Une question qui m’a été posée : est-ce que ce genre de projet est subventionnable ?
La réponse est assez difficile. Tout d’abord je pense que la meilleure source de subvention c’est vous-même. Si vous avez un réel désir de partir, faites en sorte que ça soit possible. Je vois 2 approches complémentaires : mettez de l’argent de côté tant que vous pouvez et partez dans une optique de voyage à coût réduit. Sylvain Tesson a fait un tour du monde à Vélo avec moins de 1000 € en poche mais en peaufinant autant que possible son réseau de relations (et celui de sa famille) pour trouver à se faire héberger à droite à gauche.
Certains autres prévoient de s’arrêter régulièrement pour travailler un peu pour renflouer les caisses en cours de route et ainsi pouvoir poursuivre un peu plus loin. Ainsi de suite.
Si on a pu constater une chose au travers des différents sites et récits de tourdemondistes c’est qu’il y a autant de budgets que de voyageurs. On a pu voir des jolis tableaux totalisant d’un côté 500 € pour 12 mois de voyage (vélos, fringues et équipement de camping de récup, budget bouffe basé sur le squat et la mendicité, le plus cher étant les vaccins et les visas) et à l’autre extrémité des « 15 000 € par personne » pour un voyage en couple sur la la même durée. Bref c’est une plage TREEES large… selon vos prévisions et ambitions la somme à trouver pour partir est donc très différente.
Non je ne m’égare pas. Donc un voyage de ce type est-ce subventionnable ?
Pour faire simple et généraliser :
Non si votre seul but c’est de faire un tour du monde ou d’Europe d’un an en tant que vacances. Hormis vos proches, personne n’ira vous filer de l’argent pour que vous partiez vous la couler douce au grand air (enfin c’est ce qu’on croit) pendant que les autres travaillent. Autant être réaliste, n’allez pas perdre du temps à vous inscrire à Défi Jeune ou autre pour espérer vous faire financer vos vacances.
Oui si votre projet est intimement lié à des préoccupations plus grandes que votre petite personne. Si vous partez avec l’envie d’aller transmettre votre savoir, d’échanger avec d’autres populations… Exemple au pif : vous maitrisez la conception de fours solaires et vous voulez partager vos connaissances avec des villages d’Afrique ou d’Amérique du sud, là il y a matière à discuter. Vous aurez 100 fois plus de chances d’obtenir des subventions : voyez votre ville, département, région. Inscrivez-vous aux organismes qui distribuent régulièrement des bourses pour soutenir des projets innovants, culturels, …
Vous aurez également beaucoup plus de chance de convaincre des sponsors qui seront heureux d’associer leur marque à une image positive pour eux.
Néanmoins il faut avoir à l’esprit les choses suivantes :
– Il faut un projet béton, crédible et bien ficelé : dossier complet sur le projet, site web, budget prévisionnel (très ambitieux mais financé d’au moins un tiers à la moitié par vos propres fonds)…
– il faut être prêt à consacrer beaucoup de temps à ce côté relationnel.
– il est bon aussi d’essayer d’impliquer des médias. Tout le système tourne en vase clos : si vous avez un petit article dans un journal quelconque vous avez plus de poids pour appuyer votre dossier, ce qui augmente votre chance que tel sponsor vous finance et du coup ça renforce votre dossier (sponsorisé par X veut dire projet sérieux) et ainsi de suite
– beaucoup détournent le système (à la limite pourquoi pas) et viennent greffer à leur voyage des « on a impliqué des écoles dans notre projet pour montrer comment on vit dans tel ou tel pays… » c’est un peu artificiel, mais est beaucoup plus vendeur dans la recherche de financements. Quelles que soient les motivations de départ, si en pratique cet échange est réellement réalisé, c’est tout bénef pour tout le monde et je pense que ça permet aussi de passer du voyage « rien que pour nous » à quelque chose de plus ambitieux ce qui n’est pas désagréable.
Et nous dans tout ça ?
Si vous avez lu la partie « pourquoi la migration » vous savez que le projet est avant tout un projet « personnel ». La préparation de la migration depuis pas mal de temps nous a permis de faire quelques économies et surtout de créer une activité qui va pouvoir nous financer pendant le voyage. Trouver d’autres personnes pour payer son voyage c’est bien mais le financer soit même ça fonctionne aussi. Les conditions ne seront pas idylliques, je n’aurai pas de quoi payer une connexion internet « 3G » européenne pour poster des photos et des news sur ce site et nous découvrirons majoritairement la nourriture locale au travers des supermarchés plutôt que des restaurants, mais à partir du moment où nous pouvons rouler chaque jour un peu plus loin, dormir à peu près au sec et au chaud et continuer à rencontrer de nouvelles personnes alors le voyage sera réussi.
Comme je l’ai écrit plus haut : la gestion du relationnel « pré-départ » pour l’obtention de subventions et de sponsoring est une activité à plein temps. Ce temps nous l’aurions peut-être eu si nous étions deux salariés dans une entreprise pépère (qui a dit fonctionnaires ?). Ce n’est pas le cas puisqu’Hélène travaille régulièrement de 8h à 21h et gère déjà le reste du temps la revente de son cabinet et que de mon côté je cumule salariat + une seconde activité.
Je préfère de loin consacrer mon temps libre à faire progresser cette seconde activité qui je l’espère perdurera à long terme plutôt qu’à démarcher des sponsors pour obtenir un gain « ponctuel ». A notre retour de voyage cette activité sera également la base de notre réintégration : un sponsor ne vous aide pas quand vous cherchez un logement à votre retour et que vous avez 0 kopeck de revenus pour rassurer un propriétaire bailleur, un avis d’imposition qui indique autre chose que « non soumis à l’impôt sur le revenu » si !
Nous ne sommes absolument pas contre le sponsoring mais nous devons juste gérer des priorités car il est difficile de tout mener de front.