de Paris, on essaye - alors que nous continuons notre balade à pied - d'imaginer dans quel quartier de quel arrondissement parisien nous serions.
L'architecture continue à nous déconcerter, Les quartiers évoluent à des rythmes différents, et les transformations sont assez étranges : D'un ancien quartier punk on voit émerger des boutiques plus bobos, mais pour autant la moitié des immeubles restent délabrés et taggué de partout. Etrange.
Nous déjeunons dans un petit café/traiteur qui fait des plats corrects à pas chers en observant la population locale, des travailleurs principalement qui utilisent ce lieu comme une cantine, on laisse trainer nos yeux et nos oreilles (qui malheureusement ne captent que peu de mots).
Nous rejoignons Maike un peu plus tard dans un café plus loin, puis repartons visiter d'autres quartiers avec elle. Nous commençons par retourner le pare-vent acheté hier qui ne se fixe pas sur le réchaud puis nous remontons vers le nord voir des vestiges du Mur et un petit musée avec un documentaire vidéo. C'est moins touristique que "Checkpoint Charlie" mais plus instructif pour nous. Je ne peux pas rédiger ici l'ensemble de nos échanges, mais c'est très appréciable de partager de longues discussions avec Maike qui a connu la vie à l'ouest avec le mur puis sa chute, la réunification... Il y aurait énormément à dire, mais ça restera justement "notre" échange, si vous voulez vous aussi découvrir tout ça il va falloir prendre un vélo et commencer par user vos fessiers sur le rude cuir de la Brooks, vous n'allez pas croire qu'on peut tout avoir tout cuit depuis le fauteuil de bureau... et puis ça fait plusieurs jours que je me couche après minuit pour écrire alors qu'on traine déjà très tard et que les journées commencent toujours au lever du soleil, j'aimerai bien me reposer moi :-)
Nous poussons ensuite vers l'ouest pour découvrir l'architecture plus moderne des bâtiments administratifs, la "machine à laver de la Chancelière" (vous chercherez Bundeswaschmaschine dans Google image pour comprendre) puis traversons une partie du jardin de Tiergarten pour nous rapprocher de la maison et trouver un petit restaurant pour diner.
Ce soir c'est donc un "vrai resto" et nous dégustons donc des asperges de Beelitz la commune qu'on a traversé avant d'arriver à Potsdam.
Au retour nous regardons quelques cartes histoire de voir un peu quelles directions nous prendrons jeudi pour quitter Berlin. Mais c'est désormais l'heure d'aller se couh...ZZZzzzz

32è jour : Berlin (jour off 3)

20 avril 2011

28,8 km, 1641 km au total

Après un nouveau petit déjeuner de luxe, nous rejoignons le sud de Berlin Ouest (oui je sais...) Nous empruntons une grande route avec beaucoup de magasins de chaînes, pas forcément exceptionnels... mais tout au bout se trouve le royaume du randonneur, le célèbre Globetrotter. Je connaissais bien leur site web lorsque j'envisageais l'achat d'une popote en titane car les allemands ont beaucoup plus de choix à ce niveau. Mais voilà, ça n'est pas qu'un vépéciste, c'est également un grand magasin avec pignon sur rue. Imaginez le vieux campeur mais en une seule grande boutique. Nous y cherchons toujours un pare-vent. On a vu dans le catalogue qu'il y en avait, pas forcément exceptionnels mais qui feront l'affaire le temps peut-être de trouver mieux. 240 grammes de plus dans les sacoches, gloups. Nous trouvons également l'aménagement en mouse pour la sacoche de guidon Ortlieb achetée quelques jours auparavant. Comme ça l'appareil photo sera bien protégé, mieux que sur le morceau de papier bulle donné par la gentille vendeuse au chocolat Milka :) Même si ça a bien fonctionné, ça n'est pas très pratique et ne protégeait pas trop les côtés. On va essayer autant que possible d'économiser notre matériel pour qu'il dure. Hélène en profite également pour revoir son jugement sur la laine mérinos. Avant le départ elle n'était pas très convaincue par mes choix, probablement ancrée dans ce vieux schéma "la laine ça gratte"... mais après un t-shirt ayant passé 3 jours sans lavage, elle commence à découvrir nettement la différence au niveau odeur, on pourrait presque faire une pub comparative des années 90 : à gauche, un t-shirt synthétique (rhoo beurk ça sent), à ma droite le nouveau Icebreaker merinos 200 oasis crewe je sais pas quoi (ouah comment ça sent trop bon)... petit rayon de soleil, zoom sur le produit, cut, on montre le packaging cut petit mouton qui bêle et voilà c'est fini.
Le problème ça n'est pas non plus seulement 3 jours sans lavage, c'est également et surtout qu'au bout d'un mois, même APRES le lavage le t-shirt pue encore !
Enfin bref, comme toujours on repart plus léger en euros. Ca me rappelle un texte que j'avais lu sur la rando "pas chère", dans les conseils ils disaient : évitez les villes : restos, magasins divers... et notamment les magasins de sport/rando où vous allez vouloir racheter des petits trucs qui coutent cher. Bon ben pour ce premier mois c'est un peu loupé, on va dire que c'est de l'ajustement par rapport au départ :)

Nous remontons ensuite vers le nord (toujours de la partie ouest) pour découvrir une autre série de rues commerçantes, notamment Kadewe l'équivalent de nos Galeries Lafayette. Le bâtiment est assez passe partout de l'intérieur, et à part Omega, Rolex et quelques autres amies Suisses, l'intérêt est très vite limité pour nous. Nous passons donc notre chemin et poursuivons notre visite extérieure pour continuer à s'imprégner de cette architecture qui se refuse obstinément à toute assimilation par mon esprit. Je crois qu'après ces quelques jours pour résumer Berlin il faut finalement revenir à l'évidence : la guerre puis la séparation puis la réunification ont modelée une ville à des années lumières de tout ce qu'on connaissait auparavant :
Des tas de types d'architectures, issues de périodes différentes et d'origines différentes.
Les fonds ayant beaucoup manqué à la fin de la guerre, il était plus simple de raser les bâtiments fragilisés que de les restaurer, on retrouve ainsi par exemple une verrue des années 70 coincées entre 2 magnifiques bâtiments centenaires.
Des travaux permanents depuis la réunification et probablement encore pour des décennies. Le mur ça n'était pas un trait entre 2 rues, il faut vraiment comprendre que c'était un mur + un espace derrière + une route + ... le tout sur 155 km de longueur. Quand on le supprime ça laisse des trous phénoménaux dans la ville. Boucher ces trous en quelque chose de cohérent ça n'est pas simple
...
Enfin bref, ça sera probablement ce qu'on retiendra de Berlin (outre la quantité de vélos), c'est cette ville impossible à appréhender pour notre vision traditionnelle en cercles concentriques.
Nous profitons également du soleil pour déjeuner sur une place en écrivant quelques cartes postales avant de rejoindre Maike en fin d'après-midi pour un apéro dans un lieu totalement magique. L'ancien aéroport de l'ouest a été récemment fermé. Il était quasiment dans le centre de la ville et était un peu décrié. Il a été ouvert au public sous forme de parc. Nous prenons donc la piste de décollage en tandem avant de nous poser pendant que le soleil décline doucement au dessus du terminal. C'est tout simplement magique comme endroit. L'espace est phénoménal, les bruits de la ville disparaissent avec la distance, impressionnant. Seuls les oiseaux et les roulements des rollers viennent troubler la paix de ce lieux totalement surréaliste.
S'en suivent des courses pour préparer les repas et bivouacs à venir puis un petit resto vietnamien à la bonne franquette dehors sur des tables de cantine. Pour ceux qui ont déjà eu la chance de manger sur le port de Papeete à Tahiti c'est assez semblable. Un plat sympathique, savoureux, préparé sur place, et dégusté assis sur un banc entre 2 autres groupes de personnes. Vietnamien et pourtant tellement berlinois.
J'arrive plus à me souvenir si je l'ai déjà écrit ou seulement préparé dans ma tête mais ça y est au bout de 15 jours en Allemagne on a enfin compris la culture culinaire ici : La nourriture n'a tout simplement pas la même place qu'en France, on ne planifie pas quand et quoi on va manger par la suite, on avisera juste quand on aura fin et on y répondra par ce qu'on trouvera à ce moment. Hier après-midi Maike a faim, elle s'arrête dans une petite boutique et ressort avec une pomme, un yaourt à boire et 2 bananes qu'elle mangera en partie à la sortie du magasin et la suite un peu plus tard, sur le vélo en roulant. Reingard nous évoquait un peu le même principe lors d'un trajet en voiture. En France les restos d'autoroute sont blindés de français entre 12 et 14h pendant ce temps là eux roulent et grignotent au volant. Hélène n'est pas très convaincue par le système, notamment parce que quand la faim est réellement présente il faut parfois plusieurs heures avant d'y répondre (on n'a pas toujours un endroit pour s'acheter à manger sous la main ni du temps pour préparer un semblant de repas). On comprend mieux cette explosion du fast-food type kebab. En tout cas pour nous c'est un peu comme l'architecture, un peu difficile à assimiler. Peut-être devrait-on faire un essai juste pour voir, sur le vélo. Abandonner la pose du midi et la transformer en une succession de petits en-cas tout au long de la journée. Je sais que certains cyclistes font ça, ça pourrait être intéressant à étudier (mais j'en connais une qui ne va pas aimer qu'on lui supprime se sieste et son kindle :-)
Encore une fois il est plus d'une heure du matin et une chose est sûre, on ne se lèvera pas à 6h30 tout à l'heure pour repartir. Ces jours de visite ont été exceptionnellement agréables, mais pas spécialement reposants, pas même pour les fesses puisque nous avons roulé tous les jours à vélo et pas qu'un peu puisque nous atteignons presque les 30 km ce soir.

