L’autre soir coïncidence : alors que jusqu’à présent Hélène et moi étions plutôt en décalage niveau ressenti sur le projet (genre je suis à fond dedans et LN est plongée dans autre chose, puis l’inverse quelques jours après), ce soir là donc, nous étions tous les 2 dans le même état d’esprit :
Comment maintenir la motivation dans l’existant quand on sait que tout va s’arrêter ?
Concrètement ça donne : « j’ai eu un premier rendez-vous avec cette patiente, c’était super dur car à première vue il va falloir qu’on travaille 2/3 ans ensemble et pourtant je sais que je serais partie avant ».
de mon côté « projet foireux, encore reporté… est-ce qu’il faut que je m’acharne sur le planning pour essayer de voir sortir quelque chose avant mon départ ou alors alors est-ce qu’il ne vaut pas mieux me résigner, laisser filer quitte à avoir passé 1 an sur le projet et partir avant de voir la mise en production ? »
Ce sont des situations très difficiles à vivre, car l’échéance est très loin (260 jours) donc il est un peu tôt pour se démotiver mais quand les sujets évoqués dépassent ou risquent de dépasser ce délai comment réagir ?
En discutant ensemble on a pu néanmoins faire ressortir quelques points (si ça peut aider un jour des personnes dans notre situation) :
La transmission. Peut-être qu’en effet, égoïstement on ne sera pas là pour constater le résultat de tel ou tel travail. Néanmoins d’autres après nous (revente du cabinet pour LN, remplaçant ou collègues pour moi) prendront la suite. Dans les 2 cas, il y a un intérêt fort à transmettre quelque chose de positif. La valeur du cabinet d’Hélène est définie par son travail dans la durée, et ça inclut notamment les derniers mois. 6 mois d’inactivité et la réputation du cabinet disparaît. 6 mois de mauvais travail c’est pareil. Donc la valeur va avec. De mon côté comme je l’ai déjà évoqué, j’ai une équipe exceptionnelle autour de moi, même si en effet je ne croiserai probablement pas mon successeur, je n’ai pas envie de laisser derrière moi un champ de ruine, de trucs qui ne marchent pas, qui plantent, de projets à l’abandon… ne serait-ce que pour eux, j’ai envie de faire autant que possible afin de transmettre quelque chose de propre aux personnes que j’apprécie.
La clôture. Je pense qu’on peut être tenté de saborder ce qu’on a fait précédemment afin de pouvoir se dire « je n’ai rien à regretter c’était pourri/foireux/nul/… ». C’est sûr que c’est probablement plus simple. Néanmoins je suis persuadé que passé ce premier stade il est en réalité beaucoup plus enrichissant de partir l’esprit léger en sachant qu’on a fait les choses correctement, qu’on laisse derrière soi quelque chose dont on peut être fière.
Je me suis souvent posé la question lors des démissions de personnes s’il valait mieux qu’on les regrette régulièrement, genre « ah mince c’est Machin qui savait ça, c’est con il est plus là, il aurait pu nous aider » ou plutôt qu’on n’ait pas besoin de faire appel à elles.
Là encore au premier abord, ça parait flatteur de se croire indispensable. Mais d’expérience, la réalité c’est plutôt que si on a besoin de se rappeller d’untel (parce qu’on cherche à comprendre un bout de code de site web ou qu’il nous manque un document) c’est souvent de manière négative « ah ce truc cherche pas à comprendre c’est Untel qui l’a codé, il n’y a que lui pour le comprendre » (sous entendu « pour avoir codé une telle ineptie »).
Bref je pense que clôturer de manière positive quitte à ce qu’on soit oublié rapidement c’est probablement la meilleure preuve qu’on a bien fait son travail !
Bon sinon pour le coup de blues, on se dit que dans moins d’une semaine on est en vacances pour un mois, ça aide pas mal 🙂
Moi qui ai racheté « l’affaire »‘ d’un gars qui partait… et qui avait laissé tombé, du coup, bah je peux vous le dire : MAINTENEZ LA PRESSION.
Surtout pour vous même. Essayez une semaine de « faire de la merde », pour voir. Vous allez voir que ce n’est pas du tout aussi reposant que l’on croit ! C’est même l’inverse.
Courage pour les vacances !