Pour faire écho à la phrase que j’évoquais sur les gens qui nous envient, il y a la situation inverse : beaucoup de personnes que nous croisons sont persuadées qu’elles seraient incapables de faire le centième de notre voyage à vélo. On nous avance surtout l’argument de l’entrainement physique.
2000 km en un mois (c’est à peu-près le kilométrage que nous avons effectué lors de nos 2 plus longues expéditions jusqu’à présent), c’est surtout une grande balade. Ni Hélène ni moi ne somme sportifs. Hélène fait environ 50km de vélo par an, moi à peine 5 par jour pour aller travailler (enfin avant :)), en pleine ville à 10 km/h de moyenne. Tous les 2 sommes très sédentaires, et n’avons pas d’activité physique en complément.
Un entrainement ? La première année pour notre première expédition à bicyclette nous avions acheté un vélo d’appartement histoire de nous préparer. Nous avons roulé un peu (en regardant des films parce que sinon c’est vite très chiant) et globalement… aucune idée… Nous avons souffert en montée, rigolé lors des descentes… mouais.
L’expédition suivante nous sommes partis comme ça, sans aucune préparation… bilan : pareil.
Idem par la suite sur les voyages plus longs (Paris->Pays-Bas->Paris : 1866 km ou encore l’an dernier en Angleterre). A chaque fois aucun sport particulier pour se préparer, et aucune activité régulière entre ces voyages (souvent espacés de 2 ans).
Alors ceux qui pensent que faire un tel voyage requiert une certaine condition physique je dirais non, absolument pas. On peut simplement prendre le truc à l’envers : ça demande juste de ne pas avoir de contre indication particulière : problèmes de genoux par exemple.
Non, un tel voyage ça demande surtout une envie, une volonté. Et c’est bien là en effet que les désirs divergent. Il faut avoir envie de se lever chaque matin avec comme activité principale de la journée : balade à vélo. Je dis balade car une fois de plus ça n’est pas de la compétition. Le kilométrage quotidien (50-100 km) ça n’est jamais un objectif, c’est juste ce que nous avions envie de rouler ce jour là. Généralement on pédale avec plaisir le matin, on se fait une pause le midi parce qu’il fait faim, on repart l’après-midi et on passe devant un camping. On se regarde « t’es fatiguée ? T’as envie de continuer ? »… ok pour rouler encore un peu. 15 km plus loin il est un peu tard, on se dit que le temps de monter la tente, se laver et diner il va faire nuit, et puis on commence à être fatigués alors là, cette forêt elle semble parfaite pour se poser pour la nuit. On fait 3 km à la recherche du coin idéal pour planter la tente et voilà une belle journée, à profiter du grand air… et 80 km au compteur.
Demain ? On fera pareil. Et si on en a marre, on se posera un peu plus tôt, ou alors on se fera une demi journée de vélo…
Il y a bien sûr des moments moins agréables, par mauvais temps par exemple, où on hésite entre rester sous la tente ou rouler. Mais souvent l’envie d’avancer est la plus forte, l’envie de se coucher à un endroit différent de la veille, de voir ce qu’il y a devant, de rejoindre tel ou tel endroit dont on commence à rêver depuis quelques jours déjà, bref d’aller une étape plus loin dans le voyage. Et c’est ça le moteur de l’expédition, l’envie de découverte.