33è jour : Berlin - Bierkenwerder

21 avril 2011

47,4 km, 1688 km au total

Au réveil même s'il ressemble aux précédents l'atmosphère a un peu changé, on remise nos vêtements de civils au fond d'un sac pour reprendre l'uniforme de cycliste officiel. Hier j'avais planqué un cuissard sous mon pantalon parce que j'ai toujours mal aux fesses mais là c'est l'intégrale vélo. Comme le soleil est de la partie, qu'il fait chaud et surtout que nous ne sommes pas aux aurores comme d'habitude, nous partons donc jambes à l'air et avec simplement le t-shirt (oui, en laine pour les 2...)
Maike a de nouveau été nous chercher des petits pains pour le petit déjeuner, nous sommes chouchoutés. Nous profitons de la confiture, du nutella, du beurre... ces petits luxes.
D'ailleurs on culpabilise un peu aux sujet de nos petits luxes à nous qu'on transporte sur le vélo. Le pare-vent c'en est un même si c'est très terre à terre mais parmi les vrais trucs non vitaux mais qu'on utilise malgré tout quotidiennement il y a par exemple un paréo. Un genre de serviette de plage très fine qui ressemble d'ailleurs plus à une nappe qu'à une serviette. Pas vital du tout mais chaque jour on se pose dessus pour pique-niquer... et hier pour l'apéro sur la pelouse entre les pistes de l'aéroport c'était parfait. Bon je ne préfère pas évoquer l'ensemble de ces luxes (qui a parlé de l'ordi ? du coupe-ongles ?) mais oui il y en a quelques-uns, de ceux qui finissent par rendre les sacoches bien encombrantes... mais malgré tout, c'est toujours l'effet inverse que nous suscitons : "quoi vous avez tout ce qu'il faut pour voyager pendant un an juste là dedans, moi ce volume là c'est pour un week-end !".
Enfin bref, nous quittons note hôte qui nous a accueilli pendant 4 nuits, qui nous a donné pleins de super conseils pour visiter Berlin, qui a été notre guide et avec qui on a partagé d'excellents moments à parler aussi bien de la vie berlinoise que de rando à vélo. C'était juste parfait.
Nous passons encore une fois par la case retirer du liquide, on se sent un peu à l'âge de pierre avec ces billets et ces pièces. Je fais partie de ceux qui ont quasiment entièrement migré leur manière de payer sur de la carte bancaire et virements, déjà les chèques je trouve ça pénible, mais le liquide c'est vraiment quand je ne peux pas faire autrement. Je suis content que Monéo n'ai pas pris en France parce que c'est débile de devoir avoir 2 "comptes" (Monéo c'était un crédit qu'on mettait sur sa CB et qu'il fallait donc surveiller et reremplir si besoin), mais si je pouvais payer en CB à la boulangerie ça m'arrangerait. J'ai toujours une idée assez précise de mon solde bancaire et j'aime pouvoir suivre son évolution sur internet, mais surtout savoir que si j'ai besoin d'acheter un truc dont j'ai les moyens (attention, on parle par exemple de simples courses de 30 euros au supermarché) je pourrai payer sans souci. Ici avec toutes ces enseignes qui ne prennent pas les VISA/Mastercard et cette grande culture du liquide, tu enchaines un resto imprévu avec des courses au supermarché, tu as un gros doute si tu auras assez de liquide pour régler les courses. On s'est fait quelques moments de frayeur ces derniers jours même après l'histoire des sacoches et du porte-bagages dans le magasin de vélo. Ce genre de situation n'arrive simplement pas avec la carte bancaire. Je peux comprendre (et je conseille même) l'utilisation du liquide pour les personnes qui ont du mal à gérer un budget, les grands dépensiers & co mais au quotidien pour des achats traditionnels ça semble tellement dépassé et pas pratique : au lieu de payer simplement tu vas d'abord avec ta carte chercher de l'argent pour ensuite payer... C'est une étape en plus qui ne sert absolument à rien... puisque quand tu n'as plus de liquide ben tu retournes à la banque pour en cherche d'autre... Mais en Allemagne c'est une tradition, on aime sentir les billets... moi le billet de 100 € que la machine me crache il a plutôt tendance à me faire flipper, toujours est-il que l'étape suivante c'est d'aller s'en débarasser pour faire un nouveau colis pour la France pour renvoyer les t-shirts synthétiques d'Hélène, quelques cartes d'Allemagne "terminées", et 2/3 autres trucs.
Ensuite c'est réellement reparti. Nous rejoignons Tiergarten, grand parc dans le centre et nous commençons un nouvel itinéraire à vélo : Berlin-Copenhague. Il s'agit d'une route un peu officielle qui monte plein nord (mais avec pas mal de détours quand même) vers Rostock puis rejoint le Danemark via une traversée en bateau. Pour notre part nous allons juste faire la partie jusqu'à Rostock puis nous obliquerons plein ouest le long de la côte Allemande avec de rejoindre le Danemark par la route, sans couper. Nous avons à priori 2 adresses où passer faire un coucou de ce côté là, alors on va rester sur notre trajet initial pour une fois :-)
La route est bien signalée et j'avais également imprimé quelques feuilles avec le tracé de cette voie cyclable en prévision de la sortie de Berlin. Entrer et sortir des grandes villes n'est jamais forcément aisé, mais dans le cas présent c'est très bien indiqué et nous n'empruntons quasiment aucune route avec des voitures. Super sympa.
Nous suivons une rivière (un canal ? je ne sais pas trop et la carte est rangée) et découvrons un truc que Maike nous a expliqué : les mini résidences secondaires. Imaginez un terrain de 100 m^2 (toujours personne pour m'envoyer un sms ou un mail pour m'expliquer comment on fait un carré sur mac ? j'ai oublié de chercher sur le net ces derniers jours et forcément c'est quand je n'ai plus de wifi que ça me revient), donc imaginez un terrain minuscule avec une cabane en bois façon chalet de jardin. Mettez-en des centaines côte à côte et vous obtenez le petit plaisir allemand, celui d'aller regarder la télé (beaucoup on des paraboles) mais un peu plus près de la nature. En totu cas c'est très bien entretenu avec les tulipes et surtout les nains de jardins. Pourquoi pas...
Nous poussons un peu plus loin pour déjeuner au solombre ou à l'ombreil, le meilleur des 2 mondes pour ne pas cramer ni cailler. Comme dit un de mes oncles : "le meilleur du soleil c'est l'ombre". Hélène écrase l'oreiller (enfin la veste de pluie qui fait oreiller) et je repense à ce que j'ai écrit hier au sujet de l'alimentation à l'allemande, c'est clair que c'est pas gagné pour faire le test :)
Nous roulons assez tard histoire de mettre un peu de distance entre Berlin et nous et peinons à pousser le vélo en pleine forêt histoire d'être bien planqués. Reingard nous avait dit qu'il fallait faire attention autour des grandes villes, qu'il y avait encore des djeunz un peu nazillons sur les bords qui aimaient casser des gens juste pour le fun, on en a discuté avec Maike elle était assez d'accord... on va donc bien se planquer ce soir. On s'enfonce dans la forêt avec le tandem, sable, troncs tombés au sol, sol pas plat... c'est un peu un parcours du combattant. Hélène finit par accepter ma proposition pour l'endroit parce qu'au bout de 10 minutes elle doit bien se rendre à l'évidence : ok ça n'est pas parfaitement plat mais elle n'a rien d'autre à proposer. Nous sommes très souvent sur la même longueur d'ondes mais c'est dans des petits moments comme ça où il peut y avoir des frictions : Pour moi ça me semble parfait étant donné le contexte, pour Hélène c'est pas idéal... sauf qu'on est déjà au milieu de nulle part, qu'on a passé 15 minutes à pousser le vélo sur un terrain totalement hostile pour un tandem chargé et que bon ça va on ne va pas explorer chaque mètre carré avant de se décider. Il est déjà tard, faim, soif, pas fini d'écrire les cartes postales, récit à rédiger... Ca va encore se finir à la lampe frontale et comme c'est moi qui écrit, Hélène elle bouquine puis pionce pendant que moi je vous donne des nouvelles.
Sandrine voulait qu'on parle de cette réalité, du fait que derrière 1 an de vacances il n'y a pas forcément que des trucs qui roulent comme sur des roulettes en permanence. Il y a en effet ces petits moments où nous ne sommes pas d'accord. Tiens ce matin 12h, on n'avait même pas fait 10km, on sortait tout juste du centre (on est parti après la Poste il devait être 11h30) et on suivait la piste le long de l'eau. Hélène me dit "j'ai faim", ok pas de problème, on a des fruits secs et des barres de céréales dans la sacoche. Elle me répond "on peut peut-être déjeuner, j'ai envie de salé". Ah... la rationalité de l'Olivier versus l'estomac d'Hélène... S'éloigner du centre en une journée qui commence à 11h30, donc faire au moins une quarantaine de km dans la journée et déjeuner alors qu'on roule depuis une demi-heure... Alors qu'avons-nous fait ? Comme d'habitude dans ces situations il n'y a que la violence physique qui marche... d'où le bâton de randonnée. On vous a dit que c'était pour faire une béquille pour le tandem... vous avez gobé ça ? naïfs !-)
Enfin voilà, on n'est pas toujours en symbiose mais on essaye autant que possible d'en discuter et de trouver le meilleur compromis possible... parce que oui, en tandem et sans maison, il vaut mieux être d'accords parce que sinon on est mal !
Comme prévu on termine nos petits préparatifs à la nuit tombée, lavage de dents alors qu'un truc genre sanglier passe à quelques dizaines de mètres de moi, hum, rassurant tout ça. Espérons que la nuit soit calme... à défaut d'être plate comme le sol qui ne l'est pas.

34è jour : Bierkenwerder - Fürstenberg

22 avril 2011

75,5 km, 1764 km au total

Avant de commencer à parler de la journée j'aimerai faire un petit "disclaimer", c'est à dire une petite note à l'attention du lecteur. Tout ce qui est dans ce récit est toujours à resituer dans son contexte : généralement la fin de soirée, après une journée bien physique, la nuit qui tombe, la tente, l'ordi sur batterie... Donc globalement j'essaye de coucher aussi rapidement que possible les idées de la journée, le ressenti... je prends autant de temps que nécessaire, j'ai à cœur d'essayer de dépasser le stade du "alors on a vu des oiseaux et mangé des pâtes", même chose pour le vocabulaire (pour faire plaisir à Lucas je m'impose parfois de caser un mot peu utilisé dans le récit), mais avec un peu toujours à l'esprit le fait d'économiser la batterie de l'ordi. Donc peut-être que je manque parfois de subtilité, quel tel mot est mal choisi, que je semble faire une généralité à partir de quelques cas isolés, bref que c'est un peu "brut"... je n'ai malheureusement pas la possibilité de me relire, ce qui veut dire que des maladresses peuvent rester là où si j'avais eu plus de temps j'aurai affiné ma pensée. Même chose pour l'orthographe. J'aime bien qu'elle soit aussi précise que possible (vous avez vu mon amour pour le "œ" par exemple), mais parfois pour une raison que j'ignore je déraille. Hier un peu par hasard mes yeux tombent sur "fin" au lieu de "faim". Impardonnable, incompréhensible (enfin si il était plus de 1h du mat'). Pas de bol même si j'ai corrigé dans la foulée il va falloir attendre que je retrouve de nouveau du wifi pour mettre à jour le site. Et ça n'a pas loupé, ce soir dans la boîte mails un message d'une tante que me signale ma boulette... et espère que peut-être c'était volontaire de ma part... la fin justifie les moyens. Voilà, j'essaye de faire du mieux que je peux avec les moyens, le temps et l'énergie électrique à disposition.

Alors quoi de beau aujourd'hui ? Tout d'abord la météo qui reste toujours aussi exceptionnelle. On croise les doigts en espérant qu'on ne se prenne pas un gros retour de manivelle dans une semaine avec de la pluie glaciale à gogo, des nuits pleines de brume humide qui trempe même ce qui était sec dans la tente... Toujours est-il que pour la première fois depuis le départ de Paris ce matin à notre heure de départ habituelle (8h30) on ne met pas les gants traditionnels coupe-vent mais les petites mitaines légères. C'est appréciable. Nous discutons quelques minutes avec les mains avec un sympathique monsieur, si on a bien compris il vient de Tallin (Estonie) mais vit ici. Un peu compliqué. Finalement après quelques km à jouer à je te double tu me doubles, il s'arrête à la gare pour poser son vélo. On peut imaginer qu'il travaille à Berlin et fait le relai maison-gare à vélo tous les jours.
Nous poursuivons sur cette autoroute à vélo, c'est marrant, depuis qu'on a quitté Berlin et qu'on est sur une espèce de voie balisée on à multiplié par 100 le nombre de cyclotouristes que nous croisons, ça fait plaisir même si tout au fond de moi je me dis "tiens, du coup on devient très banals" (non banaux ça n'existe pas)... enfin pour l'instant nous n'avons toujours pas croisé de tandem de randonnée.
La route zigzague le long de l'eau en ce beau vendredi de Pâques, à priori c'est férié ici vu le monde qui se balade. Toujours cette odeur d'été qui nous force à déjeuner à l'ombre. Ce midi le pare-vent est par contre plus que nécessaire.
Nous retombons également en enfance à chercher des prénoms rigolos pour des animaux de mer... allez savoir comment on en est arrivés là (ah si c'est parce que la marque de notre nouveau pare-vent c'est Meru, prononcé à l'allemande ça fait Mérou). C'est donc avec plaisir qu'on imagine une nouvelle série de livres pour enfants : Jean-Lou le Mérou, Madeleine la Murène, Raoul la moule, Babette la crevette et sa copine Justine la langoustine. Au bout d'un moment à chercher un prénom pour l'huître (on est preneurs de suggestions) on laisse tomber pour un autre jeu du même niveau : je pense à un animal et tu dois trouver lequel en me posant des questions auxquelles je réponds par oui ou non. Hélène me colle un bon moment avec l'ornythorique (je voyais ça plus gros) je la fait également réfléchir un moment avec le T-Rex... ben oui ça ne vit sur aucun continent, pas dans les océans... On traine un bon moment ensuite à bouquiner, aujourd'hui on n'est pas pressés, on a déjà fait 49 km ce matin, cette après-midi ça ne sera que du "bonus".
On roule malgré tout encore un peu, notamment sur une route absolument défoncée du style qu'on a du mal à comprendre : tout d'abord une couche de pavée, historique. Un jour on la recouvre de goudron "parce que c'est quand même mieux". Et puis au bout de quelques années la route est pleine de trous, ben ouais on a joué les gros radins sur l'épaisseur du goudron alors il finit par se barrer. Ok remplissons les trous par du bitume neuf. Ah mince d'autres trous se forment... A ce stade il serait intelligent de revoir le concept en profondeur, mais non ça coûte moins cher de reboucher les nouveaux trous, et un peu les anciens aussi parce qu'il se forme déjà des trous dans les réparations des trous d'avant. Ainsi de suite encore plusieurs fois, on aboutit à un tapis de rebouchage de trous en guise de route, impressionnant. Ah oui on peut être vachement critiques nous des fois.
On finit par se poser dans la forêt, Hélène me propose un endroit pour poser la tente pire que celui que je lui avait proposé hier et qu'elle refusait au premier abord... je creuse, elle me répond "oui je me doute que de toute façon on ne trouvera pas mieux"... ah ben voilà il y a du progrès :))) La communication, moi je vous dis, il n'y a que ça de vrai.

35è jour : Fürstenberg - Klokow

23 avril 2011

48,5 km, 1812 km au total

La météo nous sourit toujours et ce matin nous quittons notre route officielle pour rattraper au plus court la prochaine grande ville : Neustrelitz histoire de faire des courses en ce samedi inter-festivités-paquiennes, hier la majorité des magasins semblaient fermés et lundi ça sera également le cas. On est donc bons pour faire des courses pour 3 jours, on préfère donc s'assurer d'un bon supermarché où on trouvera du déshydraté correct plutôt que de se rabatre sur la petite épicerie de campagne avec la viande crue à la coupe et les pommes de terre à faire cuire 4 heures au réchaud à gaz. Hélène aimerait également quand même trouver une esthéticienne pour égaliser un peu quelques niveaux. Pour les courses on trouve Edeka, qu'on avait découvert à Berlin et qui n'est pas trop mal. C'est plus du Leclerc que du Lidl, appréciable... même si bien sûr dans la ville il y a la totale Penny Market, Netto, Lidl, Aldi...
Pour l'esthéticienne, on a noté les mots utiles en allemands (merci le Larousse FR-AL sur l'iphone) histoire de simplifier la recherche. Hélène fait quelques tentatives à divers endroits, on la regarde avec des yeux comme des billes genre "heu vous cherchez quoi ?". Après 4/5 essais elle tombe finalement sur un centre qui fait ça... mais pas de rendez-vous avant mardi (on est samedi), tant pis il faudra faire sans. Nous repartons donc toujours chargés de quelques grammes de poils en trop...

Le déjeuner me rappelle un moment de mon enfance, celui où en allant à la plage l'été, mon père garait la voiture au pied d'un arbre, au soleil mais en regardant le ciel et en anticipant sa position dans les heures à venir. Moi je regardais la voiture de la place d'à côté, à l'ombre, ou pire la place vide, sans trop comprendre. Au retour j'avais compris, la température de l'intérieur de la voiture était appréciable et le cabot à l'abri des rayons de notre astre préféré. Ce midi nous posons notre paréo en anticipant la course du soleil et en sachant que d'ici quelques heures de toute façon nous serons chassés. Je me prend à réfléchir au nombre de degrés (angulaires) par heure et donc au temps que nous aurons tranquille, mais finalement je lâche l'affaire.

Autour d'un bouquin que je lis actuellement, nous discutons un moment de la "Rat Race" (Course des rats en français même si j'imagine plus un hamster dans sa roue pour imager l'expression). Je suis sûr que si vous cherchez cette expression dans Google FR vous tomberez sur quelques très bon posts du site Esprit-Riche qui vous expliqueront tout ça bien mieux que moi. Nous savourons donc en ce jour notre sortie de cette rat race, ce besoin impérieux de travailler de plus en plus pour gagner certes plus mais pour payer des dépenses toujours croissantes. Même si c'est provisoire, nous sommes dans une situation très "légère" : pas de prêt à rembourser à la sueur de notre front, très peu de dépenses fixes, juste des charges/impôts en France, un travail à surveiller de loin ou en cas de problème, et un peu d'administratif (un énorme merci à mes parents et à ceux d'Hélène pour ce qu'ils font à ce niveau). Pas de réelle obligation de travailler (pour payer les traites du canapé en cuir :-), même si ce voyage coûte évidemment de l'argent nous calculons que finalement nous aurons beaucoup plus de dépenses à notre retour que nous n'en avons ici. Ca fait réfléchir : mince ça nous coûte plus cher d'être dans les conditions nécessaires à un travail que de voyager à découvrir le monde. Nous sommes bien sûr très chanceux de pouvoir nous permettre ce genre de situation mais nous l'avons également construite, pierre par pierre, heure par heure. Bref nous savourons en quelque sorte presque 3 ans de travail pour nous permettre cette sérénité. C'est très fragile mais c'est un premier pas... et ça commence à nous amener tout un tas de réflexions pour l'après-voyage... ça y est nous commençons à nous sentir dans une situation différente de simples vacances... je pense que j'aurai l'occasion d'écrire sur le sujet par la suite si ça vous intéresse.

Hélène s'endort le ventre plein puis le soleil finit par nous rappeler à l'ordre, il est temps de repartir faire quelques kilomètres pour rejoindre un camping. Malgré notre ami et grand héros le mouton mérinos de Nouvelle-Zélande (le marketing de folie de la société Icebreaker : retrouvez sur le net le moutons d'où vient la laine de votre t-shirt !) notre corps réclame une vraie douche. Nous enchaînons d'abord une route du même style que celle que j'évoquais hier, avec à peine plus de bitume pour recouvrir les pavés. Mêmes causes, mêmes conséquences... pas bon pour les fesses. Puis vient la fameuse "route non pavée" indiquée par le GPS. Sable, cailloux, trous, cailloux, trous, trous trous, ... le tout pendant 7 km. Le pilotage est un peu du style pilote de rallye, sauf que je fais le pilote à esquiver les obstacles autant que je peux et le copilote pour annoncer à Hélène ce à quoi elle doit s'attendre, histoire de ne pas de prendre une remontée de selle jusqu'aux amygdales lors d'un passage un peu délicat. Traverser un parc national ça se mérite. Au bout de 20 minutes on est rincés. Heureusement il ne reste que 500 mètres de route ultra lisse pour rejoindre le camping. Les sanitaires sont ultra roots : 1 douche avec 2 rideaux à la place d'une porte qui ferme à clé... sympa.
Le vent fouette la tente, pour notre plus grand bonheur pour l'instant : le linge sèchera plus vite... pour la nuit à venir ça sera probablement une autre paire de manches.
Après diner nous discutons, un peu avec les mains avec un couple d'allemands qui fait sa vaisselle avec nous. Ils viennent parfois ici en plein hiver... mais ils ont du chauffage. Le camping est très agréable. Il est petit, à taille humaine et les 2 propriétaires ont a cœur de faire se rencontrer les gens, ils organisent des petites animations, ce soir grand feu et viande+pommes de terres à la braise. On arrive un peu tard, tant pis. Après le repas les gens se réunissent autour du feu pour papoter, une bière à la main. On les laisse car notre niveau d'allemand ne nous permet pas de suivre la moindre conversation.
Dans le petit espace dédié à la vaisselle, il y a une étagère avec des livres à déposer et prendre selon son envie. Depuis 2 jours nous cherchons une bibliothèque où laisser mon dernier livre de Zombies (World War Z de Max Brooks, oui comme la selle qui me lamine les fesses depuis bientôt 4000 km). Cet endroit sera parfait pour lui donner une nouvelle vie. J'écris "livre en français" sur la tranche et le glisse entre les étagères non sans avoir laissé un petit mot à l'intérieur avec l'adresse du site... on verra, peut-être que dans 2 ans quand un français féru de lecture passera dans le camping et emportera le livre il viendra éventuellement laisser un petit mot.

36è jour : Klokow - Krakow

24 avril 2011

66,9 km, 1879 km au total

La tente est trempée ce matin, pas de pluie mais de rosée. Classique quand on plante sur de la pelouse. Le vent est tombé dans la nuit, c'est cool pour les oreilles mais moins pour la tente. Le linge n'a pas non plus vraiment séché cette nuit dans la tente, on le met donc dans un sac plastique pour étendage ce midi car il fait toujours aussi beau malgré la fraîcheur matinale et l'humidité ambiante.
Dans les sanitaires je fais un constat dont il faut absolument que je vous parle. Avez-vous déjà remarqué que contre toute attente, les fabricants de papier toilette se sont entendus pour tous faire le même diamètre intérieur du rouleau en carton ? Ca a l'air stupide, mais à l'heure du socket 1366 incompatible avec avec le 1156 de la même marque (c'est les "prises" pour les processeurs) ou des dérailleurs SRAM incompatibles avec les Shimano, on pourrait tout à fait imaginer que Lotus décide d'un format différent et vende également (voire offre au début) des porte-rouleaux de PQ incompatibles avec les autres histoire de s'assurer de la fidélité de ses clients... peut-être à étudier... quand je vous disais que l'oisiveté libérait l'esprit pour réfléchir à tout un tas de trucs passionnants et avoir plein d'idées ! Bon un de ces quatre il faut que je vous parle de la goutte au nez, mais avec ce temps magnifique ça n'est pas trop la bonne période... à suivre.

C'est dimanche et ici ça sent vraiment le bord de mer. On se fait doubler par les voitures avec la remorque et le kayak, les cyclistes sont tous de sortie avec le panier pique nique. On aperçoit dans un coffre entrouvert la glacière, l'ambiance est agréable.
A Waren c'est un peu l'explosion pour les mirettes, ce charmant bled ressemble tout simplement à une petite station balnéaire de la côte atlantique, une masse de vélos en plus et une masse de voitures en moins. On remercie Maike pour la suggestion d'itinéraire, c'est vraiment magnifique. En guise d'océan plusieurs très grands lacs, ici c'est "See" mais visiblement le mot veut dire à la fois "mer" et "lac", là on ne sait pas trop où on en est mais ça n'est pas bien grave. La piste continue son petit bonhomme de chemin à travers la forêt de parcs nationaux c'est très bien aussi.
En guise de déjeuner je commence par tendre un fil entre 2 arbres et faire sécher toutes nos petites affaires. Pendant ce temps là Hélène passe la tondeuse sur notre espace repas. Oui les ronces ça pique un peu :)
On trainasse à regarder les gens passer, parfois en vélo parfois en voiture, on s'amuse de le voir un peu figer en regardant notre convoi et notre étalage même s'il faut bien l'avouer en Allemagne on passe beaucoup plus discrètement qu'en France où chaque personne est estomaquée et interrogative en regardant notre convoi. L'Allemagne est un beau pays pour faire du vélo et les gens en profitent, c'est très bien.
Nous reprenons la route pour continuer à voir l'eau scintiller, les arbres jouer à projeter leur ombre sur notre piste le tout dans un climat d'une sérénité impressionnante. C'est dimanche et ici ça sent vraiment le bord de mer.
La nonchalance nous gagne petit à petit et en parfaits hédonistes nous plantons la tente dans le premier bout de forêt qui nous semble accueillant et adapté à notre programme chargé de la soirée : ne rien faire, bouquiner, manger et aller se coucher.

37è jour : Krakow - un peu avant Rostock

25 avril 2011

50,1 km, 1929 km au total

Rude nuit pour moi, je dors principalement sur le dos (ça vus intéresse hein) mais le matelas penchait vers l'arrière et j'étais très mal sur le dos... du coup, sur les côtés pour compenser, la nuit a été mouvementée. Hier soir j'étais un peu naze, un peu mal au crane, et du coup au réveil je ne suis pas bien frais. Après le petit déj on grapille donc une heure de repos supplémentaire. On a bien le droit on fait ce qu'on veut et puis de toute façon aujourd'hui c'est férié.
C'est férié et c'est bien dommage parce qu'on vient de découvrir hier soir que les parents d'Hélène nous faisaient un don pour qu'on achète un "truc" de pâques local : œuf, lapin... malheureusement aujourd'hui dans les villes que nous traversons tout est absolument fermé. A peine un café ou un resto, que ce soit le matin ou l'après-midi.
Les gens ont l'air plutôt en famille car même sur les routes c'est relativement calme. On n'ira pas jusqu'à dire que nous ne croiserons personne de la journée mais comparé aux 2 jours précédents c'est impressionnant la différence. Dans les jardins les œufs peints sont toujours bien là, de même que les lapinous et autres décos de pâques.
La journée - même si elle est toujours sous le signe du soleil - emprunte également celui du vent. Ca fait quelques jours qu'il nous freine doucement, qu'il évolue, disparait ou réapparait à sa guise mais aujourd'hui il cherche clairement à nous signifier "mes amis vous approchez de la mer", ce qui est plutôt agréable comme idée mais pénible comme sensation. Les super descentes à 16 km/h en écrasant les pédales ça a un petit côté frustrant. Hélène peine et marmonne qu'elle a l'impression que ça monte tout le temps.
Par ailleurs le vent a toujours cet effet dévastateur sur la tête : après 50 bornes on est saoulés comme si on avait passé la journée sur un bateau. Outre le vent il y a ce joli petit relief, oh ça n'est pas grand chose, mais juste une succession de très belles colines qui fatiguent petit à petit.
Bref quand on voit qu'on approche de Rostock et que du coup trouver un coin pour bivouaquer sera plus compliqué, on s'oriente vers une recherche rapide d'un lieu où planter la tente. Pas envie de faire 20 bornes de plus.
Comme pour la liberté de se recoucher ce matin on prend la liberté d'enfoncer les sardines à l'heure qui nous chante. Il est à peine 16h et ça nous permet de reposer les fessiers, de prendre un petit thé en mangeant des petits gâteaux... les fonds de sacoches car demain... de nouveau des courses. Même si on avait 3 jours d'autonomie ça revient quand même souvent cette histoire.

38è jour : Un peu avant Rostock - Kühlungsborn

26 avril 2011

49,6 km, 1979 km au total

Aujourd'hui nous rejoignons Rostock, cap plein nord. Nous arrivons rapidement dans la ville car notre lieu de bivouac était très proche. Heureusement que les magasins ouvrent tôt puisque nous sommes chez REWE avant 9h pour faire le plein. Hélène est de nouveau perdue devant leyur rayon fromage en tranches, il faut parfois prendre des décisions. Cette fois c'est l'étiquette qui indique "fort" qui nous guide vu que globalement les "normaux" n'ont pas trop de goût. Il n'y a pas à dire les fromages français ont encore de beaux jours devant eux.
Nous rejoignons ensuite le centre afin de visiter un peu la vieille ville. C'est très agréable même si ça ne m'inspire pas énormément de photos. Hélène fait quelques nouveaux essais de centres esthétiques sans grand succès mais elle finit par obtenir un rendez-vous pour l'après-midi (today) 13h15. Il est 10h45, ça nous laisse le temps de nous poser savourer quelques pâtisseries et trouver un réparateur de vélo pour chercher une solution à notre problème de câbles de dérailleurs et de sacoche de guidon. Ce qui devait arriver à donc tendance à se produire : la sacoche de guidon étant un peu plus grosse qu'auparavant elle force sur les gaines des câbles de dérailleurs et ça a tendance à péter le petit bout en métal à l'extrémité de la gaine (faudra que je fasse des photos parce que c'est difficile à expliquer). Bref à Berlin un réparateur de vélo nous a filé 2 petits morceaux en métal de rechange mais il nous manquait une clé allen toute petite pour défaire le câble.
Au moment où j'évoque l'idée de cette recherche à Hélène on tombe pile poil sur un grand réparateur de vélos. On s'arrête, on rentre le tandem dans la boutique et on commence à discuter.
Le plus expérimenté en vélos a à peu près mon niveau d'allemand en anglais, donc ça n'est pas évident de communiquer. Il rejette mes suggestions de mettre des flexibles de v-brake car les diamètres extérieurs ne vont pas du tout être compatibles. grrr. On est donc partis pour installer les petits bitoniaux de remplacement en métal (en gros remettre à neuf ce qu'on a pété auparavant... donc pas vraiment une solution à long terme mais mieux que rien). Je me fais juste prêter la clé allen manquante pour gérer le truc tout seul mais me heurte à l'impossibilité de glisser le câble dans le trou du bitoniau (qu'est-ce que c'est difficile à expliquer). Le câble est effiloché et ça ne rentre pas.
Un autre technicien prend la relève, nous raccourcit la gaine, fixe le bitoniau sur la gaine et tente de passer la câble comme ça... pas mieux. Il change donc carrément le câble, ouf ça marche... sauf que en fait le bitoniau de rechange ne rentre pas dans le support qui est sur le cadre... grrr. virage du bitoniau en métal et en fait finalement ça a l'air aussi bien. Bref on n'est pas beaucoup plus avancé mais ça devrait quand même le faire. Forcément qui dit changer le câble dit rerégler le dérailleur ce qui prend encore pas mal de temps. Finalement on a passé une grosse demi-heure dans la boutique et le vendeur ne veut pas qu'on paye quoi que ce soit... bon ben ok, c'est cool, parce qu'avec tout ça on n'a pas vraiment amélioré le système.
On se pose dans un parc pour pique-niquer rapidos parce que le temps est bien passé et il y a le rendez-vous d'Hélène... pique-nique un peu expédié, Hélène est moitié stressée, pas de dessert, pas de café... le café normalement pour moi ça sera MacDo-wifi pendant son absence.
On rejoint donc le fast-food pour constater qu'il n'y a pas de wifi :( GRRR
Hélène revient au bout de 10 minutes... la nana de l'institut lui a donné un rendez-vous pour dans "two days" et non pas "today". Pas moyen avant... la haine. A croire que se faire épiler dans un institut en Allemagne ça relève de l'exploit. On repart un peu dépités, d'avoir passé autant de temps, roulé 10 pauvres kilomètres et pas réglé ce point. On quitte donc Rostock en refaisant quelques autres tentatives ("ah non on ne fat pas" ou "oui mais la nana qui le fait est malade" ou encore "ok la semaine prochaine")... tant pis.
On fait une jolie diagonale vers le nord-ouest pour rejoindre la côte. Maike nous avait dit qu'il n'y avait pas d'intérêt particulier à rejoindre le nord de Rostock, on suit donc ses conseils. Finalement la mer tarde à se montrer et on doit un peu aller la chercher en quittant une piste cyclable qui passe au sud des villes côtières pour vraiment rejoindre la plage.
Après quelques kilomètres dans la forêt la vision est magique, l'océan à perte de vue. La mer bleue turquoise, mais aussi le froid glacial qui s'est intensifié ces derniers kilomètres devient carrément congelant. C'est impressionnant.
On profite quelques minutes de la vue, c'est indescriptible ce bonheur ressenti quand après un voyage de ce type nous atteignons une côte. Que ce soit un Paris-Marseille, un Bordeaux-Narbonne plage ou beaucoup plus long c'est toujours un moment clé que d'arriver face a une réelle frontière. Impossible d'aller plus loin. Ca marque forcément une étape.
On repart quand même rapidement parce que le froid nous chasse. On emprunte donc désormais une voie cyclable qui longe la côte pendant un bon moment, peut-être même jusqu'au Danemark.
On s'arrête un peu plus loin dans une petite station balnéaire assez hallucinante. Ca nous fait penser à Arcachon mais avec le long de la côte une série d'une dizaine d'énorme maisons anciennes majestueuses mais dans un état de délabrement très avancé. A priori il y a un programme de restauration d'envisage parce que sinon ça serait vraiment du gâchis. On doit un peu rebrousser chemin car les travaux bloquent un peu le passage mais ça nous donne l'occasion de discuter un bon moment avec un monsieur (et 2 dames qui ne parlent pas un mot d'anglais) qui s'intéresse pas mal au tandem. On lui raconte donc un peu son histoire. Peut-être en achètera t'il un d'ici quelques temps. Bon je sais qu'il ne nous lira pas en français (même si on lui a filé d'adresse du site) mais cher monsieur dont on ne connait pas le prénom sache que le tandem c'est vraiment génial !
On poursuit notre route, parce que bon les kilomètres aujourd'hui c'est pas ça. On enchaîne avec une autre station balnéaire très chic. C'est vraiment très très sympa et puis croiser des Porsche comme on en croise à Paris c'est toujours agréable :)
On finit par rejoindre un camping, modèle quarante millions d'étoiles et 19 €... bon les sanitaires sont d'un modèle absolument phénoménal, du jamais vu ! Les portes coulissantes automatiques comme dans un supermarché pour accéder aux sanitaires, les colonnes à la grecque, une hauteur sous plafond impressionnante, un éclairage indirect super luxe ... là c'est du très haut niveau. En temps normal on s'en serait un peu foutu, mais là il faut avouer que la douche était vraiment excellente. Rien à redire, jet puissant et dirigeable, température réglable (pas toujours le cas), bouton poussoir pas trop pénible (il y en a certains, si on les maintient appuyé ils ne marchent pas et 1 appui = 10 secondes d'eau)... ça a l'air de petits détails, mais pour nous qui vivons dans un confort très relatif, ces petits détails ont toute leur importance. Même si ça n'est pas du tout notre style, ça nous donne une fois de plus des idées pour la fameuse maison que peut-être un jour nous concevrons...
J'en profite également pour huiler les chaînes du tandem, ce matin le vendeur m'a fait remarquer que c'était un peu limite, il se proposait de nous les huiler mais on avait déjà pas mal abusé de sa gentillesse.
Les pâtes fraiches nous remplissent ensuite l'estomac puis Morphée nous rattrape pendant que l'ordi finit d'encoder quelques vidéos pour une mise en ligne ultérieure car malgré le luxe du camping, pas de wifi à se mettre sous la dent.

39è jour : Kühlungsborn - Klütz

27 avril 2011

68,2 km, 2047 km au total

Vu l'heure tardive du coucher (ben oui il faut bien travailler un peu quand même, ça n'est pas une année totalement sabbatique non plus) on s'octroie une heure de plus de sommeil, Ca sera donc 7h30 ce matin. Nous quittons le camping en même temps qu'un autre cyclotouriste mais lui part dans le sens opposé pour rejoindre Rostock. On ne fera donc pas de kilomètres ensemble.
On rattrape notre E-9, qui semble être commune avec (ou alors c'est) un itinéraire cyclable qui longe la côte jusqu'au Danemark. Elle est en pointillés sur notre carte, on ne sait donc pas trop à quoi s'attendre. En effet ça ressemble parfois plus a un sentier de grande randonnée (à pieds) plutôt qu'une piste cyclable. Nous longeons la côte, c'est absolument magnifique mais il faut parfois pousser le vélo dans le sable... pas évident mais largement valable étant donné la vue. C'est dingue comme l'océan produit un effet positif sur nous deux. Le vent est plutôt dans notre dos et le soleil bien là, c'est donc avec un plaisir phénoménal que nous parcourrons ce chemin.
Parfois il s'éloigne un peu, histoire de nous permettre une vue d'ensemble, parfois il traverse une petite ville histoire de voir des gens... bon je ne m'étale pas plus sur le sujet mais c'est vraiment à voir. Ca nous donne de ces envies d'habiter en bord de mer !
Je sors un moment de mes rêveries pour me dire "heu c'était ce matin qu'on devait passer les 2000 km !", je regarde le compteur : 1999, pas mal. On s'arrête donc un kilomètre plus loin faire quelques photos. Nous n'avons jamais fait de périple aussi long que celui là, comme dit Hélène "désormais chaque kilomètre supplémentaire c'est du bonus".
Un autre petit bonheur du jour c'est que le fait d'avoir huilé la chaîne arrière du tandem a réglé le problème de couinement. A l'oreille ça venait nettement du dérailleur, j'avais déjà huilé comme un dingue les 2 galets de ce même dérailleur sans résultat et là le simple fait de lubrifier la chaîne a réglé le problème. Je suis un peu dégouté mais qu'est-ce qu'on apprécie le silence. C'est comme quand un moteur qui tourne depuis longtemps (voiture ou je ne sais pas moi, pompe à chaleur, ventilo d'ordi...) s'arrête d'un coup. On s'était habitué au bruit et on en a fait abstraction mais le nouveau silence lorsque ce vacarme cesse est étonnant et procure un bien être immédiat et incommensurable (oui rien que ça :-)

Nous nous arrêtons pour déjeuner dans une tour d'observation un peu en hauteur et à l'abri.
On bouquine un peu, c'est geekland en haut de la tour, Hélène lit sur le kindle et moi sur l'iphone car j'ai fini mon bouquin papier. C'est gérable mais l'appli ibook est bien pourrie pour lire les pdf : en mode paysage, il faut rezoomer "largeur écran" à chaque fois qu'on change de page, stupide, très Apple quoi ! (un troll est caché dans cette phrase, saurez-vous trouver où ?)
L'après-midi est plus "neutre", le temps se couvre, le vent tourne un peu aussi et la mer se fait plus lointaine. Nous traversons Wismar mais la route naturelle nous fait éviter le centre, tant pis, nous observons le centre de loin (visiblement classé au patrimoine mondial de l'Unesco... on l'apprend ce soir via Wikipedia, mince on aurait du faire le détour, tant pis)... et une grosse usine qui ne nous inspire pas trop l'envie de rester, il faudra qu'on cherche son activité par la suite...
Nous faisons halte dans une pharmacie histoire de trouver un remplaçant de notre NOK, la crème qui nous permet de remonter chaque jour sur la selle sans hurler de douleur. L'une des pharmacienne parle un peu anglais et nous cherche un équivalent mais n'a pas trop l'habitude de ce genre de demandes. Nous sommes visiblement ses premiers cyclistes :) On discute un peu du voyage et finalement outre une crème au Dexpanthenol (mon wikipedia offline n'a pas d'infos là dessus) elle nous file des sachets d'échantillons de boissons aux vitamines, au magnésium... sympa... enfin on verra après dégustation car généralement les goûts de ce genre de choses c'est très discutable.
En fin d'après-mid on cherche à rejoindre notre petite E-9 et elle se finit sur la plage, mais vraiment dans le sable quoi. On discute avec un couple qui connaît le coin et qui nous oriente un peu pour sortir rapidement de ce petit souci parce que le tandem ultra chargé + la remorque, dans le sable c'est moyen. On roule un peu sur la partie mouillée, c'est amusant de frôler autant la mer, jamais nous n'avons roulé aussi près d'elle ! Nous rattrapons ensuite une route plus "tradi" et plus roulante mais du coup pour trouver un coin pour le bivouac c'est assez sportif. La route le long de la côte n'offre pas beaucoup d'endroits abrités et les petites villes se succèdent rapidement. On finit malgré tout par trouver un petit lieu accueillant et ce soir comme il fait bien frais on teste un petit chronométrage :
3 minutes 30 pour monter la tente
15 minutes au total pour être au chaud à l'intérieur (vélo abrité, matelas gonflés, duvets sortis...)
On n'a pas trainé.
68 km au compteur, c'est un très bon score pour la journée (même si ça n'est pas une compétition c'est toujours agréable d'avoir un nombre de km important au compteur en fin de journée). Le départ tardif, les poussées dans le sable ont été bien compensées par le vent dans le dos une bonne partie de la matinée. Et ce soir au diner ? Des pâ... non, de la purée ! pfff

40è jour : Klütz - Süsel

28 avril 2011

53,3 km, 2100 km au total

Nuit un peu rude, entrecoupée par une averse de pluie, des claquements du tarp à cause du vent et les oiseaux qui ne respectent décidément plus rien : a 4h30 ça piaille déjà alors que le soleil ne se lève que dans une heure.
Malgré tout pour une fois on plie en 1h45, record du périple.
Nous retrouvons notre E9 qui est plutôt vallonnée, ça casse bien les jambes, même si chaque percée dans les arbres qui nous permet de voir la mer est comme une bouffée d'oxygène... ah oui de l'air on n'en manque pas, le vent glacial est bien présent. On a ressorti les gants "complets", le bonnet, ... Hélène a même le pantalon de pluie même si la météo est plutôt bonne. C'est un bon coupe-vent.
Nous prenons le bac à Travemünde. D'après la carte il y avait une route, mais non c'est un bateau qui nous amènera de l'autre côté. Un peu rapide et cher pour ce que c'est. Même pas le temps de profiter de la mer :(
Nous faisons les courses dans cette ville car depuis ce matin nous n'avons pas croisé le moindre supermarché. Hélène flippe un peu car "on n'a rien à manger pour ce midi donc il faut qu'on trouve avant", je la rassure en lui énonçant ce qu'il reste en réalité dans les sacoches : du pain, un sachet de ketchup, une compote, des crackers, des petits gâteaux, des cacahuètes et fruits secs... pas de quoi mourir de faim. La question ne se posera néanmoins pas puisque REWE nous ouvrira ses portes.
On trouve également enfin des chocolats de Pâques pour utiliser notre "bon pour". Les précédentes courses tout avait disparu (ben oui Pâques c'était fini) mais là on trouve un stand "tout à moitié prix", parfait pour se repaître de chocolat. C'est Lindt qui va nous régaler principalement car le chocolat Allemand ça n'a pas l'air d'être trop leur spécialité. On trouve quand même du massepain enrobé de chocolat qui est fabriqué à Lübeck (pas loin au sud-ouest).
Pour pique-niquer ensuite il faut se rendre à l'évidence, vu le vent à décorner les bœufs il faut un abri... et le long du chemin côtier il n'y a pas grand chose. Si la vue est superbe, le déjeuner s'annonce glacial et peu agréable. On monte donc la tente en mode "tarp", c'est à dire tapis de sol + double toit. C'est parfait, en plus le soleil réchauffe un peu l'atmosphère, génial.
Hélène s'endort comme une masse sur les duvets qui prennent l'air. Peut-être que les oreilles du lapin Lindt ont également produit leur lot d'endorphines, ça peut aider.
Elle apprécie également grandement le petit grelot autour du coup du lapin... dans une discussions avec ses collègues, ces dernières avaient évoqué les ours que nous pourrions rencontrer dans les pays nordiques, et suggéré à Hélène d'avoir une petite clochette avec elle pour les avertir de leur venue (le problème de l'ours c'est pas tant qu'il soit dans la forêt, c'est qu'il puisse passer à côté de vous sans vous avoir vu, quand il vous aperçoit il prend peur et attaque, notamment s'il y a des petits à protéger au passage). Bref Hélène a pris ça très au sérieux et envisage presque sérieusement le coup de la clochette.
Nous poursuivons ensuite le long de la côte : Timmendorfer Strand puis Scharbeutz, deux petites villes balnéaires très chics, qui nous donnent une fois de plus l'occasion de rêver un peu côté architecture. "Et celle là à droite tu en penses quoi ?" "Ah ben justement je me disais qu'elle te plairait"... Toujours sur la même longueur d'ondes... c'est déjà ça, il restera juste un problème de budget et de localisation à régler, une broutille :-)
Nous découvrons également les sièges/cabines de plage typiques de la mer du nord. C'est très dépaysant et a un petit côté années 40 pas déplaisant. Nous quittons ensuite la côte pour couper un peu une péninsule. Le vent nous a quand même bien saoulé et on aspire à un peu de calme. Le relief reprend alors que nous sommes bien fatigués et il nous faudra attendre la seconde tentative pour trouver le coin de bivouac idéal. Au milieu d'un champ, bien planqués, sur un sol bien moelleux, espérons juste que ça soit aussi plat que ça en a l'air pour dormir correctement.
Au moment de se laver les dents petit souci, notre nouveau dentifrice aromatisé à la menthe se révèle être une pâte pour coller les dentiers, on rigole un bon moment et on finit les derniers milligramme de poudre de notre ancien dentifrice, pas cool.

41è jour : Süsel - Hohenfelde

29 avril 2011

58,8 km, 2159 km au total

Bon ce matin est un jour parfait pour vous parler enfin de la goute au nez. Je sais que vous en mourriez d'impatience mais avec le froid couplé au super soleil qui pointe lui aussi son nez c'est le moment idéal.
Mais avant parlons un peu du chemin de ce jour. Notre traversée plein nord au lieu de longer la côte n'est pas sans conséquences. Tout d'abord le vent, il vient de la mer et sans relâche nous ralentit. Second souci, le relief. A vouloir couper il faut accepter que le terrain ne soit pas vraiment plat. Pas de rivière à longer cette fois, on est bon pour les jolis vallons. Comme d'habitude ça n'a l'air de rien, ça n'est pas noté sur les cartes parce que passer de 30 à 80 mètres ça n'est pas grand chose. Le problème c'est que le non initié dirait : ben ça monte de 50 mètres entre les deux. Le spécialiste se doutera que pour passer de l'un à l'autre il va falloir enchaîner un certain nombre de montées et de descentes. Pour gagner ces 50 mètres on se prend 300 mètres de D+ au total.
On profite d'un village un chouilla plus grand que les autres pour trouver un vrai dentifrice. Hélène se fait bien expliquer en long en large et en travers (pendant que je caille dehors en plein vent) les différences et elle revient donc avec un magnifique tube de concentré de dentifrice : 25 ml mais "une goute suffit". On verra ce soir s'il est dégeu ou pas :)
Nous repartons... bon allez je vous ai assez fait languir, alors cette histoire de goute au nez...
Il s'agit d'un des secrets les mieux gardés du monde cycliste. Vous avez probablement entendu parler des coureurs sportifs qui s'épilent les jambes. Normalement c'est le genre de chose qui ne se dit pas, mais petit à petit ça commence à se savoir. Bon il y a un peu deux hypothèses autour de cette pratique, j'avoue qu'aucune ne me convainc et j'ai ma propre théorie. Première explication donnée : en cas de gamelle, pour soigner des plaies sur les jambes c'est plus pratique parce que sinon avec les poils... Vous avouerez que c'est un peu capillotracté : vous vous viandez souvent vous en vélo ? Non mais sérieux, c'est un peu un procédé compliqué par rapport à la probabilité de tomber... Seconde explication pas vraiment plus convaincante : l'aérodynamique. Alors là je me roule de rire. Les gars (notamment les cyclistes du dimanche) freinez sur la binouze vous perdrez 1 kilo et ça sera nettement moins douloureux et compliqué.
Ma théorie c'est que ça permet à ces mêmes cyclistes du dimanche qui se la jouent un peu sérieux ("je vais les piler au critérium") de montrer leur appartenance à une communauté. Comme pour ma part je jette un coup d'œil aux tocantes des gens que je rencontre, pour le cycliste qui en croise un autre voir s'il est lisse du mollet permet de le situer sur l'échelle du sportif.
Voilà donc pour le second secret le mieux gardé des cyclistes.
Le premier c'est donc... oui la goute au nez. Alors rentrons dans les détails, un peu plus tard car avec le temps qui passe le récit devrait déjà être rendu au déjeuner et si ça continue je vais avoir du retard.
Nous avons donc enfin rejoint la mer, et l'arrivée avec un peu d'altitude était vraiment splendide. Ce midi étant donné le vent à faire s'envoler une vache et ses cornes avec, nous plantons de nouveau la tente. On prend 15°C de température ressentie, c'est impressionnant. Nous sommes à quelques mètres de la mer, le ressac est agréable, le soleil nous réchauffe et après le traditionnel sandwich-crudités-jambon-fromage puis le fruit-gâteaux-café (et les chocolats de Pâques) nous nous lançons dans un concours de sieste effréné. Je repense à toutes ces fois où en revenant du resto après déjeuner au boulot je disais "je me ferai bien une sieste"... et bien sûr en n'ayant pas la possibilité. Pour toutes ces occasions manquées je profite aujourd'hui pleinement, totalement et intégralement de l'instant. C'est royal, on est réchauffés par le soleil, à l'abri du vent, Zzzzz. Même pas une page de lecture ce midi.
Vers 15h on se force un peu à repartir. Si l'endroit est propice au pique-nique, il n'est pas idéal pour bivouaquer. Trop de monde, trop visible, pas vraiment dans un lieu "correct" pour laisser la tente la nuit.
Nous repartons donc, avec désormais le vent relativement dans le dos et quelques bourrasques sur le côté qui nous déportent de plusieurs mètres sur la piste. Nous errons un peu dans l'espoir de longer la côte mais sommes parfois renvoyés vers les terres. Au lieu de 10 km en ligne droite nous en faisons 50% de plus et finissons par fatiguer un peu. Ce soir pour ravitailler en eau ça sera passage obligé par les toilettes d'un resto qui sont payantes. C'est toujours moins cher qu'un camping mais ça fait toujours un peu mal. Dans nos réflexions nous constatons que nous n'avons toujours pas l'audace d'aller demander directement dans des maisons. Peut-être que ça viendra, on verra. Peut-être qu'on se forcera aussi un peu.
Nous longeons donc la côte cette fois de manière régulière, un panneau nous ayant indiqué qu'à priori nous pourrions rejoindre Kiel via cette même voie. Ca n'est pas goudronné mais ça passe entre des petits étangs protégés où séjournent des kyrielles d'oiseaux. On profite de ces instants magiques.
Au bout de quelques kilomètres, notre rituel du soir commence, "tu crois que ça le ferait ici ?", "attends je vais voir", "ouais bof, on note l'endroit et on continue encore un peu"... et puis vient généralement l'endroit parfait... ou des fois moyen "mais bon ça ira pour la nuit parce que je suis crevée"... Ce soir c'est plutôt très bien, comme d'habitude dans un champ, un peu planqués, on profite des rayons du soleil qui nous réchauffent une fois la tente montée. C'est dingue cette différence avec et sans vent.
Ah, la goute au nez ? Alors ok je vous dis tout. Globalement tout cycliste qui fait un peu de kilomètres par temps frais est forcément confronté au problème. Personne n'en parle mais vous verrez par exemple sur les fiches produit des gants de vélo "essuie nez"... sur le dessus du gant une petite partie en mousse pour régler le souci... Mais jamais d'explications, pourquoi ça se produit par exemple ? Là j'ai tout plein de théories, la plus évidente c'est la condensation, entre l'air chaud qui passe par le nez (ou expiré par la bouche) et le froid de l'extérieur. De même qu'à l'intérieur du double toit de la tente ça condense, dans l'aile du nez ça fait pareil. C'est la rosée nasale quoi ! On peut aussi rajouter le facteur vent. Je ne sais pas si vous savez comment marche un aérographe (soufflez sur un tube qui contient de la peinture à l'autre bout et hop par miracle la peinture remonte le tube et sort là ou vous soufflez). Là c'est un peu pareil, mettez une narine en plein vent, l'effet venturi (si je ne me goure pas) produit une dépression et vous connaissez la suite. Bref à vélo c'est quelque chose de récurrent et de très pénible. Facile pour Hélène de lâcher le guidon, d'ouvrir la poche de son manteau et d'en sortir un mouchoir... beaucoup plus complexe pour le pilote du tandem qui peut déjà difficilement lâcher une main sans risquer de mettre en péril l'embarcation. Sympa aussi quand on est juste en t-shirt + cuissard... tu le mets où le mouchoir ?
C'est peut-être un sujet un peu tabou, c'est pour ça que personne n'en parle jamais, que je n'ai jamais rien lu sur le sujet dans aucun forum de vélo, mais il faut le savoir, amis cyclistes vous n'êtes pas seuls à connaître ce problème, c'est pour tout le monde pareil, rassurez-vous vous n'êtes pas différent, c'est normal et ça n'est pas sale :)
Sur ces considérations hautement philosophiques, je vous souhaites à toutes et à tous une agréable soirée.

42è jour : Hohenfelde - Lindhof

29 avril 2011

47,6 km, 2207 km au total

Les premiers tours de roue ont des allures de Pasy-Bas : mer, plage, petite dune, piste cyclable de 10 mètres de large... et pour ne rien gâcher, le vent dans le dos est presque aussi balaise que le soleil qui nous réchauffe. On enroule les kilomètres à vive allure. Paysage magnifique, encore un de ceux qui vous font dire "voilà pourquoi j'ai travaillé dur, pour pouvoir savourer ce genre de moments".
Nous sommes néanmoins vites bloqués par un bras de mer, celui qui rejoint Kiel. 2 possibilités : rejoindre cette ville puis remonter de l'autre côté ou couper en bateau. Connaissant l'amour d'Hélène pour tout ce qui flotte, vous vous doutez qu'on a coupé :-)
Nous faisons d'abord les courses puis rejoignons le port pour embarquer. La traversée est un peu courte mais nous évite facile 30 ou 40 km. Le temps étant toujours aussi parfait, c'est avec grand plaisir que nous photographions les voiliers qui en ce samedi sont de sortie. De l'autre côté nous cherchons un jardin ou équivalent pour déjeuner. Ca y est Hélène a pris goût à la tente le midi. Cette fois on doit un peu répondre aux passants "non non ne vous inquiétez pas on ne va pas camper là, c'est juste pour s'abriter du vent pour pique-niquer" mais c'est pas grave, au moins on est au chaud.
On discute un moment avec un monsieur qui balade son chien et parle bien anglais. On en profite également pour appeler une amie de la mère d'Hélène qui vit au nord de l'Allemagne chez qui nous passerons demain.
Repartir après la sieste est difficile car il faut bien l'avouer, la tente c'est : l'abri du vent comme un abri-bus, mais tout en restant réchauffé par les rayons du soleil qui traversent la fine couche de silnylon... à l'ombre dans un abri-bus on se caille souvent.
Nous poursuivons néanmoins parce que la vue est toujours aussi belle.
Nous faisons une pause ravitaillement en eau, et discutons un bon moment avec une allemande dont le fils est très intrigué par notre embarcation. "et si la chaîne elle casse vous faites quoi ?", "et vous avez crevé ?". Notre gentille maman fait l'interprète, en français cette fois. Elle a fait 8 ans de français mais ne pense pas avoir un niveau terrible, elle s'en sort de loin beaucoup mieux que moi en allemand. Elle connaît bien le Lavandou où elle a été plusieurs fois étant enfant. Ils y retourneront cet été quinze jours, également en camping.
La route ne continue pas le long de la côte et nous devons un peu zigzaguer pour retrouver un chemin cohérent. Les espoirs de coin bivouac correct sont minces ce soir, on teste donc un peu au hasard un petit chemin, qui en prend un autre et finalement on atterrit au bout d'un champ. Ca n'est ni plat ni très idéal, on essaye d'écraser le moins possible les cultures donc on se pose sur le chemin. On va croiser les doigts pour que personne ne passe, on est plutôt bien planqués donc ça devrait aller... sauf si un tracteur débarque... enfin on le saura avant la tombée de la nuit ou au réveil demain matin, ça ne risque à priori pas d'être en plein milieu de la nuit. On a vue sur la mer, c'est chouette.
J'en profite pour travailler un peu pour le site de cours de photo pendant qu'Hélène s'envole avec la tente. Rattrapage en catastrophe mais c'est épique. Elle se met ensuite vite au chaud dans le duvet (et avec un bouquin) car le vent reste toujours frais. N'empêche qu'on est quand même méchamment bien !

43è jour : Lindhof - Mohrkirch

1 mai 2011

40,2 km, 2247 km au total

Etant donné le travail tard hier soir, on a le droit à une heure de sommeil en rab ce matin, cool, en plus l'étape sera à priori assez courte donc on prend notre temps. Notre champ était ma foi tout à fait correct et malgré le manque de planéité on s'en est plutôt bien sortis. Ce matin nous n'étions pas écrasés le long de la porte de la tente comme on aurait pu s'y attendre en appliquant les lois de la gravité. Le corps dans la nuit a parfois des facultés à contrer l'inclinaison. Mais le bilan qu'on peut faire après tant de nuits de bivouac est le suivant : si ça doit pencher, l'idéal c'est dans le sens "tête en haut, pieds en bas", pas trop l'inverse et si possible pas gauche/droite.
Bref au lever du jour c'est ambiance "colline Windows", très joli, un vrai fond d'écran.
Nous rechargeons malgré tout une nouvelle fois le tank pour gravir le ballon, saluer de loin l'agriculteur qui est là avec son tracteur en ce dimanche premier mai. A priori il n'a pas vu la tente, on ne sait d'ailleurs même pas s'il nous a vu mais on se fait plutôt discrets.
On rejoint Eckernförde petite ville sympa où nous observons la vente et le vidage de poissons à même le bateau. Les mouettes apprécient les restes. Nous découvrons ensuite le mignon petit pont de Lindaunis, dans le genre pratique c'est pas mal : 1 seule voie pour faire passer le train, et les voitures dans les 2 sens, c'est épique. On apprendra d'ailleurs un peu plus tard qu'en plus toute les heures il se soulève pour faire passer les bateaux ! Il ne faut pas être pressé. Nous n'aurons droit qu'au train c'est déjà pas mal.
Nous déjeunons de nouveau sous la tente et prenons un bon moment pour bouquiner. L'après-midi s'annonce courte en kilomètres, nous en profitons.
Nous arrivons à Mohrkirch vers 16h, posons le vélo et profitons du soleil à l'abri sur une terrasse et sirotons un verre en dégustant un gâteau allemand (pâte feuilletée, confiture de prunes, glaçage au sucre et noisettes, miam). Comme toujours nous sommes royalement reçus. Nous profitons de la douche (5 jours sans camping mes amis, ça fouette... même pas vrai en plus, on est très propres), de la machine à laver et des moments de convivialités avec Pascale et son mari. Il fait des grillades pour le diner qui est l'occasion d'échanger pas mal sur ce petit coin d'Allemagne géographiquement déjà un peu isolé du reste de l'Europe. Les vacances par exemple, c'est plutôt vers le Danemark et Suède que vers les pays de l'ouest, du sud ou de l'est.

44è jour : Mohrkirch et Schleswig (jour off)

2 mai 2011

0 km, 2247 km au total

En ce premier jour de repos nous avons un programme un peu particulier. Les boutons d'Hélène sont de retour en force avec des nouveaux lieux d'irruptions... il serait donc plus prudent d'aller voir un médecin histoire de voir si on peut faire quelque chose, notamment pour que ça la gratte un peu moins. Pascale nous emmène et assure un peu la traduction.
Premier médecin, pas mal d'attente, et pas vraiment convaincu sur la nature du problème. Il évoque la possibilité d'un psoriasis (encore une maladie à la con après la dermatite herpétiforme) sans grande conviction et nous propose d'aller voir un dermatologue. Etant donné le temps dont nous disposons et celui nécessaire pour avoir un rendez-vous en temps normal il contacte directement un de ses collègues à Schelswig (à une vingtaine de km au sud) et nous avons donc directement la possibilité d'y aller pour 15h.
Ca chamboule un peu notre programme de repos/travail autour du web (mails, réponses diverses, admin de site...) mais on ne va pas cracher sur l'opportunité. Pascale qui travaille l'après-midi nous amène donc directement dans la ville en question et nous laisse nous débrouiller. Nous commençons donc par visiter les rues principales avant de trouver un resto pour se réchauffer et aussi manger un peu. Hélène est assez stressée, après avoir lâché prise pendant quelques semaines suites aux galères hospitalières parisienne des mois précédents le départ, là c'est le grand come-back. Nouveau diagnostic ? nouveaux examens ? Et si finalement c'est un autre truc grave qui complique le voyage ? Voir le compromet...
Finalement le rendez-vous se passe bien, le dermato rejette le psoriasis ainsi que toute allergie. Il évoque le fait qu'en effet c'est "non spécifique", donc ça ne semble pas coller à une jolie maladie avec un nom, mais propose un traitement malgré tout, notamment pour commencer contre les grattements qui rendent Hélène complètement dingue. Ca la réveille la nuit ou par moments elle se gratte sans s'en rendre compte... hallucinant.
Nous voila donc avec une nouvelle piste à essayer et la bénédiction du docteur pour continuer le voyage.
Tout ça c'est bien joli mais parlons un peu du système médical pour un Français en Europe. Pour l'instant (et on espère que ça sera le cas le plus longtemps possible) on ne peut parler que de l'Allemagne, mais voici donc comment ça se passe.
Tout d'abord trouver un médecin. Dans notre cas c'est le cabinet où Pascale va d'habitude donc la première démarche a été facilitée, mais je pense que l'approche la plus simple c'est d'aller dans une pharmacie (il y en a toujours partout) pour demander les coordonnées d'un médecin généraliste. On peut aussi se balader dans une ville et regarder les plaques sur les entrées, simple mais efficace. Autre approche : contacter le numéro d'assistance de votre carte bancaire ou de votre assurance privée pour qu'ils vous filent des coordonnées.
Une fois dans le cabinet, avec la carte Européenne et votre passeport les choses sont plutôt simples. Vous pouvez vous attendre à un moment de flottement du genre "heu je ne sais pas comment ça marche pour les étrangers je vais demander à ma collègue" mais finalement c'est assez simple. Le secrétariat prend les infos de votre numéro de sécu, votre pays, votre adresse postale et vous demande également de remplir un formulaire attestant que vous n'êtes pas là pour du tourisme médical (c'est à dire venu en Allemagne spécifiquement pour profiter du système médical potentiellement plus avantageux que dans votre pays d'origine).
Nous avons réglé 10 euros, qui ont l'air d'être un forfait minimal trimestriel. Une fois ces 10 euros payés on peut retourner voir le médecin ou d'autres sans les payer de nouveau.
Rien à régler de plus au médecin (contrairement à la France).
Le médecin délivre donc au choix : une ordonnance pour aller voir un autre médecin (donc pour nous les coordonnées du dermato) ou dans le cas du dermato des médicaments. Il peut y avoir plusieurs types d'ordonnances selon que le médicament est pris en charge ou non par le système de remboursement local et en vente libre ou non.
A la pharmacie par contre, malgré notre carte d'assuré européen on paye tout les médicaments.
On va transmettre les factures de tout ça (10 euros + les 2 types de médicaments) à la sécu en France pour voir ce qui se passe et on vous tiendra au courant.

Sinon pour les allemands (si ça vous intéresse) le système de santé est un peu à 2 vitesses. D'un côté un régime public, de l'autre un privé. Pour le public le patient n'avance pas d'argent et le médecin est directement payé par la caisse d'assurance maladie ; pour le privé le patient cotise à une caisse séparée, paye son médecin et se fait ensuite rembourser par sa caisse.
Il en découle visiblement une nette préférence pour les professionnels de santé pour le système privé car ils sont payés tout de suite et n'ont pas de contraintes dans les traitements proposés. A l'inverse pour le système public il y a des quotas sur les médicaments prescrits ce qui peut limiter la liberté dans le traitement (on donne un médoc pas très efficace mais bon marché plutôt qu'un cher et efficace). Par ailleurs comme en France l'équilibre budgétaire du système public est inexistant et l'ensemble est donc en aussi mauvaise posture que chez nous. Pas rassurant.

Hormis la santé nous profitons donc de cette petite ville dans laquelle nous reviendrons demain (j'en reparlerai demain) par un chouette temps mais toujours un vent glacial. En fin d'après-midi nous écrivons quelques cartes postales dans un café autour d'une part de gâteau puis alors que le café et pas mal de magasins ferment (18h) nous nous réfugions dans une librairie qui nous offre 30 minutes de répit pour acheter une carte du Danemark (cool on a tout ce qu'il nous faut en une seule carte au 1:200 000è, on saute sur l'occasion). On en profite pour regarder la robe de mariée de Kate, la princesse fraîchement au prince William (ben ouais on essaye de suivre un peu les news people vu qu'au Japon ça a l'air un peu bloqué). On apprendra un peu plus tard l'assassinat de Ben Laden, ça nous fait bizarre, c'est tellement lointain pour nous... encore une nouvelle difficile à appréhender (pour le mariage c'était nettement plus facile).
De retour à Mohrkirch nous donnons quelques nouvelles à mes parents et gérons un peu de comptabilité à distance. C'est la partie pas drôle du voyage : avoir à déléguer ce côté pas très sympa et voir que malgré toutes nos précautions et anticipations c'est le capharnaüm. On navigue un peu à vue des deux côtés en essayant de faire au mieux. En tout cas l'équipe française assure ! Merci.
Nous profitons du diner pour (outre déguster une bière de Flensburg) échanger longuement sur des sujets profonds, c'est quelque chose qu'on a remarqué depuis notre départ, il est souvent plus facile d'échanger autour de problèmes graves, de sujets sensibles avec des gens rencontrés quelques jours auparavant, voir le jour même qu'avec les gens qu'on côtoie régulièrement. Psychologie à Strasbourg, Anorexie et esprits "post-seconde-guerre" à Berlin, Vieillissement et mort à Mohrkirch, c'est agréable de partager des discussions comme ça. On se rend compte que français, allemand ou de n'importe où, on a relativement les mêmes problèmes à gérer, les mêmes peurs...
Pendant ce temps là l'iphone fait le plein de dictionnaires, pour la suite du périple ça sera anglais-danois ou anglais-suédois, il n'y a pas grand chose en français à se mettre sous la dent, mais je pense que ça sera mieux que rien pour déchiffrer la prochaine carte de restaurant :)

Encore minuit passée, demain matin on se lève tôt donc dodo...

45è jour : Mohrkirch et Schleswig (jour off n°2)

3 mai 2011

0 km, 2247 km au total

Ce matin programme un peu spécial puisque nous accompagnons Pascale à ses cours car nous allons présenter notre voyage à ses élèves histoire de partager un peu, les faire entendre des français, leur faire poser des questions...
C'est un cour pour des adultes et en petit nombre. C'est très sympa de partager avec eux sur notre projet.
On évoque les ours (rassurant), des tiques (bon il faut continuer à faire gaffe tant que leur annihilation totale n'est pas à l'ordre du jour) et de pas mal d'autres choses relatives au voyage à vélo.
Nous profitons ensuite de la ville pour faire nos traditionnelles courses pour repartir demain sans s'en préoccuper et trouvons du gaz dans un Baumarkt (magasin de bricolage). Après 1 mois en Allemagne on peut dire 2 choses : c'est le meilleur endroit pour en trouver, et en Allemagne ils sont à fond marque Camping-gaz et pas les autres. Comme en France en quelque sorte. Pour trouver les cartouches à valve à vis c'est du côté des magasins de sport pointus qu'il faut aller, mais c'est uniquement dans les très grandes villes.
Nous profitons de l'après-midi à la maison (vous avez vu comment on s'approprie les habitations de nos hôtes) pour gérer pas mal de choses en attente autour de nos différentes activités (Hélène continue le blog www.equilibre-au-quotidien.com pendant le voyage), le site lamigration, les emails en attente, la coordination de quelques rendez-vous futurs au Danemark et en Norvège, la compta, les nouvelles des ex-collègues de travail... bref pas mal de choses.
Nous découvrons également un petit message d'un des élèves de ce matin qui nous donne des infos sur les ponts au Danemark (visiblement on ne peut pas passer partout en vélo) et également un don sur notre compte Paypal, incroyable.
L'après-midi passe vite et nous dinons allemand "traditionnel", charcuterie et fromage, froid, parce que ça se fait beaucoup comme ça ici, en dégustant un vin rouge allemand également, très bon puisque la bouteille ne passera pas la soirée...

Comme à Berlin on privilégie le temps passé à discuter avec nos hôtes plutôt que celui à écrire donc forcément vous n'aurez pas tous les détails. Difficile d'être sur tous les fronts en même temps.

46è jour : Mohrkirch - au nord de Flensburg

4 mai 2011

34,6 km, 2282 km au total

Aujourd'hui nous repartons. Malgré tout comme rien ne nous presse nous prenons très largement le temps et profitons encore un peu des échanges avec Pascale. Pour nous c'est extrêmement enrichissant de pouvoir continuer à découvrir l'Allemagne, les habitudes et coutumes allemandes ainsi que les parties "lourdes" de l'histoire du pays. Vu de la France c'était relativement simple : une guerre, un tyran, une séparation, une réunification. Avoir des détails et des ressentis depuis le pays concerné nous apporte des tas de paramètres différents que nos livres d'histoire ont simplifié à outrance.
Ce n'est que vers... 12h20 que nous disons au revoir à cette sympathique famille qui nous a accueillie comme si nous en faisions partie, avec beaucoup de simplicité mais de chaleur et de gentillesse. Merci pour les petits dej' qui nous attendaient, prêts à notre réveil, merci pour le transport et la traduction pour les soucis de santé d'Hélène, merci pour la bière et le vin, merci pour les repas, les lits, ... ça vous a peut-être semblé simple, logique et évident mais pour nous c'est très appréciable lorsque notre plus grand confort réside dans un sac de couchage en plumes :-)
Reprendre la route après 2 jours sans rouler est un peu difficile. Comme à chaque fois les choses se bousculent et nous sommes souvent silencieux. Contents de reprendre la route, d'avancer et toujours un peu nostalgiques de quitter ce petit ilot de chaleur...
Vu l'heure nous ne faisons pas beaucoup de kilomètres avant que l'appel du ventre se fasse sentir. Ce midi c'est un abri bus un peu fermé qui nous accueillera, on veut éviter de sortir la tente sinon on va encore passer 3 heures et ce soir on aura 12 km au compteur :)
Nous réfléchissons un peu au programme de l'après-midi. D'un point de vue horaire ça n'est pas idéal car l'endroit parfait pour s'arrêter ça serait le centre de Flensburg qu'on devrait rejoindre vers 16h. Alors nous arrêtons-nous avant quitte à ce qu'on ait roulé 3 fois rien aujourd'hui ou poussons-nous plutôt un peu après.
Finalement c'est l'arrivée rapide du panneau de l'entrée dans l'agglomération qui décidera pour nous. La ville s'étend un peu plus loin qu'on ne l'imaginait donc pour bivouaquer avant ça ne va pas être possible. On traverse donc le centre ville, sa petite rue piétonne sympa et on suit la côte pour trouver une petite forêt. La côte est d'ailleurs absolument magnifique. A cet endroit la mer fait une petite enclave et du coup elle est calme comme un lac, très transparente également et il y a des petites plages très chouettes. On s'éloigne un peu et après une montée d'enfer sur sol gravillonneux où le tandem dérape... et où on finit donc par pousser à la main... on trouve un coin pour planter la tente. C'est très humide malgré la hauteur... et on se rend compte qu'on est au Danemark ! Ah, il y avait une frontière ? heu... rien vu.